Mme Tallien et la famille de Chimay

Madame de Chimay a écrit:

Comme quoi parfois , la vie ne tient qu'à un fil si mince soit-il !

...... le fil des Parques, ténu, ténu .................

Je vais faire un gros dodo, bisous, bisous, et bonne nuit !

Aux Carmes, les prisonniers passent encore par des montagnes russes émotionnelles ! Les nouvelles qui filltrent sont contradictoires . Quand des banderollles hissées sur les toits voisins annoncent l'arrestation de Robespierre, c'est un immense sursaut d'espoir, une attente fiévreuse ... Mais la nuit tombe sans que rien ne se passe. Joséphine sanglote . Hoche soupire: J'ai cent ans !!! Teresa récite ses prières puisqu'aussi bien tout est fini ...

Nous savons comment Robespierre retranché avec ses derniers fidèles, Saint-Just, Couthon, Lebas et son jeune frère tenaient encore conseil de guerre, quand Tallien lance avec Fouché l'assaut de l'hôtel de ville.
Tout Paris exulte en apprenant la chute du tyran.

Le 12 thermidor, l'huissier du tribunal révolutionnaire fait irruption aux Carmes. Point de liste habituelle de condamnés: il appelle seulement la citoyenne Cabarrus . Tallien attend Teresa au parloir . Elle tombe dans ses bras; elle est libre !!!

Et bien quel feuilleton ! Tout est bien qui finit bien !

Oh, chère Princesse, ne croyez pas que le feuilleton soit fini !!!!!! Je poursuivrai cet après-midi, parole d'homme !!!!

Comme c'est palpitant ! Une véritable héroïne notre Térésa !

Oui, n'est-ce pas ?  Elle est libre mais ne va pas vouloir laisser Joséphine en captivité . J'ai là-haut une biographie de notre future impératrice, par André Castelot, et j'irai y chercher les détails de sa remise en liberté .

J'attends la suite avec impatience pour tout à l'heure !

Vous êtes trop gentille !

La suite ! La suite! Non mais alors il ne faut pas nous laisser tomber ! Nous devenons accros !!!!!!!     :bisous1:

Teresa Cabarrus fait figure d'héroïne ! On sait que c'est l'amour qu'elle inspire à Tallien qui a donné à celui-ci le cran d'abattre Robespierre. Tallien affiche Teresa avec orgueil . Sa beauté subjugue . Il dit partout : Voyez la main qui a renversé la guillotine, la main de Mme Tallien ! Car il la lui demande cette main et Teresa aurait mauvaise grâce à la refuser à son sauveur ... n'est-ce pas ? La foule pleure d'émotion, baise le bas de la robe de Teresa comme à une divinité. Tallien accusa Robespierre à la tribune, et c'est à Mme de Fontenay que la France a dû d'être délivré de celui-ci. ( Mémoires de Paroy )

Notre-Dame de Bon Secours devient Notre-Dame de Thermidor . Son premier souci, en sortant des Carmes, est d'aller tranquilliser les jeunes Hortense et Eugène de Beauharnais sur le sort de leur mère qu'elle s'emploie à faire délivrer aussi. Joséphine est rendue à la liberté le soir du 6 août. Grâce à Tallien qui appuie sa demande, elle peut rentrer en possession de ses effets, meubles et bijoux placés sous scellés lors de son arrestation.
Joséphine voue à Teresa amitié et reconnaissance :
Mme Tallien, écrit-elle, est infiniment belle et bonne; elle ne se sert de son immense crédit que pour faire accorder des faveurs aux malheureux qui s'adressent à elle, et elle ajoute à tout ce qu'elle accorde une telle expression de satisfaction que l'on dirait qu'elle vous doit encore des remerciements.

Mme d'Abrantès appelle Teresa la Vénus du Capitole ....

Majesté a écrit:

C'est d'ailleurs grâce au Japon que Chou est tombé sous le charme de Marie-Antoinette...C'est à Lady Oscar que le forum doit donc sa création    

Bien à vous.

En effet on peut dire ça  
L'image de Marie-Antoinette au japon est parfois certes enjolivée et naïve, mais en même temps largement plus proche de la réalité que son image en France  

Merci pour ton récit  
C'est comme si je lisais le livre  

C'en sont plusieurs, Chou !

Oui et c'est d'autant plus constructif

Dommage que cette Mme Tallien soit si rarement évoquée :s:

J'admire vraiment votre esprit de synthèse .

Citation :

J'ai lu, je ne sais plus où, que Joséphine aura la vie sauve car elle s'évanouit au moment où elle et son mari doivent être emportés vers l'échafaud.
On la laisse finalement enfermée dans l'attente d'une prochaine fois, alors que son mari est exécuté. ..

Je ne retrouve pas ce détail dans André Castelot . Au contraire, Alexandre de Beauharnais et Joséphine ne partagent pas la même cellule.
Lorsqu'il est temps pour lui de faire ses adieux à la vie, il ôte de son doigt une bague arabe pour qu'on la remette à Joséphine avec ce petit mot :
La présomption que cette infernale machination me suivra jusqu'au tribunal révolutionnaire ne me laisse aucun espoir de te revoir, mon amie, ni d'embrasser mes chers enfants. Je ne te parlerai donc point de mes regrets; ma tendre affection pour eux, l'attachement fraternel qui me lie à toi, ne peuvent te laisser aucun doute sur le sentiment avec lequel je quitterai la vie sous ce rapport.

...... ceci quatre jours seulement avant la chute de Robespierre !!!! Et tenez, puisque nous parlons de cette chute de Maximilien, je place là une anecdote assez cocasse. Cinq jours après l'exécution d'Alexandre de Beauharnais, le matin, une codétenue de Teresa et Joséphine avise subitement par la fenêtre une femme qui se livre à une mimique singulière :
Elle prenait à tout moment sa robe sans que nous sussions ce que cela voulait dire. Voyant qu'elle continuait je lui criais : " Robe ? " Elle fit signe que oui . Ensuite, elle ramassa une pierre, la mit dans son jupon qu'elle me montra de nouveau en élevant la pierre de l'autre main. " Pierre " , lui criai-je encore. Sa joie fut extrême en étant sûre que nous comprenions. Enfin, unissant sa robe à la pierre, elle fit plusieurs fois avec vivacité le mouvement de se couper le cou et se mit ensuite à danser et à applaudir.
Cette singulière pantomime nous causait une émotion impossible à exprimer puisque nous osions penser qu'elle nous appprenait la mort de Robespierre.

Pour en revenir à Mme Tallien (puisque ça y est ! Teresa a épousé Jean-Lambert ), je dois corriger une méprise que j'ai faite, en amont de ce sujet, entre elle et Charles La Bussière qui faisaient tous deux disparaître les listes d'accusés ( d'où l'amalgame ) . C'était La Bussière ( de son état scribe du Comité de Sûreté générale ) qui réduisait les dossiers à l'état de confettis qu'il mâchouillait et avalait pour soustraire quantité de malheureux à la parodie de justice de Fouquier-Tinville ! La Bussière donc, et non pas Teresa ( Mère Teresa, comme l'appelle notre Comtesse Diane ! )

Citation :

Elle prenait à tout moment sa robe sans que nous sussions ce que cela voulait dire. Voyant qu'elle continuait je lui criais : " Robe ? " Elle fit signe que oui . Ensuite, elle ramassa une pierre, la mit dans son jupon qu'elle me montra de nouveau en élevant la pierre de l'autre main. " Pierre " , lui criai-je encore. Sa joie fut extrême en étant sûre que nous comprenions. Enfin, unissant sa robe à la pierre, elle fit plusieurs fois avec vivacité le mouvement de se couper le cou et se mit ensuite à danser et à applaudir.
Cette singulière pantomime nous causait une émotion impossible à exprimer puisque nous osions penser qu'elle nous appprenait la mort de Robespierre.

Cette anecdote est amusante en effet

Il n'y a pas plus populaire dans toute la France que Mme Tallien, Notre Dame de Thermidor ! Elle est la reine de Paris et mène un train de vie fastueux, allée des Veuves ( aujourd'hui notre avenue Montaigne ) où le couple vient d'acheter " la Chaumière ", une maison recouverte de chaume mais à l'intérieur à l'antique, fastueux . Je ne résiste pas au plaisir de vous donner la couleur du jeté de lit jaune fifi effarouché !!!!!
Les Tallien reçoivent tout ce qui compte à Paris politiquement, et puis Joséphine la grande amie, Germaine de Staël, la duchesse d'Abrantès, Juliette Récamier, Aimée de Coigny ( à qui le prince de Ligne a écrit de si belles lettres du Caucase ).......
Une petite-fille vient au monde, Thermidor-Rose-Thérésia, dont Joséphine est la marraine. ( Rose est le prénom que Joséphine porte depuis l'enfance auquel elle renoncera bientôt. )
Teresa serait au comble du bonheur n'était l'amour possessif et jaloux de Tallien . Elle s'arrange pour faire expédier son encombrant époux au fin fond de la Bretagne réprimer un soulèvement royaliste : ça l'occupera un moment ! Ainsi peut-elle répondre aux avances de Barras dont elle devient la maîtresse.

Alors-là, j'en perds mon latin : j'avais laissé Joséphine aux Carmes amoureuse de Hoche, mais il semble qu'elle soit aussi la maîtresse de Barras ( en tout cas, Castelot s'interroge sur le point de savoir quand elle le devient ) . Les deux amies se partagent-elles Barras ???

C'est lui, Barras qui , un jour, amène chez Teresa un petit général noiraud, maigrichon, qui , non content de ne pas payer de mine, est affublé d'un nom pas possible : Nabulione Buonaparte .

Nabulione ! Ça ne s'invente pas !

 

Citation :

"Alors-là, j'en perds mon latin : j'avais laissé Joséphine aux Carmes amoureuse de Hoche, mais il semble qu'elle soit aussi la maîtresse de Barras ( en tout cas, Castelot s'interroge sur le point de savoir quand elle le devient ) . Les deux amies se partagent-elles Barras ??? "

Je te comprends, il y a de quoi ! Qu'est-ce qu'il est passionnant le feuilleton!

pimprenelle a écrit:

Nabulione ! Ça ne s'invente pas !

Nabulione, ça me fait penser à Maozedong !!!

Vous étonnerai-je si je vous dis que le petit Corse en pince aussi sec pour cette beauté sculpturale dont il connaissait la renommée avant de la rencontrer .
Comme c'est grâce à lui que nous avons pu vaincre les Anglais à Toulon, Barras conseille à Teresa d'être gentille . Elle flirte et lui laisse prendre des privautés. Elle va jusqu'à lui procurer de quoi se vêtir décemment. Mais le jour où, entrant dans la chaumière, Nabulione entend Teresa claironner à travers son salon: " Eh bien, mon ami, vous avez vos culottes ! ", il voudrait rentrer sous terre tellement il a honte !
La coquette s'amuse à l'affoler comme tous les autres. Elle y réussit à merveille . Bien des années plus tard, à Sainte-Hélène, Napoléon dira à Las Casas : " Mme Talllien était alors jolie à croquer; on baisait volontiers ses bras et ce qu'on pouvait ... "
( J'adore le " et ce qu'on pouvait ... " )
Il va jusqu'à la supplier de divorcer d'avec Tallien pour l'épouser . Et là, elle lui rit au nez ! Il lui en gardera toujours une rancune invincible; son amour naissant vire à la haine .

Et qu'est-ce que les dames avaient la cuisse légère !  de quoi nous faire fantasmer !!!

Madame TAS-LIENS quoi !  
Passionnant ! passionnant !