Livre "Les adieux à la Reine" de Chantal Thomas

Il est bien dommage que vous soyez passée à côté de ce livre Angelblack. Tout est dans le non dit. C'est une poésie que ce livre, un tableau romantique. Le drame, l'angoisse, le temps qui se désagrège, le fait qu'un matin l'on bascule d'une ère à l'autre sans s'en rendre compte. C'est de la dentelle ces pages.
Peut-être que vous n'avez pas lu ce livre dans les meilleurs dispositions. Relisez-le un jour où vous vous sentirez spécialement bien, ou même mieux un jour où vous êtes un brin nostalgique, et la magie des images viendra s'ajouter aux mots que vous lirez.

Oh, je vous adore...   Vous êtes une personnalité particulièrement vibrante !  

Rien à ajouter à la magie de ces mots ! Ils traduisent à merveille la sensibilité qui s'empare de nous à la lecture de cet ouvrage...
Bonne RE lecture Angelblack

Bien à vous.

Angeblack a écrit:

Non j'ai dit que j'ai lu le livre puis écouté le cd :p

Ah c'est gentil à vous de proposer
Mais pas de soucis, j'ai ce livre en stock chez moi, en attente donc ça n'est qu'une question de temps

Je suis confondu devant tant de compliments.    

Je ne faisais que traduire l'émotion que j'ai eue en parcourant cet ouvrage, comme bon nombre d'entre vous.

Merci

Oops, je suis un peu en retard moi

C'est vraiment étrange AngelBlack que vous n'ayez pas apprécié l'émotion du roman... Je vous conseille vivement de le relire, en plusieurs fois, tranquillement

Je vous confirme que ce livre existe bien en livre de poche EN FRANCAIS donc dans sa langue d'origine.

Au départ ce texte était une pièce de théâtre qui a été présenté, sans décor, ni costumes.... juste sous forme de lecture sur le plateau du théâtre du Petit Colombier à PARIS par la Comédie Française !!!! c'était très émouvant, même avec trois personnages assis dans des fauteuils !!!!

J'espère qu'un jour prochain, nous pourrons en refaire une lecture à l'occasion d'une journée MARIE ANTOINETTE, idée à creuser pour un jour d'automne et/ou d'hiver étant donné qu'il suffit d'un salon !!!!!!

Bonne lecture MARIE ANTOINETTE

Quelle idée merveilleuse...cela nous rappellera la pièce jouée le 5 novembre 2005...C'était la première fois que Pim, Chou et moi nous voyions...Mais on ne se connaissait pas encore... :s:

Bien à vous.

C'est vrai qu'outre "les adieux à la reine", Chantal Thomas a aussi écrit "la lectrice adjointe", très belle pièce, très sensible.

Très bonne idée en effet  

Juste pour le plaisir d'en partager la lecture, quelques extraits, à lire ensemble, comme les souvenirs de ces déracinés qui avaient pris l'habitude de se réunir autour de Madame de Laborde...

À nouveau seule, j'ai ouvert mon dernier cadeau. Un tel nombre de couches de papiers l'enrobaient que j'ai d'abord pensé que ce n'était que cela, une superposition de papiers de couleur. Mais lorsque j'ai trouvé la petite boîte en argent, elle m'a révélé une merveille. J'avais un cadeau en forme de miracle: un pendentif à entourage émaillé sur lequel était peint en miniature un œil bleu ardent, presque turquoise, de la brillance d'une pierre, avec sur la pupille une infime humidité, comme d'une rosée. Je refermai ma paume et laissai advenir, né du bleu de ses yeux, le visage entier de la Reine, son visage pour moi...

(Les Adieux à la reine, op. cit., p. 12)

Un extrait qui retrace la première rencontre de la lectrice avec Sa Majesté, passage sous-tendu par les solides connaissances de l'historienne, où nous trouvons le résultat de ses analyses sur la perception de la reine, mais aussi, tout en demi-teintes, un écho de la première apparition lumineuse que la reine fit sur Madame Vigée Lebrun :

Je suis arrivée en 1778, l'année de la première grossesse de la Reine: le bonheur qu'elle espérait depuis huit ans, et vers lequel dans toutes les paroisses et dans tous les couvents de France, dans le plus perdu des monastères, convergeaient les prières. C'était, aux yeux du public, l'année de sa véritable accession à la royauté, la seule justification de la place qu'elle occupait. Comme chacun, je savais l'heureuse nouvelle, et qu'au mois de décembre - celui de mon arrivée - la Reine en était à son neuvième mois. Je savais tout cela, et qu'en tant que lectrice j'aurais l'occasion d'être un jour en sa présence. Pourtant la première vision que j'ai eue de Sa Majesté m'a plongée dans un état de ravissement inouï. Comme si cette vision m'advenait par le plus grand des hasards - contre toute vraisemblance.
La Reine, immense, énorme, habillée d'une robe de lainage blanche très ample, la tête étrangement enturbannée d'une soie bleu vif cousue de camées, sur laquelle étaient piquées en aigrette plusieurs plumes de paon, marchait d'un pas vigoureux, à l'avant d'un groupe de femmes qui s'épuisaient à vouloir la suivre. Elle marchait comme si elle était en pleine campagne, alors qu'elle se trouvait dans une galerie fermée et qu'au rythme de cette marche - qui, je l'appris ensuite, lui avait été recommandée par son médecin - elle atteignait l'extrémité en quelques enjambées, tournait sur elle-même, reprenait le parcours avec la même avidité à dévorer l'espace... De surprise, je vacillai. Mes jambes défaillaient, mon visage brûlait. Cette apparition avait quelque chose d'incroyable, un élément de fantastique qui devait marquer à jamais toutes les images qui lui ont succédé. Je crus voir un feu se mouvoir.

(Les Adieux à la reine, op. cit., p. 15)

Un grand merci , Pim, de nous faire partager ces instants littéraires, pour nous qui n'avons pas encore lu ce livre....MAis je sens que cela ne saurait tarder à être réparé !

Je pourrais vous mettre le passage désopilant sur les invasions d'insectes à Versailles, les rituels curiaux, le charme particulier qu'exerçait sur les habitants la vie au château, privilège insigne pour lequel on eût accepté tous les sacrifices et tous les inconforts...

Mais je me contenterai d'une dernière scène, celle où Marie Antoinette se prépare à partir à Metz, dans les brefs moments d'espoir qui ont suivi la prise de la Bastille :

- Je veux partir, a répété la Reine. C'est pour la royauté, pour nous, une question de vie ou de mort. Le Roi ne doit pas demeurer un jour de plus dans un pays dont il a perdu le contrôle.
Mais alors, curieusement, au lieu de nous encourager à faire vite, elle s'est levée, comme happée par l'éclat de ses bijoux, et est venue les contempler.- Enfin, n'y tenant plus, elle a commencé à enfiler une bague, puis deux, à se mettre autour du cou, les uns sur les autres, plusieurs colliers, à se couvrir les avant-bras d'épais bracelets. Hypnotisée, elle fixait dans le miroir de sa coiffeuse cette vision d'elle étincelante. Nous n'osions bouger, madame Campan et moi, c'est elle enfin (toujours sûre d'avoir raison, mais à cette heure c'était vrai) qui a rompu le charme. Elle a rappelé, avec infiniment de respect et de douceur, la nécessité de se dépêcher, si Sa Majesté souhaitait partir en voyage le lendemain. La Reine s'est arrachée à son rêve...

(Les Adieux à la reine, op. cit., p. 102)

Puis, une femme est venue lui enlever cet amoncellement de bijoux qui la transformait en déesse barbare. (p. 103)

Merci Pim!
ça nous fait un très bon avant-goût!
ça à l'air fort intéressant à lire en effet!

"La Reine, immense, énorme"....c'est un compliment?

C'est parce qu'elle est enceinte, mais cela montre aussi la vision quasi mystique que la lectrice a de la reine, qu'elle perçoit comme une géante.

Ah! Exact j'avais oublié ce détail

C'est justement un des points les plus émouvants du roman, cette naïveté de la jeune Agathe toute prête à diviniser sa reine. C'est comme un oeil subjectif qui s'introduit pour nous dans les combles et les arcanes de Versailles.

Ah... Parcourir ainsi ce livre pour vous en donner quelques extraits me donne sacrément envie de le relire !

J'aime bien ce passage :

"elle atteignait l'extrémité en quelques enjambées, tournait sur elle-même, reprenait le parcours avec la même avidité à dévorer l'espace..."

Notamment le "dévorer l'espace"

Marie-Antoinette avait une manière de se mouvoir vraiment remarquable à lire tous les témoins

Oui, c'est une écriture extrêmement sensuelle. J'aime aussi beaucoup la luminosité qui semble attachée aux pas de Marie Antoinette :

Je crus voir un feu se mouvoir.

Dans les Adieux, Chantal Thomas dépeint une Marie Antoinette capable d'excès, et je pense que c'est assez juste.

J'ai déplacé nos messages sur les excès de Marie-Antoinette dans ce sujet :

https://maria-antonia.forumactif.com/la-reine-de-france-1774-1792-f4/marie-antoinette-et-ses-exces-t1525.htm#56576

Citation :

Les Adieux à la reine sont, pour moi, un des rares romans qui sortent du lot.

Mais sur le plan des Polignac tout est faux ou presque .......    Le clou sera enfoncé encore par cette version cinématographique !

Ah oui ? Je ne me souviens pas bien de tous les détails...Désolé !  
Mais je parlais davantage de l’idée narrative de l’auteur, de la trame de son roman. Son idée de focus sur des événements.
Je passe beaucoup plus l’éponge sur certaines choses dès que je vois écrit le mot roman.
Cependant, ce n’est pas une raison pour écrire n’importe quoi. Si c’est nul...c’est nul !  

Ce n'est pas nul du tout, c'est tellement bien écrit !
Mais c'est faux .
Le prénom usité de Mme de Polignac est Yolande et non Gabrielle; son caractère n'est pas frivole et insensible.
Vaudreuil et Diane ne sont pas amants ( !!! ) . Cela fait beaucoup de libertés prises même dans le cadre d'un roman .

Quoique j'aie cependant beaucoup aimé le livre ( grâce à la plume subtile de Chantal Thomas ), je crains carrément son adaptation au cinéma ......

Madame de Polignac n'est pas frivole et insensible, dans le roman de Chantal Thomas ?! Elle y apparaît indolente, à se laisser mener par les événements, ce qui n'est pas entièrement faux. Si ?

Mais, insensible, non. Chantal Thomas la décrit en pleurs au moment de partir, sombrant dans un chagrin qui ne la quittera plus. Je pense qu'il y a une part de vérité. Notre petite comtesse, puis duchesse, avait-elle entièrement mesuré le poids de l'amitié dont elle était honorée ?

Sinon, il ne me déplaît pas que Chantal Thomas l'appelle Gabrielle. C'est du reste ce que font les auteurs anglo-saxons.