Voulait-on faire divorcer les souverains ?

Marquis d' Audacie a écrit:

Et l'on se souvient avec quelle force elle s'indigna, lors de son procès, contre l'accusation qui prêtait un caractère négatif a Louis XVI! Marie Antoinette répliqua avec colère: "Je ne lui ai JAMAIS connu le caractère que vous dites!" Preuve que, même après sa mort, elle continuait à défendre ce mari, avec qui elle avait traversé tant d'épreuves, et connu des joies et des malheurs...

Je suis d'accord avec le fait que Marie Antoinette a apporté tout son soutien au roi, et qu'elle ne l'a jamais trahi. Mais je n'entends pas tout à fait cette réplique comme vous. Voici la partie concernée :

L'accusateur public.
" Il parait prouvé, nonobstant les dénégations que vous faites, que par votre influence vous faisiez faire au ci-devant roi, votre époux, tout ce que vous désiriez. "

L’accusée.
" Il y a loin de conseiller de faire une chose à la faire exécuter. "

L'accusateur public.
" Vous voyez qu'il résulte de la déclaration du témoin que les ministres connaissaient si bien l’influence que vous aviez sur Louis Capet, que l'un d'eux l’invita à vous faire part du plan de campagne qui lui avait été présenté quelques jours avant, d'où il s'ensuit que vous avez disposé de son caractère faible pour lui faire exécuter de bien mauvaises choses ; car, en supposant que de vos avis il n'ait suivi que les meilleurs, vous avouerez qu'il n'était pas possible d'user de plus mauvais moyens pour conduire la France au bord de l'abîme qui a manqué de l'engloutir. "

L'accusée.
" Jamais je ne lui ai connu le caractère dont vous parlez. "
http://www.royet.org/nea1789-1794/archives/journal_tribunaux/tr_proces_marie-antoinette.htm

N'oublions pas que la reine, en ces circonstances, songe avant tout à sauver sa peau, l'accusation précise porte contre elle, et non contre le roi, qu'elle n'essaie donc pas de défendre.

De plus, on retrouve dans ses deux réponses la distance et l'amertume qu'elle a déjà exprimées à Mercy ou Fersen : elle ne peut s'emêcher d'éprouver de la rancoeur contre la personne qui est au dessus d'elle, et qu'elle sait inflexible. On est donc bien loin des caricatures, et Marie Antoinette était démunie devant un mari ferme.

La première fois que j'ai lu une pareille éventualité, c'était dans le Fersen de Françoise Kermina, qui parlait des désirs révolutionnaires de prouver l'adultère de la Reine pour La raser et l'enfermer dans un couvent...

Bien à vous.

L'enfermer dans un couvent, je m'en souvenais. Mais la raser... j'avais zappé !

pimprenelle a écrit:

Chou d'amour a écrit:

pimprenelle a écrit:

Elle ne m'en paraît pas moins une faute politique grave.

De vouloir les faire divorcer? Ah oui je pense aussi, car ça n'aurait rien changé au final, les ultras seraient allés jusqu'au bout

Votre point de vue Cécile est intéressant, et il est vrai que Louis XVI ne montrait pas forcément les mêmes idées que Marie-Antoinette. Cependant je pense néanmoins qu'il faut se méfier de son discours aux émigrés, car il ne voulait là que les calmer, et donc il avait tout intérêt à se dire maître de lui-même

Les deux, de vouloir faire divorcer les souverains, de séparer sur terre ce qui a été uni dans le ciel, comme considérait Marie Antoinette. Mais aussi de lui prêter un pouvoir qu'elle n'avait pas. C'est stupidement manichéen, c'est croire qu'une toute l'opposition vient de Marie Antoinette et qu'il suffit de la supprimer pour rendre le roi docile. Je me demande de qui a pu venir une idée aussi stupide.

Prêter du pouvoir à Marie-Antoinette est en effet une idée stupide tu as raison, mais malheureusement nous pouvons constater que ça n'est pas propre à cette époque....il y a peu de temps certains prêtaient du pouvoir à Cécilia Sarkozy, puis à Carla...juste pour critiquer le pouvoir en fait, et c'en était de même sous la révolution.
Mais concrêtement, oui ça ne sert à rien...

Merci pour cet extrait du procès
C'est vrai que dans ce contexte là elle essaie surtout de se sauver, même si en parallèle elle ne fait aussi que dire la vérité, ça tombe bien

Elle ment aussi parfois, lors de son procès. Normal.

Ah oui, sur les questions d'intelligences avec les autres puissances elle les a même bien baratinés
Marie-Antoinette était une excellente actrice

Elle risquait sa tête, et elle croyait encore pouvoir la sauver.

Oui, et elle a aussi suivi le conseil de ses avocats sur ce point, car eux-même se doutaient bien que Fouquier-Tinville n'avait rien

Certes...mais en même temps Elle est restée sincère puisqu'Elle a toujours défendu la couronne sans jamais retourner Sa veste...
On peut ne pas être du même bord...mais l'important est ,pour moi, de rester fidèle à ses idées...Beaucoup prouveront le contraire en souriant à Napoléon puis à Louis XVIII

Bien à vous.

Oui tu as raison, le conseil de ses avocats était de toute façon cohérent avec les principes de Marie-Antoinette. De son point de vue elle a communiqué avec l'extérieur pour la France, donc elle ne pouvait pas rentrer dans le jeu des accusateurs et elle ne pouvait que nier, ce qu'elle a fait superbement.

je ne comprends pas trop cette rubrique que je découvre.
Il était impensable, compte tenu de l'époque et des principes que l'on puisse divorcer et surtout pour un roi de surcroit "très chrétien", représentant le christ sur terre, et qui de plus aurait été excommunié, donc déchu de son trône!

Pour la famille royale oui, mais pour les révolutionnaires je ne pense pas qu'ils auraient pu s'arrêter à ce genre de détails

Oui, mais toujours compte tenu de l'époque, ils savaient bien que le peuple ne reconnaitrait pas cet état qui n'avait aucune valeur dans cette société ou le divorce n'était pas reconnu

Je ne sais pas, ça reste à voir je pense car en ce temps là les fondements mêmes de la monarchie et de la religion étaient sévèrement mis à mal

Non, non, le peuple était respectueux de ce que le roi représentait. Au fond d'eux la sacralisation était là.Il n'y a que les chefs révolutionnaires qui ont été irrespectueux en voulant tuer le roi. Il y a eu des révoltes populaires, le peuple de France profondément croyant en majorité était outré.La terreur a fait "accepter" ces choses!

Bien sûr, mais là en l'occurrence vis à vis d'un divorce c'était exactement la même chose : le faire accepter de force et l'imposer, juste pour faire avancer la révolution correctement Certes c'était idiot, mais leur logique était celle-ci.

tout à fait

Chou d'amour a écrit:

Oui tu as raison, le conseil de ses avocats était de toute façon cohérent avec les principes de Marie-Antoinette. De son point de vue elle a communiqué avec l'extérieur pour la France, donc elle ne pouvait pas rentrer dans le jeu des accusateurs et elle ne pouvait que nier, ce qu'elle a fait superbement.

Elle avait raison : l'accusation n'avait aucune preuve. Pas de lettres, rien.

Scapin a écrit:

je ne comprends pas trop cette rubrique que je découvre.
Il était impensable, compte tenu de l'époque et des principes que l'on puisse divorcer et surtout pour un roi de surcroit "très chrétien", représentant le christ sur terre, et qui de plus aurait été excommunié, donc déchu de son trône!

Pourtant, selon les historiens, l'idée de séparer la reine du roi a traversé l'esprit de La Fayette, au point même d'essayer de compromettre la reine.

Scapin a écrit:

Non, non, le peuple était respectueux de ce que le roi représentait. Au fond d'eux la sacralisation était là.Il n'y a que les chefs révolutionnaires qui ont été irrespectueux en voulant tuer le roi. Il y a eu des révoltes populaires, le peuple de France profondément croyant en majorité était outré.La terreur a fait "accepter" ces choses!

Je ne suis pas tout à fait d'accord. La révolution commençait sa campagne de désacralisation totale, en assimilant les famille royale à des animaux. De plus, il y avait bien longtemps que l'image de Marie Antoinette était écornée. Elle était traînée dans la boue, traitée de putain et de traîtresse à la patrie, d'Autrichienne. Rien n'empêchait de se débarrasser d'elle pour garder un roi pion constitutionnel. L'opinion publique était travaillée dans ce sens. Ce n'aurait pas été un divorce comme on l'entend maintenant, mais un répudiation d'une étrangère pour adultère. Cohérent. Mais ils n'y sont pas parvenus, Marie Antoinette étant, comme sa réponse à la Fayette le prouve, irréprochable.

De toutes façons, ils ont tué un roi et une reine...à côté de ça un divorce ça n'était pas grand chose
D'ailleurs le peuple aurait peut-être même préféré voir Marie-Antoinette répudiée plutôt qu'exécutée

pas tout le peuple! pas dans la majorité des campagnes, certains intellos des villes qui pouvaient lire les pamphlets.

Vous pensez que ces gens là, plus modérés justement, auraient préféré la voir exécutée plutôt que répudiée?

Scapin a écrit:

pas tout le peuple! pas dans la majorité des campagnes, certains intellos des villes qui pouvaient lire les pamphlets.

Il est vrai que la révolution s'est enflammée à Paris. Mais je ne crois pas qu'elle ne se soit pas répandue dans les campagnes. Le roi s'en est malheureusement rendu compte lors de son voyage vers Montmédy : beaucoup de villes et de villages lui étaient hostiles. Le ver était dans le fruit.

je répondais à la première 'intervention de Pimprenelle qui parlait de désacralisation.

A la deuxième ,pimprenelle confirme bien que c'est à Paris que ça s'est enflammé

Chou, de toute façon le divorce n'avait aucune valeur pour un mariage religieux, on est marié pour l'éternité devant Dieu, ils le savaient très bien et ils ont donc tué le roi et la reine.