Le docteur Saiffert

Complètement. En plaçant l'humilité comme une de leurs principales qualités.

Oui. Je continue ce beau cv : " Après avoir exercé pendant cinq années la médecine rurale, il était venu habiter Pont sur Seine , où , pendant deux ans , il avait rempli " ces mêmes devoirs envers l'humanité souffrante". Là, il avait été attaché comme médecin , au prince Xavier de Saxe , qui tout de suite l'honora de sa confiance et plus tard de son amitié. Il donna ses soins à la comtesse de Lusace , qui souffrait d'insomnies et de vapeurs ; il resta en correspondance avec l'Altesse germanique , jusqu'au jour où il offrit au prince sa démission pour un motif resté obscur ; tout ce qu'on sait, c'est qu'il fut signalé, par son ancien protecteur , au lieutenant général de police, ainsi que son intendant que le prince avait renvoyé dans le même moment. Saiffert parle , à ce propos, " d'actes d'injustice et de despotisme" sans préciser davantage. "

Tiens, tiens, un accroc à ce beau cv !

Louche, encore une fois.
Bien entendu, le prince (oncle de Louis XVI) le renvoie injustement et agit en despote!

Je vais vous souhaiter une bonne nuit et à demain.

De même chère Olivia ! Bonne nuit !

"En quittant Pont sur Seine, Saiffert s'était rendu à Paris et avait pris un appartement dans la maison du dentiste Bourdet, rue Croix des Petits Champs . A peine s' y -était-il installé , qu'il se plaignait des persécutions dont il était l'objet de la part du gouvernement monarchique; mais les succès qu'il obtint dans sa pratique lui valurent des protections qui réduisirent ses ennemis au silence.

Il a soigné des hommes comme Deffieux, Dubuisson , accusés d'être des agents de l'étranger et complices de tous les partis. Il s'est opposé , à maintes reprises , à leur admission comme membres du club dont il faisait partie, déclarant qu'il se retirerait si on les admettait. C'est lui qui, à Londres , en 1790 , avait traité Philippe-Egalité, pour un mal de nature peu avouable. Connaissant l'influence qu'exerçait le médecin sur son pusillanime client , on avait profité de cette circonstance pour le charger de déterminer ce dernier à rentrer en France. Laclos avait été mêlé à cette négociation.

Seiffert avait acheté , au nom du duc d'Orléans , une maison que celui-ci possédait rue des Bons Enfants à Paris , pour être cédée à un nommé Dufresne, premier commis et confident de Necker. Et " c'est par là que les deux partis ( modéré et avancé ) , divisés en apparence , associés en secret , communiquaient et conspiraient ensemble."

Tiens, c'est la première fois que j'entends que Philippe Egalité conspirait avec Necker.

C'est vraiment très intéressant!
Je ne le pensais pas si proche du duc d'Orléans et mêlé à ce point à la politique.

Madame de Chimay a écrit:

" C'est lui qui, à Londres , en 1790 , avait traité Philippe-Egalité, pour un mal de nature peu avouable. "

Mais encore? en savez-vous davantage?
N'est-ce pas avouable pour la décence ou pour l'origine de ce mal?

Bien à vous.

Majesté a écrit:

Mais encore? en savez-vous davantage?
N'est-ce pas avouable pour la décence ou pour l'origine de ce mal?

Eh bien Majesté...une maladie vénérienne !

C'est donc bien à une des manières inavouables de porter un mal auxquelles je songeais

Bien à vous.

olivia a écrit:

C'est vraiment très intéressant!
Je ne le pensais pas si proche du duc d'Orléans et mêlé à ce point à la politique.

Plus encore que vous croyez...Jugez-en plutôt ! " Necker conserve une dette énorme envers le chef de la conspiration , le duc d'Orléans : l'action en faveur de son rappel en 1788.
"Le duc avait mis Necker dans ses intérêts ; il le soutint de tout son crédit contre les artifices de la reine , à qui ce financier refusait de l'argent . Il l'appuya contre les complots des princes confédérés ( allusion au Mémoire des Princes , avril 1789 ) qui avaient juré sa perte. Il l'avait fait nommer directeur -général des finances. Necker ne fut point ingrat, il recommença ses comptes, il en fut quitte pour effacer des zéros, et se trouva dans la possibilité de faire passer au duc d'Orléans , son protecteur, des sommes immenses."

S'il est établi que, sous Louis XVI , le duc d'Orléans reçoit les concours du Trésor royal que Louis XV lui avait retirés, en revanche , exception faite de l'avance de 4 millions par Calonne, aucun autre chiffre n'existe. Le secret de ces transferts reste bien gardé. Enfin cet auteur anonyme témoigne avec insistance : "Il est donc vrai que le duc d'Orléans est l'ami constant de Necker , qui lui fournit constamment tout l'or même celui qu'il ne demande pas". Or, la consigne accordée par Philippe au ministre n'est plus qu'apparente en 1789. A l'inverse , comment ne pas s'interroger sur ces flux financiers?
Pour ses vastes projets, le duc d'Orléans a sans cesse besoin d'argent ; et il ne cache pas cet appétit. Ne voyons rien d'étonnant à ce que Necker , son obligé ait eu quelque complaisance à son égard en couvrant les avances du banquier de la Cour, Laborde de Méréville , en signant ou laissant signer de faux bons d'escompte. Un commis du contrôle général, David , ne s'est-il pas, en outre , livré à la mascarade de la motion du Palais Royal le 26 juin ?
Depuis janvier, le club d'Artaud , au même endroit , ne sert-il pas à Necker de moyen d'information ? Le ministre ne figure t-il pas comme " un ange tutélaire dans les discours et l'esprit de la faction d’agioteurs qui ( fait ) marcher le Palais Royal et les faubourgs de la capitale « ?

Le Trésor royal peut indubitablement se prêter à ces opérations : Sénac de Meilhan , grand ami du maçonnique Prince de Ligne , expose dans ses Considérations sur la richesse et le luxe , publiées en 1789 , que la dette publique est inférieure d’un tiers à celle de 1715, ce qui détruit la colossale erreur de la crise financière aiguë, alimentée par Necker , et grossie par les ennemis du roi. Le même Sénac éclaire bien dans ses écrits la responsabilité de Necker dans les démissions successives du roi . Et , sans les nommer , il désigne quelques personnages postés opportunément dans le vide du pouvoir comme les auteurs des mouvements nécessaires au déclenchement des mécanismes de la Révolution.

Dans le financement des actions du duc d’Orléans , Mirabeau tient les cordons de la bourse. Le comte de Saint Priest , un habitué du Palais Royal et des fêtes champêtres des Mousseaux en témoigne : « C’est avec l’argent de ce prince qu’il fomentait des émeutes à volonté, et même avec jactance et sarcasme. »

Source : Philippe Egalité « Grand maitre « de la Révolution de Hubert La Marle
Nouvelles éditions latines, 1989 , 831 p : 39,50 euros
Extrait de la page 221-222

Tout ceci explique amplement pourquoi à l'annonce de son renvoi, l'émeute est partie du Palais-Royal!

Oui. Tout s'explique en effet !

Curieux comme ce genre de détails est occulté!

Eh oui !

Au fond, c'est dans les livres très anciens et très récents qu'on a des informations !

Comme ceux de Lenotre!

Oui et ceux du docteur Cabanès. Je continuerais à vous faire partager ce livre . Peut-être trouverais-je d'autres détails intéressants.

Oui avec plaisir!

Le médecin des grands de ce monde!

Oui, tout à fait , chère Olivia , vous ne croyez pas si bien dire ! C'est qu'il avait du succès le beau docteur . Efficace et compétent apparemment dans son métier puisqu'il donnait toute satisfaction. Et en plus, il était beau gosse. C'était le chéri de ces dames ! Le médecin qu'on s'arrachait !


Comme j'aime ce trait d'humour de notre reine. Elle aurait pu dire cela pour tous les révolutionnaires réunis ...

"Ce fut encore Saiffert que feignit de consulter Saint Just , " pour un sang calciné par l'étude que lui causait un mal à la tempe". Le médecin rendit plusieurs visites à son malade, car sa note d'honoraires ne s'éleva pas à moins de 200 livres. Détail piquant, le jeune garnement prit le pour dépouiller sa mère de toute l'argenterie qu'elle possédait, d'une bague fine faite en rose, plus deux pistolets garnis en or et des galons d'argent, provenant des anciens uniformes de son père.
Non content de lui enlever ses objets les précieux ,ce fils dénaturé alla jusqu'à unjurier et maltraiter sa mère , au point qu'elle demanda et obtint la réclusion de son enfant dans la maison de santé de Mme de Sainte Colombe , à Picpus. Il y resta 10 mois , ce qui n'empêcha pas Saint Just de devenir un personnage important et de présider plus tard aux débats de la Convention Nationale.

Saiffert assure qu'il avait refusé d'être le premier médecin de l'impératrice de Russie , qui lui aurait offert 50 000 livres d'appointement et le rang de lieutenant-général."

Saint-Just , fils indigne ? Au fond , cela ne m'étonne pas. Déjà que les révolutionnaires ne respectaient rien , alors leur mère....
C'est lâche et indigne pour un homme de frapper une femme et c'est encore plus laid de frapper sa mère !

Madame de Chimay a écrit:

"On a été jusqu'à prétendre que Saiffert avait guéri d'une maladie secrète Talleyrand et sa future épouse, alors sa maîtresse , Madame Grant. Le libelliste qui risque cette allégation , plus que douteuse, ajoute que le ministre fit bannir plus tard l'homme qui lui avait donné des soins ainsi qu'à son épouse parce qu'il en "savait trop ! ". L'exil du docteur aurait duré trois ans ; mais, nous le répétons, nous ne nous portons pas garant d'un témoignage aussi suspect .

Non. Ce n'est pas vraiment ça.
La "maladie secrète" était plus probablement celle...d'un accouchement !
Celui de la fille supposée de Talleyrand et Mme Grant.
Hors mariage, évidemment.

Madame de Chimay a écrit:

"[i]Ce fut encore Saiffert que feignit de consulter Saint Just , " pour un sang calciné par l'étude que lui causait un mal à la tempe". Le médecin rendit plusieurs visites à son malade, car sa note d'honoraires ne s'éleva pas à moins de 200 livres. Détail piquant, le jeune garnement prit le pour dépouiller sa mère de toute l'argenterie qu'elle possédait, d'une bague fine faite en rose, plus deux pistolets garnis en or et des galons d'argent, provenant des anciens uniformes de son père.

Il ne le prit pas pour dépouiller sa mère. C'est l'inverse.
Après ce vol, Saint-Just, pour se justifier, aurait écrit à la place d'un soi-disant docteur consulté (mais le nom n'est pas celui de Saiffert) une sorte de compte-rendu médical.
Pour info, l'un des pistolets que Saint-Just portera à la bataille de Fleurus, est exposé à Carnavalet.

Madame de Chimay a écrit:

Non content de lui enlever ses objets les précieux au point qu'elle demanda et obtint la réclusion de son enfant dans la maison de santé de Mme de Sainte Colombe , à Picpus. Il y resta 10 mois.

Vrai.
Ahhhh...la vertu !

Madame de Chimay a écrit:

C'est lâche et indigne pour un homme de frapper une femme et c'est encore plus laid de frapper sa mère !

Il n'a pas frappé sa mère ; il l'a volé...c'est déjà assez.

Saint-Just a presque toujours été en conflit avec sa mère, un peu comme un adolescent l'est avec ses parents. Mais non il n'a jamais frappé sa mère, il l'a volée sur un excès de colère alors qu'elle refusait de lui prêter de l'argent    Peu honorable de sa part il faut bien le dire, mais sa mère a aussi extrêmement bien répliqué en portant plainte contre son fils et en le faisant envoyer en prison!