La duchesse de Polignac

Oui, j'ai beaucoup aimé parler avec cette dame remarquable !

Quand nous lui avons exprimé notre admiration, elle nous a répondu qu'elle espérait qu'une biographie meilleure que la sienne soit publiée, parce qu'elle pense qu'on peut toujours faire mieux, et que si d'autres le font ce sera parfait. Ce qui compte, visiblement, pour cette dame remarquable, c'est l'avancée de la recherche... Splendide !

Et avez-vous remarqué que les gens les plus brillants sont toujours les plus simples ?

Souvent, en effet ! Ils ont la capacité de se remettre en question.

Et je pense que ça n'était pas une fausse modestie, elle était sincère

pimprenelle a écrit:

Quand nous lui avons exprimé notre admiration, elle nous a répondu qu'elle espérait qu'une biographie meilleure que la sienne soit publiée, parce qu'elle pense qu'on peut toujours faire mieux, et que si d'autres le font ce sera parfait. Ce qui compte, visiblement, pour cette dame remarquable, c'est l'avancée de la recherche... Splendide !

Remarquable. Je ne l'ai jamais rencontrée en personne, mais je suis toute prête à croire qu'elle était sincère .

J'en suis convaincue !

Je viens de lire que selon Philippe Delorme, la Duchesse de Polignac aurait reçu comme pensions en 14 ans l'équivalent de celles reçues par la Marquise de Pompadour en 1 an....c'est vrai?

Ce n'est pas étonnant, vus tous les châteaux qui furent bâtis pour Madame de Pompadour...bâtis et meublés !!!

Bien à vous.

Et ça montre aussi à quel point on a focalisé à tort sur Madame de Polignac.

Oui, cette comparaison remet clairement les choses à plat

Mais j'avoue être quand même surpris par un tel ratio...

Autres temps, autres moeurs... Le règne de Louis XVI est celui d'un monde finissant.

Chou d'amour a écrit:

Je viens de lire que selon Philippe Delorme, la Duchesse de Polignac aurait reçu comme pensions en 14 ans l'équivalent de celles reçues par la Marquise de Pompadour en 1 an....c'est vrai?

C'est fou, n'est-ce pas ? Cela me semblait particulièrement important à signaler ... pour remettre un peu les pendules à l'heure.
Cependant, autour de Mme de Polignac, il y avait toute sa coterie qu'elle "servait", si je puis dire, en premier. Par exemple, avant la fin de 1775 (Marie-Antoinette l'avait distinguée au Printemps) , le vicomte de Polignac (père de Jules et Diane) obtenait l'ambassade de Soleure, vraie sinécure très convoitée, et la comtesse d'Andlau , qui avait tenu lieu de mère à Yoyo, une pension. Mais autour de Mmes de Pompadour ou du Barry aussi il y avait les entours à combler de bienfaits en plus de ce que coûtaient ces dames ...

Oui vous avez eu tout à fait raison de préciser ce chiffre, car il permet de bien relativiser les choses vis à vis des grandes faveurs données aux Polignac, existantes certes

Il serait effectivement intéressant de comparer avec la Comtesse du Barry

Elle a été certes bien gâtée et était entourée de toute la clique du Roué, Jean du Barry son beau-frère et ancien souteneur, sans compter le trio d'Aiguillon, Terray, Maupeou, dont elle semble avoir été l'égérie auprès de Louis XV ... Cela dit, la mort soudaine du Roi en Mai 1774, a mis fin à cette faveur plutôt rapidement.

En effet, mais comme il me semble avoir lu que les dépenses la concernant étaient comparables à celles de Marie-Antoinette, je me dit qu'une année "Du Barry" n'équivalait pas à une année "Polignac"

En effet, sans doute pas .

J'avais oublié qu'autant de fausses informations étaient arrivées aux oreilles des Polignac suite à la fuite de la famille royale en Juin 1791.
Dans un premier temps on leur a dit que la famille royale avait été arrêtée, puis peu après qu'elle a été sauvée in extremis par Bouillé, et enfin qu'elle a bien été arrêtée à Varennes....
Bref...basculer d'une grande peine à un grand désespoir en passant par une joie extrême...moralement difficile :s:

C'est tout de même incroyable qu'autant de fausses informations circulaient...

Et Léopold qui déboule en pleine nuit chez les Polignac. Je vois d'ici la scène, Jules en chemise, le bonnet de nuit de travers, les yeux pas en face des trous ...

Le stress

La situation est complètement chaotique ! Tant de soubresauts d'espoir délirant, de désespoir, d'espérance à nouveau ruinée ... Les émigrés passent par toute la gamme la plus folle de sentiments contradictoires. Le problème, c'est qu'après Varennes ils perdent la foi dans Louis XVI qu'ils jugent un faible, un incapable. Ils jugent plus mal encore Marie-Antoinette qu'ils croient vendue à Barnave. Tous ? Non.
Mme de Polignac est la seule à défendre encore la réputation de son amie envers et contre tous dans la communauté émigrée ingrate. Vaudreuil la soutient et seconde ses efforts.

Faut dire que les incapables c'est plutôt eux...

Vous dites vrai, cher Baron, on a taxé de "gesticulations" les menées contre-révolutionnaires d'Artois ... ou, en tout cas leurs tentatives, et , aux Tuileries Louis XVI et Marie-Antoinette s'en défient ouvertement, d'où frictions avec Mme Elisabeth complètement gagnée à la cause d'Artois. Le couple royal redoute que les intrigues des princes n'enveniment encore la haine qui l'entoure et n'aggrave sa situation.
Et ce qui est paradoxalement tragique, c'est que ce ne sont pas ces gesticulations vaines d'Artois qui amènent la catastrophe finale du 10 août, mais les supplications de la Reine, elle-même, à Fersen de lancer le manifeste de Brunswick !!!!!!!

La situation dans laquelle se trouvaient les souverains a pris tout le monde de court, en fait. Personne ne pouvait comprendre ce qu'ils vivaient... même pas vraiment eux, en fait. C'est pourquoi je ne pense pas que Marie Antoinette ait complètement berné Bernave. Elle a essayé une autre voie, puisque la fuite avait échoué, et que les puissances européennes ne bougeaient pas beaucoup...

Les émigrés pestaient contre la mollesse du roi et le double jeu de la reine. Mais ils ne mesuraient pas à quel point leur vie, à tous, aux Tuileries, était en danger. Marie Antoinette, avec son instinct, a dû le sentir, elle...

Fersen, Mercy et les autres minimisaient aussi le danger, à mon avis. S'ils avaient perçu la situation dans toute son horreur, ils n'auraient pas tergiversé, ils auraient foncé.

Qu'auraient pu les émigrés, les princes, les alliés ? Parfois, je me dis qu'un bon assaut sur Paris aurait ramené l'ordre une fois pour toutes. Mais peut-être le ver de la révolte était-il dans le fruit...

Ce qui est sûr, c'est que les compromis que le roi a concédés aux factieux ont prouvé leur inutilité. Logique, puisque le discours était biaisé.

Et que penser de la réaction démesurée au manifeste de Brunswick ? Sinon que les chauffeurs de salles n'attendaient qu'un prétexte pour faire monter la sauce.

Pour moi, ce qui a tué la famille royale, ce sont les compromissions. On ne négocie pas avec une foule auto-proclamée assemblée.

On ne saurait mieux dire ! Les concessions, trop tardives et accordées à l'arrachée, de Louis pour sauver la situation l'a perdue.
En effet, Marie-Antoinette n'a pas "berné" Barnave. Elle avait de l'estime pour lui. Elle a même dû croire, avec raison, à sa sincérité.
Je ne pense pas que Fersen et Mercy minimisaient la situation. Fersen n'en dormait plus. Mercy en était bien désolé, mais sans plus.
Après l'exécution du Roi, Fersen, discuta longuement avec la Marck des moyens possibles de sauver la Reine: "nous avions trouvé, écrit-il, qu'il n'y en avait que de pousser sur le champ un gros corps de cavalerie sur Paris ... Je fus chez le comte de Mercy et je le trouvais de glace à cette idée. Il croyait la famille royale perdue sans qu'on puisse rien faire pour elle." (journal de Fersen)