Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Les mémoires de Louis-Philippe

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 17:30

Du tout, du tout ! C'est moi qui aurais dû signaler que ces mémoires du fils étaient relatées dans la bio du père !!! Wink
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 22:34

Je continue les Mémoires de Louis-Philippe. Il évoque un projet de mariage puis il enchaîne sur les Etats Généraux. Voici ce qu'il dit : " Au printemps de 1789 , M. Le Comte d'Artois et mon père convinrent d'un mariage entre M. le Duc D'Angoulême et ma soeur . Ce mariage fut déclaré sur le champ ; cependant , il ne devait être célébré qu'à la Saint Louis ( c'est à dire le 25 août suivant ) parce que ma soeur n'était pas d'âge à être mariée avant le 23 août . Les événements du 14 Juillet 1789, et le départ de M. Le Comte d'Artois et de ses enfants qui sortirent de France à cette époque, rompirent ce mariage sans qu'il y eût aucune explication à cet égard. Tout ce qu'on a débité sur ce sujet est un tissu d'absurdités ."

Puis Louis-Philippe enchaîne sur les Etats Généraux . Voici ce qu’il dit : « Les Etats Généraux devaient s’assembler le 27 avril 1789, mais leur réunion fut différée jusqu’au 4 mai. On fut incertain pendant quelque temps du lieu où ils se tiendraient. Il fut question de les tenir à Orléans qui paraissait un point central assez éloigné de Paris pour ne pas se ressentir de la fermentation de cette grande ville. Ensuite, on parla de Soissons et on disait que la Cour irait à Compiègne. Il est vraisemblable qu’on aurait eu plus de moyens d’empêcher la Révolution , si on avait choisi l’un ou l’autre de ces endroits . Mais d’une part, la dépense de transporter la Cour , de l’autre la paresse , et peut-être l’observation que ces deux villes appartenaient à mon père , décidèrent de rester où l’on était , et à choisir Versailles. Je dirai avec impartialité que si l’influence de mon père était à craindre quelque part , elle était plus dangereuse à Paris , qu’à Orléans ou Soissons, où la population était trop peu nombreuse pour qu’il y eût de grands mouvements populaires. C’est ainsi qu’on se jette souvent dans le danger qu’on veut éviter , et les événements postérieurs ont bien prouvé que Versailles était mal choisi pour l’objet de soustraire les Etats Généraux à l’influence de la ville de Paris.


A la fin d’avril 1789 , il y eut à Paris une émeute considérable. Le peuple se porta en foule dans la rue St Antoine devant la manufacture de papiers peints de M. Réveillon. Je ne sais plus bien ce qui avait excité la populace ; je crois que les ouvriers voulaient une augmentation de salaire que Réveillon refusait , et la fureur contre lui devint si violente qu’on détruisit tous ses ateliers. Les Gardes-Françaises y furent envoyés avec les Gardes-Suisses , mais ils arrivèrent trop tard pour sauver la manufacture . ils ne firent aucune difficulté d’obéir à l’ordre qui leur fut donné de disperser les attroupements et de tirer sur ceux qui feraient résistance. Je me rappelle qu’à cette époque , le peuple était très mécontent des Gardes-Françaises , et je crois qu’on aurait pu profiter de ce mécontentement , l’entretenir, et peut-être prévenir par là, la défection de ce régiment , qui a contribué essentiellement au succès de la Révolution. Quoi qu’il en soit , l’émeute de Réveillon n’eut pas de suite , et personne ne fut puni , excepté quelques individus en petit nombre qui furent tués ou blessés sur place. »

Louis-Philippe se pose bien en donneur de leçons. Qu’en pensez-vous ?
Est-ce Louis XVI qui a pris la décision de réunir les Etats Généraux à Versailles ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 22:38

Les papiers peints de la manufacture Réveillon :

http://www.meublepeint.com/papiers-peints-exposition-rixheim.htm -

Et voici le pillage de cette manufacture :

http://www.parisenimages.fr/.../popup-photo.html?... -
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 22:45

Il semble que cette deuxième adresse ne marche pas. Chers modérateurs , voyez si vous pouvez faire quelque chose. On peut y voir une image de ce pillage.
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 23:03

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 23:07

Oh merci. Vous êtes un amour !
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 23:13

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Oct - 23:49

Louis-Philippe poursuit ses Mémoires en parlant du régiment des Gardes Françaises. Voici ce qu’il écrit à ce sujet :

« Mais par une de ces bizarreries inexplicables , le Roi laissait au milieu de Paris , le régiment des Gardes Françaises composé de six bataillons , qui n’en n’était jamais sorti depuis la Paix d’Aix La Chapelle en 1748. Il est à propos de remarquer ici que ce régiment privilégié était jadis le refuge de tous les mauvais sujets ; que le respectable maréchal de Biron était parvenu à améliorer son esprit et sa composition , en y formant un excellent corps de sous-officiers dont l’activité et la fermeté suppléaient au défaut d’assiduité et à l’indifférence de la plupart des officiers. Ces messieurs avaient pris l’habitude de ne faire de service que quand leurs compagnies étaient à Versailles ; en sorte qu’ils ne servaient réellement que pendant une semaine sur sept ou huit, parce qu’il n’y avait que quatre compagnies auprès du Roi. Cette absence continuelle des officiers fut une des grandes causes de la défection du régiment et il est remarquable que les quatre compagnies qui se trouvaient de service auprès du Roi le 14 Juillet 1789, y sont restées fidèlement pendant cinq semaines, et qu’elles ne sont retournées à Paris qu’après que le Roi eût licencié le régiment.
Je crois que si sous prétexte de la garde des États Généraux à Versailles, le Roi y avait fait venir ce régiment en totalité, il est possible que cette mesure eût prévenu sa défection car lors de l’émeute de Réveillon, il n’y paraissait nullement disposé.

Les Gardes Suisses dont l’organisation était bien différente et bien plus solide, étaient rarement à Paris. Presque toutes leurs casernes étaient hors de la ville ; les officiers résidaient constamment avec leurs compagnies , et il en résultait une confiance mutuelle entre les officiers et les soldats et une discipline très exacte. Ces circonstances auxquelles, pour être juste, il faut peut-être ajouter la rivalité des deux corps, furent cause que les Gardes-Suisses ne se débandèrent pas comme les Gardes-Françaises. Cependant , si le maréchal de Biron avait vécu , on croit , et il est probable qu’il aurait maintenu le régiment des Gardes –Françaises dont il était l’idole, et qu’il avait commandé pendant 44 ans, Louis XV le lui ayant donné sur le champ de bataille à Fontenoy ; mais malheureusement , il était mort l’hiver précédent. Le duc du Châtelet qui le remplaça , y avait fait des innovations , il avait changé le système du maréchal, ce qui avait dégoûté les sous-officiers et les soldats. Une faiblesse inconcevable acheva la perte de ce régiment. A la fin de juin 1789 ou dans les premiers jours de juillet , quand on avait déjà observé des symptômes de mécontentement dans le corps, et qu’on avait lieu de craindre ses dispositions , quelques soldats furent mis à l’Abbaye pour une faute grave contre la discipline du corps ( L’Abbaye était alors la prison militaire des Gardes –Françaises ). Le peuple força la prison, s’érigea en libérateur des soldats opprimés , et les porta en triomphe au Palais Royal et dans toutes les rues de Paris. Cela fut souffert tranquillement. Ce dangereux exemple resta impuni. Triste faiblesse qui apprit au peuple et à ses meneurs , qu’il ne fallait que de l’audace pour intimider l’autorité, et paralyser cette force qu’on déployait alors avec tant d’appareil, et avec tant de menaces.
»


Là encore , Louis-Philippe se pose en donneurs de leçons. Qu'en pensez-vous ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 1:03

Merci pour ces liens et cette gravure, je ne l'avais jamais vue Very Happy

Oui Louis-Philippe se veut ici donneur de leçon, mais bon c'est toujours plus facile d'analyser des événements après coup...

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 15:31

Madame de Chimay a écrit:
Je continue les Mémoires de Louis-Philippe. Il évoque un projet de mariage puis il enchaîne sur les Etats Généraux. Voici ce qu'il dit : " Au printemps de 1789 , M. Le Comte d'Artois et mon père convinrent d'un mariage entre M. le Duc D'Angoulême et ma soeur . Ce mariage fut déclaré sur le champ ; cependant , il ne devait être célébré qu'à la Saint Louis ( c'est à dire le 25 août suivant ) parce que ma soeur n'était pas d'âge à être mariée avant le 23 août . Les événements du 14 Juillet 1789, et le départ de M. Le Comte d'Artois et de ses enfants qui sortirent de France à cette époque, rompirent ce mariage sans qu'il y eût aucune explication à cet égard. Tout ce qu'on a débité sur ce sujet est un tissu d'absurdités ."



Ah oui, je me souviens que la baronne de Méré mentionne ce projet de mariage qui finalement capote . Elle précise qu'il était une trouvaille de Mme de Lamballe pour rapprocher les Orléans auxquels elle était alliée, de la famille royale à laquelle elle était tellement attachée . En effet les relations entre le Palais-Royal et Versailles étaient plus que tendues ....
Mme de Lamballe l'aurait d'abord prudemment présenté à Marie-Antoinette .
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 17:12

Plus j’avance dans les Mémoires de Louis-Philippe et plus j’ai tendance à penser qu’il a écrit ses Mémoires pour défendre son père, pour justifier les actions de son père et pour critiquer Louis XVI. Comme le dit plus haut Chou, il est très facile avec le recul de dire qu’il est préférable de faire telle chose plutôt que telle autre , mais bon, confronté au feu des évènements, Louis XVI avait difficile à prendre les bonnes décisions.


Voilà, Louis-Philippe continue ses Mémoires pour l’année 1789. Voici ce qu’il écrit : « Dès les premiers jours de juin, M. Le Dauphin étant mort , je fus chargé en l’absence de mon père , que ses fonctions de député empêchaient d’assister aux cérémonies d’accompagner son cœur au Val de Grâce. La cérémonie dura sept heures . Les ducs d’Orléans de ma branche avaient leurs sépultures dans le même caveau où on déposait les cœurs des Rois , et l’abbesse me dit en me montrant la place qui m’attendait : « Nous vous aurons là quelque jour » ; ce qui était aimable et paraissait certain dans ce temps là. Mais, j’ai peur à présent , qu’elle n’ait jamais le plaisir de me posséder dans son caveau.

Le 22 juin 1789, j’étais à Saint Leu , et comme à l’ordinaire , dans mon habit de coutil , quand je reçus l’ordre du Roi de me trouver à Versailles le lendemain à 7h du matin dans mon costume de pair. J’y arrivai exactement. Le Roi était seul dans son cabinet avec ses deux frères et ses deux neveux ; il attendait que les députés eussent pris séance. Comme cela se prolongeait , il se fit apporter un grand fauteuil et la liste des députés , et se mettant à la mire tout haut , il faisait des remarques sur ceux dont les noms lui étaient connus. En général, elles étaient peu obligeantes et il répétait sans cesse : « Que diable vient-il faire là ? «
Comme s’il désapprouvait qu’on fût membre de cette Assemblée qu’il avait lui-même convoquée , ou comme s’il désirait que cette Assemblée fût composée de gens inconnus ! Il n’y en avait cependant que trop de cette espèce ; mais il paraît que la Cour désapprouvait qu’on se fît nommer député, et je crois que cela provenait de ce que les députés n’étaient pas nommés par le Roi , et ne tenaient pas leurs pouvoirs de lui. C’était pourtant par ordre du Roi que le peuple avait fait des élections ; mais il est bien rare qu’on raisonne , et qu’on remonte à l’origine des choses, quand les passions sont en mouvement. La Cour ne voulait point d’Assemblée, ni d’Etats Généraux , et le Roi n’avait consenti à cette convocation que par suite de l’embarras de ses finances et dans l’espoir de tirer de l’argent de la nation par cette concession. Mais la Cour se flattait bien que cette concession ne serait que momentanée et qu’après avoir tiré des Etats Généraux les moyens pécuniaires dont on avait besoin , on les renverrait chez eux sans leur permettre de s’immiscer dans le Gouvernement, et que le Roi et ses troupes les mettraient à la raison s’ils s’en avisaient.

Nous restâmes cinq heures à attendre dans le cabinet du Roi , et je les passai sur mes jambes ; car ne recevant pas la permission de m’asseoir , je n’osai la solliciter, ni encore moins la prendre , quoique je visse les autres Princes se mettre sur des tables dans des coins où ils n’étaient pas immédiatement en face du Roi. «

On croit rêver ! Louis-Philippe jouant les timides face à Louis XVI. On se dit que décidément , Louis XVI devait en imposer et en tant que Roi et en tant qu'homme ! Qu'en pensez-vous ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 17:22

Il n'a que seize ans : il peut être timide . D'autant, souvenons-nous, qu'il est très mal en Cour lui aussi comme fils de son père . Louis XVI lui battait déjà froid lors de sa présentation officielle . C'est qu'il avait son caractère aussi Loulou !!!
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 17:23

Eh pourtant Louis XVI et Marie-Antoinette étaient les parrains et marraines de Louis-Philippe !
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 21:56

Louis-Philippe procède dans ses Mémoires à des analyses , à des démonstrations, à des illustrations de ses analyses. Voici ce qu’il écrit : «  C’est à cette inconséquence  , à cette incohérence de projets et de démarches  de la part de la Cour , que doit être attribué le succès de toutes les entreprises révolutionnaires. Le peuple  ne voyait jamais l’autorité royale que pour en redouter les violences, les écarts et pour apprendre à la mépriser aussitôt après , comme un fantôme. »

Et plus loin, d’analyser les moyens, devrions-nous dire les lieux  de la Révolution :
«  Le Palais Royal qu’on appelait avec raison , la Capitale de Paris avait été de tous les temps le lieu où se rassemblaient les amateurs de politique. C’était toujours dans ce jardin que chacun allait porter ses nouvelles , et apprendre celles des autres. En Angleterre , où il y a peu de sociabilité , on ne se parle que quand on a réellement quelque chose à se dire , on abandonne volontiers aux gazettes  le soin de faire circuler les nouvelles ; mais en France où de tout temps les gazettes ne peuvent imprimer que ce que leurs censeurs permettent au public de savoir , c’est dans les lieux publics , dans les jardins et dans les cafés que chacun cherche à se mettre au fait de ce qui se passe et c’est toujours par la conversation plus que par les gazettes que les nouvelles circulent. D’après cela, il est facile de concevoir que dans un moment aussi critique , où à chaque minute il se passait des événements de la plus grande importance, le Palais Royal fût devenu un véritable club public, et un foyer terrible d’enthousiasme et de fermentation. Il est encore très facile de concevoir , plus que le Palais Royal  devenait un lieu de réunion pour les orateurs et pour la foule qui les accompagne toujours , plus les gens tranquilles s’en éloignaient : et cet abandon du champ de bataille , quoique très simple et très naturel , facilitait le triomphe des opinions violentes. Les chaleurs furent très fortes en 1789 et l’été fut superbe , ce qui devint un bon auxiliaire  pour la Révolution : de fréquentes ondées  auraient fort bien fait la police , et elles auraient été un excellent moyen de disperser les groupes et les attroupements. On a remarqué , dans le cours de la Révolution , que les émeutes et les mouvements populaires avaient toujours eu lieu pendant la belle saison , et qu’il n’y en avait point eu en hiver. "

Que pensez-vous de l’argument utilisé par Louis-Philippe ( c’est la première fois que je l’entends ! ), à savoir que la météo est un facteur aggravant de révolution ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 22:29

Je n'avais jamais fait attention aux impacts de la météo, mais dit comme ça c'est vrai que ça a pu jouer énormément Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 244157

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 22:33

Ben oui, le malheureux Louis XVI n'a pas eu de chance . Que n'a t-il fait mauvais temps au cours de l'été 1789 ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeJeu 15 Oct - 22:46

Madame de Chimay a écrit:
Que pensez-vous de l’argument utilisé par Louis-Philippe ( c’est la première fois que je l’entends ! ), à savoir que la météo est un facteur aggravant de révolution ?

La météo ?  Oui, je savais que le très rigoureux hiver 88 / 89  avait aggravé la détresse et la misère du peuple, mais j'ignorais que le printemps, avait été particulièrement beau, favorisant de fait les rassemblements publics dans les jardins du Palais-Royal !

Je suis avec beaucoup d'intérêt les extraits des mémoires de Louis-Philippe que vous avez la gentillesse de nous poster, chère amie .   Je pense comme vous qu'il se fait un devoir de laver l'honneur de son père ... ce qui n'est pas une mince affaire !

Mais aussi le Palais-Royal est le cœur même de la fermentation .
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 13:54

Voici ce qu’écrit Louis-Philippe : « La fermentation publique était augmentée dans Paris par une cause d’autant plus dangereuse qu’elle agite toujours le peuple en tout temps et en tous lieux. Cette cause était la cherté du pain et la disette du blé. Je ne sais si cette disette était réelle ou factice : ce qui est certain , c’est qu’elle devint encore plus forte dans le courant de l’été, de l’automne et même de l’hiver. Je crois qu’elle ne provenait que d’une mauvaise administration , de combinaisons illicites , de monopoles même , comme cela est arrivé en 1774 , et en d’autres occasions , et je ne crois pas du tout qu’elle ait été produite par des causes politiques , c'est-à-dire qu’un des deux partis l’ait faite pour perdre l’autre. Ils s’en sont accusés réciproquement , et si l’un des deux avait pu le prouver contre son adversaire , il n’y aurait pas manqué. On peut donc conclure de là qu’ils n’y étaient pour rien , ni l’un ni l’autre.

Je crois avoir déjà assez détaillé un assez grand nombre de fermentation pour qu’on ne soit plus étonné d’aucun événement. Je n’ignore pas cependant que ces causes ne paraissent pas suffisantes à un grand nombre de personnes , et qu’elles croient qu’il y en a eu d’autres. On veut absolument se persuader que l’argent a été une cause principale de la Révolution afin de se faire illusion sur ses véritables causes et comme dans le parti de la Révolution , il n’ y avait que mon père qui fut assez riche pour avoir employé ce moyen , on prétend que l’argent du duc d’Orléans a fait la Révolution.

J’affirme que le fait est faux ; et Dieu sait qu’aucune considération ne me ferait attester ce dont je ne serais pas intimement convaincu ! Cependant comme je sens que, sur une pareille matière , mon témoignage ne peut pas suffire quel que soit le poids qu’on puisse être disposé à lui accorder, je vais tâcher de prouver mon assertion.

Je répéterai ici le même argument dont j’ai fait usage au sujet de la disette du blé ; si mon père avait payé la Révolution , ses ennemis en auraient découverts les preuves , et les auraient fait connaître au public. On ne m’objectera pas, qu’on ne l’a pas su, qu’on ne l’a pas osé, ni encore moins qu’on ne l’a pas voulu par ménagement . Jamais homme n’a été poursuivi avec un acharnement semblable, et pour le perdre , on a mis en usage toutes les noirceurs et toutes les calomnies qu’une haine violente pouvait seule suggérer.
Un grand nombre de journaux, de pamphlets, de brochures , ne paraissaient pas avoir d’autre objet que celui de le calomnier en composant sur lui les fables les plus absurdes , en recueillant et dénaturant toutes les anecdotes qui pouvaient lui nuire , et en recherchant avec soin ce qui pouvait lui donner une opinion défavorable , de tous les amis qu’il avait jamais eus. Ses parents et même ses ancêtres n’étaient pas plus épargnés et tous les libelles de la Grange-Chancel contre M. le Régent étaient relus avec soin , afin d’en renouveler les impressions sur le public, et d’en tirer des inductions contre lui. Il semble donc clair que s’il avait véritablement répandu de l’argent parmi le peuple, on aurait découvert au moins quelques uns de ses agents ou quelques uns de ceux qui avaient reçu de l’argent , soit de lui, soit d’autres, mais jamais on n’a produit un seul fait positif, et on a été forcé de s’en tenir à l’accusation vague d’avoir répandu de l’argent parmi le peuple.
Cet argument me paraît sans réplique pour démontrer que l’accusation était sans fondement , et je n’en chercherais pas d’autres si la malignité des ennemis de mon père ne m’avait pas fourni en sa faveur des preuves encore plus irrésistibles . Ils ont employé avec autant de minutie que d’acharnement tous les moyens de former un échafaudage de calomnies et d’absurdités , assez spécieux pour motiver les persécutions qu’ils méditaient, et pour fournir à un tribunal ou à des tribunaux pervers ( Note : Celui qui douterait de la perversité de ces tribunaux n’a qu’à lire le procès du marquis de Favras ! ) des prétextes de condamnation. Ils ont échoué dans l’un et l’autre objet , et le meilleur moyen de s’en convaincre serait de lire la procédure qu’ils ont eux-mêmes instruite au Châtelet sur les journées du 5 et 6 octobre 1789 et qui est imprimée.
J’anticiperai le moins que je pourrai sur ce que j’ai à dire , tant des événements de ces malheureuses journées , que de cette procédure ; mais il faut que j’en parle ici pour faire valoir les preuves que je crois pouvoir en tirer en faveur de mon assertion, qu’il est faux que mon père ait employé des moyens pécuniaires à opérer la Révolution .

Cette procédure fut commencée en novembre 1789. Depuis lors jusqu’au mois d’août suivant , c'est-à-dire pendant plus de huit mois , le greffe du Châtelet fut ouvert à tous ceux qui voulurent aller déposer contre mon père. On eut soin d’y faire comparaître tous ceux qu’on savait être prévenus ou aigris contre lui, sans y appeler une seule personne qu’on pût croire bien disposée en sa faveur. J’ai lu cette procédure inique et je l’ai lue en entier. Je déclare que si elle n’était pas publiée, je la ferais imprimer tout à l’heure, parce qu’il est impossible de la lire sans être frappé de l’absurdité de l’accusation et sans reconnaître qu’il ne peut pas y avoir de justification plus complète que celle qui résultera de cette lecture aux yeux de tout homme de bonne volonté. Les témoins ne rapportent pas un seul fait positif. Leurs dépositions ne présentent qu’un tissu d’ouï-dire et de conjectures vagues qui n’ont aucune vraisemblance et qui sont souvent contradictoires. Il n’ y a pas même une seule personne accusée d’être l’agent de mon père dans le peuple, pas une seule accusée d’avoir distribué ou d’avoir reçu la somme la plus modique. Or, si cette procédure n’a pas produit une seule preuve que mon père ou qui que ce soit , eût répandu de l’argent parmi le peuple , ce défaut de preuves après une instruction juridique aussi longue et aussi détaillée , est une preuve positive que mon père n’en avait pas répandu.
»

Ensuite Louis-Philippe s’explique sur les revers de fortune mais ce sera pour un autre message. Connaissiez-vous cette procédure juridique instruite contre Orléans au Châtelet ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 14:04

Je suis avec intérêt les 3 extraits que vous avez postés aujourd'hui, merci madame de Chimay. Very Happy
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 14:25

Merci Madame de Chimay de nous poster de tels extraits Very Happy

Il est intéressant de lire Louis-Philippe parler ainsi de son père et de son influence (ou non) pendant la révolution. La manière dont il essaie de le défendre et de le discuper est touchante...mais bon il reste un fils qui prend parti pour son père, ce qui est logique Very Happy

Citation :
Connaissiez-vous cette procédure juridique instruite contre Orléans au Châtelet ?

Pas pour ma part Wink

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 14:35

C'est pour cela , Chou que c'est instructif de lire Louis-Philippe . On apprend plein de choses mais il faut prendre cela avec des pincettes car il essaie de défendre à tout prix l'honneur et la mémoire de sa famille . Donc méfiance !


Louis-Philippe s’explique sur les revers de fortune de sa famille : « Avant de quitter ce sujet , je dois encore combattre un autre préjugé qui a beaucoup contribué à accréditer l’opinion que mon père avait employé de grandes sommes à opérer la Révolution. On a prétendu que les embarras de fortune dans lesquels il s’est trouvé postérieurement , ne pouvaient provenir que des dépenses énormes qu’il avait faites pour cet objet. Je suis convaincu , et je me flatte d’avoir prouvé , qu’il n’a rien dépensé pour cela ; mais il me sera encore plus facile de prouver que les embarras de ses finances étaient produits par d’autres causes que je vais tâcher de développer.

Il est bien connu que, quoique le duc d’Orléans eût une immense fortune, il avait une masse de dettes très considérable. La Révolution diminuant son revenu, et laissant subsister les charges dont il était grevé, il en résultait nécessairement le plus grand embarras dans ses finances. Les diminutions de son revenu furent énormes et je vais en donner la preuve.

D’abord le relâchement de la police dans le royaume et la difficulté d’employer des moyens coercitifs , rendirent la perception des revenus très lente et très incertaine, dès le commencement de la Révolution. Cependant quelques insuffisants que fussent les recouvrements, il fallait toujours que le trésor de mon père acquittât les rentes foncières et viagères aux époques fixées , et cela seul eût suffi pour faire naître des embarras.

2°-Il y eut de grandes dilapidations sans quelques parties de ses terres ; ce qui occasionnait , comme de raison , une diminution dans les revenus , et fournissait aux redevables des prétextes pour ne pas payer.

3°-Les opérations de l’Assemblée nationale relativement aux droits féodaux auraient suffi à elle seules pour déranger les finances de mon père. Les décrets de l’Assemblée divisèrent les droits féodaux en deux classes . Ceux de la première classe furent abolis sans indemnité. Mon père dut supporter cette perte comme tous les propriétaires de terres, mais ce fut une diminution de revenus très considérable. Les droits féodaux de la seconde classe furent déclarés rachetables , c'est-à-dire que les nouvelles lois accordaient aux contribuables la faculté de s’en affranchir en remboursant le capital au propriétaire , mais ces lois obligeaient les contribuables à continuer le paiement de ces droits jusqu’à ce qu’ils en eussent le rachat. Il n’en fut rien cependant : les droits déclarés rachetables cessèrent d’être payés comme ceux qui étaient abolis sans indemnité. C’était toujours sous prétexte de traiter du rachat, que les contribuables refusaient de payer, mais néanmoins aucun rachat ne s’est effectué. Les capitaux nécessaires à un pareil rachat n’existaient pas en France , surtout à cette époque où l’achat des biens du clergé qui étaient en vente , absorbait tout ce qu’il y avait de capitaux disponibles dans les campagnes.

4°-Enfin, les opérations de l’Assemblée Nationale , relativement aux apanages , furent le coup le plus terrible que la fortune de mon père pût recevoir ; et parmi toutes les injustices dont les Assemblées françaises n’ont cependant pas été très économes, il est impossible de nier que celle-là ait été une des plus révoltantes. La cause principale de cette injustice était la malveillance d’une grande partie de l’Assemblée Nationale constituante contre mon père . L’existence de cette malveillance est un fait que je crois pouvoir prouver , et la conduite de l’Assemblée dans l’affaire des apanages que je vais détailler , en est déjà une preuve bien forte. Je me bornerai quant à présent à faire voir que l’Assemblée nationale a entièrement ruiné mon père par ses opérations, et que par conséquent, cette ruine n’a pas eu pour cause les prétendues dépenses que ses ennemis l’ont accusé d’avoir faites pour fomenter la Révolution
»

Ainsi donc , Même Philippe Égalité n’était pas si populaire que cela ! Qui l’eût-cru ?
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 20:44

Incroyable ce Louis-Philippe...à le lire il faudrait qu'on verse une larme pour ce pauvre Orléans qui n'avait plus d'argent à cause de la révolution et qui avait des difficultés Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 194575

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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 23:07

Eh oui, d'autant plus qu'à lire les Mémoires de Louis-Philippe, ce pauvre Philippe Egalité s'était fait plein d'ennemis au sein de l'Assemblée !
Il présente son père comme un pauvre homme cerné, persécuté de tous côtés ! Etonnant !

Voici ici des références :

La fortune disparue du roi Louis-Philippe
de Jacques Bernot
Fernand Lanore, 2008, 327 p : 22 euros
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Oct - 23:26

Et encore cette autre référence :

-La fortune engloutie des Orléans de Franck Hériot , Laurent Chabrun
Plon , 2002, 193 p : 19,50 euros
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MessageSujet: Re: Les mémoires de Louis-Philippe   Les mémoires de Louis-Philippe - Page 2 Icon_minitimeSam 17 Oct - 16:15

Je continue les Mémoires de Louis-Philippe. Voici ce qu’il écrit :
« A la fin de 1790 , l’Assemblée Nationale Constituante , trouvant apparemment que la totalité des biens du clergé et la plus grande partie des Domaines de la Couronne ne formaient pas une assez grande masse de biens à vendre et peut-être que le Trésor Public n’était pas assez obéré, tant par le paiement des pensions accordées aux ecclésiastiques dépossédés, que par le paiement de tous ceux dont les emplois étaient conservés , jugea à propos de révoquer toutes les concessions apanagères de Domaine de la Couronne faites par les Rois de France à leurs frères ou fils cadets. Elle y substitua une rente apanagère payable par le Trésor Public , et cette rente devait être la même pour toutes les branches apanagées. Selon l’égalité mathématique que la manie du temps voulait établir en toutes choses. En conséquence, on demanda aux Princes apanagés de faire connaître le montant de leurs apanages. Il n’y avait que trois Princes apanagés en France , les deux frères du Roi et mon père. Monsieur, Comte de Provence , évalua le sien à 1 500 000 livres de rentes ; celui de M. Le Comte d’Artois fut porté seulement à 500 000 livres : et celui de mon père à 4 500 000 livres. On peut voir par ce détail que le but de l’opération était de déposséder mon père et de le ruiner. Mais je vais rendre cela encore plus évident. L’Assemblée fixa la nouvelle rente apanagère à 1 000 000 pour chacun des trois Princes apanagés et la déclara partageable par portions égales entre tous leurs descendants mâles à perpétuité. En outre, il fut accordé à chacun des deux frères du Roi 1 000 000 de rentes viagères pour l’entretien de leur Maison et la Nation se chargea d’acquitter 900 000 livres de rentes viagères créées par M. Le Comte d’Artois pour satisfaire ses créanciers. Mais il ne fut accordé à mon père qu’un million annuel pendant vingt ans , pour la liquidation de ses dettes , sans que l’Assemblée lui votât un million viager pour les dépenses de sa Maison , comme elle l’avait fait à chacun des frères du Roi , dont pourtant l’apanage était d’une valeur bien moindre que celui de mon père.


J’affaiblirais les réflexions que tout homme impartial fera sur ces procédés en essayant d’en faire sentir l’injustice. On confirma la concession apanagère du Luxembourg , à Monsieur, et celle du Palais Royal à mon père, et on promit une résidence semblable à M. Le Comte d’Artois ( le Temple appartenant à l’Ordre de Malte dont son fils aîné était grand prieur ). Mais ici , je dois encore observer que ces confirmations furent dictées par le même esprit d’animosité et d’injustice envers mon père . Les termes de la concession du Palais Royal par Louis XIV à Monsieur ( le premier duc d’Orléans de ma branche ), portent que dans le cas de réversion à la Couronne , les bâtiments nouveaux et embellissements qui pourraient avoir été faits par Monsieur, frère de Louis XIV , ou par ses descendants mâles seraient reçus , ad valorem, et payés par le Trésor royal à leurs filles ou héritiers dans la lignée féminine. En sorte que , comme à diverses époques, le Palais Royal avait été rebâti à neuf par les ducs d’Orléans , il aurait fallu le racheter en entier , ce dont l’Assemblée se souciait d’autant moins qu’on n’aurait su qu’en faire , et qu’il n’était pas fini. On n’y vit donc qu’une charge et on le laissa à mon père. Ce fut en vain qu’il réclama contre cette accumulation d’injustices et de vexations : ce fut en vain qu’il objecta que depuis la concession de Louis XIV, notre apanage avait quadruplé de valeur par les capitaux que nous avions constamment employés à le bonifier au lieu d’acquérir de nouvelles possessions , ainsi qu’il n’avait tenu qu’à nous de le faire. On n’eut aucun égard à ses réclamations. On avait résolu sa ruine ; et elle fut consommée.

Je présume que quiconque aura pris la peine de lire ces détails, ne croira plus qu’il ait fallu d’autres causes que celles que je viens de déduire pour qu’il se soit trouvé dans les embarras pécuniaires où il est notoire qu’il était en 1792 lorsqu’il fit un concordat avec ses créanciers.
Pour résumer en peu de mots ce long article, les revenus de mon père étaient réduits au quart et ses dettes étaient maintenues en entier. Et que pensera t-on lorsque l’on saura que même de ce revenu ainsi réduit au quart, la rente apanagère d’un million annuellement et le million pendant vingt ans , n’ont jamais été payés , ni en totalité ni en partie ?


Cette digression m’a fait interrompre le fil de ma narration , mais j’ose croire que personne ne s’étonnera que je l’ai faite. Elle présente un résultat important , puisqu’elle me paraît prouver que la Révolution n’a pas été opérée par des moyens d’argent ainsi que tant de personnes l’ont cru. Or, si la Révolution n’a pas été payée , il est impossible qu’elle ait été produite par d’autres moyens que ceux que présente l’opinion publique, et la preuve de ce fait est un des principaux objets que je me propose dans ces Mémoires. Un autre objet que je me flatte d’avoir atteint dans cette digression , c’est d’avoir détruit une calomnie contre mon père. Plus je gémis de ne pouvoir pas justifier toutes ses démarches, plus j’attache de prix à le défendre, quand je le puis, et à repousser des attaques injustes et sans fondement. Je reprends mon récit.
»

Au moins , c’est clair ! On sait pourquoi Louis-Philippe a écrit ses Mémoires !
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