Propagande et caricatures

Pour ne pas ouvrir un nouveau sujet, je mettrai l'image que nous propose ce site ici. Il serait intéressant de nous attacher aux gravures, estampes et autres caricatures qui ont couru sur la reine Marie Antoinette.



Voici l'analyse proposée :

Dans la mythologie grecque, Pandore est une femme envoyée aux hommes pour les punir de leur orgueil lorsque, par maladresse ou volonté consciente de faire le mal, elle ouvre la boîte dans laquelle Zeus avait enfermé toutes les misères et tous les malheurs qui peuvent frapper l’Humanité. Le mythe est suffisamment connu pour que la lecture de cette gravure à l’eau-forte coloriée satirique anonyme d’origine anglaise (16 cm de haut sur 24 de large) soit immédiate. La caricature, qu’il est difficile de dater, fait référence au mariage de Louis XVI : un personnage vêtu de rouge (le ministre autrichien Kaunitz ou l’ambassadeur Mercy-Argenteau) présente à Louis, entouré de quatre femmes (les filles de Louis XV) un coffret d’où sort une jeune femme identifiée par la mention « Antoinette » sur sa jupe. Le couvercle de la boîte est orné de l’aigle d’Autriche et porte la mention « de tous les maux, voilà le pire ». De la bouche de chacun des autres personnages sortent des bulles, à la façon de nos bandes dessinées actuelles, qui portent : « Voilà le seul bijou d’Allemagne que l’on puisse mettre à prix »/ « Il eut mieux valu le fondre »/ « Je le crois faux. Qu’importe, nous tâcherons de nous en défaire au meilleur prix »/ « Défiez-vous de son caractère, voilà le beau présent que nous fait la cour de Vienne ». Certains commentateurs ont vu dans le vêtement de la reine une copie des habits qu’elle portait à la Conciergerie ; la plupart donnent soit 1785 (l’affaire du collier) soit, le plus souvent, 1791 (la fuite à Varennes).
La caricature, comme de très nombreuses autres pièces violemment anti-françaises, est vendue à Londres, chez Fores, à un prix dérisoire (3 shillings)

pimprenelle a écrit:

Pour ne pas ouvrir un nouveau sujet, je mettrai l'image que nous propose ce site ici.

Je n'ai pas lu les commentaires de ce site, mais ses photos (un peu difficiles d'accès) sont pour certaines...inédites. Enfin, pour moi.
Merci Pimprenelle.

pimprenelle a écrit:

Il serait intéressant de nous attacher aux gravures, estampes et autres caricatures qui ont couru sur la reine Marie Antoinette.

C'est un sujet qui m'intéresse, en effet.
Cela me fait penser à un ouvrage que j'avais misérablement hésité à acheter il fut un temps et que je regrette : La caricature révolutionnaire d'Antoine de Baecque.
Si vous le trouvez, je vous le conseille.
On y voit des caricatures incroyables, d'une violence et pour certaines d'une pornographie inouïes !

Merci pour ces infos !  

Voici encore une caricature anglaise, datant de 1793, Louis XVI taking leave of his Wife and his Family (Louis XVI prenant congé de sa femme et de sa famille), par James GILLRAY.




Comme le précise l'analyse de ce site, le contexte en est le procès et la condamnation du roi. Les personnages y sont croqués avec férocité, la misère dans laquelle ils sont tombés soigneusement stigmatisée. Vêtements en lambeaux, trous, chaussures manquantes... rien n'est oublié. La douleur qu'ils expriment passe aussi par le fiel de l'artiste, celle de la reine, surtout, qui, très démonstrative, occupe le centre de l'image.

Elle est flanquée du roi sortant et du roi entrant. A côté du roi, un curé brandit un crucifix, allusion à la grande piété de Louis XVI et à son attitude dans la guerre entre jureurs et réfractaires. A l'angle opposé, deux personnages s'apprêtent à sortir. Elisabeth se lamentant et Madame Royale hagarde ?

L'expression des gardes forme un contraste frappant avec la désolation de la famille royale. L'un s'apprête à asséner un coup de crosse à Marie Antoinette, l'autre rit. Un troisième attend dans le hall.

Nous trouvons également dans cette caricature trempée dans le vitriol les casseroles habituelles traînées par Louis XVI : sa balourdise, sa goinfrerie et son alcoolisme.

La Marie-Antoinette des années 1776-1780, pendant la mode des extravagantes coiffures très haute et très chargées, n'a pas échappé aux pamphlétaires en effet...et pourtant cette mode était effective au moins 10 ans avant la révolution...

Mais est-ce toujours elle, sur ces gravures-là ? Ou bien une aristocrate générique ?

Je pense que c'est elle car dans les recueils de plamphlets contre la Reine ils y sont...mais au pire c'est la Duchesse de Polignac, je pense, qui elle aussi y a eu droit...

Encore une petite gravure que je ne connaissais pas :


Gravure satirique relative à l'ouverture de l'armoire de fer : "le squelette de Mirabeau tenant d'une main une bourse, de l'autre la couronne."

Remarquez le personnage figurant sur le tableau, au-dessus. Une tête d'homme sur un corps de... ? de vers ?  

Encore une caricature anglaise : le déficit

J'adore! Ce révolutionnaire mesurant le trône est vraiment réussi!

Oui ! Terriblement féroce et lucide. Ce dessinateur avait le génie de l'expression qui frappe, c'est sûr !

Encore Gillray:

Oui la caricature dont tu parlais Pim est effectivement extrèmement riche en informations et en clins d'oeil c'est impressionnant...


Gillray James, Destruction of the French Collossus. 1 novembre 1798

J'y vois le colosse qui se détruit lui-même. Et c'est d'ailleurs ce que l'Angleterre comptait faire, attendre que la France ait fini de se délaminer...

Oui...laisser les français faire le sale boulot et venir manger les fruits par terre...

Pas seulement. L'Angleterre a financé les coallitions qui combattirent la République puis l'Empire et prenait donc ue part active au projet de destruction de la France. Ou, pour mieux dire, des régimes qu'elle combattait.

L'Angleterre a financé quelque chose? Ah je pensais au contraire qu'ils n'avaient rien déboursé...cela dit non je me trompe...car effectivement ils n'ont rien déboursé pour aider Louis XVI ou les émigrés, mais en ce qui concerne le camp adverses là...première nouvelle merci

Pitt a fait beaucoup pour financer les guerres contre la France mais, non content de cela, a aussi exercé certaines pressions pour pousser des chefs d'état à combattre.

Pitt... Marie Antoinette disait que sa seule pensée lui faisait sentir "la petite mort lui passer sur le dos".

J'apprécie l'image à sa juste valeur et constate avec satisfaction que Pitt faisait l'unanimité quant à la haine qu'on lui voua en France.

Quand je pense qu'il se trouve des gens pour dire que Marie Antoinette manquait d'intuition...

"Les grands arbres sont sensibles au vent" dit-on et on a tant écrit de contre vérités sur Marie-Antoinette

Ces gens se basent peut-être sur le fait qu'elle n'ait pas senti venir la révolution mais je ne pense pas que l'entourage du couple royal ait laissé voir la vérité quant à la condition et l'état d'esprit du peuple.

L'état d'esprit du peuple a été bouleversé artificiellement, par ceux qui y avaient intérêt. Des gens comme Orléans ou Provence, qui voulaient confisquer le trône, et des esprits déjà révolutionnaires.

Leurs intérêts divergeaient, mais ils se sont rejoints dans une même cible: Marie Antoinette, maillon faible de la monarchie.

Comment la reine aurait-elle pu mesurer l'ampleur qu'allait prendre la désaffection dont elle était l'objet ? Et qu'aurait-elle pu faire ? On peut lui reprocher d'avoir minimisé l'impact des pamphets et autres caricatures. Mais comment aurait-elle dû réagir ?

Elle a soigné son image, mettant en avant son rôle de mère et ses activités de représentation. Que pouvait-elle faire de plus ?

Je ne reproche rien à la reine Pim! Je prétends au contraire que, même nantie d'une intuition sûre, elle n'aurait pu pressentir ce qui se tramait. Quant à sa façon de réagir, je la trouve admirable d'intelligence et de finesse dans des circonstances particulièrement délicates.

Je crains que, pour cette fois, j'aie été peu claire et j'espère que le malentendu est maintenant dissipé. Si ce n'est pas le cas, je ne suis pas très loin.

Oh ? Tu as pris mon commentaire pour toi ? Mais non, rassure-toi, je parlais en général. Et je me répondais à moi-même, aussi... C'est vrai que ce sont des questions qu'on peut se poser... "Pourquoi n'a-t-elle pas fait ci ou ça, à sa place, j'aurais... "

Eh bien, non, quand on prend la peine de se mettre honnêtement en situation, on se rend compte que Marie Antoinette était absolument coincée. De partout, prise dans une véritable toile d'araignée.