Pierre-Jean Garat

Il était la musique même, selon Sacchini. Il, c'est lui. Pierre-Jean Garat.



Ce prodige était né le 26 avril 1762, à Bordeaux ou (ça dépend des sources) à Ustarritz au pays basque, berceau de sa famille. A propos de sa famille, justement, ce sont des gens sérieux. Son père (Dominique) est avocat au Parlement de Bordeaux, son oncle (Joseph) sera député aux Etats Généraux. Mais voilà ! Lui s'appelle Pierre-Jean et il n'a que des notes dans la tête.  

Heureusement, il y a maman, avec qui il chante en cachette. Son père (Dominique, vous suivez ?) l'envoie à Paris faire son droit. Inutile de dire que le petit gars, qui a 16 ans, en profite pour faire surtout de la musique. D'où colère paternelle. Papa ne veut plus entendre parler de son petit et lui coupe les vivres.

Heureusement encore, l'oncle Joseph, déjà dans la ville et dans la place politiquement, est plus souple et le soutient. Du coup notre jeune talent devient la coqueluche des salons parisiens. Sa notoriété remonte jusqu'aux oreilles de Marie-Antoinette, qui veut l'entendre.

C'est raconté ici.  
https://maria-antonia.forumactif.com/t159p25-la-musique

En fait, il avait un don inné et une mémoire exceptionnelle. Sans doute un truc genre l'oreille absolue qui lui permettait d'enregistrer naturellement les sons qu'ils entendait et les suites musicales.

Artois va jouer un grand rôle dans sa vie.



Il commence par l'engager comme secrétaire. Puis, il essaie de le réconcilier avec son père. Mission impossible. Sauf avec finesse.   Artois fait organiser un concert à Bordeaux, Dominique l'avocat s'y rend. Comme par hasard son fils est en guest star. Illumination et révélation. Le père craque et tombe dans les bras de son prodige de fils.

Avec Marie-Antoinette, comme toujours, l'histoire est compliquée à retracer. Elle adore aussi, c'est certain, elle applaudit et elle paie les dettes, comme pour tous les artistes qu'elle prend sous son aile. Mais il y en a qui disent qu'elle prit des cours avec lui, carrément. Là, c'est moins sûr. Campan vient mettre le holà. La reine lui aurait dit qu'elle devait faire gaffe aux commérages.

• « Je devais entendre chanter Garat, et ne jamais chanter de duo avec lui ».
  

Comme il se devait dans le gratin de l'époque, Garat sera membre de la loge des Neuf Sœurs, et de la Société Olympique. On est dans les années 80. Ça tourne mal pour ceux qui ont approché de trop près la royauté. Garat ira se faire voir à Rouen (où il fait de la prison) et en Angleterre. Mais ce n'est pas un ingrat. Après les journées d'octobre, il a composé une romance pour Marie-Antoinette (on n'est pas trop sûr du titre).

Pendant la révolution, il sillonne l'Europe de salon en salon, et vit de son talent, comme un petit histrion. Il ne remet le pied en France que vers 1795 (ou 94, dépend des sources). Il devient le muscadin typique, nostalgique de l'ancien régime et coqueluche des jeunes. Ce qui ne l'empêchera pas de briller sous Bonaparte.  

Son oncle Joseph (vous vous souvenez, le gentil tonton de ses débuts ?) devenu comte d’Empire et sénateur, lui fait donner une pension. Ça aide.



Avec la Restauration, il retrouve son pote Artois, qui le fait nommer professeur de chant au Conservatoire de Paris. Là, il donne cours aux plus grands. Malheureusement, sa voix se perd et à la fin de sa vie, il n'en a plus qu'un filet. Il meurt aigri à Paris le 1 mars 1823. Il allait avoir 61 ans.

Pierre-Jean Garat était plus un interprète qu’un compositeur. On lui doit malgré tout quelques charmantes mélodies, comme celle-ci.




Incantation à la nuit est très bien aussi.
pas trouvé en vidéo

Bravo pour cet exposé ! Moins historique, quand à moi, cet extrait du "Napoléon" de Sacha Guitry. C'est Luis Mariano qui fait Pierre Jean Garat.

A défaut d'entendre avec les oreilles L'invocation à la nuit, on va l'entendre avec les yeux.





Version vintage
https://digitalcommons.conncoll.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=https://www.google.be/&httpsredir=1&article=2048&context=sheetmusic

Une lettre de 1800 adressée c'est très vagues aux citoyens

Si vous voulez voir Garat, c'est au Père Lachaise.
- 11ème division





https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article3515

• Fils d’un député de la Constituante, Dominique Garat, neveu du ministre et académicien Dominique Joseph Garat, il rompit avec cette tradition politique pour devenir compositeur de romance. Il devint très vite à la mode dans le Paris pré-révolutionnaire, interprète à succès des oeuvres de Glück. Protégé de Marie-Antoinette, il fut arrêté sous la Terreur mais parvint à survivre en se faisant discrèt.
  
  Après la chute de Robespierre, il fut l’archétype de l’Incroyable et du muscadin : Garat affecta longtemps de ne pas prononcer les « R » quand il parlait [1], et il est vraisemblable qu’il créât cette mode car on parla alors de « garatisme ». Avide de se donner en spectacle, il fut la coqueluche de la jeunesse dorée qui copiait ses tenues vestimentaires extravagantes — cravate nouée obligatoirement à droite, bottes rouges pour femme, lorgnons, boucles dorées, etc. — et sa coiffure (cheveux ramenés en oreilles de chien).
  
  Il sut aisément s’adapter au nouveau régime, et chanta les expéditions de Napoléon. Sous le Consulat, il eut la faveur de Bonaparte qui aimait l’écouter. Et c’est malheureusement à la même soirée que fut représentée à l’Opéra La Création de Haydn, où Garat tenait le rôle de l’ange Gabriel, et qu’eut lieu l’attentat de la rue Saint-Nicaise.
  
  Nommé, en 1816 professeur de chant au Conservatoire de Paris, il perfectionna de nombreux chanteurs chevronnés (Nourrit, Ponchard, Levasseur, Cinti-Damoreau...).
  
  Il repose avec sa fille naturelle dans le « quartier des musiciens » de la 11ème division. Sa tombe est surmontée d’un buste en bronze de Vital-Dubray.

Grand interprète, ce Garat.