Hans Axel von Fersen

Citation :

Biographie de monsieur Delorme, pygmalion, 1999, page 275

" Fersen arrive à Paris le lundi 13 février, dans la soirée. Le secrétaire de la reine, François de Goguelat, l'accompagne sans retard aux Tuileries. Le Suédois consigne dans son journal intime:" Allé chez Elle , passé par mon chemin ordinaire, peur des gardes nationaux. Son logement à merveille. Resté là." Or, Resté là- qu'il écrit toujours en suédois- est l'expression conventionnelle qu'affectionne notre séducteur pour signifier qu'une femme lui a accordé ses faveurs"

Vous ne citez pas tout le passage, cher ami. Je l'ai relu hier soir, la démonstration de Monsieur Delorme aboutit à la conclusion que j'ai citée, l'historien pense que Fersen a brièvement rencontré la reine pour se replier ensuite chez Madame Craufurd où il passa la nuit.

d'eon a écrit:

Un peu plus loin, Monsieur Delorme émet l'hypothèse que le "Elle" pourrait être Eléonore Sullivan. Il en veut pour preuve le fait que le lendemain, Fersen s'entretient longuement avec Marie-Antoinette, ce qui, toujours d'après monsieur Delorme, tend à prouver que la visite de la veille fût brève

En effet, "elle" est écrit sans majuscule dans le journal de Fersen. la photo publiée plus haut l'atteste.

Voilà, le passage avec la brève visite doit se trouver, si ma mémoire visuelle ne me trompe pas, quelque part dans la première partie de la page 276.

Voici certainement le passage auquel vous faites allusion:

" Le lendemain soir, à six heures, le Suédois est reçu en audience par Louis XVI qui lui confirme son intention de demeurer à Paris et de s'accomoder des pouvoirs que lui octroie la Constitution. Fersen s'entretient ensuite longuement avec MArie-Antoinette_ ce qui prouve d'ailleurs qu'il n'avait pas passé toute la nuit et la journée auprès d'elle, comme on le prétend souvent."

Jean Chalon, aux éditions Perrin, p. 360, fait dormir Fersen dans un placard après avoir donné une version erronée de sa note. Allé chez la reine, écrit-il.

Or, le journal de Fersen est formel, le comte a tracé allé chez elle.

Nesta Webster nous fournit l'explication de ces deux versions qui contribuèrent à embrumer les esprits. Alma Söderjhelm a publié l'original, qui contient donc "elle". Or, le baron Klinckowström a lui aussi publié une version du dagbok de son ancêtre... qu'il tend à présenter comme un héros.

Dans le journal, e passage qui suit raconte comment Fersen joua un tour de cochon au brave Craufurd, dont il dévora les restes et la femme pendant une semaine.

Pas un mot de cela dans la version Klinckowström, évidemment. Le baron a zappé tout cet épisode peu glorieux et estimé plus prudent, en conséquence, d'envoyer Fersen chez la reine la veille. Puis, le lendemain, il voit le roi... tout cela bien sérieux...

Bref, l'identification de "elle" avec Marie Antoinette et, pire, son remplacement par les mots "la reine" est le fait d'un descendant peu scrupuleux.

Je n'ai pas lu, en effet, Mme Söderjhelm , mais Charles Kunstler " Fersen et son secret" , et Felix Moeschlin " Le beau Fersen" , ainsi que "Le comte de Fersen et la Cour de France ", Extraits des papiers du grand maréchal de Suède, comte Jean Axel de Fersen, publiés par son petit neveu le baron R. M. de Klinckowström.
Saperlipopette ! Ils ont tous des noms à coucher dehors avec un billet de logement !!!

d'eon a écrit:

Voici certainement le passage auquel vous faites allusion:

" Le lendemain soir, à six heures, le Suédois est reçu en audience par Louis XVI qui lui confirme son intention de demeurer à Paris et de s'accomoder des pouvoirs que lui octroie la Constitution. Fersen s'entretient ensuite longuement avec Marie-Antoinette_ ce qui prouve d'ailleurs qu'il n'avait pas passé toute la nuit et la journée auprès d'elle, comme on le prétend souvent."

Merci, chevalier ! Il est donc manifeste que Monsieur Delorme identifie "elle" avec Eleonore Craufurd, suivant d'ailleurs très logiquement le code fersinien de majuscules et minuscules.

D'ailleurs monsieur Delorme fait un rapprochement entre le "elle" et "el" le diminutif de Eléonore

Citation :

Je n'ai pas lu, en effet, Mme Söderjhelm ,  mais Charles Kunstler  " Fersen et son secret" ,  et  Felix Moeschlin  " Le beau Fersen"  , ainsi que  "Le comte de Fersen et la Cour de France ", Extraits des papiers du grand maréchal de Suède, comte Jean Axel de Fersen, publiés par son petit neveu le baron R. M. de Klinckowström.
Saperlipopette ! Ils ont tous des noms à coucher dehors avec un billet de logement !!!

Terribles, hein ! Klinken machin, j'l'ai fait en copier-coller !  

Je sais bien, presque tous les historiens, chercheurs et romanciers font entrer Fersen aux Tuileries cette nuit-là. Or, ce n'est jamais qu'une interprétation qui repose sur quelques mots bien laconiques...

De même, Madame Webster a prouvé incontestablement qu'il est impossible d'identifier Marie Antoinette avec la femme que Fersen visite si souvent pendant l'été 90. En effet, dans une de ses fameuses et si souvent citées lettres à Sophie Piper, Fersen parle de Marie Antoinette, qu'il appelle très logiquement "la Reine". Puis, il en vient à son amie, et, pour introduire le sujet, il écrit "elle aussi"...

Pourquoi diable aurait-il écrit "aussi" si la reine et cette amie étaient une seule et même femme ?  
https://maria-antonia.forumactif.com/autres-contemporains-f64/la-vision-d-alma-soderhjelm-t516-75.htm

Mais personne n'a tenu compte de l'objection de Nesta Webster, pourtant relayée par Stanley Loomis. Visibement, l'historiographie de Marie Antoinette tient dur comme fer à cette légende fersinienne...  

Je pense que Fersen mériterait de faire l'objet d'autres études historiques en repartant des sources, car j'ai aussi l'impression que nous et beaucoup d'historiens dépendons trop du point de vue de Mme Söderhjelm  

et les sources sont tellement ténues ...

Chou d'amour a écrit:

Je pense que Fersen mériterait de faire l'objet d'autres études historiques en repartant des sources, car j'ai aussi l'impression que nous et beaucoup d'historiens dépendons trop du point de vue de Mme Söderjhelm  

C'est exactement la conclusion à laquelle on arrive quand on lit son ouvrage.

Citation :

et les sources sont tellement ténues ...

Ben, non, en fait... On a tout le journal de Fersen. Encore faut-il le lire sans essayer de lui faire dire ce qu'il n'a pas dit.  

Donc, en effet, on aurait bien besoin d'une publication exhaustive de tous les écrits de Fersen, tout à fait neutre et objective, avec juste des notes en bas de page... non orientées, évidemment...   Ca existe, je crois, mais en Suédois.

Encore que... neutre, je ne suis pas sûre... Fersen est une sorte de héros romantique, là-bas, haï ou adoré, mais toujours considéré comme l'amant de Marie Antoinette. Cette vision risque de nuire à l'objectivité. Peut-être d'ailleurs faut-il voir une influence nordique dans les a priori d'Alma Söderhjelm ?  

Dites vous ne pouvez pas nous rendre ce service?  

Je pense qu'il faut étudier Fersen en faisant abstraction de tous les fantasmes dont il a été l'objet. Il faut vraiment repartir de zéro pour voir ce qu'il en est vraiment sans être influencé par Mme Söderjhelm  

C'est notre Pim qui semble la plus au fait de toutes ces finesses fersiniennes, Chou ... Je nage dans la perplexité !

Oups !   Vous êtes trop indulgente, chère amie !   J'ai juste lu les livres des autres...  

Et, pour agraver mon cas, j'irais vous dire ... qu'ils s'aimaient ! vous me jetteriez !

Mais non voyons! Taratata comme vous dîtes si bien!    Cet amour reste une hypothèse plausible  

Mais il est vrai que Pim masterise Fersinou!  

J'ai le livre de Söderhjelm en stock chez moi, il faudra vraiment que je le lise bientôt pour voir ça de mes propres yeux  

Chou d'amour a écrit:

Mais il est vrai que Pim masterise Fersinou!  

Axel ! Au pied !  

Et alors, il obéit ?

Pim, ne persécute pas Fersen!!!    

Ouais, c'est vrai... d'ailleurs, je m'entends mieux avec Odin.

Pim "masterise Fersinou", what does it mean ???   Pas grand chose pour une vieille dame comme moi ...

Masterise, du verbe "masteriser", jargon issu du terme anglais "master", le maître quoi

En gros pim maîtrise le sujet Fersen

Ma chère Pim, auriez-vous personnellement une dent contre le beau suèdois ?   ( je connais bien la réponse ... )

Vous faites erreur, le comte de Fersen m'intéresse beaucoup. N'était-il pas un ami de notre reine ?  

Seulement, voilà, c'est Hans Axel de Fersen qui m'intéresse, pas les neuneuseries à l'eau de rose de la tradition. Hans Axel de Fersen tel qu'il apparaît dans ses propres écrits.

Ce qui s'en rapproche le plus est l'ouvrage d'Alma Söderhjelm. Malheureusement, la subjectivité de l'auteur est distillée partout, ce qui en rend la lecture indigeste... sauf à la fin. Là, Madame Söderhjelm se tait pour laisser enfin la parole entière au comte de Fersen. Et, miracle... sous la sécheresse des petites notes apparaît peu à peu l'homme et sa désespérance.

C'est pourquoi, comme Chou, j'attends avec impatience la publication de tous les papiers du comte de Fersen, journal et correspondance.  

Oh oui, comme ce serait palpitant !!!! Croyez-vous, Pim, qu'il y ait des chances pour que cette publication soit faite un jour ???