Louis XVI avait-il un homme de confiance ?

Merci Pim...je vais m' empresser de les lire

Ah oui c'est vrai...je n'ai pas l'habitude de lire les ouvrages sur ce site

Bonne question...
Avec son naturel renfermé et profondément replié sur lui-même, le Roi ne devait pas être du genre à se confier...
Je le pense plus proche de son petit personnel que de ses seigneurs d'ailleurs.
Sa famille ? A part sa dernière sœur Élisabeth... On sait qu'il ne se faisait guère d'illusion sur ses frères ou cousins...
Profondément religieux, se confiait-il à son confesseur ? Peut-être, mais sûrement pas au sujet des affaires d'état !
Parmi ceux qui l'ont soutenu dans les moments difficiles, on oublie souvent GOUVERNEUR MORRIS, l'ambassadeur des États-Unis en 1789, ou encore CRAWFURD, le richissime mari de la belle Éléonore, tous deux acquis à sa cause. Éléonore aida FERSEN pour trouver des fonds pour la fuite à VARENNES et le logea chez elle. Je doute que son mari n'en eût été informé.
Pour MAUREPAS, il n'avait pas trop le choix : hors de question de garder les ministres du règne précédent (l'abbé TERRAY, ARNOUVILLE ou AIGUILLON). L'âge de MAUREPAS lui donnait un air de sagesse qui pouvait rassurer.
Je pense que la complicité et l'accord étaient plus grands avec VERGENNES. Ils se sont remarquablement bien entendus en politique extérieure, pour le plus grand intérêt de la France.
Mais je pense que le Roi n'était pas du genre à se confier ou à faire confiance à quelqu'un.

Oui je suis d'accord avec vous, Louis XVI était assez solitaire. Cependant il a été obligé de compter énormément sur certains ministres pour palier son manque de confiance en politique et pour bénéficier de leurs connaissances politiques. Maurepas et Vergennes étaient d'un d'eux en effet, et il y a aussi Malesherbes!

Craufurd a eu assez peu de contacts avec Louis XVI, en fait. Fersen le voyait davatange, alors. Mais de là à dire que Loulou avait entièrement confiance en lui...

Chou d'amour a écrit:

Oui je suis d'accord avec vous, Louis XVI était assez solitaire. Cependant il a été obligé de compter énormément sur certains ministres pour palier son manque de confiance en politique et pour bénéficier de leurs connaissances politiques. Maurepas et Vergennes étaient d'un d'eux en effet, et il y a aussi Malesherbes!

.... et Breteuil auquel il donne les pleins pouvoirs pour le représenter à l'étranger, notamment auprès de Léopold puis François II, pendant la période révolutionnaire si critique, et au grand dam de ses frères !

Chou d'amour a écrit:

Oui je suis d'accord avec vous, Louis XVI était assez solitaire. Cependant il a été obligé de compter énormément sur certains ministres pour palier son manque de confiance en politique et pour bénéficier de leurs connaissances politiques. Maurepas et Vergennes étaient d'un d'eux en effet, et il y a aussi Malesherbes!

Dommage qu'il ait viré Turgot .....

Breteuil, pas toujours de bon conseil...

Oui tu as raison, je l'avais oublié le Breteuil  

Vaudreuil l'appelle le bouc le plus puant ....... Normal, il détient les pouvoirs délégués de Louis XVI que Vaudreuil voudrait voir entre les mains d'Artois .

Sympa

On peut penser aussi à Calonne, du temps où une "révolution royale", selon les termes de Petitfils, était possible en 85-87, lors de leurs tentatives à tous deux de réformes tant juridiques que financières...Échec, fin de l'expérience et de la complicité possible entre les deux hommes.

On peut penser aussi à Mallet du Pan en qui le roi avait vraiment confiance puisqu'il lui donna la mission de sonder les émigrés et de ralentir leur ferveur guerrière (voir mai 1792)...tentative vaine aussi puisqu'on a abouti au terrible manifeste de Brunswick qui ne correspondait pas du tout aux idées du roi...
Tiens un article pas mal fichu sur Mallet du Pan :
http://www.insolent.fr/2008/07/080708.html

Je pense pour quelques amitiés hors politique ( maîtres serruriers et artisans, voire quelques serviteurs attachés aux chasses royales avec qui il devait être plus lui-même...)
Mais, pour le reste, c'est un grand solitaire...alors un homme de confiance...

Huhum... Calonne, que sa femme détestait... Voilà qui n'aiderait pas à la placer, elle, en tant que femme de confiance...

Pour la période du Temple, bien qu'il s'en soit méfié au début, je pense que l'homme de confiance de Louis XVI est bien le cher Cléry ...

Bien à vous.

Je ne pense pas qu'avoir vraiment "confiance" dans un contrôleur général des finances était possible. De toutes façons, le malentendu était total : les grands réformateurs comme TURGOT ou CALONNE voulaient réformer les finances, le système, alors que LOUIS XVI leur demandait simplement d'aider la Couronne à boucler ses fins de mois...
LOUIS XV avait essayé avec les réformes de l'abbé TERRAY et de MACHAUT D'ARNOUVILLE, mais le Parlement avait tout bloqué...

Pourriez-vous, cher Calonne, nous faire un petit topo sur Machaut d'Arnouville ? Il est très peu connu ( en tout cas de moi ..... )
Je serais heureuse d'en savoir un peu plus sur son compte !!!

Je n'en sais hélas guère sur lui : même les biographies de LOUIS XV les plus poussées n'en parlent guère...
Il apparaît vraiment vers la fin du règne de LOUIS XV. A cette époque, le "bien aimé" avait décider de donner un sérieux coup de barre à droite et d'engager une profonde réforme du système financier.
Le Roi venait de perdre son fils et, effrayé par le jeune âge du nouveau dauphin, il avait décidé de réaffirmer son autorité (histoire de léguer à LOUIS XVI un royaume en état de marche...).
Il donna donc les pleins pouvoirs à trois hommes : l'abbé TERRAY, MACHAUT D'ARNOUVILLE et le duc d'AIGUILLON.
Ils formèrent un "triumvirat" et mirent en place la réforme du "vingtième", destinée à égaliser l'impôt et à réformer le système.
Le Parlement cria au scandale et freina des quatres fers, à coups de procèdures. Le Roi, excédé, vint lui-même à PARIS, en "lit de justice" pour ordonner l'enregistrement forcé de ses ordres.
Cette "révolution royale" fût stoppée nette par la mort du Roi. Pour LOUIS XVI, il était impensable de maintenir en place les hommes de feu son grand-père : le triumvirat fut dissout et ses membres priés de se faire oublier à la campagne.
L'un des premiers actes de MAUREPAS fût de rétablir les prérogatives du Parlement et d'abolir les décisions prises.

Je croyais que le fameux triumvirat était composé de l'abbé Terray, le duc d'Aiguillon ( neveu de l'épouse de Maurepas ) et Maupeou !

OUPS ! Ma mémoire me jouerait-elle des tours ?
C'est bien MAUPEOU qui complète le "triumvirat".
MACHAUT D'ARNOUVILLE vient avant.
Vous trouverez des détails sur lui dans WIKIPEDIA (désolé, mais le lien fonctionne mal)...
Mais l'essentiel est là : il essaya de réformer le système et dût céder devant l'opposition des privilégiés. Le fameux triumvirat voulut poursuivre son œuvre, mais s'y cassa également les dents...
Pour plus de précisions, d'ARNOUVILLE commença sa réelle ascension vers 1750, où, collaborateur de d'AGUESSEAU, il fut nommé aux finances. Il proposa d'abolir le "dixième" (partie de l'impôt auquel échappait noblesse et clergé) et de le remplacer par le fameux "vingtième" (payable par tous).
L'opposition parlementaire et celle de la noblesse provoquèrent sa chute du poste des finances en 1754. En compensation, il reçut la Marine. C'est lui qui, pour "adoucir" l'Angleterre, demanda le retour de DUPLEIX des INDES. Il perdît toute faveur peu après, en 1757, et l'on raconte que la POMPADOUR et d'ARGENSON n'étaient pas étrangers à sa chute...
Il se retira alors sur ses terres. A son avènement, LOUIS XVI aurait pensé à lui, avant de changer d'avis (comme d'habitude)...
Il fut arrêté en 1794 et incarcéré. Il mourût en prison, à... 93 ans...

Ah ! je me disais bien aussi ... Ce n'est pas grave, il nous arrive à tous de nous tromper, moi la première et trop souvent !!!!

Et tenez, parlant de Terray, Léonard ( ou du moins l'auteur de ses Mémoires ) rapporte que le mercredi 30 mai, pour clôturer les festivités du mariage du Dauphin et Marie-Antoinette, la foule se presse à Paris, place Louis XV, pour assister au feu d'artifice qui, nous le savons, va se terminer de manière si tragique .
Les spectateurs forment une foule houleuse et compacte qui converge dans le tumulte et l'encombrement :
Un plaisant qui se sent les côtes extrêmement pressées s'écrie tout haut : " Où est donc notre cher abbé Terray ? Que n'est-il ici pour nous réduire de moitié comme nos finances ! "

Cette réplique exprime bien le sentiment populaire qui rejette le règne de LOUIS XV et éspère des miracles du prochain souverain...
L'opinion publique était déjà importante. Les parlements et privilégiés savaient déjà comment "noircir" certaines personnes et les faire passer pour des incapables.
Pourtant, la réforme voulue par d'ARNOUVILLE ne manquait pas de grandeur et de bonté...

Nous avons oublié de nommer Hüe comme homme de confiance de Louis XVI

Je crois que nous avons oublier quelqu'un : Le Baron Thierry de Ville d'Avray, premier valet de la chambre du roi.

Thierry de Ville d'Avray était en effet un ami du roi, qui l'appréciait beaucoup. Qui était proche du souverain si ce n'est lui ? Il avait en effet accès aux appartements les plus intimes du roi, là ou même les plus puissants courtisans n'étaient pas forcément admis.

De Plus, en temps que premier valet de chambre du roi, il était le gardien de l'étiquette. Et si il ne se mêlait pas forcément de politique, il est celui qui passe le plus de temps auprès du roi.

Louis XVI avait en lui une très grande confiance, puisque qu'il fera de lui le gardien des trésors de la couronne. Le garde meuble de la couronne, qui donne sur la place Louis XV (la concorde) était sous son contrôle.

Sa fidélité au souverain lui coûtera cher.

Emprisonné après le 10 août 1792, Marc Antoine Thierry de Ville d'Avray est massacré le 2 septembre 1792 à la prison de l'Abbaye. Ses bourreaux lui aurait auparavant brûlé le visage à la torche.

Voici ce livre sur lui

Thierry de Ville d'Avray (1732-1792): Premier maire de Versailles : faire fortune à la cour sous l'Ancien Régime de
Henri Gleizes
Tallandier , 1988, 219 p : 8 euros

Il a aussi éduqué Louis XVI car était au service du duc de Berry dès son passage aux hommes. Sa mère ayant été la femme de chambre du petit prince.
Il sera nommé premier maire de Versailles. Encore une preuve de la confiance que lui portait Louis XVI.

Madame Thierry (première femme de chambre de Marie-Antoinette) devra pendant de longs mois prouver aux autorités le décès de son mari. Sa mort est, je n'en ai aucun doute, volontaire. Je suis certaine qu'il y avait une liste de personnes à éliminer. L'homme de confiance de Louis XVI devait disparaître.

Ce que je trouve très curieux de sa part, c'est la décoration de son appartement au Garde-meuble de la Couronne : très très libertin. Est-ce du temps de Fontanieu, son prédécesseur en tant qu'intendant du Garde-Meuble ? N'a-t-il pas eu le temps de faire changer la décoration (ce qui m'étonnerait) ? L'appréciait-il ? En tout cas, de la part d'un de ceux qui ont élevé Louis XVI, c'est très surprenant.