L'Impératrice Marie-Thérèse

C'est vrai que Marie-Thérèse aurait dû lui expliquer ce qu'était le royaume de France.

Pas facile... Comment expliquer à sa fille qu'on l'envoie dans un pays où son seul droit sera de se taire et d'accoucher ? Sans doute a-t-elle préféré lui laisser ses illusions de petite fille... Par contre, Madame de NOAILLES aurait pu tenter de lui ouvrir les yeux, de lui expliquer son rôle. Elle a essayé d'ailleurs, mais comme le courant n'est pas passé entres elles... Et puis, avec son caractère de toute façon, MARIE ANTOINETTE n'aurait jamais accepté de faire de la figuration !

C'est dur , dur d'être reine de France au XVIIIe siècle...

Le plus difficile il me semble, c'est qu'outre le modèle dans lequel elle a été éduquée, on lui a vite fait comprendre qu'elle devait s'écraser en France, être la plus fidèle sujette de Louis XV puis de Louis XVI et en même temps, sa mère, son frère, Kaunitz par l'entremise de Mercy et Vermond lui demandaient de dominer ce mari soi-disant faible, de toujours rester bonne allemande, de soutenir la politique expansionniste de l'empire. Pas facile pour elle de savoir ce qu'il fallait faire.
Alors à mon avis, à un moment, parvenue à l'âge adulte, elle leur a tous dit "Zut" poliment et s'est réfugiée dans son monde du Petit Trianon, généreusement accordé et financé par son mari trop content de la voir là plutôt qu'à harceler ses ministres. Un petit soutien pour la forme envers sa famille, mais pas plus. Au désespoir de Mercy, de Kaunitz et de Joseph II.
Alors quand viendra la Révolution, sa famille à son tour ne lui accordera qu'un très léger soutien.

Le peu qu'elle a fait pour sa famille l'a à tout jamais affublé du surnom d'"Autrichienne". C'est triste quand on y pense.

Chère Olivia , ton récit est passionnant mais je me permets d'apporter deux précisions :

-Si Louis XV avait voulu conserver et annexer les Pays-Bas autrichiens méridionaux il aurait pu le faire : c'est grâce à l'entremise de la marquise de Pompadour qui entretenait déjà de bons rapports avec Marie-Thérèse , qu'il s'en retira et les rendit à l'Autriche .

Cela fut beaucoup repproché à Louis XV d'ailleurs , car le peuple ne comprenait pas qu'après des victoires et une occupation , les territoires ne soient pas annexés , comme cela était de mise sous le Roi-Soleil.

- d'autre part au sujet de la Guerre de Sept Ans , tu parles du tsar Pierre III et de Catherine II : à l'époque elle n'était que la tsarine Catherine , puisqu'elle ne prendra le titre de Catherine II qu'après l'assassinat de Pierre III.
A la mort de l'impératrice Elisabeth , la première décision de ce fou et dérangé de Pierre III fut d'immédiatement arrêter les hostilités contre Frédéric II qu'il admirait .
En effet Pierre III était avant tout allemand ( Pierre de Holstein-Gottorp , élevé à la dure à la cour d'Oldenbourg ) et détestait la Russie .
Si l'impératrice Elisabeth avait vécu quelques mois , voire quelques semaines de plus , la Russie aurait vaincu la Prusse qui commençait sérieusement à faiblir . Et cela aurait changé le cours de la Guerre de Sept Ans , notamment pour la France ( l'Autriche aurait quand même perdu la Silésie qui était protestante de toute façon ) .

Malheureusement pour nous , cette décision de Pierre III de se retirer des hostilités , fit que Frédéric II put alors concentrer ses troupes sur la France et l'Autriche ...

Par la suite , détesté du peuple russe , il est assassiné par les frères Orlov et une autre allemande est proclamée Impératrice sous le nom de Catherine II . Mais la Guerre de Sept Ans était déjà terminée , et le désastreux traité de Paris signé ...Dommage pour nous car Catherine II serait bien à nouveau entrée en conflit avec la Prusse pour terminer le " boulot " d'Elisabeth ..

Merci pour ces infos
En effet, il y a parfois quelques petits détails qui ne sont pas toujours très justes dans cette biographie. C'est parfois surprenant de lire un autre point de vue, à savoir autrichien.
Je me suis permise au passage concernant la tsarine Elisabeth Ière de rectifier Ière et non pas II comme le signalait le livre. Mais sûrement sauras-tu le pourquoi de cette numérotation. Après vérification sur Wikipédia, elle est bien numérotée Ière.
Moi aussi l'appeler Catherine II du vivant de son mari m'a un peu dérangé.

En effet Elisabeth était la première de ce nom et il n'y en eut jamais de deuxième , du moins en Russie

L'abondant courrier des enfants qui vivaient par la suite dans différentes cours princières d'Europe témoigne du fait qu'ils n'appréciaient pas toujours la sollicitude maternelle et que l'amour n'était pas forcément réciproque. Même adultes et loin de la cour de Vienne, la plupart des enfants craignaient tout autant leur mère dominatrice et résolue qu'ils la respectaient.

Dès son arrivée au pouvoir en 1740, Marie-Thérèse s'efforça d'établir un horaire personnel, afin de pouvoir consacrer autant de temps aux affaires de l'Etat qu'à sa famille. Les parents impériaux partageaient le souci de préserver intacte la vie familiale et l'éducation de leur nombreuses descendance était au centre de leurs préoccupations.


François Ier Stéphane et Marie-Thérèse dans le cercle familial. Gravure sur cuivre de J. M. Probst. Vers 1760.

Pour plus de détails :

Marie-Thérèse en souveraine dans une robe à dentelles. Peinture à l'huile de Martin van Meytens. Vers 1750-1755.


Marie-Thérèse avait des idées concrètes quant à l'éducation à donner à ses enfants et les transmettait sous forme d'instructions ais Ajas et Ajos comme se nommaient les précepteurs et préceptrices. Les tout-petits, nés à peu d'intervalle, étaient logés dans ce qu'on appelait la "Kindskammer" (chambre d'enfant), où ils étaient généralement confiés aux bons soins de la femme de chambre et de ses assistantes.
Dès l'âge de cinq ans, chaque enfant se voyait attribuer son propre appartement, composé de plusieurs pièces et pour les archiducs, le personnel féminin était remplacé par des hommes. En plus de l'Ajo, qui était la personne responsable, plusieurs professeurs et un confesseur particulier assumaient l'éducation des enfants.
Ce n'est qu'à l'âge de quinze ans qu'ils avaient droit à leur propre cour, à moins que, déjà mariés, ils n'eussent quitté la cour de Vienne.

Les parents exhortaient leurs enfants à entretenir entre eux de bonnes relations et Marie-Thérèse y fut aussi pour beaucoup si, plus tard, alors que les frères et soeurs vivaient déjà dans des cours éloignées, ils se rendaient visites et se soutenaient.




Marie-Anne, Marie-Christine et Marie-Elisabeth sur une fourrure d'hermine. Peinture à l'huile de Martin van Meytens. Vers 1744.

Marie-Thérèse et François Stéphane n'étaient pas partisans d'une stricte observance de l'étiquette ; tous deux privilégiaient -tant dans le cercle familial que lors de manifestations ou de visites officielles- une atmosphère détendue, établissant ainsi un lien plutôt inhabituel pour l'époque entre la représentation impériale et le caractère privé de la vie de famille.

Bon mince alors. Si quelqu'un s'y connaît, mon appareil photo bloque. J'ai voulu l'éteindre et il semble en pause sans que l'objectif ne soit rentré.

La robe de dentelles est somptueuse

Et ce livre a l'air bien illustré

Pour l'appareil , je ne sais pas . Pourquoi tu ne scannes pas ? c'est plus facile .

Non, ce n'est pas plus facile parce qu'il me faudrait alors sélectionner les images et je n'y arrive pas. Et je ne peux pas emmener mon imprimante/scanner sur mon lit!
Il est déjà bien assez encombré de livres, d'appareils ... Et je me vois mal passer ma soirée auprès de mon bureau. Je suis en vacances!

Je suis allée voir au site de dépannage de mon appareil, a priori il serait tout simplement déchargé mais sans être pessimiste, je n'y crois guère.

C'est dommage parce que j'arrivais à la partie éducation et une mini-bio concernant chacun des enfants. Avec plein de portraits que je ne connaissais pas.

Oh dommage !

Moi mon imprimante est wifi , c'est très pratique .

Enlève la batterie de ton appareil , et remets-la , peut-être que cela va le redéclencher

C'est ce que j'ai fait!
Maintenant j'attends patiemment qu'il se recharge.

Mon appareil photo semblant revenir à lui, je puis reprendre mon expédition dans la vie de Marie-Thérèse.

Education et formation des enfants

Le couple impérial était soucieux d'assurer une bonne éducation à ses enfants. Le personnel enseignant, soigneusement sélectionné recevait des instructions précises ; même les emplois du temps étaient élaborés en commun. Les progrès des enfants sur le plan de l'éducation étaient suivis avec attention et commentés avec les professeurs et Ajos respectifs lors de réunions régulières. Marie-Thérèse exigeait du personnel enseignant et éducatif qu'il prenne en compte les traits de caractère de chacun tout en développant
les talents spécifiques. Aussi l'enseignement devait-il être conçu de manière à être intéressant pour chacun des élèves.

Je trouve ça épatant que de telles considérations aient pu émerger dans la tête des parents impériaux. L'Emile de Roussseau ne date que de 1762, l'éducation de la plupart des archiducs étant quasi achevée. Comme quoi ces idées étaient dans l'air du temps. Bravo encore : non seulement un couple moderne, mais aussi des parents modernes (du moins sur cet aspect) !
C'est pour nous éducateurs, le but à atteindre : un enseignement propre à chaque élève. Même si nous devons donner le même programme, unique et commun, à près de 25 individus différents.
Les archiducs et archiduchesses avaient des cours à la carte! Tant mieux pour eux!

C'était donc aux parents que revenaient le choix du personnel éducatif pour les enfants. Et ils semblaient éprouver quelques difficultés à trouver, et surtout à garder, les personnes répondant à leurs exigences. C'est ainsi, par exemple, que la préceptrice de Marie-Amélie fut relevée de ses fonctions pour s'être montrée trop sévère vis-à-vis de la fillette timide et plutôt réservée, et ce alors que Marie-Thérèse prônait l'obéissance comme vertu essentielle.
Incroyable, non ?

Le "Fürstenspiegel" (Le miroir du prince), un ouvrage universellement apprécié, qui dispensait des conseils pratiques et définissait clairement les buts éducatifs, rédiggés à l'attention des enfants de la noblesse, était à la base de cette éducation. On y accordait une place prépondérante à la formation du caractère, un thème cher à Marie-Thérèse qui désirait que ses fils reçoivent une éducation les rendant aptes à devenir de bons régents.

Venait donc ensuite la transmission du savoir, axée d'un côté sur la culture générale, de l'autre sur le savoir spécifique nécessaire à la future carrière de l'élève. Ainsi par exemple, Marie-Antoinette reçut en tant que future reine de France, une formation soignée dans les domaines de la danse et de l'étiquette (il faudrait demander à madame de Noailles ce qu'elle pense à ce propos ), considérant qu'on y attachait une grande importance à la cour de Versailles.

En ce qui concernait les fils, la formation militaire, objet de l'attention particulière de Marie-Thérèse, en devait pas non plus être négligée. Déçue, elle dut constater que les jeunes archiducs ne s'intéressaient que modérément, voire pas du tout, aux affaires militaires, bien qu'ils eussent tous, dès l'âge de cinq ou six ans, été nommés commandants de régiment.


Les trois fils aînés du couple impérial : Joseph (au milieu), Charles-Joseph (à droite) et Pierre-Léopold (à gauche) en tant que titulaires de régiment. Peinture à l'huile de Martin van Meytens. Vers 1755.

Merci de nous faire partager toutes ces informations. Il est super génial votre livre, chère Olivia.

Je vois très bien la mama Marie-Thérèse dire : "Ils sont beaux mes fils!" et ... "Mes filles sont bonnes à marier !".


Marie-Thérèse en costume turc avec masque. peinture à l'huile de Martin van Meytens. Vers 1745.

L'enseignement des enfants se faisait en deux étapes. Ils apprenaient d'abord les bases, avec des matières telles que la lecture et l'écriture, le latin, les langues étrangères, l'histoire, la géographie, la géométrie, l'architecture militaire, les mathématiques, la musique, la danse et la culture physique. L'enseignement religieux, quant à lui, précédait de deux ans cet enseignement général. La deuxième étape, achevée entre quatorze et dix-sept ans, était consacrée à des études d'un niveau supérieur et comprenait la métaphysique, la logique, la rhétorique, les mathématiques, le droit, l"histoire et l'enseignement des langues.

En plus de ces disciplines, les parents, ne raison de leurs propres intérêts; tenaient à ce quel leurs enfants bénéficient également d'une formation artistique et musicale solide. Elle-même passionnée de danse dans sa jeunesse, Marie-Thérèse se montrait aussi très douée pour le chant. Ce qui valut aux enfants de recevoir aussi un enseignement dans le domaine de la musique et de la danse ; si l'enseignement du chant était privilégié pour les filles, celui de l'apprentissage d'un instrument prévalait chez les garçons. En 1747, Schönbrunn disposa de son propre théâtre qui fut inauguré à l'occasion de la fête de l'empereur par une représentation donnée par ses enfants.
De nombreux tableaux montrent des scènes de redoute, de bal, de fêtes masquées ou autres festivités où les enfants et des membres de la cour sont les acteurs principaux sous l'oeil attentif de la population. Baptêmes, remises de décoration, mariages, bals masqués pour enfants -l'agenda de la famille impériale et de la cour de Vienne était marqué par ces manifestations que le couple impérial avec sa nombreuse descendance mettait à profit pour accroître le prestige de sa cour.

Madame de Chimay a écrit:

Merci de nous faire partager toutes ces informations. Il est super génial votre livre, chère Olivia.

Je suis contente de vous faire plaisir et comme je l'ai déjà dit c'est un plaisir pour moi de partager ces découvertes!

Ma Chère Olivia,

Vous êtes un amour.

Je vous jure que c'est avec la plus grande joie que je recopie mots à mots ce livre. J'ai tellement été frustrée dans ma vie de me contenir de parler de Marie-Antoinette que désormais avec le Boudoir, je me lâche totalement.

Qui d'autres que les membres du Boudoir peuvent craquer devant un portrait de Marie-Thérèse à 3 ans, de s'amuser à chercher des noms d'archiducs et d'archiduchesses morts il y a bien longtemps en-dessous d'une gravure ?

Et j'aime partager mes passions. Ça tombe bien, le Boudoir est consacré à ma passion n°1 : Marie-Antoinette.

Vous aussi chère princesse, vous êtes un amour!

Joueuse de flûte. Aquarelle signée Marie-Anne. Vers 1755.


Jeune dame au chapeau. Aquarelle signée Elisabeth. Vers 1755.

Le dessin et la peinture figuraient également au programme des études pour les enfants, des matières dans lesquelles les filles excellaient particulièrement. Elles réalisèrent avec leur père, tout aussi doué qu'elles, de nombreux travaux artistiques qui ont entre autres été utilisés pour décorer les appartements impériaux de Schönbrunn.
Le contenu de l'enseignement était si riche et si difficilement maîtrisable que les enfants étaient occupés du matin jusqu'au soir par leur programme quotidien. Ce n'est qu'ne fin de journée que la famille se retrouvait pour passer la soirée ensemble, pour jouer et danser.


Comédiens en ville. Aquarelle signée François Stéphane. Vers 1755.


La chambre aux porcelaines du château de Schönbrunn. Décorée de nombreux dessins à l'encre de Chine réalisés par la famille impériale.


Bien évidemment, disputes et jalousies étaient à l'ordre du jour, d'autant que Marie-Thérèse avait tendance à marquer des préférences pour certains de ses enfants, au contraire de François Stéphane qui leur prodiguait sans aucune distinction, tendresse et bonté, toujours soucieux de préserver, au sein de sa famille, une atmosphère harmonieuse, allant jusqu'à favoriser ceux qui étaient lésés par leur mère (Marie-Anne, Marie-Amélie et Ferdinand) et à les protéger au cours de leurs querelles avec leurs frères et soeurs.

Je trouve ça terrible une mère qui marque une prédilection visible pour certains de ses enfants.

Olivia a dit : "Je trouve ça terrible une mère qui marque une prédilection visible pour certains de ses enfants. "

Oui, parce que cela favorise les haines et les jalousies et après cela fait des querelles terribles au moment de l'héritage.
On devrait aimer également ses enfants et ne pas faire de préférences.

Pour en revenir aux princesses , chère Olivia, savez-vous si des dessins , tableaux ou aquarelles des princesses ont traversé les siècles ? Avez-vous eu des renseignements à ce sujet à Schönbrunn ?

J'ai pensé à vous ce matin. J'ai demandé à notre chère reine de vous le donner ce permis.

Oui, Marie-Antoinette est derrière moi!
Elle aurait adoré passer son permis!
L'examen débute à 15h45.

Toute la pièce que j'ai prise en photo est ornée d'oeuvres des enfants et de leur père. Et il y en a d'autres dans Schönbrunn! On connaît beaucoup d'oeuvres des archiduchesses.
Je ne crois pas, sauf peut-être au début, qu'elles étaient aidées par un vrai artiste, comme l'était Marie Lezscynska. J'en parlerai plus tard mais Marie-Christine a été reçue à l'académie de Saint-Luc de Rome! Son rang d'archiduchesse ne suffit pas à l'y inscrire. Les filles de Marie-Thérèse avaient un réel talent artistique. Marie-Antoinette est plus connue pour ses dons musicaux incontestables mais elle s'est adonnée elle aussi au dessin, suivant les traces de ses aînées, toujours sous l'oeil attentif de leur père.


Cette oeuvre est de la petite madame Antoine et représente son père.

Quel talent ! Aussi grand que celui de la princesse de Windisch-Graetz qui vit chez nous en Belgique. Cette princesse est la descendante de Rodolphe de Habsbourg.

Il faut croire que les Habsbourg étaient artistes dans l'âme, comme tout bon Autrichien. Quoique l'empereur François-Joseph dont cette même princesse descend en été très loin. Plutôt l'esprit administratif et militaire! pas gai. Sa femme Elisabeth Wittelbash reprendra le flambeau des arts et le transmettra peut-être un peu trop à leur pauvre fils Rodolphe.