Madame de Polignac et Marie-Antoinette : une amitié fatale

C'est partial, quoi...

Mercy est parfois de très mauvaise foi, notamment quand il prétend que le choix de cette amie est une faute que se reconnaît Marie-Antoinette !!!
Où diable es-tu allé chercher cela Florimond ??? C'est pas beau de mentir ...

Oui, il est aussi menteur lorsqu'il trafique un peu les faits et la chronologie dans ses rapports à Marie-Thérèse...bref il est un peu manipulateur et intéressé

Ben, le coup de l'impuissance de Louis XVI, ça partirait pas de lui ?

Ce n'est pas impossible

Les débats sur une possible opération aussi d'ailleurs :s:

La temporaire impuissance de Louis XVI n'était tout de même pas une invention de Mercy. Il se contente de se perdre en conjectures dans ses rapports circonstanciés à Marie-Thérèse qui est elle-même taraudée par ce problème crucial !!! N'oublions pas qu'un mariage blanc aurait pu être annulé par le Pape !
Là encore, Mercy se sent très en deçà de Mme de Polignac, femme et mère, pour recueillir des confidences de Marie-Antoinette et prodiguer des conseils très intimes . Mercy, toujours à l'affût, parle de conversations "oiseuses" entre les deux amies. Sacré Mercy !

Oui vous avez raison, Mercy est loin d'être le seul à avoir véhiculé cette rumeur  
Mais disons qu'une impuissance de Louis XVI l'arrangeait plutôt bien, car ça blanchissait Marie-Antoinette et donc Marie-Thérèse. Du coup il n'a pas hésité à soutenir cette version là  :s:

L'attitude de Marie-Antoinette, son désir de se soustraire au devoir conjugal, sont singuliers. Elle était tout de même très consciente du fait que, pour être regardée comme Reine, il lui manquait la qualité de mère. L'enjeu était franchement considérable !

C'est entre autre ce qui fait une incohérence chez elle
Elle savait qu'elle devait être mère au plus vite, elle voulait se libérer de ce poids pour affirmer sa position définitivement à Versailles et arrêter les ragots, mais en même temps elle voulait profiter de sa jeunesse, et elle n'était pas intéressée par la chose...dur de palier les deux en même temps. :s:
Je pense que sur ce point elle était bien plus indécise que Louis XVI, ce qui n'a pas vraiment aidé le couple, mais en même temps...on comprend aussi qu'elle ait voulu vivre sa jeunesse

Je ne sais pas si l'on peut dire d'une icône sacrée comme la Reine de France qu'elle veut "vivre sa jeunesse", notion bien profane et moderne. Ce qui est sûr, l'a t-elle assez souvent répété ! c'est que Marie-Antoinette voulait vivre "comme une particulière".
Yolande de Polignac ne faisait que l'encourager dans cette voie funeste à la représentation, l'étiquette et, partant, la considération que devait inspirer la personne royale.

Disons que Marie-Antoinette ne voulait pas avoir autant d'enfants que sa mère, quatre lui suffisaient largement car elle préférait avoir la possibilité de tous les élever elle-même de la meilleure manière qui soit.
C'est sûr que ce n'est pas Marie-Antoinette elle-même qui disait vouloir profiter de sa jeunesse, mais plus ses actes. Même un peu après la naissance de Madame Royale elle continuait à profiter de Paris, des opéras, des jeux etc...C'est une femme qui veut vivre sa vie en parallèle à sa vie familiale, et donc finalement on y retrouve le concept de "profiter de sa jeunesse", récent certes mais finalement bien humain

Chou d'amour a écrit:

Et puis il me semble quand les quelques fois où Marie-Antoinette tenait sa cour, elle l'expédiait en moins de deux sans vraiment contenter ceux qui attendaient depuis longtemps

Tout à fait, Chou ! C'était presque un service minimum, et qui pèse encore trop à Marie-Antoinette ! Les premiers signes de désertion de la Cour se font sentir, précisément aux bals de la Reine. Mercy en fait son rapport à Vienne !

Est-ce dans le sujet "Marie-Caroline" que j'ai rapporté ce dialogue ( en 1791 ) entre la Reine de Naples et Augeard, secrétaire des Commandements de la Reine ?
"Mais d'où vient donc ce déchaînement effroyable de votre pays contre ma malheureuse soeur ?"
"Marie-Antoinette, par malheur, consentit à laisser la dignité de son rang suprême dans son palais, pour aller dans l'appartement de Mme de Polignac y jouer le second rôle. "
(Mémoires d'Augeard")
Voilà bien en quoi l'amitié de Mme de Polignac fut néfaste à Marie-Antoinette. Il me peine beaucoup de devoir le reconnaître !

Oui, service minimum est le mot juste
Mais c'est aussi ça que j'aime chez Marie-Antoinette : elle était franche dans ses attitudes, elle faisait les choses à fond quand ça l'intéressait, et si ce n'était pas le cas elle n'hésitait pas à montrer son mécontentement malgré les enjeux ou ceux qu'il y avait en face

Je ne sais plus non plus où vous aviez mis ce dialogue Mme de Sabran mais merci de nous le rappeler, car il est très significatif
Je pense aussi que cette amitié avec Polignac a eu des impacts néfastes sur la Reine, surtout à cause de la fausse image qu'il en était véhiculée, mais aussi parce que toutes deux ont sous-estimé leurs importances.
Mais...à côté de tous les bienfaits que cette amitié à apporté, pour Marie-Antoinette comme pour Polignac, je pense qu'elles ont eu raison

Vous êtes tout à fait dans le vrai, Chou, lorsque vous mettez en exergue que toutes deux "sous-estiment les impacts néfastes" de leur amitié qui sera très gravement imputée à tort à la Reine, et ce, bien avant de figurer dans le réquisitoire de Fouquier-Tinville .

En effet, je pense que la première erreur de Marie-Antoinette a été de négligé un peu trop l'importance de l'opinion publique et de son image.
Je comprends qu'elle trouvait cela secondaire et futile, et elle avait bien raison, mais au long terme elle y a perdu malheureusement :s:

En effet, le 17 décembre 1775, Mercy écrivait à son Impératrice:
" Les grands changements qui se préparent dans l'administration économique de l'Etat donnent beaucoup d'humeur à ceux qui trouvent leur intérêt dans le désordre. Cette fermentation occasionne une licence très scandaleuse dans les propos et dans les écrits. Il a paru plusieurs chansons dans ce genre; le Roi et la Reine n'y ont point été respectés."
Et Marie-Antoinette:
"Ma chère Maman a toute raison contre la légèreté française, mais je suis vraiment affligée qu'elle en conçoive de l'aversion pour la nation. Le caractère est bien inconséquent, mais il n'est pas mauvais; les plumes et les langues disent bien des choses qui ne sont point dans le coeur."

Exact, et dans cette même correspondance il y a une lettre où elle écrit qu'on lui prête le goût des femmes comme celui des amants, et elle précise que ce genre de ragot est très fréquent donc peu dangereux...elle sous-estime déjà

Citation :

"Ma chère Maman a toute raison contre la légèreté française, mais je suis vraiment affligée qu'elle en conçoive de l'aversion pour la nation. Le caractère est bien inconséquent, mais il n'est pas mauvais; les plumes et les langues disent bien des choses qui ne sont point dans le coeur."

Cet extrait rend honneur à Marie-Antoinette, une vraie leçon pour ceux qui font d'elle une Autrichienne qui se moque de la France, alors que dans cette lettre elle la défend contre sa propre mère

C'est bien ce supposé goût des femmes qui incrimine Mme de Polignac !!! Pauvre Marie-Antoinette, il fallait à tout force détruire son aura. Tous les moyens étaient bons et de préférence les plus bas !

Parfaitement.  Elle est déjà française de coeur !  Et cette candeur que donne la bonne conscience !    Et ce refus de croire à la méchanceté !  C'est tout cela Marie-Antoinette ...

Citation :

Tous les moyens étaient bons et de préférence les plus bas !

Oui, surtout les plus bas en effet, ce sont ceux qui marchent le plus  

Citation :

Parfaitement. Elle est déjà française de coeur ! Et cette candeur que donne la bonne conscience ! Et ce refus de croire à la méchanceté ! C'est tout cela Marie-Antoinette ...

Oui, on retrouve ce trait de caractère dans son testament, quand elle écrit qu'elle pardonne à ses ennemis tout le mal qu'ils lui ont fait. Marie-Antoinette, pourtant de nature très rancunière, savait pardonner et excuser la méchanceté, c'est aussi cette petite contradiction de caractère liée à cette grandeur de l'esprit que j'admire  

Chou d'amour a écrit:

Marie-Antoinette, pourtant de nature très rancunière

Je ne sais ce qui te fait pondre une telle idée?
N'est-ce pas Elle qui a dit au lendemain des journées d'octobre :
"J'ai tout vu, tout entendu, tout oublié"?
Pour moi ça résume l'état d'esprit modèle de notre Reine adorée !

Bien à vous.

Tu veux en parler à Rohan, à Lauzun, à Frédéric II, à Orléans, à Marie-Christine, qui, chacun ont fait au moins une bourde et qui ont vu Marie-Antoinette contre eux tout le reste de leur vie?
Marie-Antoinette savait pardonner oui, mais elle savait aussi être rancunière

Ou bien le comte d'Adhémar qu'elle fait expédier à l'ambassade de Londres, " parce qu'il l'excède" chez Mme de Polignac !
Mais, vous le dites, Chou, Marie-Antoinette s'exaspère pour des bourdes des uns et des autres, c'est à dire parfois pour pas grand chose. Dans les occasions très dramatiques de sa vie où elle pourrait en vouloir à la terre entière, elle prend de la hauteur, l'esprit de vengeance n'est pas dans sa nature.

Certains n'ont pas volé cette rancœur...

Bien à vous.

Exactement, Marie-Antoinette était capable d'être très rancunière et très dure pour ce qu'on pourrait appeler des futilités, mais en contre partie elle a su pardonner et même justifier des horreurs qui l'ont touchée de plein fouet elle et ses enfants...c'est cette petite contradiction que j'aime aussi chez elle  

Citation :

Certains n'ont pas volé cette rancœur...

Pour Rohan oui c'est clair  
Mais pour d'autres je pense que si elle leur avait pardonné le dixième de ce qu'elle a pardonné aux révolutionnaires, il n'y aurait pas eu de problème  
Mais c'était son caractère