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| Les origines de la Révolution Française | |
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+9Out Of The Blue Sublime&Silence MindTheGap Airin Chakton levengeur pimprenelle Chou d'amour madame antoine 13 participants | Auteur | Message |
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madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Les origines de la Révolution Française Ven 10 Oct - 6:18 | |
| Bonjour, J'ai trouvé utile d'ouvrir un sujet qui soit dévolu aux questions que nous nous posons sur les origines de la Révolution. En effet, nous savons que la vision traditionnelle qui présente un peuple affamé qui se lève d'un mouvement unanime pour réclamer ses droits appartient à la légende. En réalité, beaucoup de forces plus ou moins antagonistes ont provoqué les remous qui aboutiront à la Révolution. Quelles sont-elles ? Et comment ont-elles agi et interagi ? Les discussions sur ce forum ont déjà passé en revue un certains nombres d'hypothèses, comme celle d'une cause climatique. https://maria-antonia.forumactif.com/t2542-eruption-volcanique-a-l-origine-de-la-revolution-francaiseIl y a aussi celle de la Franc-Maçonnerie. https://maria-antonia.forumactif.com/t1039-franc-maconnerie-et-revolutionhttps://maria-antonia.forumactif.com/t269-franc-maconnerie-et-francs-maconshttps://maria-antonia.forumactif.com/t1440-marie-antoinette-et-le-complot-maconniqueIl y a les théories du complot. https://maria-antonia.forumactif.com/t5465-l-abbe-georgel-et-la-theorie-du-complothttps://maria-antonia.forumactif.com/t5618-l-affaire-du-collier-un-complot-contre-marie-antoinettehttps://maria-antonia.forumactif.com/t996-l-affaire-du-collier-un-complothttps://maria-antonia.forumactif.com/t1792-5-et-6-octobre-1789-un-hasard-ou-un-complotLe rôle particulier de certaines personnes a aussi été envisagé. https://maria-antonia.forumactif.com/t1944-le-role-joue-par-orleans-dans-la-revolution?A cette collection nous serons amenés au fil de nos lecture à ajouter d'autres hypothèses. Celle que je vous propose est dans cet ordre d'idées particulièrement interpellante si ce n'est farfelue. En voici un avant-goût. "La Révolution de 1789 est une période courte et brutale de notre histoire. C’est un méli-mélo d’acteurs débordés, jetés à la guillotine et immédiatement remplacés. Elle est le fait, nous dit-on, d'une population unanime désireuse de renverser une monarchie fatiguée. Il n'en est rien. En réalité, des approches différentes montrent l'action de sociétés secrètes multiples et rivales coiffées et manipulées par une entité occulte. Pour cacher la forêt occulte, l’arbre des Francs-Maçons est souvent sollicité. Ils sont présents mais leur influence est rendue caduque par l’appartenance de tous les protagonistes à des loges accueillant toutes les idéologies. La famille royale elle-même appartient à la loge des Trois Frères de l’Orient de Versailles. La princesse de Lamballe, amie de la reine et assassinée, est Grande Maîtresse de la « Mère loge écossaise. » La main du Grand Monarque Illuminés bavarois, Rosicruciens, services secrets étrangers, sociétés occultes, sociétés secrètes politiques, Mithraïstes, fraternités… Toutes ces fourmilières s’agitent et activent leurs réseaux pour s’imposer. Mais toutes ces ombres ne sont que des illusions derrière lesquelles se devine une main beaucoup plus inquiétante : celle du Grand Monarque. Ce Grand Monarque, dont le nom sous cette forme apparaît deux fois dans la Révolution, régit par ses interventions le destin des trônes et des peuples. Il a, ici, un objectif précis : sacrifier rituellement la famille royale et placer, à la tête de la révolution, un avatar solaire mithraïste (Napoléon)." http://paranormal.blogspirit.com/archive/2014/10/index.html Vous remarquerez que, contrairement aux conclusions de ce forum, l'auteur de l'article ci-dessus lie la famille royale à la Franc-Maçonnerie. Cependant, on peut se demander ce que recouvre au juste ce terme très vague de famille royale. On sait avec certitude que Le Duc d'Orléans et la Princesse de Lamballe étaient Francs-Maçons. Cela suffit-il pour avancer que la famille royale l'était ? madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
Dernière édition par madame antoine le Sam 22 Oct - 11:48, édité 1 fois |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Ven 10 Oct - 11:51 | |
| Excellent sujet que celui-ci madame antoine, et merci pour ce travail Je suis d'accord avec vous, le terme "famille royale" est bien trop vague ici, car sauf scoop Marie-Antoinette déjà ne faisait pas partie d'une loge....on ne peut pas mettre toute la famille dans le même bateau. Le complot maçonnique a en effet sa place dans les hypothèses d'origine de la Révolution Tout l'enjeu ici réside en fait dans la possibilité de différencier les meneurs des participants. En somme il est évident que la franc-maçonnerie a participé à la Révolution, de plusieurs manières que ce soit, mais a-t-elle pour autant mené les événements principaux? C'est là que j'ai personnellement beaucoup de doutes, et des doutes qui sont amplifiées par le fait qu'aucune preuve n'existe à ce propos _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Aux origines de la Révolution Française Mar 23 Déc - 10:27 | |
| Bonjour,
Voici la référence d'un site qui nous propose une série d'articles analysant les origines de la Révolution Française. Le premier épisode de cette série est dévolu au rôle des physiocrates.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aux-origines-de-la-revolution-161033
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Ven 17 Juil - 17:55 | |
| À lire: les fondements ultra libéraux de la révolution française : http://www.contrepoints.org/2015/07/14/214012-14-juillet-une-revolution-francaise-ultraliberale _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Sam 22 Oct - 12:14 | |
| Bien chers Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,
Je reviens sur cet ancien sujet pour enrichir nos propos de réflexions émises par Alexis de Tocqueville. Voici ce que le penseur dit de Barruel.
J'en ai toujours été détourné par l'idée que celui-ci avait un point de départ essentiellement faux. Sa donnée première est que la révolution française (il est permis de dire aujourd'hui européenne) a été produite par une conspiration. Rien ne me paraît plus erroné.
Il ajoute cependant.
Je ne dis pas qu'il n'y eût pas dans tout le cours du dix-huitième siècle des sociétés secrètes et des machinations souterraines tendant au renversement de l'ancien ordre social. Au-dessous de tous les grands mouvements qui agitent les esprits se trouvent toujours des menées cachées. C'est comme le sous-sol des révolutions.
Mais ce dont je suis convaincu, c'est que les sociétés secrètes dont on parle ont été les symptômes de la maladie et non la maladie elle-même, ses effets et non ses causes. Le changement des idées qui a fini par amener le changement dans les faits s'est opéré au grand jour par l'effort combiné de tout le monde, écrivains, nobles et princes, tous se poussant hors de la vieille société sans savoir dans quelle autre ils allaient entrer.
Source: Tocqueville, correspondance, A M. LE COMTE DE CIRCOURT, Tocqueville, 14 juin 1852. _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | levengeur
Nombre de messages : 747 Date d'inscription : 31/03/2014
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Sam 22 Oct - 13:13 | |
| _________________ Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Dim 23 Oct - 11:17 | |
| _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Jeu 1 Mar - 14:27 | |
| On (n'est-ce pas, Choupinou ? ) va encore me taxer d'adepte de la théorie du complot. Mais va ! Je ne suis pas la seule à voir dans la révolution française autre chose qu'un peuple qui se soulève spontanément ! La représentation parlementaire est une fumisterie destinée à représenter les intérêts du haut du panier contre ceux de tous les autres. Donc 1% contre 99% avec tous les politiciens en complices. Etre français et être républicain, quand on a compris comment le système marche et qu’on sait qui a financé la Révolution Française, quand on a capté le petit message clef du pyramidion sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen …
L'acculturation née des falsifications de nos livres d'histoire – tu parles Charles que le peuple de 1789 s'est soulevé contre l'ancien régime, les gens avaient juste envie de pain, de bouffer quoi, et les possédés de Dostoïevski de l'époque ont manipulé leur monde comme de vraies arsouilles ! – conduit directement à ça. Les gens militent pour un système qui les détruit à petits feux et votent pour qui ON tout en haut veut qu’ils votent.https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-pinocchio-de-la-republique-201917 Pas faux, n'est-ce pas ? _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Jeu 19 Avr - 6:39 | |
| Bien chers Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,
Voici que s'exprime Jean Peyrelevade, ex-PDG du Crédit Lyonnais, auteur de Changer ou disparaître, une Adresse au patronat, ouvrage paru aux Editions de L'Observatoire.
Mais Peyrelevade montre quelques réserves vis-à-vis de la Révolution française, qui a fait naître une gauche "anti-patronale".
Dans la déclaration des Droits de l'Homme, le droit de propriété reste strictement individuel. 1789 se révèle une "révolution de petits propriétaires", selon l'auteur. "A aucun moment, l'entreprise n'apparaît comme un outil collectif de propriété partagée." La Révolution ouvrira paradoxalement la voie à un nouveau patronat peu partageur, "qui répétera avec ses salariés l'effet de domination que les nobles entretenaient avec leurs paysans", regrette l'essayiste...
L'ensemble de l'entrevue ne manque pas d'intérêt. https://www.nouvelobs.com/economie/20180416.OBS5236/amis-patrons-dites-stop-a-vos-privileges-partagez-le-pouvoir-et-les-profits.html
Bien à vous
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Jeu 7 Juin - 14:50 | |
| Un orage épouvantable à l'origine de la Révolution ? N'importe quoi ! Pas tant que ça, vous allez voir. La veille, il a fait épouvantablement chaud et lourd. Paris a suffoqué sous un couvercle de 34 °C, et le pays, perlé de sueur. Dieu merci, en ce 13 juillet 1788, on pourra se rafraîchir dans les églises du royaume. Comme tous les dimanches matin, les cloches sonnent à toutes volées pour appeler à la messe les fidèles qui ne se font pas prier. Leur tintement est soudain aspiré par un énorme claquement qui déchire le ciel, noir et menaçant. Comparable, rapporte Henri-Alexandre Tessier, « à celui de plusieurs carrosses qui roulent sur le pavé ». Ce médecin-agronome, responsable de la bergerie royale (il a introduit les premiers moutons mérinos en France) se trouve à Andonville (Loiret), au sud d’Etampes (Essonne), quand il voit débouler vers 7h45 une nuée noire délavée de taches jaunâtres qu’il avise au premier coup d’œil : tous aux abris, la grêle arrive ! Pendant près de dix minutes, un déluge furieux s’abat sur le village et ses alentours, qui n’épargne ni les toitures, ni les fenêtres, ni les malheureux restés à découvert. Par chance, le repos dominical a bien fait les choses : personne ou presque ne travaille aux champs. L’orage n’a pas épargné ParisVingt minutes plus tard, c’est au château de Rambouillet d’essuyer le feu de la mitraille glacée : 11 749 vitres sont brisées, toutes les tuiles sont emportées ainsi qu’un millier d’arbres. Cette forêt au tapis indique la direction de Paris, où la tempête orageuse débarque à 8h30. Derrière la forteresse de la Bastille, les cumulonimbus, noirs comme du charbon, foudroient la très populaire rue du Faubourg Saint-Antoine, qui fournira un an plus tard des bataillons de sans-culottes. Dans la capitale, Charles-Joseph Messier, astronome passionné de météorologie, ramasse des grêlons pesant « plus de 5 quarterons » (environ 600 grammes). Ses observations rejoignent celles de Tessier qui les juge « gros comme le poing » : « ils étaient lancés avec une telle force qu’ils rebondissaient comme une balle de paume », explique le médecin dans le rapport qu’il rend à la société royale de Médecine le 28 juillet. Le cataclysme fait le lit de la RévolutionLa perturbation, qui a commencé à se former avant l’aube vers l’île d’Oléron, s’est intensifiée en survolant la Touraine avant de balafrer des Pays de la Loire à la Flandre. Sur 450 km de long, le cataclysme creuse deux sillons de désolation, distants d’une vingtaine de kilomètres. « En cinq à six minutes, la terre fut recouverte de glaçons », consigne Tessier dans son rapport. A Orléans, l’épais tapis mettra trois jours à fondre ! De nombreuses flèches d’église n’ont pas résisté aux rafales, plusieurs moulins ont été soufflés loin de leur socle, ainsi que des granges et des maisons. « En moins d’un quart d’heure, cet orage terrible ôta tout espoir de récolte. Tout fut enterré, haché, abîmé, déraciné ; les toits découverts, les vitres brisées, les vaches et les moutons tués ou blessés », énumère Meissier. Au total, 1039 paroisses se déclarent sinistrées, 100 000 ha de terre ne seront pas moissonnées. Mais de l’avis général, le bilan, est très sous-estimé, comme les 25 millions de francs or de dégâts. Environ 10 % du budget du royaume est liquidé par le déluge, que certains – comme cela est consigné dans des cahiers de Paris – expliquent par la « commotion » que le son des cloches produit dans l’air ! Reste que le terrible orage aura des conséquences que personne n’imagine alors : les mauvaises récoltes (dues également à la sécheresse du printemps 1788) font s’envoler le prix du pain. Le terrible hiver qui suit fait grimper celui du bois, et achève d’exaspérer le peuple qui gronde… Un orage peut en cacher un autre. LE LOTO DU ROILancer un loto pour la sauvegarde du patrimoine en péril, comme l’a fait Emmanuel Macron jeudi soir, Louis XVI y avait pensé. Mais pour les communes en péril. Le 26 juillet, un arrêt de son Conseil d’Etat crée une loterie en faveur des provinces dévastées par l’orage. Lui-même avait été surpris par le déluge de grêle alors qu’il revenait du château de Rambouillet pour rejoindre celui de Versailles. « Les chevaux prirent le mors aux dents, les gardes du corps eurent beaucoup de peine à les arrêter », rapportera un témoin. Le roi parvint à se réfugier sous un hangar à Coignières (Yvelines). Il n’aura pas toujours cette chance. http://www.leparisien.fr/ Incroyable ! _________________ X est la force deux fois pure
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| | | Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Dim 15 Juil - 9:56 | |
| Creusons cette hypothèse : La météo influence (en partie) la politique : climat, crise agricole et Révolution françaiseParmi les raisons du déclenchement de la Révolution française, dans une société dont la bourgeoisie était prête pour le changement, la météo et les mauvaises récoltes ont pu jouer un rôle d’« étincelle ». Dans un siècle où le climat occupe une place centrale et légitime dans les préoccupations, le lien entre modifications climatiques, météo (quotidienne) et pouvoir politique peut être moins subtil qu’on ne le pense. Même dans la Chine du XXIe siècle, le pouvoir commence à se préoccuper à la fois de la pollution et du changement climatique, après des décennies à soutenir la croissance aux dépens de l’environnement. Le propos de cet article n’est pas de démontrer que la météo ou le climat sont à l’origine des changements politiques, mais comment — avec d’autres facteurs — ils influencent les régimes politiques et leur avenir. Avant la révolution industrielle, ces événements météorologiques sont étroitement liés aux crises de subsistance, que l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie définit comme « des moments de baisse de la production agricole, participant souvent à la concrétisation de troubles sociaux latents jusqu’alors ». L’hypothèse d’un volcan islandaisParmi les historiens, les Anglo-Saxons estiment que l’éruption du Lakagígar, en Islande, du 8 juin 1783 au 7 février 1784, pourrait avoir eu une influence sur le cours de la politique française six ans plus tard. Difficile de lier les deux, mais une chose est sûre ; l’éruption rejette dans l’atmosphère des millions de mètres cubes de dioxyde de soufre. Sur l’île, c’est une catastrophe ; la moitié du cheptel meurt (jusqu’à 80 % pour les moutons), 20 % de la maigre population meurt de faim. Poussé par les vents vers l’Europe occidentale, le nuage conduit à une surmortalité de l’ordre de 30 % au Royaume-Uni et en France au cours de la période, pour un total estimé à 160 000 morts en Europe occidentale. Du fait des poussières qui masquent en partie le soleil, l’hiver 1784-1785 se révèle précoce et rigoureux, avant un redoux qui occasionne des inondations sur le continent. C’est un début d’Etat providence qui se met alors en place. Louis XVI débloque 3 millions de livres (soit environ 2,2 millions d’euros d’aujourd’hui, 1 % du budget de l’époque) pour aider les sinistrés. Mais pour l’historien Emmanuel Garnier (CRHQ, CNRS-université de Caen), cet événement antérieur de cinq ans à la révolution n’a que peu à voir avec la Révolution, c’est un « serpent de mer porté par les Anglo-Saxons et les géologues ». La « gâchette météorologique » de 1787 et 1788Si les volcanologues tendent à attribuer les mauvaises récoltes à ce nuage, selon tous les relevés disponibles à l’époque, ce sont plus volontiers les pluies diluviennes de l’automne 1787, la chaleur du printemps 1788 et les « grandes grêles » de l’été qui ont amputé la récolte 1788 d’environ 30 % de son volume, selon Emmanuel Le Roy Ladurie. « C’est le climat qui fait d’une crise une catastrophe », affirme l’historien britannique Geoffrey Parker, selon qui « l’agriculture cesse alors d’être productive, et le prix des denrées monte en flèche ». Dans la société de l’Ancien Régime, le lien entre faiblesse des récoltes et hausse du prix des denrées est quasi mécanique. Une hausse du prix des denrées au fil du XVIIIe siècleCe graphique représente l'évolution du prix des produits agricoles français, entre 1726 et 1790. La base 100 est la moyenne de la période 1771-1789 (calculée par l'historien chercheur Emmanuel Le Roy Ladurie). Source : Histoire du climat depuis l'an mil, Emmanuel Le Roy Ladurie (1967) L’historien Emmanuel Le Roy Ladurie, spécialiste du climat, note par ailleurs la difficulté essentielle de « diagnostiquer, avant les thermomètres, des oscillations séculaires moyennes inférieures ou tout au plus égales à 1 °C ». En 1967, dans son Histoire du climat depuis l’an mil, il étudie les dates des vendanges, l’évolution de l’avancée des glaciers, la rigueur des hivers ou encore le cours des denrées. Des conditions réunies pour le changementDe mauvaises récoltes et une hausse des prix des denrées ne sont néanmoins pas suffisantes pour engendrer des révolutions, « il y avait encore un pas gigantesque à franchir », écrit Le Roy Ladurie dans son Histoire humaine et comparée du climat : disettes et révolutions, 1740-1860 (Fayard, 2006). Ce pas sera franchi l’année suivante de ce drôle d’été 1788, pour « quantité d’autres raisons », essentiellement politiques et sociales, qui n’ont rien à voir avec le climat. Parmi ces raisons, on peut citer :
- Iinfluence des idées nouvelles, « les Lumières »
- la crise sociale d’une société divisée en trois états inégaux (noblesse, clergé et tiers état)
- la montée en puissance économique de la bourgeoisie, alors privée de droits politiques — tout comme le reste du tiers état
- la crise institutionnelle que traverse la monarchie française
- la crise financière que traverse l’Etat — dont le budget est systématiquement en déficit.
Néanmoins, on ne meurt plus de faim dans la France du XVIIIe siècle. Le pays n’a plus connu de famine depuis 1709 ; à l’issue d’un hiver long et très rigoureux, le prix des céréales, dont les semences ont gelé, avait flambé, atteignant dix fois son prix de l’année précédente. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ |
| | | MindTheGap
Nombre de messages : 93 Date d'inscription : 02/11/2016
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Ven 20 Juil - 16:39 | |
| Selon un géologue lyonnais, une éruption volcanique a peut-être alimenté la Révolution de 1789
Alors que la France vient de célébrer, le 14 juillet, l'anniversaire de la prise de la Bastille, le géologue lyonnais Hervé Bertrand mène des recherches sur la coulée de lave du Laki en Islande, en 1783. Ce phénomène dévastateur a engendré un refroidissement des températures, et sans doute pesé sur les récoltes. Des registres montrent un pic de décès, en particulier à Lyon.
Ces jours-ci, il accompagne un groupe de touristes sur les lieux du "crime". Le géologue lyonnais Hervé Bertrand est en Islande, à 2500km au nord du Rhône, pour leur faire découvrir le Laki. En juin 1783, et durant plusieurs mois, ce volcan a connu l'éruption lavique (coulée de lave avec formation de cônes et émission de poussières) la plus colossale des 2000 dernières années sur Terre.
Les effets en ont été ressentis jusqu'en France, et notamment, dans la région de Lyon, avec l'arrivée, pendant l'été, de particules dans l'atmosphère. Des brumes sèches stagnantes qui ont conduit à des pics de mortalité. A cela se sont ajoutés une perturbation de la météo et un refroidissement durable des températures. Des historiens estiment que les pertes de récolte que cela a engendré ont pu contribuer à la Révolution française de 1789.
Hervé Bertrand tente d'en savoir davantage. Ce grand spécialiste qui a côtoyé professionnellement les vulcanologues Katia et Maurice Krafft, ainsi que Haroun Tazieff, a accordé une interview à notre journal dans laquelle il fait le point de ses - passionnantes - recherches. Parallèlement, nous avons sollicité l'historien lyonnais et spécialiste de la Révolution française Bruno Benoît pour recueillir son avis et lui faire retracer les causes immédiates du soulèvement populaire à l'époque dans notre région.
Nicolas BALLET
https://www.leprogres.fr
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| | | Sublime&Silence
Nombre de messages : 207 Date d'inscription : 31/08/2017
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Lun 15 Juil - 7:58 | |
| Attention, les cerveaux vont chauffer.
- C’est chez Tocqueville que l’on trouve la plus claire affirmation du rôle joué par les Physiocrates dans la progression des idées révolutionnaires en France.
En avant, on y va. Article de Benoît Malbranque (Un article de l’Institut Coppet) Les origines intellectuelles de la Révolution française ont occupé bien des volumes, et c’est avec une certaine appréhension que nous osons ici aborder ce grand thème. Nous ne le faisons que pour étudier en détail la contribution des économistes français que l’Histoire a regroupés sous le nom de Physiocrates. Cette tâche n’est pas aisée, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les Physiocrates ont défendu des principes qu’on range dans diverses catégories, selon que l’on considère l’aspect économique, l’aspect politique, ou l’aspect social. Ce sont en effet les mêmes Physiocrates, par exemple, qui se sont faits les promoteurs inlassables de la liberté du commerce et du laissez-faire d’un côté, et qui ont présenté le « despotisme légal » comme leur idéal en matière de politique, citant d’ailleurs le gouvernement chinois pour prouver leurs raisonnements. En second lieu, et comme une conséquence du fait précédemment indiqué, il est difficile d’affirmer avec pleine conviction que les Physiocrates étaient une partie intégrante, ou étaient à la marge, ou étaient en dehors du grand mouvement philosophique des Lumières. Réduire donc le débat de l’influence des Physiocrates sur la Révolution française à des observations d’ordre général sur l’impact de la philosophie rationaliste, du mouvement déiste, ou des thèses sur la souveraineté nationale, ne saurait donc suffire ici. LavoisierSi la question de l’influence de ces économistes sur la Révolution se pose encore, c’est parce qu’elle a été appréciée de manière très différente par les uns et par les autres. Les Physiocrates qui ont vécu les années révolutionnaires ont parfois refusé eux-mêmes de s’attribuer un quelconque mérite. Ce fut le cas de Dupont de Nemours, qui fit valoir pour soutenir son jugement qu’il était à l’époque, avec Louis-Paul Abeille, le seul survivant de l’école de Quesnay — oubliant de mentionner Condorcet, Morellet, et Lavoisier. Il faut dire qu’en un temps où il était encore difficile de séparer les réalisations positives de la Révolution de ses sombres dérives, mieux valait peut-être affirmer qu’on n’avait eu aucun rapport avec tout le mouvement dans son ensemble. TOCQUEVILLE ET CONDORCET HISTORIENSC’est chez Tocqueville que l’on trouve la plus claire et la plus vive affirmation du rôle joué par les Physiocrates dans la progression des idées révolutionnaires en France. Il écrivait en effet dans L’Ancien Régime et la Révolution : - « Les économistes ont eu moins d’éclat dans l’histoire que les philosophes ; moins qu’eux ils ont contribué peut-être à l’avènement de la Révolution ; je crois pourtant que c’est surtout dans leurs écrits qu’on peut le mieux étudier son vrai naturel. […] Toutes les institutions que la Révolution devait abolir sans retour ont été l’objet particulier de leurs attaques ; aucune n’a trouvé grâce à leurs yeux. Toutes celles, au contraire, qui peuvent passer pour son œuvre propre ont été annoncées par eux à l’avance et préconisées avec ardeur ; on en citerait à peine une seule dont le germe n’ait été déposé dans quelques-uns de leurs écrits ; on trouve en eux tout ce qu’il y a de plus substantiel en elle. »1
Dans les œuvres et jusque dans les conversations privées des Physiocrates, on sent en effet qu’ils anticipent le grand orage qui viendra quelques décennies plus tard. Dès les années 1760, réunis chez Quesnay, Mercier de la Rivière avait déjà noté le besoin de « régénérer la France », un terme qui s’imposera dans les écrits des années prérévolutionnaires.2 - « Ce royaume, avait dit Mirabeau, est bien mal ; il n’y a ni sentiments énergiques ni argent pour les suppléer. — Il ne peut être régénéré, dit alors la Rivière, que par une conquête, comme à la Chine, ou par quelque grand bouleversement intérieur ; mais malheur à ceux qui s’y trouveront ! le peuple français n’y va pas de main morte. » Et Mme du Hausset, la femme de chambre qui assistait à cette discussion et en consigna le témoignage dans ses Mémoires, de noter : « Ces paroles me firent trembler, et je m’empressai de sortir. »3
De la même façon que Tocqueville, Condorcet a affirmé que les Physiocrates avaient eu une « salutaire influence » sur l’évolution idéologique qui allait mener à la Révolution, et écrivit que la raison pour laquelle ce fait était passé sous silence est qu’ils étaient devenus infréquentables de par leur esprit de secte et leur langage obscur. - « Ils ont nui eux-mêmes à leur cause en affectant un langage obscur et dogmatique ; en présentant d’une manière trop absolue et trop magistrale quelques portions de leur système. Mais les vérités nouvelles dont le génie avait enrichi la philosophie, la politique et l’économie publique, adoptées avec plus ou moins d’étendue par des hommes éclairés, portèrent plus loin leur salutaire influence. »4
Si les références à leurs œuvres étaient rares, si l’on tenait cette inspiration pour secrète, il n’en reste pas moins qu’en effet les Physiocrates ont inspiré bien des prises de position lors de la Révolution. C’est par exemple tout empreint des idées physiocratiques que Cabanis proclamera la sacralité absolue de la propriété. Parlant aux « propriétaires et capitalistes entrepreneurs », il écrivit : - « Vos possessions vous sont garanties, le fruit de vos spéculations restera dans vos mains ; il deviendra la juste récompense de vos efforts ; aucune entrave n’arrêtera l’essor de vos plans ; aucune loi prohibitive ou rapace ne viendra les glacer ou les mettre à contribution. »
LE DÉBAT ÉCONOMIQUE DE LA RÉVOLUTIONIl faut dire que la Révolution a accueilli les débats économiques avec grand intérêt et il n’est pas excessif de créditer les Physiocrates de cela, eux qui n’avaient cessé de réclamer que les questions d’économie politique soient débattues sur la place publique, et obtiennent l’attention de tous. TurgotCe fut surtout le cas grâce à un homme, Turgot, qui a beaucoup aidé la Physiocratie à se diffuser au sein des masses éclairées et des élites, en promouvant une version non dogmatique et plus concrète du système de Quesnay : Turgot, analyse ainsi Demals, « a favorisé la dilution de la physiocratie dans un mouvement d’opinions ne requérant plus la stricte obédience. »5 Parmi les Physiocrates élus à l’Assemblée constituante, on peut compter Dupont de Nemours, Abeille, Condorcet et Lavoisier. Mais leur influence ne se calcule pas au nombre ; ainsi Barnave a considéré qu’ils étaient influents, et selon lui « dangereux », en raison de « l’estime qu’on avait en général pour leur caractère, même en se méfiant de l’exagération de leurs idées. »6 Un contemporain des évènements, Jean-Paul Rabaud, dans son Précis d’histoire de la Révolution française, a bien signalé les différentes facettes de l’influence des Physiocrates : - « Nous devons à leur vertueuse opiniâtreté d’avoir amené les Français à réfléchir sur la science du gouvernement. C’est à leur constance à nous occuper longtemps des mêmes objets que nous devons la publication de ces idées, si simples, qu’elles sont devenues vulgaires ; que la liberté de l’industrie en fait seule la prospérité ; que la liberté d’exportation des grains est source de leur abondance ; qu’on ne doit pas jeter l’impôt sur les avances de l’agriculteur, mais sur ce qui reste après qu’il en a été remboursé. Sans doute on avait dit toutes ces choses avant eux ; mais ils les ont redites et répétées, et ce n’est qu’ainsi que se forment les opinions. »7
Et pourtant il est certain que les idées physiocratiques n’ont pas toujours été en phase avec celles de la Révolution. En premier lieu, les disciples de Quesnay se sont toujours opposés farouchement à la démocratie, ainsi qu’on l’a rappelé dans un précédent article8. Pour en citer un seul exemple, non mentionné dans l’article, l’abbé Morellet, dans une lettre à Lord Shelburne, du 12 juin 1789, critiqua ceux de ses concitoyens qui « croient que toute question est décidée et tout droit déterminé quand on a compté les têtes. » 9 Le principe de Montesquieu, selon lequel les pouvoirs s’équilibrent les uns par les autres, n’a jamais semblé avoir un quelconque sens pour les Physiocrates. Dans le premier volume de la Physiocratie, on lit par exemple que « l’idée de plusieurs autorités dans un même État ne présente qu’une absurdité complète. Si elles sont égales il n’y a point d’autorité ; il ne peut y avoir que plus ou moins d’anarchie. Si l’une d’entre elles est supérieure, celle-là est l’autorité ; les autres ne sont rien. »10 Sur la question de la représentation et de la souveraineté, également, les divergences de vue sont sensibles. Dupont de Nemours eut notamment une position qui tranchait beaucoup avec les idées de la Révolution, telles qu’exprimées notamment par Robespierre. Ce dernier avait défendu que « tous les citoyens, quels qu’ils soient, ont droit de prétendre à tous les degrés de représentation. » Dupont de Nemours, qui rédigea un cahier de doléance pour le baillage de Nemours, alla à l’encontre de ces idées, et se fit le défenseur du principe selon lequel « n’est pas citoyen celui qui ne contribue pas. » Voici son argument : - « Pour être éligible, la seule question est de savoir si l’on paraît avoir les qualités suffisantes aux yeux des électeurs. Pour être électeur, il faut une propriété, il faut un manoir. Les affaires d’administration concernent les propriétés, le secours au pauvre, etc. Nul n’y a intérêt que celui qui est propriétaire, et si nul n’a droit de se mêler que de ses affaires, si nul n’a d’affaires à lui que quand il est propriétaire, les propriétaires seuls peuvent être électeurs. Ceux qui n’ont pas de propriété ne sont pas encore de la société, mais la société est à eux. »11
Cependant les Physiocrates, par réalisme, par fatalité ou par conviction, finirent par faire évoluer leurs idées. Condorcet se mit à défendre la constitution, et prit l’Amérique comme modèle ; Dupont de Nemours abandonna lui le « despotisme légal » pour une république protectrice des libertés. Contraires aux nouveaux principes de la Révolution, les idées physiocratiques seront donc amenées à évoluer. Peut-être par changement d’avis, peut-être en raison aussi des dangers liés au fait de se faire le défenseur de la monarchie sous la Terreur. Ainsi, comme le remarque Thierry Demals, « si dans les premiers temps Dupont de Nemours ne renonce pas au principe monarchique qui, dépouillé de ses oripeaux féodaux, lui paraît s’accommoder à l’idée républicaine lato sensu, les évènements ultérieurs lui feront défendre une république démocratique, où l’égalité des droits, la liberté des actions humaines et utiles, la propriété des biens, la sûreté des personnes, soient garanties à tous et à chacun. »12 Peut-être tenons-nous là l’une des raisons de la supériorité des Physiocrates, et l’une des raisons de leur actualité pour nous aujourd’hui. Conscients des quelques mérites du système d’Ancien Régime, ils ne se sont jamais laissés emporter par les sirènes de la démocratie égalitaire, ou osons dire égalitariste : jamais ils n’ont perdu de vue l’objectif de la protection des libertés individuelles comme nous l’avons nous-mêmes perdu. ______________________________ 1. Alexis de Tocqueville, L’Ancien régime de la Révolution, Paris, 1988, p.249. 2. Cf. « Régénération », in F. Furet & M. Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, pp.821-830. 3. Mémoires de Mme du Hausset, p.128. 4. Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, Paris, 1966, pp.218-19. 5. Thierry Demals, Une économie politique de la nation agricole sous la Constituante ?, p.317. 6. Barnave, Œuvres, Paris, 1843, volume 2, p.63. 7. Rabaud, Précis d’histoire de la Révolution française, Paris, 1807, pp.32-33. 8. « Une idée dangereuse. Les économistes français et la démocratie », Laissons Faire, n°6, pp.28-32. 9. Abbé Morellet, Lettres de l’abbé Morellet à Lord Shelburne, Paris, Plon, 1898, p.276. 10. Physiocratie, p.29. 11. Archives parlementaires, 1877, vol. IX, séances des 22 et 24 octobre, pp.478-479. 12. Thierry Demals, Une économie politique de la nation agricole sous la Constituante ?, p.326. https://www.contrepoints.org/2019/07/14/241177-ces-liberaux-qui-ont-inspire-la-revolution-francaise _________________ Le vide aurait suffi
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| | | Out Of The Blue
Nombre de messages : 90 Date d'inscription : 09/11/2016
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Mar 11 Fév - 14:51 | |
| Bonjour tout le monde ! Je vous propose une petite réflexion sur les « mécaniques du complotisme » expliquées sur France Culture. L'un des thèmes abordés sera la Révolution. - Roman Bornstein et Victor Macé de Lépinay proposent de revenir sur quelques événements où s’est déclenchée la mécanique du complotisme.
Complotisme, négationnisme, théorie du grand remplacement, conspirationnisme… quelques termes qui ont trouvé leur place dans les médias depuis bien longtemps. Roman Bornstein et Victor Macé de Lépinay se sont penchés sur différents cas au cours de l’Histoire récente ou ancienne où la « Mécanique du complotisme » s’est mise en marche.
« Les enquêtes d’opinion le montrent : sur un nombre grandissant de sujets, les Français sont friands de complotisme. » Selon un sondage publié en 2019, 8 Français sur 10 croient à au moins une théorie du complot.
Avec l’arrivée internet dans un premier temps, puis ensuite le développement des réseaux sociaux, ce phénomène n’a fait que s’amplifier au cours des dernières années, donnant toujours plus de crédit aux thèses les plus farfelues accréditant le fameux « on nous cache des choses » dès qu’un événement de retentissement mondial ou national se passe.
C’est à parti de ce constant que les deux journalistes sont revenus aux origines du phénomène et ont identifié leurs concepteurs en décryptant notamment quelques événements, à travers des interviews d’historiens et de spécialistes du complotisme.
podcast https://www.benzinemag.net/2020/02/10/podcast-les-mecaniques-du-complotisme-expliquees-sur-france-culture/ |
| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Jeu 15 Juil - 17:01 | |
| Aller on est le 15, on n'est plus obligés de dire oui au mythe.
- La monarchie absolue était morte bien avant la prise de la Bastille.
Pour William Doyle, la Révolution française n’a pas commencé le 14 juillet 1789 car à cette date « l’Ancien Régime était déjà en ruine, au-delà de tout espoir de reconstruction ».
Le point de départ remonte au 20 août 1786, le jour où le Contrôleur général des Finances, Calonne, avouait à Louis XVI le désastre financier. Même si l’administration royale, par son fonctionnement très particulier1était incapable de connaître exactement la situation, Calonne évaluait le déficit au quart des revenus de l’année. Depuis 1777, la croissance des emprunts d’État nécessitait d’affecter la moitié des revenus annuels au service de la dette.
En fait, la monarchie française était en mauvaise santé financière depuis le XVIIe siècle : trop de guerres ruineuses s’étaient succédé, la guerre d’indépendance américaine étant la dernière en date. Or il était impossible de faire des économies substantielles, sinon aux dépens des forces armées, ce qui voulait dire pour la France, renoncer à être une grande puissance.
Il n’était pas davantage question d’augmenter les impôts, les Français et particulièrement les contribuables de la région parisienne étant déjà parmi les plus lourdement taxés en Europe. De surcroît, bien que privilégiés les nobles qui, depuis la fin du règne de Louis XV, avaient vu le poids de la taxation croître sur leurs biens, ne manquaient pas une occasion de gémir sur le fardeau fiscal qui les accablait, aussi modeste fut-il.
Restait la voie de la banqueroute, le refus de payer les dettes, vieille pratique de la monarchie, mais désormais nuisible au crédit de l’État : aux yeux de l’opinion publique du temps, la dette publique était sacro-sainte.
Portrait de Calonne par Madame Vigée-Lebrun
Au « magicien » Necker qui avait financé la guerre contre l’Angleterre sans créer de nouvel impôt mais par un emprunt, aussi favorable aux investisseurs qu’il était onéreux pour l’État, avait succédé le « prodigue » Calonne, lointain ancêtre de Keynes : il déboursa sans compter pour inspirer la confiance avec l’illusion que financer de grands chantiers, comme le nouveau port de guerre de Cherbourg, relevait de la dépense utile. Il emprunta presque autant que son prédécesseur, mais avec beaucoup plus de difficulté pour convaincre les milieux de la finance.
Il ne restait donc qu’une voie de sortie pour Calonne : réformer l’État.
Dans son Résumé d’un projet pour l’amélioration des Finances il écrit :
"Un Royaume dont les Provinces sont étrangères les unes aux autres… où il est impossible d’avoir ni règle constante, ni vœu commun, est nécessairement un Royaume très imparfait."
Calonne proposait donc d’instaurer, à la place du système compliqué des vingtièmes, une « subvention territoriale », c’est-à-dire une taxe foncière universelle, permanente et proportionnelle. Elle serait perçue par des assemblées provinciales élues par les propriétaires fonciers. Sous l’influence de Dupont de Nemours, Calonne souhaitait également la disparition des douanes intérieures, le remplacement de la corvée par un impôt et le libre commerce des blés. Mais pour assurer le succès des emprunts nécessaires pour payer les dettes à court terme arrivant à échéance, le contrôleur crut habile d’obtenir un soutien de l’opinion publique par la convocation d’une Assemblée des Notables composée de « gens de poids, dignes de la confiance du public », c’est-à-dire triée sur le volet par le pouvoir. Mais la réunion de l’Assemblée à Versailles, à compter du 22 février 1787, ne devait pas se dérouler selon les vœux du trop habile ministre. Si tout le monde ou presque reconnaissait la nécessité des réformes, Calonne réussit surtout à faire l’unanimité contre lui. Plusieurs notables réclamèrent la convocation des États Généraux seuls habilités à approuver des mesures aussi importantes. Calonne était renvoyé et un de ses plus habiles adversaires, Loménie de Brienne, se voyait nommer principal ministre. Le 21 mai, un bureau de l’Assemblée déclarait :
"Nous n’avons pas pensé qu’une Assemblée de notables, sans pouvoir et sans mission, qui n’a point reçu la députation des provinces, et qui n’a rien de commun avec les États généraux, put voter un impôt."
Aussi Brienne, oubliant les critiques qu’il avait formulées lorsqu’il était dans l’opposition, devait-il s’empresser de la dissoudre pour essayer d’imposer de force le projet de réformes. Mais le gouvernement du Roi révélait ainsi qu’il n’avait pas la confiance de ses sujets les plus éminents, méfiance justifiée au vu du désordre des finances. Ce fut une grande malchance pour ce gouvernement aux intentions réformatrices. Lamoignon inspirait en effet des mesures audacieuses : suppression de la question (ou torture judiciaire), droits civiques accordés aux protestants… Après avoir accepté la plupart des édits réformateurs, le Parlement de Paris refusa les édits fiscaux et réclama la réunion des États généraux. Au niveau international, paralysée par la fronde parlementaire, la France assistait impuissante à l’écrasement du mouvement « patriote » des Provinces-Unies par l’armée prussienne. Faute d’argent dans les caisses, l’armée française était restée l’arme au pied. Brienne crut habile de renoncer aux nouveaux impôts au profit du prolongement des vingtièmes, sans exception ni cas spéciaux. Le 19 novembre 1787, lors d’une séance royale, Louis XVI prétendit contraindre le parlement à enregistrer les emprunts. Le duc d’Orléans cria à l’illégalité et le Roi répondit : « Si ! C’est légal parce que je le veux. » Il détruisait ainsi tout espoir d’entente et de compromis. Le 3 mai 1788, après plusieurs mois d’agitation et de protestation dans les provinces, le Parlement de Paris déclarait que les lois fondamentales du royaume comprenaient le consentement de l’impôt par les États généraux réunis régulièrement et des garanties contre les arrestations arbitraires. Lamoignon dépouilla alors les parlements de la plupart de leurs prérogatives au profit d’une Cour plénière dont la composition rappelait celle de l’Assemblée des notables : hauts magistrats, grands nobles, officiers de l’État, personnages éminents divers. Le rôle judiciaire des parlementaires fut réduit également au profit des cours subalternes. Aussitôt la colère populaire éclata, marquée notamment par des émeutes à Rennes et Grenoble. Toute une littérature pamphlétaire inonda le pays, dénonçant la rupture du contrat social, la nécessité de mettre en place des réformes par les États généraux. Mais cette opposition était plus bruyante que dangereuse face à un gouvernement résolu. Ce n’est pas la rue qui fit tomber le gouvernement mais les finances. En effet, au jour le jour, le gouvernement vivait des « anticipations », crédits à court terme consentis par les banquiers et financiers, garanties par les revenus fiscaux des années suivantes. Mais Brienne se trouva dans l’incapacité de trouver des fonds. Les créanciers du gouvernement ne voulaient plus financer le « despotisme ». Début août, le trésor était vide. Le 16 août, Brienne dut suspendre les paiements du trésor royal. Entretemps, il avait promis la réunion des États généraux pour le 1er mai 1789 et organisé le retour de Necker, auréolé de sa réputation de génie de la finance : c’était annoncer que le pouvoir n’était plus entre les mains du roi. C’est ainsi que durant cet été 1788 s’écroula l’Ancien Régime. Selon William Doyle :
"La vieille monarchie et ses serviteurs étaient non seulement à court d’argent mais à court d’idées."
La vieille monarchie disparaissait, victime, non de féroces révolutionnaires mais de ses contradictions internes. Article signéGérard-Michel Thermeau, docteur en Histoire, est professeur agrégé d'Histoire-Géographie dans un lycée de Saint-Etienne. À lire William Doyle, Des origines de la révolution française, Calmann-Lévy 1988, 312 pages. URLhttps://www.contrepoints.org/2021/07/14/213491-14-juillet-le-mythe-de-la-chute-de-la-monarchie-absolue _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | Klada
Nombre de messages : 55 Date d'inscription : 26/04/2019
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Dim 13 Fév - 20:56 | |
| Du 26 novembre 1788 au 20 janvier 1789 L'un des phénomène de gel de la Seine les plus importants répertoriés s'étale entre le 26 novembre 1788 et le 20 janvier 1789. Lors d'un hiver précoce et véritablement glacial, la Seine se fige dans la glace durant 56 jours consécutifs ! À l'époque, la photographie n'a pas encore été inventée et aucune image de la Seine figée n'est disponible. Sur la représentation ci-dessous, on voit Louis XVI distribuer de l'argent aux démunis. Ce terrible hiver coûtera la vie à des milliers de Français, engendrera une explosion des prix et une famine - qui joueront un rôle capital dans l'exaspération de la population et le déclenchement de la Révolution. https://www.meteo-paris.com/actualites/retour-vers-le-passe-ces-hivers-durant-lesquels-la-seine-gelait |
| | | Dorothy Vallens
Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 01/08/2020
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Ven 15 Juil - 20:52 | |
| Les origines de la Révolution française sont multiples, d'ordre social, économique et politique. Les événements de 1789 furent de fait une conjonction de plusieurs facteurs conjoncturels, liés à la période, et structurels, ancrés plus profondément dans la société. Il y a, dans les années précédant la Révolution, un climat social tendu ainsi qu'une défiance croissante du peuple à l'égard de la monarchie absolue de droit divin. Au siècle des Lumières, cette société d'ordres est considérée comme archaïque, responsable d'une extrême pauvreté du Tiers-État (98 % de la population) et d'épisodes de famine marquants. Associée à des hivers très rudes, de mauvaises récoltes et une forte hausse du prix du pain entre 1787 et 1789 (+75 %), la crise alimentaire entraîne des émeutes dans les campagnes françaises. Le Tiers-État prend les commandesMalgré un royaume de France très endetté en 1789, il est hors de question pour le peuple de s'acquitter de nouveaux impôts. Face à la grogne populaire et à une situation économique au bord du gouffre, Louis XVI convoque les états généraux pour le 1er mai 1789. Le Tiers-État ne tarde pas à défier le pouvoir monarchique en se déclarant Assemblée nationale constituante dans une grande ferveur populaire. Les mesures royales pour contrer cette résistance entraîneront dès lors l'étincelle de la Révolution française, avec la prise de la Bastille le 14 juillet. - À savoir
L'assemblée constituante décrétée par le Tiers-État prêta serment, le 20 juin 1789, de ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. C'est le fameux serment du Jeu de paume, du nom de la salle où l'Assemblée a tenu ses délibérations.
Article à écouter ici https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-contemporaine-sont-causes-revolution-francaise-5476/ |
| | | Absalom
Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 04/08/2016
| Sujet: Re: Les origines de la Révolution Française Ven 2 Aoû - 15:43 | |
| Moi aussi je vous ai trouvé un article sur cette question. - Quelle fut la cause de la chute de la monarchie en France en 1792 ?
- La Révolution est le plus grand tournant de l'histoire française. Pendant cette période charnière, nous sommes passés d'un royaume à une république. Ce moment historique est dû à une prise de conscience du peuple, à une crise majeure et à l'affaiblissement de la royauté elle-même.
Une monarchie, c'est un régime politique au sein duquel le pouvoir est détenu par un roi. En France, ce pouvoir a longtemps été héréditaire et absolu. On parle même de droit divin avec Louis XIV. Le roi ne rend compte qu'à Dieu lui-même, dont il est le représentant sur Terre. Les rois ont gouverné la France pendant plus de 1 300 ans, depuis que Clovis fut couronné roi des Francs en 481, jusqu'à la décapitation de Louis XVI en 1793. Comment le peuple s'est-il réveillé puis soulevé ? Pour quelles raisons a-t-il combattu, puis changé un système en place depuis si longtemps ? C'est certainement parce que, malgré sa très longue histoire, la royauté avait fait son temps. Qu'est-ce que la Révolution française en 1789 ?La Révolution française est un soulèvement populaire survenu en 1789, qui a conduit au renversement du régime monarchique. Pourquoi ? Parce qu'à la fin du XVIIIe siècle, la France était devenue une cocotte-minute prête à exploser. Le peuple était de plus en plus mécontent des taxes et des impôts qu'il subissait. De plus, les penseurs des Lumières avaient déjà remis en cause la légitimité de l'Ancien Régime. Et surtout, la France s'était endettée jusqu'au cou à cause des guerres en Europe et en Amérique. Les choses s'envenimèrent à partir de l'hiver 1788-1789. Une crise agricole entraîna une crise économique. Le chômage, la famine et la misère se propagèrent, ainsi que la colère de la population. Pourquoi la monarchie constitutionnelle a-t-elle échoué ?Le roi Louis XVI fut incapable d'y remédier. Au lieu de se retirer tout de suite, il fut tenté de mettre en place une monarchie constitutionnelle. Une assemblée constituante fut créée le 9 juillet 1791, puis la Constitution fut adoptée le 3 septembre. Désormais, le roi était investi par la Nation, et non par Dieu. La règle était la suivante : le roi ne peut pas dissoudre l'Assemblée, et l'Assemblée ne peut pas chasser le roi. Malheureusement, durant cette période, Louis XVI passa beaucoup de temps à imposer son véto et à travailler contre l'Assemblée. Finalement, il tenta de rétablir la monarchie absolue avec l'aide militaire d'autres monarques européens. La Révolution prit alors une tournure plus violente. Comment expliquer que la prise des Tuileries provoque, le 10 août 1792, la fin et l'abolition de la royauté en France ainsi que le début de la première République française ?
La prise de la Bastille est le moment le plus célèbre de la Révolution. Mais c'est la journée du 10 août 1792 qui a marqué la fin de la monarchie constitutionnelle. Ce jour-là, une foule parisienne de sans-culottes prend le palais des Tuileries et exige la démission du roi. La famille royale finit emprisonnée à la tour du Temple. Le 21 septembre 1792, on annonce officiellement la chute de la royauté. Le lendemain, la Convention nationale proclame la Première République française. Louis XVI est jugé puis exécuté en public le 21 janvier 1793. Il ne s'agit pourtant pas de la mort du dernier roi de France. https://www.caminteresse.fr/histoire/quelle-fut-la-cause-de-la-chute-de-la-monarchie-en-france-en-1792-11195776/ _________________ Continuer sans accepter
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