Une tante de Marie-Antoinette chanoinesse à Mons

C'est un super livre que le livre de Pierre Heili Comme il le dit dans son intro : " A ce jour, la biographie d'Anne-Charlotte n'a guère tenté les historiens. Elle est signalée souvent dans de nombreux ouvrages d'histoire lorraine ou romarimontaine , mais seules deux études lui ont été consacrées , par des historiens belges à propos de son séjour à Mons. Il s'agit d'un article ancien de R. Châlon ( Anne-Charlotte de Lorraine, abbesse de Ste Waudru à Mons, Mons, Masquillier et Lamir, 1855 ) . Plus récemment est paru un remarquable travail d'une investigation archivistique très poussée , sur la même période de la vie de la princesse , par une universitaire belge , Marie-Françoise Degembe ( Anne-Charlotte de Lorraine , son séjour à Mons , 1754-1773, Mons, Annales du Cercle Archéologique ) . Mais ces deux études , au demeurant excellentes , ne donnent qu'un très faible aperçu des quarante premières années de l'existence d'Anne-Charlotte".


Bref, c'est le livre , le seul et unique livre sur elle !

Le dessin du catafalque de cette chanoinesse tante de la reine est intéressant car il est très semblable à celui que Pierre-Adrien Pâris , auteur des maisons de bois de la reine , dessina et réalisa pour la pompe funèbre de Marie-Thérèse à Notre-Dame .

C'est intéressant ce que vous dîtes chère Madame Sophie. La lecture du livre m'apportera sans doute des précisions à ce sujet. Je suis contente d'avoir emprunté ce livre et de le faire partager ...Depuis le temps que j'en parlais ...

Voici le catafalque de la pompe funèbre de l'impératrice Marie-Thérèse dessiné et élevé par l'architecte-ornemaniste des Menus-Plaisirs Pierre-Adrien Pâris en 1781 dans la cathédrale Notre-dame de Paris , et qui est à comparer avec celui d'Anne-Charlotte de Lorraine élevé 8 ans plus tôt dans l'église des Cordeliers de Nancy :


©Bibliothèque municipale de Besançon-Fonds Pierre-Adrien Pâris

Impressionnant, ça ne rigolait pas

Merci pour tous ces documents ! Particulièrement le portrait, qu'il me semble n'avoir jamais vu.

Merci beaucoup pour tous ces documents iconographiques. Marie-Antoinette a passé une nuit à l'abbaye de Remiremont lors de son arrivée en France, me semble-t-il.

Je ne saurais dire chère Olivia.

L’abbaye de Remiremont est ancienne et remonte à 620. C’est donc la plus ancienne abbaye de Lorraine.
Son origine est prestigieuse car fondée par deux disciples de St Colomban : Amé et Romary. Il n’y a pas de problème de recrutement . Les vocations affluent donc . Cela semble dû au succès de la règle de St Colomban. Le temporel de l’abbaye était important comme toute abbaye. Comme le souligne à juste raison Heili, « le temporel de l’abbaye n’est pas mince et est très important . Que l’on en juge : 78 seigneuries dont 52 bans et 60 paroisses lui doivent la dîme. «

Mais bientôt tous ces revenus excitent les appétits , aussi bien du pouvoir religieux que laïque. L’abbaye se défend en obtenant une exemption, ce qui lui permet de dépendre directement du St Siège sans passer par le pouvoir religieux local. L’abbaye obtient un deuxième privilège lui permettant de contourner le pouvoir laïque local en dépendant directement du St Empire Romain Germanique. Mais les choses ne sont pas si simples et le pouvoir laïque local se défend bien face à de telles prétentions. Le duc de Lorraine arrive à ses fins et à faire une certaine main-mise sur l’abbaye , notamment avec le duc de Lorraine Charles III en 1565.

Pendant ce temps , l’abbaye se transforme. Comme beaucoup de monastères de cette époque, elle attire les élites féminines. Ce qui fait que d’autant plus facilement , elles se transforment en un chapître de dames nobles. Ce sont des chanoinesses. Les vocations affluent surtout des régions de Bourgogne et de Lorraine et sont le fait de la noblesse.

La ville de Remiremont se développe sous l’abbatiat des abbesses. Elles gardent pouvoir de nomination des magistrats, de police et de justice. Le XVIIe siècle est un siècle difficile pour l’abbaye du fait de la Guerre de Trente Ans et l’autorité de l’abbesse ( la propre fille du duc Charles III ) est contestée par l’ensemble des chanoinesses. Comme le souligne Heili, « la paix ne revient qu’avec le retour du duc Léopold dans ses états en 1697. "

Au XVIIIe siècle, Remiremont connaît une période de prospérité sans précédent et bientôt la population s’agrandit et compte une population de 4000 âmes . Les chanoinesses accompagnent ce développement économique sans précédent et comme le souligne Heili, « différents métiers d’art apparaissent au service des chanoinesses : potiers d’étain, orfèvres , sculpteurs ou ébénistes. Une bibliothèque et imprimerie achèvent de former la population. L’abbé Bexon , collaborateur de Buffon , permet de relier Remiremont qui l’a vu naître au mouvement philosophique. "

Pendant ce siècle, l’abbaye augmente son prestige et sa notoriété. On se bouscule de toute l’Europe pour pouvoir y entrer. Cette notoriété s’accompagne d’une reconstruction des différents bâtiments. Mais ce sont surtout les abbesses princesses qui rehaussent au plus haut niveau le prestige de l’abbaye. « Ainsi en est-il de Béatrix de Lorraine-Lillebonne , qui, après avoir vécu à Versailles à la cour de Louis XIV , est choisie en 1711 comme abbesse. Elle partage alors son temps entre Versailles, la cour de Lunéville et Paris où elle meurt en 1738. Son abbatiat est marqué d’une incroyable générosité à l’égard des plus humbles puisqu’elle n’hésite pas à faire reconstruire à neuf le vieil hôpital qui datait du Moyen Age. C’est elle qu’Anne-Charlotte de Lorraine remplacera à ce poste. Elle n’a que 24 ans quand elle est élue abbesse et ne souhaite pas résider à Remiremont. Pour se faire pardonner cette absence, elle fera reconstruire à ses frais le vieux palais abbatial.
Une destinée exceptionnelle la conduira de la cour de Lunéville à celle de sa mère à Commercy , puis à Vienne auprès de son frère devenu empereur, enfin à Mons aux Pays Bas autrichiens dont elle obtient de sa belle sœur la délégation abbatiale. »

Ainsi voilà donc pour notre princesse une gestion de deux abbayes , celle de Remiremont et celle de Ste Waudru à Mons. C'est beaucoup pour de frêles épaules féminines , non ?

La Lorraine au XVIIIe siècle

Ce n’est que sous le règne de Léopold que la Lorraine retrouve paix et prospérité. Comme le souligne Heili, « un des actes les plus marquants de son règne est la promulgation d’une ordonnance connue sous le nom de « Code Léopold » fixant , dans un esprit anglican , les relations avec le clergé et annonçant , dans le domaine pénal, les meilleures mesures du despotisme éclairé. »

C’est sous son règne que la cour se fixe à Lunéville . Le Régent , frère de la femme de Léopold lui reconnaît le titre d’Altesse Royale. Pendant ce temps, Léoplod mène une politique de reconstruction de son duché et ce tout azimut : monétaire, agricole, industrielle, religieuse aussi. Un gros effort est fourni pour améliorer les routes. Il favorise aussi les exportations . Mais il est bien le seul à ne pas profiter de la prospérité générale. Auusi pour se rattraper , il redore ses finances en distribuant généreusement des lettres d’anoblissement. Et puis , il recourt surtout à l’emprunt.

A Lunéville, Léopold tente de recréer les fastes de Versailles, tant est si bien que l’on a pu parler de Lunéville comme d’un Versailles lorrain. Les meilleurs artistes y sont mis à contribution. Certains grands seigneurs lorrains imiteront leur prince dans leurs châteaux .
La cour de Lunéville acquiert un certain éclat grâce au théâtre des auteurs classiques ainsi qu’à la musique de Desmarets. Un historiographe est choisi pour écrire et fixer l’histoire des ducs de Lorraine. Le seul couac à cette œuvre bénéfique est cet amour fou porté à Anne-Marguerite de Lignéville , épouse de Marc de Beauvau. Pas moins de 20 enfants naîtront de cette union !

"Le duc Léopold meurt à Lunéville le 27 mars 1729. De son union avec sa femme Elisabeth –Charlotte d’Orléans, il laisse 13 enfants. Beaucoup parmi ses enfants sont morts en bas âge. En 1729 , il ne restait que deux fils François né en 1708 et Charles-Alexandre né en 1712, et deux filles, Elisabeth Thérèse née en 1711 et Anne-Charlotte née en 1714. "

Elisabeth-Charlotte d’Orléans,
« dernière » duchesse de Lorraine

http://www.academie-stanislas.org/pdf04-05/Roze.pdf

Mais comment a t-elle fait pour supporter les infidélités de son époux ?

Maman d'Anne-Charlotte de Lorraine et femme du Duc Léopolod

Le château de Lunéville ( source Google Images )

Mais Madame Sophie en parlera beacoup mieux que moi...

Ah, c'est vrai , je renvoie à la rubrique les autres lieux , fil sur le château de Lunéville...

Je n'en reviens toujours pas : le duc Léopold de Lorraine a fait 33 enfants dont 13 enfants à son épouse légitime et 20 à sa maîtresse. Pour un reccord , c'est un reccord ! Hé bé !

A notre époque ça ferait du bien à nos retraites au moins

Bah ! Ce n'est pas la polygamie qui manque !

En France c'est interdit malheureuse