Le Comte Gabriel-Honoré de Mirabeau

Citation :

Je pense que Pim voulait plus parler du dévergondage moral des Fersen, Artois et Vaudreuil

Pardon, vraiment désolé, j'avais mal saisi votre propos.

Citation :

Marie-Antoinette avait l'esprit ouvert, elle plaisantait même sur les pamphlets qui la disaient lesbienne

Elle a fait mieux que plaisanter, elle s'est contentée de dire à sa mère qu'on lui avait "fort libéralement prêté les deux goûts, celui des femmes et des amants", sans commentaire.

Oui, et je crois que juste avant dans cette même lettre elle explique que toutes sortes d'écrits tous aussi farfelus les uns que les autres sont diffusés sur son compte

Non, Chou, elle ne plaisante pas dans cette lettre à sa mère. Nous sommes dans une épidémie de chansons satiriques, dit-elle. On en a fait sur toutes les personnes de la cour, hommes et femmes, et la légèreté française s'est même étendue sur le roi. La nécessité de l'opération a été le mot principal contre le roi. Pour moi, je n'ai pas été épargnée, on m'a très libéralement supposé les deux goûts, celui des femmes et des amants. Quoique les méchancetés plaisent assez dans ce pays-ci, celles-ci sont si plates et de si mauvais ton qu'elles n'ont eu aucun succès, ni dans le public ni dans la bonne compagnie. (15 décembre 1775)

En revanche, son ton dans cette anecdote se libère : Un jour, la reine dit à la comtesse Diane : "Est-il vrai que le bruit court que j'ai des amants ?" "On tient bien d'autres propos sur Votre Majesté", répondit la comtesse. "Quels sont-ils ?" "On dit que le beau Fersen est le père du dauphin, M. de Coigny de Madame Royale, le comte d'Artois de M. de Normandie". "Et la fausse couche ?", reprit vivement la reine.

En effet tu as raison

C'est intéressant parce que Madame de Pompadour, quand elle parlait de Versailles et la Cour, utilisait l'expression "ce pays-ci"...peut-être la Reine parle-t-elle également ici de ce monde particulier de Versailles.

Voici ce que pensait Elisabeth à propos de Mirabeau, juste après sa brusque mort en 1791 (extrait d'un de ses écrits) :
"Les aristocrates le regrettent beaucoup. Depuis trois mois, il s'était montré pour le bon parti. On espérait en ses talents. Pour moi, quoique très aristocrate, je ne puis m'empêcher de regarder sa mort comme un trait de la Providence sur ce royaume. Je ne crois pas que ce soit par des gens sans principes et sans moeurs que Dieu veuille nous sauver. Je garde cette opinion pour moi, parce qu'elle n'est pas politique, mais j'aime mieux mille fois celles qui sont religieuses."

On reconnaît bien là Elisabeth...et Mirabeau

Oui, c'est vrai... Il eût fallu un être charismatique qui inspire confiance et rassure les foules. Un despote éclairé ? Mais Louis était surtout un esprit torturé par l'indécision pathologique...

Mirabeau ? Est-il mort de mort naturelle, lui ?

Bien sûr que non ! Il a été un peu-beaucoup aidé à passer les pieds outre, par empoisonnement sans doute.
Une autopsie fut pratiquée par le chirurgien Lefèvre sous le contrôle de Vicq-d'Azyr (médecin de Marie-Antoinette)
" Hors une virilité posthume, l'opération ne révéla guère qu'une inflammation générale des viscères, l'hypertrophie d'un rein et, pour s'en référer au langage moderne, un énorme amas de cholestérol dans la région cardiaque.
Ces traces d'excès suffisaient peut-être à expliquer la mort; il semble toutefois que l'hypothèse du poison parut également fort satisfaisante aux opérateurs; mais, prudemment, Vicq-d'Azyr leur aurait imposé le silence: "Il n'est pas empoisonné; il ne peut pas être empoisonné, m'entendez-vous, imprudents ! Voulez-vous faire égorger le Roi, l'Assemblée et nous tous ?"
La raison d'Etat fixa pour l'Histoire que la mort de Mirabeau était absolument naturelle ..."
(Duc de Castries)

Oups ! Voilà un témoignage qu'il est clair et net !

Pourtant, de l'ensemble de mes lecture, j'ai gardé l'impression que l'empoisonnement avait été avancé, mais écarté avec raison.

Avec raison, vous le dites bien, chère Pim, mais peut-être avec raison (d'Etat) ???

Non, ne sortez pas... Nous sommes bien d'accord. Interrogeons la raison d'état...

Citation :

Hors une virilité posthume....

Je ne comprends pas.  

N'est-ce pas ?   Moi non plus;   j'avais un peu de mal.  J'ai demandé :   Et donc, aussi surprenant que cela puisse paraître, Mirabeau devait présenter une érection ( !!! ).    Il parait que ce phénomène a été constaté et consigné, dans des cas de mort par pendaison, mais ici  ce n'est pas le cas.
Mirabeau souffrait le martyr, son ami le comte de la Marck l'assistait à ses derniers moments. Il rapporte que Mirabeau, fixant Cabanis, lui demanda:
"N'êtes-vous pas mon médecin et mon ami ? Ne m'aviez-vous pas promis de m'épargner ces tortures ? Voulez-vous que j'emporte le regret de vous avoir donné ma confiance ? "
Cabanis feignit de rester impassible; le remède n'arrivait pas, ce qui évitait de résoudre le difficile problème que pose l'achèvement d'un mourant ...  "

Ah merci 

C'est clair que la mort brutale de Mirabeau est survenue à un moment bien trop arrangeant pour certains, si bien que ça en devient très louche, et j'en étais aussi resté à l'hypothèse de l'empoisonnement

Chou d'amour a écrit:

C'est clair que la mort brutale de Mirabeau est survenue à un moment bien trop arrangeant pour certains, si bien que ça en devient très louche, et j'en étais aussi resté à l'hypothèse de l'empoisonnement

N'ayons pas peur des mots, c'était une mort providentielle.

Pour ces messieurs de l'assemblée...

Oui, c'est vraiment un accident regrettable, la poisse totale pour ces messieurs en effet...mais la thèse du suicide n'est pas écartée

Mais non, c'est une mort providentielle, pour eux, au contraire. Mirabeau allait remettre Louis XVI en selle !

Mais oui, j'ironisais Pim

pimprenelle a écrit:

Mirabeau allait remettre Louis XVI en selle !

Or on connaît la réplique de Louis XVI sur la route de Montmédy :
"Quand j'aurai le cul en selle, vous me verrez comme jamais vous ne m'avez vu!"

Bien à vous.

Exact  

Plus que la corruption morale ou politique de Mirabeau "c'est sa supériorité naturelle sur ses colègues, et surtout la conscience qu'il en avait, cette manière d'imposer sa souveraineté et d'ignorer la rancune, l'envie, les rivalités mesquines, qui ont irrité l'Assemblée."
("Trois jours dans la vie de Mirabeau" Charles Zorgbibe)