Marie-Antoinette... Qu'a-t-Elle voulu dire ?

J'ai récemment re-vu certains passages de l'Autrichienne,

"Larivière, vous savez qu'ils vont me faire mourir? "

cette phrase est elle fictive ? est ce un mythe pour faire vivre la légende de la citoyenne, dite " Marie Antoinette " ?
Et surtout, qu'a -t-elle bien voulu dire ? est-ce un adieu comme certains le pensent ?

Ravachol a écrit:

J'ai récemment re-vu certains passages de l'autrichienne,

"Larivière, vous savez qu'ils vont me faire mourir? "

cette phrase est elle fictive ? est ce un mythe pour faire vivre la légende de la citoyenne, dite " Marie Antoinette " ?
Et surtout, qu'a t elle bien voulu dire ? est ce un adieu comme certains le pensent ?

Cette réplique m'interpelle aussi. Elle est authentique, et rapportée par Larivière lui-même, si mes souvenirs sont bons. Cela dit, elle ne cadre pas bien avec l'état d'esprit que décrit le film à ce moment-là. Il en va de même pour la plupart des témoignages de la fin de vie de notre reine. Sans se contredire carrément, ils introduisent des nuances qui prêtent à interrogations...

"Larivière, vous savez qu'ils vont me faire mourir? "

Il y a beaucoup de nuances possibles dans cette interrogation qui n'en est pas une, on le sent bien, et d'abord une espèce d'incrédulité devant l'horreur de la mort, comme si Marie-Antoinette disait : " Pincez-moi; je fais un cauchemar; je vais me réveiller ! " , en même temps qu'une prise de conscience de la réalité inéluctable.
Non ! ce n'est pas un mauvais rêve dont elle va se réveiller .
" Vous savez qu'ils vont me faire mourir ? " Elle veut s'en persuader elle-même . Elle s'interdit tout vain espoir que les choses tournent mieux parce qu'elle est totalement sans défense livrée à ses ennemis, malgré le zèle courageux dont ont fait preuve ses avocats . Les dès étaient pipés et son procès bidon : ils savaient qu'ils allaient la faire mourir .
C'est aussi l'aveu de sa déchéance . Elle, la Reine de France, la fille de Marie-Thérèse, ses sujets vont venir comme au spectacle pour la voir mourir .
L'accablant pluriel " ils " désigne le reste du monde . Elle n'a plus autour d'elle que des ennemis acharnés à l'abattre .
... " me faire mourir " évoque la soudaineté et la violence de la mort décidée, programmée, infligée par la guillotine .

Citation :

 ... " me faire mourir "  évoque la soudaineté et la violence de la mort décidée, programmée, infligée par la guillotine  .

M'oui, mais...
Je chipote, sans doute, mais il y a pourtant une légère différence entre "me faire mourir" et "me tuer" (beaucoup plus agressif et volontaire).

C'est parce que Marie-Antoinette s'exprime avec élégance toujours, plutôt qu'agressivité .

Et puis, ce sont eux qui tuent, agressifs et volontaires; c'est elle qui meurt , nuance .

Justement, Marie Antoinette s'exprime souvent avec une certaine crudité. Mais peut-être "me faire mourir" était-il une expression courante à l'époque ? Et puis, ces paroles sont rapportées, pas écrites. Donx, quelque peu sujettes à caution...

pimprenelle a écrit:

Justement, Marie Antoinette s'exprime souvent avec une certaine crudité. ...

Oui, sans doute, encore que sa crudité de langage ne soit pas la nôtre, loin s'en faut ...

Je suis d'autre part assez étonnée par la différence de langage entre les citations par témoins ("je vous demande excuses", "je vois à peine à me conduire", "ils vont me faire mourir"), et les lettres de la reine elle-même. Les expressions qu'elle utilise lorsqu'elle écrit sont beaucoup plus modernes que celles qui sont rapportées. Etrange, non ?

Je vois ce que tu veux dire . C'est étrange oui et non . Sa position n'était plus la même .
Son arrogance, pauvre chérie, avait du plomb dans l'aile, même si elle restait digne et hautaine devant ses geôliers et ses juges .

Elle s'était toujours battue si courageusement, jusqu'au bout !
Si tant est qu'elle ait bien prononcé cette phrase, il y a dans son " ils vont me faire mourir " un fatalisme accablant .

Mais, voilà... parmi toutes ces phrases, lesquelles Marie Antoinette a-t-elle vraiment prononcées ?

Les répliques lors de son procès sont en accord avec le style de sa correspondance, net, précis et incisif. Idem pour sa dernière lettre. Quel que soit son état mental à ces moments-là, il y a une cohérence.

Citation :

C'est parce que Marie-Antoinette s'exprime avec élégance toujours, plutôt qu'agressivité .

Oui, mais ce n'est pas être agressif que de dire : ils vont me tuer.

Je partage l'avis de Pimprenelle, elle s'exprime plutôt bien (mieux) en français avec l'âge : dans ses lettres, tout d'abord ; mais aussi, comme le souligne Pimprenelle, à la lecture du procès verbal de son interrogatoire ,où elle se montre peu bavarde mais habile.
J'ajoute enfin qu'avec la position qu'elle avait, elle s'est certainement très vite rendu compte que la langue française est toute en nuance, et qu'un mot n'en remplace pas un autre (ou une tournure de phrase).
On a probablement dû la piéger à quelques occasions.

Si cette phrase a bien été rapportée comme telle, elle pourrait en effet sous-entendre qu'elle pense ne pas être forcément exécutée ; mais que les peines, la fatigue, les conditions de son incarcération et l'acharnement dont elle est la victime vont avoir raison de sa résistance (vaine ou pas).


Mais en fait, je crois ne pas vraiment comprendre votre questionnement,  et le sujet de ce fil...  

pimprenelle a écrit:

Je suis d'autre part assez étonnée par la différence de langage entre les citations par témoins ("je vous demande excuses", "je vois à peine à me conduire", "ils vont me faire mourir"), et les lettres de la reine elle-même. Les expressions qu'elle utilise lorsqu'elle écrit sont beaucoup plus modernes que celles qui sont rapportées. Etrange, non ?

Peut-être que ces phrases rapportées dans des contextes très dramatiques pour elle (son exécution, son procès) voulaient montrer une faible femme victime d'un destin tragique. Or ses lettres et le compte-rendu de son procès montrent plus une femme qui n'hésite pas à être incisive, ironique, battante. Caractères qui n'entrent pas dans le carcan de l'idée de la femme, passive face à sa destinée.

..... par agressivité, je vous citais . Voyez plus haut .

Et sinon, je suis également tout à fait d'accord avec l'analyse de Pim et le commentaire que vous en faites .  Nous sommes tous admiratifs de la finesse et de l'esprit d'à propos de Marie-Antoinette .

Par ailleurs, je trouve intéressante votre suggestion d'interprétation au sens figuré de " me faire mourir " . Pourquoi pas ?

En revanche, je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas ...  
Nous nous interrogeons simplement sur l'interprétation d'une phrase qu'on lui prête.  Voilà tout ... Pourquoi cela vous pose t-il un problème ?

"Qu'ils vont me faire mourir" suggère que Marie-Antoinette reste encore le sujet de l'action ...
"Qu'ils vont me tuer" La rendrait complément d'objet direct et donc passive.
Ainsi , Marie-Antoinette bien que forcée à un destin non choisi, reste maîtresse de Ses pas jusqu'à la mort. Et c'est d'ailleurs l'impression qu'Elle donnera à tous.

Bien à vous.

Les deux "me" sont tous les deux COD !
"Ils vont faire mourir qui ? Moi. C'est bien un COD.
Je passe aussi plusieurs heures par jour sur ce thème.

olivia a écrit:

Les deux "me" sont tous les deux COD !
"Ils vont faire mourir qui ? Moi. C'est bien un COD.

Mais ces deux COD diffèrent !
"Me faire mourir" est un ensemble de COD actif.
"Me" reste passif...
Me trompé-je?
En tous cas je persiste dans la différence des deux formules !

Bien à vous.

Pour la voie passive grammaticale, il faudrait l'auxiliaire être, le verbe au participe passé et un complément d'agent (sujet de la voie active).
Je ne connaissais pas les COD actif. Ou pas retenu...
Je comprends à peu près ce que vous voulez dire et j'y adhère mais je ne vois pas le terme grammatical exact, trop la flemme.

olivia a écrit:

Je ne connaissais pas les COD actif. Ou pas retenu...

C'est une invention personnelle, mais c'est vous qui chipotez, alors...

Bien à vous.

Majesté a écrit:

olivia a écrit:

Je ne connaissais pas les COD actif. Ou pas retenu...

C'est une invention personnelle, mais c'est vous qui chipotez, alors...

Bien à vous.

Ah vous me rassurez, je croyais avoir un gros manque sur les COD! Ce serait embêtant pour ma situation.

Chipoter pour chipoter , toute chipoterie d'analyse logique et chipotage de vocabulaire mis à part, nous t'avons très bien compris, cher Majesté. C'est l'essentiel .

Si toi , au moins , tu me comprends, c'est déjà beaucoup !!!  

Bien à vous.

olivia a écrit:

Je comprends à peu près ce que vous voulez dire et j'y adhère mais je ne vois pas le terme grammatical exact, trop la flemme.

Je n'étais pas non plus trop hermétique à vos propos!

C'est que nous en avons bien discuté tout à l'heure !

Ravachol a écrit:

est-ce un adieu comme certains le pensent ?

Euh...moi pas comprendre.  

Non, n'est-ce pas !