Napoléon Bonaparte

Reinette a écrit:

Je pense que le prince de Ligne est celui qui a le mieux parlé de Napoléon : une sorte de fascination-répulsion.

C'est un peu le sentiment qu'avait aussi Chateaubriand en évoquant Napoléon dans ses Mémoires :

Chateaubriand a écrit:

Bonaparte n'est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l'amour des libertés qu'il n'a jamais su et n'a jamais prétendu établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nous vivons encore ; il est grand pour avoir ressuscité, éclairé et géré supérieurement l'Italie ; il est grand pour avoir fait renaître en France au sein du chaos, pour avoir relevé les autels, pour avoir réduit de furieux démagogues, d'orgueilleux savants, des littérateurs anarchiques, des athées voltairiens, des orateurs de carrefours, des égorgeurs de prisons et de rues, des claque-dents de tribune, de clubs et d'échafauds, pour les avoir réduits à servir sous lui ; il est grand pour avoir enchaîné une tourbe anarchique ; il est grand pour avoir fait casser les familiarités d'une commune fortune, pour avoir forcé des soldats ses égaux, des capitaines ses chefs ou ses rivaux, à fléchir sous sa volonté ; il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, lui, sans autre autorité que celle de son génie, pour avoir su, lui se faire obéir par trente-six millions de sujets à l'époque où aucune illusion n'environne les trônes.

Finalement, Napoléon, c'est le premier monarque de type moderne de l'Histoire de France.

Il a achevé l'oeuvre réformatrice entamée par Louis XVI et ses ministres. Il a pris le meilleur de la Révolution, tout en restaurant l'ordre et en fondant de nouvelles institutions calquées sur les anciennes. Au fond, son parcours évoque un peu celui de Henri IV : un prince qui part à la conquête de sa couronne.

Pour moi, il a été possédé des mêmes démons que Louis XIV : un amour immodéré de la guerre, une soif de domination qui lui a fait tout perdre.

Son obsession de mettre l'Angleterre à genoux fut une folie. Et son intervention en Espagne, une erreur fatale.

Reinette a écrit:

Je pense que le prince de Ligne est celui qui a le mieux parlé de Napoléon : une sorte de fascination-répulsion.

..... la répulsion l'emportant sur la fascination .

le comte axel a écrit:

Pacificateur, je ne sais pas qui aurait pu employer cette expression car de 1792 à 1799, la République a fait la guerre, idem pour le Consulat jusqu'en 1804 et hop encore sous l'Empire jusqu'à sa chute en soit un cumule de 23 années de guerre. Rien que ces chiffres sont éloquents.
Maintenant le personnage est intelligent mais sa mégalomanie a mis l'Europe à feu et à sang. Alors que son idée de réunir l'Europe sous une même bannière était plutôt bonne.

Après la campagne d’Italie, il a été surnommé le général pacificateur, en effet.
Tu n’as pas tort, le mot n’est guère approprié ; mais on ne peut pas lui mettre tout à fait sur le dos l’entière responsabilité de ces quelques vingt années de guerre.

Après avoir écrasé les Autrichiens, il met justement fin à la guerre qui dure depuis 10 ans en signant la paix avec l’Angleterre.
Qui rompt ces traités, ou prend l’initiative de l’offensive après cela ? Les Anglais, toujours ! Et les Autrichiens, les Russes avec eux.
Certes, il avancera toujours un peu plus loin en Europe de l'Ouest au fur et à mesure de ses victoires, mais que veux-tu y faire ? L’armée française reste invincible jusqu’à Austerlitz où il impose encore une fois la paix.
Qui attaque alors ? Les prussiens ! Et il les bat à leur tour...
Puis les Russes (toujours poussés par les Anglais) remettent ça, et ils se plantent à nouveau à Friedland.
Tout ce que Napoléon veut alors, c’est imposer le blocus continental aux Anglais...c’est ce qu’il négocie avec le tsar à Tilsit, parce qu’il pense enfin imposer la paix à l’Angleterre.
Ok, Napoléon merde en Espagne, rien à dire.
Mais que se passe-t-il ? Les Autrichiens attaquent à nouveau !
Et Napoléon encore victorieux, impose une nouvelle fois l’armistice et épouse qui l’on sait, pensant définitivement s’allier enfin avec l’Autriche.
Ensuite, c’est le tsar qui rompt leur accord en se rapprochant à nouveau des Anglais, et là on connait la suite : la défaite et, peu après encore, l’épisode délirant des 100 jours jusqu’à Waterloo.

Alors, bien sûr, Bonaparte/Napoléon n’est pas un sain, c’est un militaire, un conquérant, fou de pouvoir et de conquête, qui arrachera la paix ou l'imposera par des campagnes belliqueuses. Mais, tout autour, ce ne sont pas du tout des z’entils petits voisins européens non plus, hein !
Ils se coalisent, et attaqueront systématiquement la pernicieuse République tout d’abord, le trop puissant Empire ensuite, et finalement ce Napoléon qui avait certes les yeux plus gros que le ventre.
Mais pour ce qui concerne les premières années, ses engagements étaient, dirons-nous, essentiellement défensifs (tout en allant de l’avant).
Et, pour la suite, je suis d’accord pour dire que ses volontés d’imposer la paix sentaient fortement la poudre !
Et, malheureusement, tout ça au prix de milliers de morts...

Chateaubriand a écrit:

Bonaparte n'est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l'amour des libertés qu'il n'a jamais su et n'a jamais prétendu établir ; il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier et puissant, un code de lois adopté en divers pays, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente, et sur laquelle nous vivons encore ; il est grand pour avoir ressuscité, éclairé et géré supérieurement l'Italie ; il est grand pour avoir fait renaître en France au sein du chaos, pour avoir relevé les autels, pour avoir réduit de furieux démagogues, d'orgueilleux savants, des littérateurs anarchiques, des athées voltairiens, des orateurs de carrefours, des égorgeurs de prisons et de rues, des claque-dents de tribune, de clubs et d'échafauds, pour les avoir réduits à servir sous lui ; il est grand pour avoir enchaîné une tourbe anarchique ; il est grand pour avoir fait casser les familiarités d'une commune fortune, pour avoir forcé des soldats ses égaux, des capitaines ses chefs ou ses rivaux, à fléchir sous sa volonté ; il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, lui, sans autre autorité que celle de son génie, pour avoir su, lui se faire obéir par trente-six millions de sujets à l'époque où aucune illusion n'environne les trônes.

Portrait magnifiquement troussé.
Quelle plume, quelle plume !

Citation :

Qui rompt ces traités, ou prend l’initiative de l’offensive après cela ? Les Anglais, toujours !

Les Anglais étaient en pleine révolution industrielle, leur économie était en train de décoller, annonçant la grande puissance qu'elle sera au siècle suivant. Ils ne pouvaient pas faire autrement que de déclarer la guerre à Napoléon qui, de son côté, souhaitait les évacuer de l'Europe afin de réaliser un vaste marché continental et méditerranéen.

Le blocus continental n'est qu'une réponse au blocus anglais.

Il y avait des deux côtés de la Manche, des gens d'affaires qui trouvaient leur intérêt si l'un ou l'autre l'emportait. Ce n'est qu'un conflit économique, en fait.

Citation :

Quelle plume, quelle plume !  

J'adore Chateaubriand !

Citation :

Et, malheureusement, tout ça au prix de milliers de morts...

900 000 morts, à peu près. Certes, c'est considérable pour un pays qui, à l'époque, comptait 29 millions d'habitants mais ça reste encore modeste comparé aux deux grands conflits majeurs du XIXe siècle : la guerre de Crimée et la guerre de Sécession. Et si on compare plus loin, à côté des hécatombes deux guerres mondiales du XXe siècle, c'est rien !

De plus, les guerres de l'Empire restent des batailles rangées, alignées, encore dans le style des guerres du XVIIIe siècle. On ne massacre pas les civils, tout reste entre militaires.

Le Premier Empire : avant tout une société de notables...

La prospérité impériale a contribué à asseoir la domination des notables déjà assurée par la promulgation du Code Civil en 1804. Celui-ci organise la défense de la propriété et fixe les règles du jeu d'une société qui obéit à ce que l'on appellera plus tard, les "bonnes moeurs". Portalis, principal rédacteur, y accomplit la synthèse du droit ancien, coutumier et écrit de l'Ancien Régime, et du droit issu de la Révolution. Le Code Civil consacre donc la liberté individuelle, l'égalité civile, et, surtout, la propriété défendue par toute une législation familiale.

En effet, l'Empire favorise l'ascension d'une nouvelle élite sociale : les bourgeois. Parmi eux, d'habiles placiers de leurs deniers, des acquéreurs de biens nationaux, des spéculateurs heureux sur les assignats ou des fournisseurs malhonnêtes aux armées, des juristes, des hauts fonctionnaires, promus par leur dévouement à l'Empire, ou encore quelques "capitaines d'industrie". Aussi quelques nobles qui ont échappé à la Terreur et dont le patrimoine foncier est resté intact. Peu à peu, ancienne aristocratie de naissance et nouvelle aristocratie de l'argent fusionnent à travers des alliances.

Pour les paysans, l'Empire fut aussi une chance. Le nombre des propriétaires ayant augmenté, à la faveur des ventes de biens nationaux, l'allègement des charges fiscales consécutif à l'abrogation des droits féodaux, la répartition plus juste de la contribution foncière, fondée à partir de 1807 sur le cadastre (une reprise des terriers, en fait) ainsi que des bons prix agricoles, augmentent leurs revenus.

Citation relevée dans les Mémoires et anecdotes sur la cour de Napoléon Bonaparte, d'Auguste Defauconpret :

Il parait que le prince Joachim Murat, en parlant des femmes, avait coutume de dire : "Les femmes, c'est comme les côtelettes; plus on les bat et plus elles deviennent tendres".

Je pense que c'est le genre de considérations que devaient s'échanger les Grognards le soir au bivouac...

Mouais ! Quel muffle , ce Murat !

Madame de Chimay a écrit:

Mouais ! Quel muffle , ce Murat !

Oui, mais... quel bel homme !



De tous les généraux de la Grande Armée, c'est lui le plus beau. Dommage qu'il parle aussi mal des femmes...

Yann-Hubert de St Hermine a écrit:

De tous les généraux de la Grande Armée, c'est lui le plus beau. ...

Question de goût !
Moi, je le trouve un peu chevalin . On croirait qu'il va hennir, en secouant sa brune crinière pour chasser les mouches !

Le maréchal Lannes ?

En parlant du maréchal Lannes, il me vient en tête une anecdote tirée du même ouvrage que cité plus haut.

Lannes et Murat ne s'appréciaient pas vraiment. Aussi, un jour que Murat vint faire ses remerciements à l'empereur du titre princier qui lui avait été attribué, Lannes se trouvait avec quelques autres militaires dans le salon de réception des Tuileries.

Lorsque l'huissier ouvrit les deux battants de la porte en annonçant : "Le prince Murat !", Lannes lâcha tout haut :

- Beau prince de mon c** !

Ces propos furent rapportés à Murat qui voulut alors envoyer un cartel à Lannes, mais Napoléon le lui défendit.

Et Lannes fut plutôt envoyé au Portugal...

Aux inconditionnels de Bonaparte, voici un livre qui les ravira

Le sang des Bonaparte. Avec une préface de Raoul de Warren et une étude sur l'héraldique napoléonienne par Hervé Pinoteau. de
VALYNSEELE (Joseph)
Paris, 1954. In-8° broché, 162 p.


Table des matières :

- Préface.
- Note liminaire de l'auteur.
I. Les Bonaparte avant Napoléon.
II. La descendance de Charles Bonaparte, père de l'empereur Napoléon Ier.
- Les douze enfants de Charles Bonaparte et leurs alliances.
- Postérité de Joseph, roi d'Espagne.
- Postérité de Napoléon, empereur des Français.
- Postérité de Lucien, prince de Canino.
- Postérité d'Elisa, princesse de Lucques et de Piombino, grande-duchesse de Toscane.
- Postérité de Louis, roi de Hollande.
- Postérité de Pauline, duchesse de Guastalla.
- Postérité de Caroline, reine des Deux-Siciles.
- Postérité de Jérôme, roi de Westphalie.
III. S.A.I. le Prince Napoléon, chef de la Maison Impériale. Esquisse biographique.
IV. L'ascendance de S.A.I. le Prince Napoléon.
- Les 64 quartiers de S.A.I. le Prince Napoléon (grand tableau hors-texte).
- Notices sur les maisons et familles figurant dans les 64 quartiers de S.A.I. le Prince Napoléon.
- Quatre filiations au-delà des (54 quartiers de S.A.I. le Prince Napoléon.
- Saint Louis.
- Le Bienheureux Charles de Blois.
- Étienne Marcel.
- Jacques Cœur.
Appendice.
- Inventaire de la production des titres de noblesse de Napoleone de Buonaparte.
- Correspondance d'Hozier de Serigny-Charles Bonaparte.
- Note sur l'héraldique napoléonienne, par Hervé Pinoteau.
- Bibliographie des principaux ouvrages généalogiques français et étrangers sur les Bonaparte et leurs alliances.
Table alphabétique des patronymes figurant dans la descendance de Charles Bonaparte et de Laetitia Kamolino.

40 euros (code de commande : 19733).

http://www.loiseaulire.com/

Un jour, Cambacérès ( notoirement homosexuel ) arriva en retard à un rendez-vous avec Napoléon .

--- Je vous demande pardon, Sire, j'étais avec une dame .
--- Quand on a rendez-vous avec l'Empereur, on dit à ces dames de prendre leurs cannes et leurs chapeaux, et de foutre le camp !

Bonjour,

En réponse au sujet sur le peintre David à Bruxelles, remarquons que Napoléon Bonaparte a lui aussi séjourné dans cette ville :

http://bruxellesanecdotique.skynetblogs.be/archive/2014/01/25/napoleon.html

madame antoine

Génial, je vais pouvoir encore chercher des photos de lieux!   

Bon retour, Madame Antoine!   

Ah, très bien, j'aime beaucoup ces cartes-vues anciennes.

madame antoine

On nous annonce un cycle de conférences sur Napoléon à Châteauroux, organisé à l'occasion de l'inauguration de la place et de la statue Napoléon ainsi que du passage Joséphine de Beauharnais en centre-ville. Vous trouverez le détail du programme ici.
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Loisirs/24H/n/Contenus/Articles/2016/11/17/Un-cycle-de-conferences-sur-Napoleon-a-Chateauroux-2905561

Bien à vous

madame antoine

L'une des grandes plaies de l'Humanité, ce corse. Les conjurés de 1799 avaient pensée à Bernadotte. Hélas ! Toujours est-il que ce général mourut sur son trône et introduisit la Démocratie en Scandinavie.

Je suis bien d'accord avec vous. Une plaie pour l'Europe, ce petit Jacobin ambitieux.

Je suis un peu plus nuancé que vous à son sujet car sa politique intérieure a aussi eu du bon, mais disons que je regrette que Napoléon se soit laissé griser par le pouvoir

C'est une grande figure de l'histoire de France quand même !