La duchesse de Polignac

Citation :

En effet, Marie-Antoinette n'a pas "berné" Barnave. Elle avait de l'estime pour lui. Elle a même dû croire, avec raison, à sa sincérité.

Là je n'y crois pas un instant. Barnave fut un gagne temps, rien de plus. La Reine, femme instinctive et mère protectrice avant tout, avait déjà passé la vitesse supérieure, dès qu'elle mit le pied dans cette carosse de retour. Et telle une araignée, elle avait tiré Barnave dans sa toile. Tout était bon pour protéger ses enfants; si ces lettres interminables pourraient lui servir, alors elle fut prête à les écrire. Mais elle ne fut jamais dupe, elle l'annonce haut et fort à Fersen.

MA à Fersen le 7 Décembre 1791:

"Mais comprenez-vous.....ma position et le rôle que je suis obligée de jouer toute la journée. Quelquefois, je ne m'entends pas moi-même et je suis obligée de réfléchir pour voir si c'est bien moi qui parle, mais que voulez-vous? tout cela est nécéssaire, et croyez que nous serions bien plus bas encore que nous sommes, si je n'avais pas pris ce parti tout de suite. Au moins gagnerons-nous du temps par là, et c'est tout ce qu'il faut. Quel bonheur si je puis un jour redevenir assez pour prouver à tous ces gueux, que je n'étais pas leur dupe!"

Allez ma belle Reine, cassez leur la g**** à tous ces c**** de Français!!!

Citation :

Allez ma belle Reine, cassez leur la g**** à tous ces c**** de Français!!!

Vous y allez fort cher Baron   . Mais au final, Marie-Antoinette a fait la même chose qu'avec Mirabeau c'est à dire essayer de se servir d'eux pour s'extirper d'une situation intenable.

Allons, allons, Baron ! Keep cool ! Nous ne changerons plus le cours de l'Histoire ! ( mais votre emportement est bien sympathique )
Bien sûr elle écrit cela à Fersen. Je connais bien cette citation qui ne cible pas, en particulier, sa relation avec Barnave, mais son double jeu avec les meneurs de la Révolution, "tous ces gueux", dit-elle. Cela lui a t-il d'ailleurs assez véhémentement été reproché !!!!! On a voulu voir là de la haute trahison. Or pour trahir, il aurait fallu que Marie-Antoinette soit du bord de ces messieurs. On ne trahit que ses amis.
Vous croyez que Barnave lui-même était dupe ? Je ne le crois pas. Il était plus fin psychologue et savait à QUI il avait affaire . Il était de bonne volonté.
Marie-Antoinette essayait de gagner du temps, en effet, et surtout de sauver sa famille, la vie des siens, car pour la monarchie ... ce retour à Paris était passé sous les fourches caudines ... il restait fort peu à sauver, sauf à faire un coup de force, ce dont Louis XVI était incapable, malheureusement.

Je dirai plutôt ça aussi, la reine aux abois s'accrochait à tout ce qui pouvait servir sa cause. Mirabeau, Barnave, Fersen, Mercy, Catherine, ses frères... Chez tous, elle fait vibrer la corde sensible. Et ses manipulations sont bien compréhensibles, quand on mesure les enjeux en cause, l'immensité du danger pour elle, sa famille, le trône, la France, l'Europe entière... Elle craint en effet que le cancer qui ronge la France ne s'étende en Europe.

J'aime aussi cette phrase, baron, dans tout ce qu'elle a de désespéré : Quel bonheur si je puis un jour redevenir assez pour prouver à tous ces gueux, que je n'étais pas leur dupe! On sent toute la rage, toute l'humiliation que la reine accumule depuis tant d'années... Mais qu'aurait-elle fait, in fine, si ce souhait s'était réalisé ? Aurait-elle fait punir un modéré comme Barnave, coupable seulement d'avoir essayé de concilier les intérêts de la monarchie avec ses idéaux ?

Dans un tel contexte, même en cas de victoire des royalistes, la face de la France n'était-elle pas irrémédiablement modifiée ?

Citation :

Nous ne changerons plus le cours de l'Histoire !

Mais si... chaque fois que nous imaginons un rêve, il se fixe comme une bulle quelque part...

Marie Antoinette s'est enfuie des milliers de fois de Varennes, déjà, de Dormans, du temple, de la conciergerie, de la place de la révolution...

pimprenelle a écrit:

Marie Antoinette s'est enfuie des milliers de fois de Varennes, déjà, de Dormans, du temple, de la conciergerie, de la place de la révolution...

Mais tu oublies l'échappée de l'Etiquette avant tout

Bien à vous.

Si chacun de nos rêves se fixait comme une bulle quelquepart, vous imaginez toutes ces grappes de rêve, ces vendanges d'un monde meilleur que nous pourrions faire ...

C'était un peu la provoc...ce n'est pas ce que je pense! Mais je pense que la Reine avait du mal avec ses hôtes français de moins en moins charitables. Bien que, comme toujours, il y avait Français et Français, deux camps.

Citation :

Vous croyez que Barnave lui-même était dupe ? Je ne le crois pas. Il était plus fin psychologue et savait à QUI il avait affaire . Il était de bonne volonté.

Oui je le pense, il a quand même fini sur l'échafaud, et les rumeurs couraient qu'il couchait avec la Reine. Cela suffisait à mettre sa vie en péril. Je pense que comme beaucoup avant lui et après, il est tombé sous le charme, et cela flattait son ego de petit député à l'Assemblée d'avoir affaire à la souveraine, même déchue.

Je pense que Marie-Antoinette a clairement joué un double jeu avec Barnave : elle lui promettait de ne pas communiquer avec les autres puissances, mais au final elle le faisait dès qu'il avait le dos tourné

Cependant, selon moi elle pensait réellement que Barnave pouvait les aider, de l'intérieur, c'est bien pour ça qu'elle communiquait avec lui. Mais en parallèle, elle pensait que les autres puissances pouvaient faire quelque chose, ce que Barnave refusait de croire...d'où ce double jeu

La provoc, c'est souvent très sain ! un bon coup de pied dans la fourmillière de temps en temps ...
Où vous avez tout à fait raison, c'est en précisant qu'il y a de tout dans les deux camps; c'est du reste ce qui ne facilite pas les choses pour analyser la situation. Ce serait trop facile si tous "les gueux" étaient des méchants ... Et qui serait assez farfelu pour prendre tous les ci-devant pour des gens bien ??? Marie-Antoinette était trop intelligente pour ne pas être la première à s'en rendre compte. Mais il lui était très difficile de faire la part des choses.

Chou a écrit:

Citation :

Je pense que Marie-Antoinette a clairement joué un double jeu avec Barnave : elle lui promettait de ne pas communiquer avec les autres puissances, mais au final elle le fausait dès qu'il avait le dos tourné

Cependant, selon moi elle pensait réellement que Barnave pouvait les aider, de l'intérieur, c'est bien pour ça qu'elle communiquait avec lui. Mais en parallèle, elle pensait que les autres puissances pouvaient faire quelque chose, ce que Barnave refusait de croire...d'où ce double jeu

Entièrement d'accord, elle pensait qu'il pourrait leur servir, sinon elle n'aurait pas perdu une goutte de son encre sur lui...

Citation :

Vous croyez que Barnave lui-même était dupe ? Je ne le crois pas. Il était plus fin psychologue et savait à QUI il avait affaire . Il était de bonne volonté.

Oui je le pense, il a quand même fini sur l'échafaud, et les rumeurs couraient qu'il couchait avec la Reine. Cela suffisait à mettre sa vie en péril. Je pense que comme bcp avant lui et après, il est tombé sous le charme, et cela flattait son ego de petit député à l'Assemblée d'avoir affaire à la souveraine, même déchue.

Nous sommes d'accord !
Mais, même si cela flattait son ego, ce qui est indubitable, il était de bonne volonté, et (vous le dites) tombé sous le charme, peut-être d'ailleurs davantage par compassion .

Barnave était devenu le conseiller en communication du couple royal et son intermédiaire avec le nouveau régime. Il écrivait à Marie-Antoinette :
" Il est une vérité dont la Reine doit être pénétrée : presque tout ce qui l'environne est dirigé par des intérêts qui ne sont pas les siens, et ceux qui pourraient la conseiller de bonne foi, n'ayant point encore saisi le véritable esprit de la Révolution et les moyens propres à arriver au but dans l'état actuel des choses, sont presque aussi loin de pouvoir lui indiquer la véritable route que ceux qui auraient l'intention secrète de l'égarer.
Nous répondons sur nos têtes des évènements, du rétablissement de la confiance dans la personne du Roi, de la réalisation de l'autorité nécessaire au bien de l'état et à la splendeur du trône, du rétablissement de l'ordre.
Nous répondons que ces effets seront infiniment plus prompts qu'on ne peut aujourd'hui le croire, si la marche que nous indiquons est exactement suivie." (Correspondance de Barnave et Marie-Antoinette)

Il y a là des accents de sincérité ! Ce n'est pas de la langue de bois.

"Nous répondons sur nos têtes ..." Vous avez raison de le souligner, mon cher Batz, celle de Barnave a été tranchée. Il a payé de sa vie son dévouement à Marie-Antoinette.

Sous l'influence de Barnave, la volonté de Marie-Antoinette semblait être de ne vouloir opposer à la Révolution qu'un congrès des puissances européennes faisant une déclaration d'intimidation sur le mode : " Les puissances unies déclarent qu'il n'est pas indifférent à l'Europe, vu la position et l'importance de la France dans le continent, que la France soit une monarchie ou une république ... que les monarchies de l'Europe ne peuvent souffrir que les anciens traités conclus avec la France, devenus partie intégrante du droit européen, soient le jouet de l'influence réelle ou présumée d'une force armée ou d'une émeute populaire..... " (Jules et Edmond de Goncourt "Marie-Antoinette ")

" Ainsi, écrit Fersen, les prisonniers des Tuileries prêtaient l'oreille aux conseils de leurs ennemis ! ... Au lieu d'une invasion étrangère qui, sans doute, eût tout emporté, ils souhaitaient un congrès ! ..." (Kunstler "Fersen et son secret")

Pourtant, à ce moment critique où la presse d'extrême gauche réclamait que les amis à l'Assemblée de la "catin criminelle" soient "empalés vivants",  le même Barnave sauvait les dernières miettes de dignité royale pas encore balayées:

" Au moment où la Nation est libre, clamait-il, où tous les Français sont égaux, vouloir davantage, c'est vouloir commencer à cesser dêtre libres et devenir coupable ! "

Rendons justice à Barnave, saluons son courage.

Oui sur ce point il faut avouer qu'il avait et qu'il a eu raison

J'ai beaucoup d'estime pour les personnes comme lui ou Mirabeau, car selon moi ce sont eux qui ont eu suffisament de recul pour entrevoir les dangers et les dérives de cette révolution. Ils ont eu cette auto-critique vis à vis d'un mouvement désiré par eux-même et ils ont su assumer jusqu'au bout leurs idées.
Bref je pense que la révolution aurait été bien meilleure et bien plus honorable si elle avait été menée par de tels hommes

baron de batz a écrit:

C'était un peu la provoc...ce n'est pas ce que je pense! Mais je pense que la Reine avait du mal avec ses hôtes français de moins en moins charitables. Bien que, comme toujours, il y avait Français et Français, deux camps.

Le camp des Français qui aimaient bien l'Autrichienne, franchement, il était pas bien gras...

Et il s'amenuisait chaque jour ...

Beaucoup avaient aussi peur je pense d'exprimer leurs opinions, si bien que le camp des défenseurs de la famille royale était encore moindre, de part les actions menées :s:

Bien sûr ! La délation pourvoyait inlassablement la guillotine.

Voilà

C'est bien connu, les plus forts ont plus de faciliter à attirer du monde

Chou d'amour a écrit:

Voilà

C'est bien connu, les plus forts ont plus de faciliter à attirer du monde

Euh ... de qui, de quoi, parlez-vous ?

Je parlais en général

Il faut reconnaître qu'il est plus facile de rejoindre le clan des puissants

Si c'est une question de vie ou de mort ... quoique, beaucoup sont morts pour ne pas avoir hurlé avec les loups.