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Sujet: Re: Le procès de la reine Jeu 30 Jan - 21:43
Des adolescents sont allés étudier des procès, dont celui de Marie Antoinette. Je me demande franchement ce qui leur été dit à ce propos.
Des adolescents dans les coulisses du palais de justice
Accompagnés de leur professeur d’histoire, très impliquée dans le projet, ils ont découvert l’univers de la justice correctionnelle, côté scène et côté coulisses. Ensemble, ils se sont penchés sur des cas célèbres, se sont passionnés comme Anne pour l’affaire Dreyfus ou comme Eugénie pour le procès de Marie-Antoinette. Ils ont assisté à des audiences, interrogé juges d’instruction, procureurs et avocats sur leurs rôles et leurs visions de la justice : Ont-ils peur parfois ? Comment peut-on défendre un prévenu quand on sait qu’il est coupable ? L’origine d’un prévenu influence-t-elle les magistrats ? article complet ici: http://www.la-croix.com/Famille/Actualite/Des-adolescents-dans-les-coulisses-du-palais-de-justice-2014-01-29-1098385
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pimprenelle
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Sujet: Re: Le procès de la reine Lun 3 Fév - 13:49
L'avis exprimé clairement d'un juriste et philosophe:
Le procès de Marie-Antoinette par Vincent Lefebve, Centre de droit public – 18 janvier 2012
En 1793, Marie-Antoinette, épouse du Roi de France Louis XVI, était jugée par le Tribunal révolutionnaire. Vincent Lefebve, juriste et philosophe du Centre de Droit public (Faculté de Droit) a étudié ce procès tout en le comparant à celui du Roi de France, qui l'avait précédé. Pourquoi?
" Louis XVI a été jugé fin 1792 par la Convention nationale, c'est-à-dire les députés, un organe politique", explique le chercheur. "Tandis que l'année suivante, Marie-Antoinette était jugée par un tribunal révolutionnaire, soit un organe judiciaire. A ce titre, la comparaison entre les deux procès est intéressante. En outre dans le cas de Marie-Antoinette, un procès sans doute moins connu, si les formes juridiques sont respectées avec la présence d'un jury, d'un président du tribunal, de deux avocats etc., le déroulement du procès laisse, lui, planer peu de doutes : les accusations sont agressives, déconnectées de la réalité ; les avocats n'ont pas eu accès aux pièces du dossier suffisamment longtemps avant les débats ; le président du tribunal sort parfois de son rôle pour se muer en une sorte de second accusateur… Bref, il s'agit clairement d'un cas de justice expéditive. La Reine apparaît comme un bouc émissaire. Plus que sa culpabilité réelle, c'est ce qu'elle représentait : l'Ancien Régime, la monarchie etc., qui est au centre de ce procès”, estime le chercheur. http://www.ulb.ac.be/actulb/podcast.php?arc&pc=1704
Nous, on est bien d'accord. N'empêche que ça fait du bien de lire ça.
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mar 18 Fév - 21:16
Lettre adressée par la reine au président de la convention nationale:
Au président de la Convention nationale,
1793, 13 octobre.
Citoyen président, les citoyens Tronson et Chauveau, que le tribunal m'a donnés pour défenseurs, m'observent qu'ils n'ont été instruits qu'aujourd'hui de leur mission; je dois être jugée demain, et il leur est impossible de s'instruire dans un si court délai des pièces du procès, et même d'en prendre lecture. Je dois à mes enfants de n'omettre aucun moyen nécessaire pour l'entière justification de leur mère. Mes défenseurs demandent trois jours de délai j'espère que la Convention les leur accordera.
Dans cette parodie de procès, ça n'aurait de toute façon servi à rien. La reine était condamnée d'avance.
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 2 Mar - 10:23
Une perle offerte par l'INA: http://www.ina.fr/video/CPF86618431
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mer 2 Avr - 10:06
Marie Antoinette’s majesty in face of the abominable charge of incest
Even if the Revolutionary Tribunal could have subpoenaed Mallet or the Emperor or Fersen, it would have meant little to the result. Her guilt, if it was guilt so to scheme against the nation, was certain: what yet remained in doubt was the political necessity of such a trial at such a moment, the limit of hardihood in her judges and the possible effect in a democracy of public sympathy at some critical phase of the pleadings: and much more potent than any of these three, because it included them all, was the news that might come at any moment from the frontier and from the hunger of Maubeuge—no news came.
Last of these witnesses Hébert, all neat and powdered, presented his documents and put forward his abominations, his fixed idea of incest. The public disgust might here have turned the trial. There was a stir all round: her friends began to hope. As for the officials, they could not stop Hébert’s mouth, but Herman was careful to omit the customary repetition: he was hurrying on to the next witness when a juryman of less wit than his fellows and filled with the enormous aberrations of hate, pressed the charge.
The Queen would not reply. She half rose from her chair and cried in a high voice: “I appeal to every mother here,” and then sank back again.
The crowd in the galleries began to move and murmur, the women raised their voices against the angry orders of the ushers and of the Bench demanding silence. Away, dining beyond the Seine, Robespierre, hearing of it, broke a plate at table in his anger, and thought Hébert’s lunacy had saved her.
Hilaire Belloc, Marie Antoinette (New York: Tess Press), 381-2. Short Stories on Honor, Chivalry, and the World of Nobility—no. 372 http://americaneedsfatima.blogspot.be/2014/04/marie-antoinettes-majesty-in-face-of.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed:+AmericaNeedsFatima+(America+Needs+Fatima)
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pimprenelle
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Sujet: Re: Le procès de la reine Jeu 7 Aoû - 21:09
Pièce relative au "prompt jugement" de la reine:
http://www.cosmovisions.com/MarieAntoinette.htm
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Le Chevalier de la Tour
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mar 31 Mar - 14:35
Le procès de la reine Marie-Antoinette servait à bien montrer aux cours d'Europe que la République en France ne reviendrait plus en arrière. Ce n’est qu’en extirpant toutes les racines de la royauté que nous verrons la liberté prospérer sur le sol de la République. Ce n’est qu’en frappant l’Autrichienne que vous ferez sentir à François, à George, à Charles et à Guillaume [souverains d’Autriche, d’Angleterre, d’Espagne et de Prusse], les crimes de leurs ministres et de leurs armées.
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mer 1 Avr - 9:48
Oui je suis d'accord, son exécution était un symbole, rien de plus. Marie-Antoinette a été condamnée par soucis de communication, nationale comme internationale, plus que par nécessité de justice.
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Le Chevalier de la Tour
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Sujet: Re: Le procès de la reine Jeu 2 Avr - 15:33
Merci pour votre réponse modérée, Chou d'amour.
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Lucrezia P
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mer 16 Mar - 12:00
Une information qui date un peu ( ) mais qui répond à une question posée en amont dans ce sujet, relative à la disposition des lieux :
Jacques Chirac jugé dans la même salle que Marie-Antoinette
Et la salle, c'était donc ça :
On a beau crâner, ça donne de l'émotion ...
_________________ Je préfère l'original à la copie
levengeur
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mer 16 Mar - 12:04
du coup ca lui avait donné des idees pour sa defense
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madame antoine
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 4 Déc - 10:41
Voici ce qu'a dit Elisabeth Badinter lors de l'émission Bibliothèque Medicis.
Je pense que ce procès de Marie-Antoinette, la façon dont on l’a traitée, l’a rendue éternelle.
madame antoine
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pepe12547
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 15 Avr - 8:49
Marie Antoinette, Juger la Reine, Hébert accuse faussement la reine
madame antoine
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 15 Avr - 11:42
Merci pepe12547 pour cet extrait très intéressant. Cependant, veuillez excuser mon étourderie, je ne parviens pas à retrouver de quelle production cinématographique il provient.
Bien à vous
madame antoine
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pepe12547
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 15 Avr - 19:19
madame antoine a écrit:
Merci pepe12547 pour cet extrait très intéressant. Cependant, veuillez excuser mon étourderie, je ne parviens pas à retrouver de quelle production cinématographique il provient.
Bien à vous
madame antoine
Bonjour Madame Antonie C'est probablement un documentaire allemand. Peut-être est-il listé dans Boudoir. Dans notre pays, il a été nommé "Mythes et Faits de l'Histoire" - Marie Antoinette - du trône au site d'exécution. Ici vous pouvez le télécharger en tchèque. https://uloz.to/!1CznsK2x/myty-a-fakta-historie-marie-antoinetta-z-trunu-na-popraviste-avi Plusieurs photos du document.
madame antoine
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Sujet: Re: Le procès de la reine Lun 16 Avr - 8:56
Merci pour votre réponse rapide et précise. C'est certainement ma mémoire qui me fait défaut.
Bien à vous
madame antoine
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pepe12547
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Sujet: Re: Le procès de la reine Jeu 19 Avr - 21:15
Madame Antonie Ici en allemand. Qualité HD Si Boudoir ne dispose pas d'informations sur ce document, l'administrateur peut créer un nouveau sujet
https://www.youtube.com/watch?v=nY4FHvMX24U&t=8s
gedekrogrodwa
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 23 Sep - 18:31
Pièces d'archives :
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Airin
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Sujet: Re: Le procès de la reine Dim 18 Nov - 10:03
Je vous propose l'analyse que l'historienne Annie Duprat donne de ce procès : https://books.openedition.org/
Assurément, Marie-Antoinette avait été placée à la cour de Versailles par la volonté de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche qui l’a tenue sous une étroite surveillance exercée par l’ambassadeur Mercy. La jeune dauphine est donc d’emblée perçue par les Français comme l’otage de l’alliance autrichienne, l’œil de Vienne à Versailles, ce qu’elle était réellement, fait historique indiscutable. Cette étiquette la poursuivra, jusque durant le procès, au cours duquel elle ne cesse de se proclamer française, comme en témoignent les minutes publiées par Gérard Walter, longtemps conservateur à la Bibliothèque nationale*. Rappelons quelques faits, à présent masqués par la geste plaintive qui recouvre son histoire.
--------------------- * Walter Gérard, Actes du Tribunal révolutionnaire, Paris, Mercure de France, 1968.
Le 12 octobre 1793, Marie-Antoinette subit un interrogatoire secret, conduit par le président du Tribunal révolutionnaire, Herman et l’accusateur public Fouquier-Tinville, en présence du greffier Fabricius. Cet inter rogatoire avait pour but de poursuivre l’instruction d’une cause pour laquelle tant de personnes s’étaient enflammées et tant de papiers avaient été écrits, mais qui manquait pourtant d’éléments à charge indubitables : la trahison de « l’Autrichienne » ! Le questionnement débute sur l’identité de l’accusée, qui affirme se nommer « Marie-Antoinette de Lorraine d’Autriche, âgée de 38 ans, veuve du roi de France » puis sur sa résidence lors de son arrestation (elle répond « qu’elle n’a point été arrêtée ; qu’on est venue la prendre à l’Assemblée nationale pour la conduire au Temple »). À ces deux questions apparemment innocentes, elle répond avec astuce car elle ne s’affirme ni comme « reine de France », ni comme « Marie-Antoinette d’Autriche » et, par la mention de sa capture à l’Assemblée nationale, elle omet les causes qui ont entraîné la journée du 10 août 1792 et renverse la situation puisqu’elle était sous la sauvegarde de la représentation nationale quand les commissaires de la Commune sont venus la chercher. À l’audience, quand la question de son identité lui sera reposée, suggérant qu’elle aurait voulu réunir la Lorraine à l’Autriche, elle répondra plus laconiquement : « il faut porter le nom de son pays ». En réponse aux nombreuses questions, politiquement très sensibles, sur ses relations avec sa famille, elle ne se départit pas d’une attitude distante et soutient que « ses rapports n’eussent été qu’à l’avantage de la France à laquelle elle tenait par la famille qu’elle avait épousée » ; quand on lui objecte l’existence du « comité autrichien », elle répond que jamais de la vie elle n’a eu connaissance de quelque comité que ce soit*.
---------------------- * Sur la fiction de ce « comité autrichien », voir Kaiser Thomas E., « Entre les mots et les choses : le fantôme du “comité autrichien” », in Duprat Annie (dir.), Révolutions et mythes identitaires. Mots, violences, mémoire, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2009, p. 31-47.
Elle va même, avec un courage certain, jusqu’à affirmer : « Il est constant que le bruit de ces comités a existé toutes les fois qu’on a voulu tromper le peuple et l’amuser ; jamais elle n’a connu de comité : il n’en a point existé. » Face aux juges qui lui rétorquent sa perfidie, sa scélératesse et sa dissimulation, elle proclame : « Oui, le peuple a été trompé ; il l’a été cruellement, mais ce n’est ni par son mari, ni par elle. » Bref, à interrogatoire politique, réponses politiques mais toujours très brèves, très tranchantes, car elle ne veut pas donner prise à d’autres développements, ce qui ne l’empêche pas de réécrire l’histoire pour se dégager de toute culpabilité et se présenter comme une épouse soumise et obéissante quand elle répond à des questions posées sur Varennes. Elle argumente de manière serrée sur la question de la déclaration de guerre, car, fait-elle remarquer, ce ne sont pas les princes qui ont déclaré la guerre à la France mais l’inverse, ce qui est la stricte vérité ; quand on lui fait observer que ce sont les intrigues de cour qui ont conduit l’Assemblée législative à déclarer la guerre, elle répond qu’elle ne sait pas de qui on veut parler. À toutes les questions posées, elle a une réponse habile et ne se laisse pas piéger, même sur l’affaire du banquet des gardes du corps du1 er octobre ; comme il lui est difficile de nier les débordements, elle affirme que si elle en avait eu connaissance elle les aurait désapprouvés *. Enfin, lorsque le président, pour étayer l’accusation de haute trahison, lui demande « quel intérêt mettez-vous aux armes de la République ? » elle répond placidement qu’elle place le bonheur de la France par-dessus tout. Le procès commence dès le surlendemain.
--------------- * La marche des femmes sur Versailles, le 5 octobre et l’installation de la famille royale à Paris, le 6 octobre, sous la surveillance du peuple, sont une conséquence de ce banquet des gardes du corps de la reine, qui ont arboré sa cocarde noire et foulé aux pieds la cocarde tricolore.
Au cours d’une interminable audience publique qui s’ouvre le 14 octobre à huit heures du matin pour se clore par une sentence de mort le 16 octobre, à quatre heures et demie du matin (avec une suspension juste durant la nuit du 14 au 15), pas moins de quarante témoins (dont seulement quatre femmes) viennent déposer à la barre. Pour la plupart, ils ont été employés, soit à Versailles, soit aux Tuileries et on les interroge logiquement sur les journées d’octobre, tout particulièrement sur « l’orgie » du 1er octobre 1789, sur la fuite à Varennes en juin 1791, sur le 10 août 1792 ou encore sur les allées et venues des uns et des autres au Temple ; on retrouve, tout au long de ces interrogatoires, l’histoire de la conspiration de l’œillet qui a inspiré de si belles pages à Alexandre Dumas dans Le Chevalier de Maison-Rouge. Mais il est des interrogatoires plus serrés, comme celui de l’ancien ministre de la guerre Jean-Frédéric [de] La Tour-du-Pin sur le rôle politique de la reine, sur sa participation au conseil du roi (elle nie avoir jamais participé à ce conseil, contre toute évidence, car aucun des témoins présents au Tribunal ne peut assurer l’y avoir rencontrée) et sur ses demandes concernant le déplacement des troupes françaises *. Il en est d’autres où revient sans cesse la question de l’argent, celui qui a été dépensé pour la construction du Trianon (elle reconnaît qu’il s’agissait d’un compte particulier mis à sa disposition et regrette que la dépense ait excédé son désir), les sommes d’argent reçues par la reine le 10 août 1792, lorsque, réfugiée aux Feuillants, elle ne possédait plus rien, ou les bons signés par elle, toujours le 10 août, au profit de la Polignac ou d’autres émigrés (mais elle nie, rappelant qu’elle n’avait plus aucune liberté ce jour-là ; l’accusateur public est forcé de reconnaître que ces papiers ont été égarés.).
--------------- * Deux Latour du Pin, comme on écrit à l’époque, ont été interrogés. Celui-ci a été ministre entre le 4 août 1789 et le 8 novembre 1790 et sera guillotiné au printemps 1794.
La rumeur des six millions de livres offertes à Joseph II en dédommagement pour l’abandon de ses prétentions dans l’affaire des bouches de l’Escaut est évoquée : à la question précise du président Herman –« N’avez-vous pas sollicité Vergennes à faire passer six millions au roi de Bohème et de Hongrie » –, Marie-Antoinette répond laconiquement « Non ». Mais d’autres témoignages, issus d’anciens domestiques, sont en réalité redoutables car ils accusent la ci-devant reine du massacre commis par Bouillé à Nancy en 1790 et de la répression sanglante de la manifestation du Champ de Mars en 1791 ; de plus, ils associent clairement son action à une trahison puisque l’argent qu’elle livre à l’Autriche sera destiné à financer la guerre contre une puissance alliée de la monarchie des Bourbons *. Mais bon nombre de témoins s’embrouillent ou font dériver le procès vers des petites histoires très marginales **.
--------------- * L’affaire de Nancy est ténébreuse : le 31 août 1790, Bouillé réprime dans le sang une révolte de soldats, dissout le club des Jacobins et la garde nationale de la ville pour imposer son ordre. L’affaire du Champ de Mars est la répression de la manifestation en faveur de la République le 17 juillet 1791.
** Duprat Annie, Marie-Antoinette, une reine brisée, op. cit., p. 223-254.
Presque tout ce qui se racontait sur le mode scandaleux (mais pas les pires des obscénités, à l’exception de l’accusation d’Hébert) avant la Révolution est lancé à la face de l’accusée. Interrogée à plusieurs reprises sur le tort qu’elle aurait volontairement fait subir à madame de La Motte, reconnue coupable de l’affaire du collier, Marie-Antoinette ne se départit pas d’une ligne de conduite simple : elle ne la connaissait pas. L’affaire du collier est présente au cours de ce procès, mais comme en creux, presque par prétérition. Parvenu au terme du procès, le président Herman, après avoir fait sortir l’accusée de la salle, reprend la parole ; d’emblée, il la nomme « Marie-Antoinette d’Autriche, veuve de Louis Capet ». Autrichienne elle était, Autrichienne elle demeurera, l’Autrichienne par excellence. Reprenant la litanie des crimes qui lui sont imputés (Nancy, le Champ de Mars, la Vendée mais aussi, Marseille, Toulon et Lyon, lieux de l’insurrection fédéraliste), il évoque « les pères, les mères, les épouses et les enfants de ces malheureux patriotes [...] toutes ces familles éplorées » victimes des « machinations infernales de cette moderne Médicis ». Rappelant que la veuve Capet occupe la place qui avait été celle de Charlotte Corday quelques jours auparavant, Herman y voit la preuve du règne de l’Égalité en France. Le système accusatoire d’Herman est simple : la ci-devant reine est coupable de haute trahison en faveur de l’Autriche et les quatre questions posées au jury, qui déclinent les « manœuvres et intelligences », les « complots et conspirations », les guerres, civile et extérieure, peuvent se résumer en une seule : a-t-elle trahi ? Le jury délibère une heure. Le président fait entrer l’accusée dans la salle, où elle doit encore écouter les réquisitions de Fouquier-Tinville qui rappelle le code pénal avant de réclamer la peine de mort. Le président donne alors la sentence : la mort. « Le visage de la condamnée n’est nullement altéré » et elle ne prononce pas un mot *. Il est quatre heures et demie du matin et la condamnée est reconduite dans sa cellule. L’étude détaillée du procès (les questions, les réponses, et l’ordre des sujets évoqués) montre que, même s’il a été bref –c’est l’habitude pendant la Révolution-il n’a pas été un procès politique et inique, ni une parodie de justice.
-------------- * Procès criminel de Marie-Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, née à Vienne, le 2 novembre 1755, et veuve de Louis Capet, ci-devant roi des Français : condamnée à mort, et exécutée sur la place de la Révolution, le 25e jour de vendémiaire, en vertu d’un jugement rendu par le Tribunal révolutionnaire établi le 10 mars, pour juger définitivement et sans appel tous les conspirateurs : suivi de son testament et de sa confession dernière, Paris, Denné, Toubon, Cordier, 1793/1794, p. 115.
Cochevis de Thekla
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Sujet: Re: Le procès de la reine Mer 12 Déc - 9:39
Mercredi 16 janvier 2019 : Conférence sur le procès de Marie-Antoinette !
Au-delà de l’imagerie populaire le procès de Marie-Antoinette – reine aussi mal aimée que mal connue des Français – les 14/16 octobre 1793, dans la salle de la Liberté du Tribunal révolutionnaire, se révèle emblématique d’une politisation incontestable de la justice révolutionnaire à l’époque de la Terreur. Car l’issue du procès ne peut faire aucun doute : « l’Autrichienne » est en effet condamnée d’avance et lors des plaidoiries le huis clos tourne immanquablement au « dialogue de sourds » !
Mais en l’occurrence qui juge-t-on ? La reine de France ? L’Ancien Régime ? L’étrangère ? L’épouse ? la femme ? La mère ?
Qui est le juge ? Le peuple ? La République ? La révolution patriarcale épouvantée à l’idée de l’accession des femmes aux fonctions politiques ?
Sans avoir jamais véritablement joué de rôle politique, dans une période particulièrement troublée confinant à la guerre civile, Marie-Antoinette n’a finalement été qu’un instrument malheureux, la victime expiatoire des conflits qui déchirent alors la Convention, la Commune de Paris et des factions dominées par le puissant mouvement des « Jacobins ». Et contrairement à son époux le Roi Louis XVI, Marie-Antoinette n’a pas été traduite devant la représentation nationale (c’est-à-dire devant l’assemblée des représentants élus du peuple) mais bel et bien devant un tribunal révolutionnaire, la justice se trouvant alors incontestablement mise au service de fins politiques.
Où ? Sur le campus de Jacob-Bellecombette, Amphithéâtre 3 Avec qui ? Deux intervenants de poids !
Emmanuel de Waresquiel (Historien, chercheur à l’École Pratique des Hautes Études)
François Sureau (Avocat aux Conseils, écrivain)
-> Emmanuel de Waresquiel, chercheur à l’École pratique des Hautes Études, est spécialiste de la première moitié du XIXe siècle. Outre Juger la Reine (paru chez Tallandier en 2016), il est notamment l’auteur de biographies de Talleyrand (Talleyrand. Le prince immobile, paru chez Fayard en 2006) et de Fouché (Fouché. Les silences de la pieuvre, paru chez Fayard en 2014). A travers l’ouvrage Juger la reine, il relate ce procès hors norme à l’aide de sources jusqu’alors inédites, évoquant les fantasmes et les haines sous-jacentes au déroulement de cette affaire en tout point dramatique lors de l’un des moments paroxystiques de la Révolution.
-> Mais puisque ces périodes de fracture françaises relèvent de la tragédie dans lesquelles, hier comme aujourd’hui, victimes et bourreaux agissent et se débattent sans contrôler leur destin, François Sureau (Avocat aux Conseils, écrivain) se sert de cet évènement pour interroger notre actualité : en l’occurrence celle d’une instrumentalisation croissante de la justice ordinaire par le pouvoir politique, dans un contexte de surexposition médiatique.