En effet, si j'ai cru naïvement à cette histoire de phimosis que Zweig racontait en premier lieu (c'est le premier bouquin que j'ai lu sur le couple donc pas de point de comparaison à l'époque), il paraît clair que ca ne tient pas debout.
Cela aurait forcément été notifié quelque part, l'opération d'un Roi ne passant jamais inaperçue (fistule de Louis XIV par exemple).
Je ne crois pas non plus à la théorie de Zweig comme quoi c'est par couardise que Louis XVI a refusé l'opération pendant des années. Euh, qui s'est fait inoculé la variole contre l'avis de tout son entourage qui craignait pour sa vie ? De plus, il semble bien que c'est la visite de Joseph II qui ait débloqué les choses, alors tout ceci m'a plutôt l'air d'ordre psychologique.
En fait je crois qu'on cherche une explication rationnelle (ce qui est naturel) à des réactions psychologiques qui sont sommes toutes, à mon avis, tout à fait normal :
- Les deux jeunes époux ont 14 et 15 ans. Marie-Antoinette n'est pas encore formée, elle n'attire donc pas Louis XVI sexuellement, ce qui se comprend aisément. Pour moi, quelqu'un qui trouve une fille de 14 ans sexuellement attirante est un malade. Autres temps autres mœurs, me direz-vous, enfin à mon avis, à n'importe quelle époque, une jeune fille au corps d'enfant n'éveille pas l'appétit sexuel d'un homme sain.
- Louis XVI est totalement inexpérimenté, et certainement pas prêt lui non plus : certains garçons le sont à 15 ans, d'autres non. La puberté et la maturité sexuelle, c'est relatif à mon avis. De plus, je crois que les souverains étaient initiés aux choses de l'amour d'habitude (Louis XIV avec Catherine de Beauvais), mais pas Louis XVI. Peut-être son éducation dévote ? En effet, ses précepteurs lui décrivaient le sexe comme une chose abominable. Bien que cela nous semble inconcevable de nos jours, si personne ne lui a jamais rien expliqué à ce sujet, serait-ce si étrange qu'il ne sache pas comment faire ?
- Marie-Antoinette n'est pas attirée par Louis XVI. Comme le disaient très justement certains d'entre vous, Louis XVI était très certainement un homme délicat qui ne voulait pas brusquer sa femme, et c'est tout à son honneur. Souvent, et c'est bien normal, les femmes ont peur de leur première fois, de la douleur qu'elles vont ressentir, devant l'inconnu, etc...Du coup, c'est un peu à l'initiative des maris qui à l'époque ne s'embarrassaient pas de ce genre de considérations et étaient un peu bourrins. Du coup, une adolescente pas attirée, apeurée, face à un jeune homme peu entreprenant, peu attiré lui aussi et totalement inexpérimenté, on comprend que les deux ne se soient pas forcés à un devoir qu'ils considéraient tous deux comme une corvée.
- Leurs tentatives infructueuses se sont avérées douloureuses et, à mon avis, cela a contribué à les dégoûter tous deux des rapports physiques, d'autant qu'ils n'ont pas l'air très portés sur la chose, ni l'un ni l'autre. Je suis loin d'être spécialiste, mais à mon avis on peut ressentir ces douleurs sans évoquer un problème physique. Qu'une adolescente vierge, peu attirée par son mari, ait le vagin peu lubrifié et étroit, cela me semble normal, de même que ce vagin peu lubrifié puisse causer des rapports désagréables voire douloureux à Louis XVI, déjà réticent. Souvent cela se réglait justement parce que le mari, en bourrin qui ignorait les douleurs des femmes, faisait du forcing, mais Louis XVI était trop délicat pour cela.
- Enfin, l'attitude de Marie-Antoinette n'a pas du aider. Elle n'a pas cherché à séduire son mari, voire s'est refusée à lui (JC Petitfils parle d'une fois ou les courtisans ont pu voir Louis revenir à petits pas de la chambre de Marie-Antoinette, qui lui en avait refusé l'accès), et ne faisait rien pour l'encourager. Alors, dans une attitude que je trouve saine encore fois, comment un homme pourrait avoir envie d'une femme qui affiche si ouvertement qu'elle ne le désire pas ? Il aurait eu l'impression de la forcer, et cela n'était pas dans son caractère.
Bien entendu, il s'agit de mon avis et c'est subjectif