L’intimité du couple royal

Mais en aurait-elle vraiment souffert ? N'aurait-elle pas considéré que le fait qu'il ait une maîtresse impliquerait qu'il la laisse tranquille ? Soyons francs : Elle n'est pas transie d'amour pour lui, Elle l'évite, Elle avance les aiguilles de la pendule pour qu'il parte plus tôt, Elle lui ferme sa porte au nez... Le message est clair.
J'ose poser la question : pourrait-on imaginer une Marie Antoinette comblée physiquement dès le début par un LOUIS XVI "doué" et se satisfaisant par la suite d'une possible maîtresse, gage d'une certaine tranquillité pour Elle ?

Ça ne colle pas pour deux sous à Loulou.

Mais considérons l'exemple de Louis XV et Marie Leczinska : Louis se débrouille pas trop mal, mais elle en a marre et lui ferme sa porte. C'est votre hypothèse. En fut elle heureuse ? Elle passa le reste de sa vie renfermée dans la position de victime, à ruminer son malheur et ravaller les humiliations faisant souffrir ses enfants au passage. C'est joyeux !

Certes, mais Marie Antoinette n'avait pas le caractère dévot et ennuyeux de sa devancière... On peut imaginer que, délaissée au profit d'une maîtresse, Elle se retrouve "tranquille", avec ses amis, ses entours, à mener sa vie à TRIANON, sans avoir à subir régulièrement les assauts maladroits d'un balourd dans son lit...
Après ses dernières couches, Elle fait clairement comprendre à son mari qu'Elle ne veut plus de relation physique entre eux, c'est suffisament clair.
Certes, son orgueil aurait été piqué de se voir préférer une autre, mais bon...

Vous avez de ces mots ! En général c'est plutôt l'impression d'être bafouées, humiliées en public que l'on voit. C'est autrement douloureux ce me semble.

Certes. Je reconnais que le terme est mal employé pour un sentiment guère agréable, il est vrai.

Citation :

Mais considérons l'exemple de Louis XV et Marie Leczinska : Louis se débrouille pas trop mal, mais elle en a marre et lui ferme sa porte.

Louis XV sait trouver son plaisir surtout : lors de la nuit de noces , il honorera Marie sept fois...Je ne suis pas certain que ces Dames appellent cela un bon amant  

Bien à vous.

Tout dépend comment c'est fait...

On a voulu présenter une potentielle maîtresse à Louis XVI. C'est Mercy qui a dû remontrer à Marie Antoinette les désavantages de cette situation, selon lui. Antoinette elle-même aurait trouvé qu'un peu de piquant n'aurait pas nui à son mariage, pour réveiller son époux.

Bon... Mercy grossit sans doute sa propre intervention, comme d'habitude, et Antoinette était bien jeune à ce moment-là. Elle ne mesurait peut-être pas l'inconfort du statut de reine trompée, puisque Louis ne lui donnait aucune occasion de s'en rendre compte.

Il faut voir comment elle aurait réagi dans un cas concret.

Mal sans doute. Mais bon, après avoir fait une scène et cassé la vaisselle, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Pas grand-chose, hélas...

CALONNE a écrit:

Mal sans doute. Mais bon, après avoir fait une scène et cassé la vaisselle, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Pas grand-chose, hélas...

En effet.

Cette incroyable situation du couple royal tient donc bien au tempérament de ses deux parties prises individuellement.

Mercy raconte que Marie-Antoinette avait déclaré publiquement que cela ne la dérangerait pas que le roi prenne quelque maîtresse pour qu'il s'améliore sur ce terrain. A quoi Mercy effrayé d'une telle perspective lui a expliqué les dangers encourus. Plus aucun crédit...

De plus, deux cas se sont présentés où le service du roi s'est aperçu que Louis XVI avait témoigné quelques troubles devant l'actrice mademoiselle Contat puis envers madame de Conflans. Louis XVI n'a sûrement pas donné suite.
Mais pour le deuxième cas Marie-Antoinette enfermée au Petit Trianon pour cause de rougeole et trouvant par sa convalescence la bonne excuse de ne pas voir son mari a été avertie par Mercy du danger encouru. Elle n'a pas hésité aussitôt de s'expliquer avec son mari qui lui a assuré alors sa plus sincère fidélité. Elle en fut donc rassurée mais elle savait le risque possible.

Je pense qu'une femme du commun ne l'aurait en aucun cas inquiétée. Mais voir une favorite dûment installée ne lui aurait certainement pas plu. Elle avait trop d'amour-propre à défaut d'amour pour son mari. Elle aurait perdu son rôle de première dame du royaume, sa main-mise sur la vie de Cour, sur la mode, les fêtes, etc.
Son attitude vis-à-vis de madame du Barry montre bien son peu de tolérance envers de telles situations.

De plus, rien n'aurait empêché Louis XVI de privilégier une dame de sa cour, d'en faire sa favorite sans qu'il y ait véritablement adultère. Monsieur avait ses favorites, or nous savons bien qu'il ne pouvait rien faire. Et Louis XIII, très chaste, en a eu Marie de Hautefort et Louise de La Fayette en tout bien tout honneur.
Il semble donc que sans aimer non plus véritablement sa femme, il a voulu lui donner des gages de bonne entente conjugale, du moins en apparence. C'est tout à son honneur.

olivia a écrit:

De plus, rien n'aurait empêché Louis XVI de privilégier une dame de sa cour, d'en faire sa favorite sans qu'il y ait véritablement adultère. Monsieur avait ses favorites, or nous savons bien qu'il ne pouvait rien faire. Et Louis XIII, très chaste, en a eu Marie de Hautefort et Louise de La Fayette en tout bien tout honneur.
Il semble donc que sans aimer non plus véritablement sa femme, il a voulu lui donner des gages de bonne entente conjugale, du moins en apparence. C'est tout à son honneur.

C'est juste.

Bonjour,


Je n'ai pas fini mon livre encore, mais depuis plusieurs pages je peux lire que Marie-Antoinette, des le matin, va voir le Roi dans son appartement.
Ou le soir, si elle est avec lui, elle part dans le sien.

Pourquoi cette séparation ? il me semble que ce n'est pas expliqué.

Ce n'est pas expliqué car pour faire "chambre à part", il faut au préalable avoir fait chambre commune. Ce qui ne fut jamais le cas.

Depuis des temps très anciens (au moins la renaissance) les époux d'un certain rang (qui possèdent plusieurs appartement dans leur demeure) ont chacun une chambre, et se réunissent dans l'une ou dans l'autre lorsque l'envie leur en prend.

Il était d'usage que ce soit le Roi qui rende visite à la reine chez elle.

D'accord. Mais il me semblait avoir lu au début du livre qu'ils dormaient ensemble.

Pendant tout le temps où ils n'ont pas consommé leur mariage, ils n'étaient pas dans la même chambre la nuit ?

Comme le veut alors le protocole, chacun des deux époux a ses appartements, sa chambre, où il/elle mène sa vie. Comme l'a dit Lucius, en cas d'envie de "crac-crac"", l'époux se rendait alors dans la chambre de sa femme. Malheureusement, la disposition des lieux ne favorisait pas la discrétion : pour rendre visite nocturne à sa femme, le pauvre Louis devait traverser plusieurs salles où trainait toujours beaucoup de monde... C'est ainsi que tout Versailles savait dès le lendemain que le dauphin avait "visité" la dauphine...
Ils faisaient non seulement chambre à part, mais aussi appartement à part. Et vie à part aussi le plus souvent...

Hmm, en fait c'était surtout de la cohabitation, et encore... enfin, quand on a été marié par '' arrangement '' c'est sûrement mieux, puisqu'il n y a de toute façon pas de sentiments entre eux.

Effectivement, le protocole faisait qu'ils ne se voyaient guère. Ils se rejoignaient le matin pour traverser la galerie des glaces pour aller à la messe, déjeunaient ensemble et ne se revoyaient que le soir pour souper et le jeu. Chacun avait son appartement, sa chambre, sa "maison", ses gens et ses habitudes. Les parties de chasse de Louis XVI qui lui faisaient quitter le château de trés bon matin n'arrangeaient rien.
Quand Marie Antoinette s'installera à Trianon les mois d'été, ce sera encore plus flagrant même si Louis XVI avait l'habitude d'aller la voir le matin à son réveil.

Je me demande alors ce qu'ils se racontaient tout les 2, quand ils se voyaient.

Ils se voyaient le plus souvent en présence de la Cour, ce n'était donc pas très intime.

- Bonjour... Avez-vous bien dormi ?
- Oui.
(Echange entre Louis Auguste et Marie Antoinette au lendemain de leur nuit de noces)

ah oui ça devait être l'éclate tout les 2..... !

Bon, c'est quand même plus poli que :
- Alors, heureuse ?

CERTES je me demande même comment ça se passait ses moments là entre eux deux. Parce qu'ils sont finalement tellement..... il partagent pas grand chose, une barrière avec le vouvoiement, oui ils sont comme éloignés alors qu'ils sont mariés.
Mais bon, pour eux c'était la normalité..

Il faut se replacer dans le contexte de l'époque...