Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
Sujet: Portrait de la jeune fille en feu Lun 20 Mai - 11:09
Un film dans nos cordes.
Avec "Portrait de la jeune fille en feu", en lice pour la Palme d'or, la réalisatrice Céline Sciamma raconte avec pudeur une histoire d'amour interdite entre deux femmes aux destins opposés, dans un XVIIIe siècle corseté.
1770: l'une est blonde, le visage fermé, et engoncée dans sa robe longue quand l'autre, la poitrine décolletée, s'épanouit dans sa vie d'artiste.
Adèle Haenel -- qui avait déjà tourné avec Céline Sciamma en 2007 pour "Naissance des pieuvres" -- et Noémie Merlant sont à l'écran Héloïse et Marianne, deux femmes dont les vies vont se mêler alors que rien ne les prédestine à se rencontrer.
Sortie du couvent pour se marier à un homme dont elle ignore tout, Héloïse doit selon les conventions de l'époque poser pour que l'on réalise son portrait. Lequel doit être remis à son futur époux.
Refusant de prendre la pose, comme si cette peinture l'assignait définitivement à son rôle d'épouse, elle a eu raison d'un premier peintre. A charge pour Marianne, la nouvelle peintre mandatée par la mère qui a connu le même sort, de mener à bien la commande.
La jeune artiste à qui l'on demande de se faire passer pour une dame de compagnie va gagner progressivement la confiance de son modèle, qui baisse la garde et se laisse apprivoiser par la peintre dont elle envie la liberté.
De cette complicité, va naître un amour brûlant, mais toujours traité avec pudeur, avant que la réalité ne les rattrape.
"Si ces femmes se savaient condamnées à des vies tout tracées, elles étaient traversées pour autant par d'autres choses. Elles étaient curieuses, intelligentes, avaient envie d'aimer", souligne Céline Sciamma dans les notes d'intention du film.
Présente dans trois films à Cannes ("Le Daim" à la Quinzaine, "Les héros ne meurent jamais" à la Semaine de la critique), Adèle Haenel livre une interprétation tout en retenue de son personnage à la colère intériorisée, quand Noémie Merlant apporte la lumière d'une femme affranchie qui va jouer le rôle d'initiatrice.
C'est la première fois que Céline Sciamma se retrouve en compétition. Après "Bande de filles" sur des jeunes femmes noires de banlieue qui bravent les interdits, en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs en 2014, elle s'intéresse une nouvelle fois à deux femmes combatives qui se soudent dans l'adversité.
La cinéaste qui, avec le collectif "50/50 pour 2020" avait posé sur les marches du Palais des festivals 2018 aux côtés de 82 autres femmes, afin de défendre la parité et l'égalité dans le monde du 7e art, défend une fois de plus la liberté des femmes.
C'est donc en tailleur pantalon, avec un pin's du collectif qu'elle a monté les marches dimanche soir. Elle fait partie des quatre femmes en lice pour la Palme d'or, sur 21 films sélectionnés. http://www.tv5monde.com/
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Cochevis de Thekla
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Lun 20 Mai - 11:15
Une image :
Adèle Haenel (à gauche, Héloïse) et Noémie Merlant (Mariane). Pyramide Distribution
«Vous m’autorisez à être curieuse?»: en tant que peintre, Marianne a l’habitude de scruter les visages et les postures mais elle veut en connaître davantage. Lorsqu’elle débarque sur l’île bretonne où une femme l’a fait mander pour peindre le portrait de sa fille Héloïse, elle questionne la servante. La jeune Sophie lui explique qu’Héloïse vient de sortir du couvent pour être mariée. Sa sœur aurait dû l’être à sa place mais celle-ci s’est donné la mort en sautant de la falaise. Puis la maîtresse de maison (Valeria Golino) lui annonce que le sujet refuse de poser et qu’il faudra ruser en l’observant au débotté pour boucler le portrait à envoyer au futur époux. Il en va de la réussite de cette union.
Pas facile d’être une femme au XVIIIe siècle. Une femme peintre bien sûr mais aussi une femme à marier, une veuve ou une servante, même constat: il faut ruser. Céline Sciamma fait le tour de la question en filmant ce gynécée planté sur la lande bretonne. http://www.lefigaro.fr/culture/
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Noche de Varennes
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Lun 20 Mai - 11:17
Elles sont canons ! Je les épouse quand elles veulent, les 2.
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Cochevis de Thekla
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Lun 20 Mai - 11:25
Adèle Haenel est la muse de la réalisatrice. Noémie Merlant sur une autre photo du film
Un drame grave et intense chez Céline Sciamma, présenté en ouverture de la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes, dimanche 19 mai. https://www.la-croix.com/
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Noche de Varennes
Nombre de messages : 285 Date d'inscription : 25/09/2018
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Lun 20 Mai - 11:30
Cool. J'ai trouvé plus d'info sur le synopsis.
Au XVIIIe siècle, une jeune femme résiste au mariage forcé, mais succombe au charme d’une artiste-peintre. Céline Sciamma filme la naissance du sentiment avec justesse et sensualité.
1770. Marianne, artiste-peintre, est envoyée sur une île bretonne pour y faire le portrait d’une jeune femme, Héloïse. Celle-ci a dû quitter le couvent pour épouser un homme, contre sa volonté. Comme c’est la tradition, elle doit poser pour offrir la toile à son futur mari. Mais elle résiste. Sa mère, avant de quitter l’île, laissant les deux femmes avec une servante, a trouvé un subterfuge : Marianne servira de dame de compagnie, observera à la dérobée son modèle, pour réaliser son portrait en son absence. Au début, le contact est difficile : Héloïse est distante, hiératique. Mais peu à peu, une connivence s’installe, les deux femmes se rapprochent de plus en plus.
Tout est question là de regard, de subjectivité, de réceptivité, de circulation du désir. Entre Marianne et Héloïse se dessine bien sûr une grande part du lien qui unit tout metteur en scène avec ses acteurs. Un lien où le rapport de pouvoir et de possession est mouvant, où le modèle peut lui aussi bouger, évoluer, dicter des choses. Lorsque l’on sait l’amour qui a lié durant dix ans Cécile Sciamma et Adèle Haenel, on se dit qu’il y a là un film à clef assez vertigineux. Comme une sorte de célébration, à la fois intime et protégée par la fiction en costumes, d’une histoire vécue.
Le récit décrit aussi la solidarité féminine, la sororité avant l’heure. https://www.telerama.fr/
Attirant, mais en même temps ça a l'air genre intimiste.
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Chakton
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Mer 22 Mai - 7:56
Paraît que la musique vaut le détour aussi.
[.....]Celle à qui l’on doit déjà “Bande de filles” ou “Tomboy” y opte notamment pour une bande-son plus que surprenante. Para One, compositeur du film et proche ami de la réalisatrice, nous explique ce choix.
Para One, compositeur fétiche de Céline Sciamma
Les bandes originales des précédents films de Céline Sciamma avaient déjà fait parler d’elles. En 2007, la réalisatrice faisait appel au musicien Para One -un ami rencontré sur les bancs de la Fémis- pour composer la BO de “Naissance d’une pieuvre”: le résultat était un album électro puissant qui marqua son temps.
Puis en 2014, Para One signe la composition musicale de “Bande de filles”, présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Si son travail lui vaudra une nomination au César de la meilleure musique, le grand public retiendra surtout la scène où les actrices du film se déchaînent sur “Diamonds” de Rihanna, que la réalisatrice a réussi à convaincre de céder ses droits.
La bande-son de “Portrait de la jeune fille en feu”, en compétition à Cannes, pourrait bien marquer à son tour les esprits, mais pas pour les mêmes raisons.
Si les bruits du crépitement du feu, des traits de fusain sur la toile, du craquement du parquet ou du souffle du vent sont mis en valeur, les deux heures de film ne contiennent que quelques précieuses minutes de musique, distillées en deux scènes: l’une au milieu du film, composée par Para One avec Arthur Simonini, l’autre à la toute fin, avec un extrait d’un grand classique de l’opéra.
Un film presque sans musique
Dans la scène centrale, Héloïse (Adèle Haenel), Marianne (Noémie Merlant) et la servante Sophie (Luana Bajrami) rejoignent des femmes du village autour d’un feu. Celles-ci se mettent alors à chanter en chœur une mélodie enivrante. “Céline [Sciamma] avait conçu assez précisément cette séquence”, raconte Para One au HuffPost. “Alors on s’est rapidement mis d’accord pour aller vers une option complètement moderne de cette chorale, avec un texte en latin écrit par Céline” dont le compositeur préfère entretenir le mystère de la traduction.
On pourrait se dire que composer trois petites minutes de musique d’un film de deux heures est frustrant pour les deux musiciens. Pourtant c’est tout le contraire. “En fait c’est plutôt une forme d’excitation”, explique Arthur Simonini, “on se dit qu’on a que trois minutes,et qu’il ne faut pas les louper”. “Et la musique est d’autant plus mise en valeur lorsqu’elle n’est pas un fond sonore ininterrompu”, ajoute-t-il.
“Tout à coup, à un moment du film, le volume augmente et ça fait un choc”, décrit Para One, Jean-Baptiste de Laubier de son vrai nom. “Il y a un vrai bouleversement narratif et je trouve ça beau. C’est un vrai nœud dans le film à partir duquel les choses s’accélèrent”. Et ce n’est qu’une heure plus tard, en toute fin du film, que quelques puissantes notes de musique résonnent à nouveau pour clore avec brio ce “Portrait de la jeune fille en feu”. https://www.huffingtonpost.fr/
Merci Para One.
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escale a bangkok
Nombre de messages : 80 Date d'inscription : 03/02/2019
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 23 Mai - 20:01
La critique On va tout entendre sur ce film. Mille et une mauvaises raisons de ne pas lui donner la Palme et mille et une tout aussi mauvaises de la lui remettre. Peut-on ignorer le contexte dans lequel une oeuvre est faite pour la juger librement? Pas si sûr. C'est un fait, Céline Sciamma ne fait ni du Lanthimos ("La Favorite") ni du Sofia Coppola ("Marie-Antoinette") et ceux qui attendaient une révolution formelle ou l'irruption du macaron rose bonbon dans le film d'époque ne pourront que bailler poliment. Mais "Portrait de la jeune fille en feu" avec son titre pied-de-nez à tous les clichés proustiens de lolitas en fleur, impose d'entrée un autre point de vue que le fameux "male gaze" phallo-centré auquel des décennies de fiction patriarcale nous a habitué. Il revendique un droit au récit. Et à l'Histoire.
Sciamma se livre à l'autopsie clinique d'une passion amoureuse, du désir au souvenir, de la cristallisation stendhalienne à la nostalgie éternelle, de quoi déverser des torrents de larmes contenues devant un mélo sous influence hitchcockienne qui jamais n'avance en terrain conquis mais au contraire se déploie à pas feutrés dans la résistance et la clandestinité. Surtout, la cinéaste place son conte corseté dans une histoire plus large. Celle de la représentation de la féminité et de toutes ses injonctions. Devoir d'épouse, de fille, de mère. Interdiction de ne pas enfanter, de ne pas servir, de ne pas sourire.
Impossible d'ignorer que cette éloge de la liberté et du pas de côté par la réalisatrice de "Tomboy" et de "Naissance des pieuvres" est avant tout un grand film sur le regard et sa réappropriation. Celui que l'artiste (la narratrice, peintre) pose sur son modèle (Héloïse jouée par Adèle) alors que celle-ci refuse de se laisser amadouer, domestiquer, réduire à une fonction d'objet, bonne à marier. Mais aussi le regard que la cinéaste (Sciamma) pose sur sa muse de toujours (Adèle Haenel, actrice) et dans les deux cas, la réciprocité que ce pas-de-deux implique. Oui, tout acte de création est une collaboration.
Comme "Atlantique" et "Sibyl" les deux autres entrées françaises féminines de la compétition, "Portrait de la jeune-fille en feu" clame haut et fort le droit des femmes à disposer de leur corps et de leur destin. Il contient d'ailleurs l'une des plus belles scènes d'avortement jamais vues à l'écran. Rien que pour elle, à l'heure où les droits humains les plus fondamentaux sont remis en cause, ce long-métrage est éminemment important. Un grand film d'amour doublé d'un geste politique en forme de manifeste qui questionne la place des images dans nos vies et dit la nécessité de l'art et de la fiction pour transcender l'éphémère. Varda s'en va, vive Sciamma. https://www.parismatch.com/
Qui vivra, verra.
Chakton
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Dim 26 Mai - 10:17
escale a Bangkok a écrit:
Qui vivra, verra.
« Portrait de la jeune fille en feu » de Sciamma a obtenu le prix du meilleur scénario au festival de Cannes. Par contre, pour le voir, on devra attendre. La sortie est paraît-il différée.
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flower power
Nombre de messages : 517 Date d'inscription : 09/05/2015
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 30 Mai - 12:56
Différée ? L'attente ne sera pas difficile pour tout le monde.
Prix du scénario pour «Portrait d'une jeune fille en feu», Céline Sciamma a pourtant réalisé une œuvre qui manque de nerf et de sensualité. On s'ennuie ferme à regarder se former une histoire d'amour entre une peintre et une jeune noble dans la Bretagne du XVIIIe siècle. Jean-Marc Le Scouarnec https://www.ladepeche.fr/
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Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 1 Juin - 8:47
Beau prix du scénario à Cannes
Toutes deux solitaires - l’une par son statut de femme artiste, très rare au XVIIIe siècle, l’autre par sa sortie récente du couvent -, découvrent l’amitié, puis l’amour. Une passion dévorante qui va les consumer, puis les frustrer, en raison des engagements matrimoniaux convenus par la mère d’Héloïse.
Le prix du scénario remis à Céline Schiamma est sans doute le plus approprié à son beau film, par ailleurs maîtrisé dans une mise en scène sobre et minimaliste. La première partie joue du mystère avec cette Héloïse qui refuse de poser devant cette femme artiste, héritière d’une Artemisia, la première femme peintre reconnue, élève du Caravage. Même si leur amour est attendu, le romanesque passionnel du film fonctionne grâce à Noémie Merlant et Adèle Haenel convaincantes et investies dans leurs rôles.
(photos-infos https://www.francetvinfo.fr/)
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Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 1 Juin - 9:02
Chakton a écrit:
Cette très belle image me rappelle la scène poignante du très beau film de Deepa Mehta, Fire, lui aussi sur le thème de l'emprisonnement féminin et de la passion.
Cochevis de Thekla
Nombre de messages : 507 Date d'inscription : 01/07/2018
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 13 Juil - 9:50
Sortie en salle le 18 septembre.
Ce qu’en dit Céline Sciamma la réalisatrice :
Quand je me suis plongée dans la documentation j’en savais très peu sur la réalité des peintres femmes de cette époque.
La difficulté à collecter des informations et des archives n’a pas réussi à faire longtemps écran à l’existence d’une véritable ébullition artistique féminine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Des critiques d’Art féminines, des revendications à accéder à plus d’égalité et de visibilité, tout est déjà là. Dans ce contexte une centaine de peintres femmes ont mené leurs vies et leurs carrières avec succès. Bon nombre d’entre elles sont dans les collections des grands musées. Mais on ne les a pas fait rentrer dans les récits d’Histoire.
Quand j’ai rencontré le travail de ces peintres oubliées, j’ai ressenti une grande excitation et une tristesse aussi. La tristesse de l’anonymat total de ces œuvres condamnées au secret.
Les interprètes
Le rôle d’Héloïse est pensé pour Adèle Haenel. Le rôle est sentimental et intellectuel, et Adèle parce qu’elle travaille au vivant sans jamais cesser d’y réfléchir, a la puissance pour incarner les désirs et la pensée des désirs.
J’avais à cœur de créer un duo, un couple de cinéma qui aurait sa part iconique donc sa part inédite. Le personnage de Marianne est de toutes les scènes et il fallait donc une comédienne très solide. Noémie Merlant est une interprète volontaire, courageuse, sentimentale. Un alliage de précision et de débordement qui a rendu passionnante l’invention du personnage qui s’est comme révélé dans le travail.
Un amour vécu
Faire un film d’amour c’est le désir premier. Avec deux envies de prime abord contradictoires qui vont être constitutives de l’écriture. La première c’est raconter pas à pas ce que c’est que tomber amoureux, le présent et le plaisir pur de ça.
Avec une mise en scène au service du trouble, du délai, du dialogue amoureux.
La seconde c’est écrire le récit de la résonance d’un amour, de sa survivance en nous, dans son amplitude. Avec une mise en scène au service du souvenir, du film comme mémoire de cet amour.
Le film est pensé pour vivre à la fois le plaisir d’une passion au présent et celui de la fiction émancipatrice pour les personnages et les spectateurs. Cette double temporalité propose à la fois une expérience et une philosophie du sentiment.
Il y avait aussi l’envie d’une histoire d’amour avec de l’égalité.
Une histoire d’amour qui ne repose pas sur des hiérarchies et des rapports de force et de séduction qui préexistent à la rencontre. La sensation d’un dialogue qui s’invente et qui nous surprend. C’est le film entier qui est régi par ce principe dans les rapports entre les personnages. L’amitié avec Sophie, la servante, qui dépasse le rapport de classe. Les franches discussions avec la Comtesse qui a elle-même des désirs, des aspirations. J’avais envie de solidarité et d’honnêteté entre les personnages.
La peinture
Il y a d’abord eu le choix d’inventer une peintre plutôt que de choisir une grande figure inspiratrice. Cela me semblait juste, par rapport aux carrières de ces femmes qui n’ont connu que du présent : en inventer une c’était penser à toutes.
Je voulais montrer le personnage au travail, avec ses couches.
Et il a fallu inventer ses œuvres. J’ai souhaité travailler avec une artiste plutôt qu’avec des copistes. J’avais envie qu’elle ait l’âge du personnage. Une peintre de 30 ans aujourd’hui. J’ai rencontré le travail d’Hélène Delmaire au gré de mes recherches sur les peintres femmes, qui incluaient le contemporain, sur Instagram notamment. Elle avait une formation classique de peinture à l’huile, plutôt rompue aux techniques du XIXe siècle.
Le film raconte aussi que l’art, la littérature, la musique et le cinéma nous permettent parfois de faire toute la place à nos émotions.
https://www.franceinter.fr/
Je reste dubitatif mais ma curiosité est piquée.
_________________ un peu vif
Note For Later
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 20/08/2016
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 13 Juil - 14:39
Ne trouvez-vous qu'il sort de plus en plus de films à thématiques lesbiennes ?
_________________ One learns one's scale
painted veil
Nombre de messages : 65 Date d'inscription : 21/06/2017
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 13 Juil - 14:45
Note For Later a écrit:
Ne trouvez-vous qu'il sort de plus en plus de films à thématiques lesbiennes ?
Homophobe ?
_________________ Watteau a renouvelé la grâce.
Note For Later
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 20/08/2016
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 13 Juil - 14:47
Pas du tout, mais il faut bien avouer que c'est une mode.
_________________ One learns one's scale
painted veil
Nombre de messages : 65 Date d'inscription : 21/06/2017
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 13 Juil - 14:57
Bon, je préfère en rester là.
_________________ Watteau a renouvelé la grâce.
Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 5 Sep - 9:19
En attendant la sortie (très prochaine) de ce film, en voici une très belle photo.
Klada
Nombre de messages : 55 Date d'inscription : 26/04/2019
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Mer 18 Sep - 22:09
L’information a déjà dû vous parvenir depuis sa présentation à Cannes et les commentaires généralement dithyrambiques qui ont essaimé : Portrait de la jeune fille en feu est un film d’une incroyable richesse, à la croisée de la peinture et du cinéma. Une œuvre sur le regard, façonnée par une cinéaste qui admire ses comédiennes… elles-mêmes amenées à se scruter, dans un environnement où sauver les apparences est une priorité. On peut bien évidemment y voir également un manifeste sur le libre arbitre des femmes, assez malmené à cette époque et en ces lieux, et sur les passions enfouies, prisonnières, incandescentes, interdites…
Céline Sciamma (Naissance des pieuvres, Bande de filles) jalonne son long-métrage de fulgurances esthétiques (la lumière des scènes sur la plage touche au sublime) mais sa mise en scène incroyablement corsetée bataille sans cesse avec l’épanouissement de la sensualité. Cette distance, certes revendiquée, constitue à nos yeux une limite qui empêche le film, qui a curieusement décroché le prix du scénario sur la Croisette, d’être la grande œuvre française de l’année. Film important néanmoins. https://www.lavoixdunord.fr/lavdn
Airin
Nombre de messages : 1005 Date d'inscription : 19/09/2015
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 19 Sep - 6:27
Ce film lève un coin du voile sur une des réalités les plus ignorées au cours des siècles, à savoir les amours entre femmes.
"Il est rare de voir un film porté uniquement par des femmes, qui plus est des femmes que l'on autorise à aimer, à vivre, à désirer. Céline parle de sexualité et de sensualité avec une grande sincérité, loin de la standardisation et des stéréotypes véhiculés par le regard masculin dominant"
"En filmant cette parenthèse amoureuse entre deux femmes dans la Bretagne du XVIIIe siècle, elle filme un modèle possible mais qui, officiellement, n'existe pas dans la société de l'époque. Elle montre la vie telle qu'elle pourrait être et telle qu'elle est interdite par le monde."
(propos d'Adèle Haenel, Héloïse dans le film, lors d'un entretien à Version Femina)
Lol Shampoo
Nombre de messages : 64 Date d'inscription : 11/05/2017
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Ven 20 Sep - 11:07
Les avis se succèdent, maintenant.
Invitée Ciné Cool du Caméo, Céline Sciamma, réalisatrice, expliquait combien il est ardu de tourner en été, et en costumes, sur une plage proche de Quiberon. «Quand l’équipe est enfin parvenue à convaincre touristes, voisins et enfants de la colo proche de s’éloigner du champ, ce sont les portables qui se mettent en batterie...». Pas simple donc. Mais qu’importe : l’image (signée Claire Mathon) est superbe. Vivifiée de contrastes de couleurs et de vent qui soulève cheveux, robes et capes.
L’erreur de Céline
À l ’intérieur du manoir --un peu délabré, car la famille vit chichement avec une unique domestique-- c’est le clair-obscur que la chef op magnifie. Pour le travail de reconstitution mémorielle de Marianne, puis les séances de pose quand s’aplanit enfin le refus d’Héloïse. S’intensifient alors un rapprochement peintre-modèle, une découverte réciproque et, de confidences en soirée populaire, la naissance d’un amour éloignant la pression du mariage arrangé.
Une gradation des sentiments qui devrait enflammer la toile or, c’est le contraire. Car Céline Sciamma commet l’erreur d’insister sur les corps dénudés des actrices que l’on sent très mal à l’aise. D’où coup de froid. Car ce n’est pas l’étalage de la chair qui rend un film brûlant. C’est la façon dont un réalisateur fait travailler l’imagination du spectateur en trouvant un biais sensuel. Ce que Sydney Pollack sut faire dans « Out of Africa » avec le shampoinnage des cheveux de Meryl Streep par Redford. Ou le massage très « hot » de Marylin par Robert Mitchum dans « Rivière sans retour» de Preminger.
Le talent de Sophie
Hormis cette perfection froide, Céline Sciamma, réalisatrice intello, excelle néanmoins sur deux plans.
Un : l’attention portée par son film à la condition de vie –et de rémunération des femmes peintres au XVIIIe dont, c’est vrai, on ne connaît guère qu’Élisabeth Vigée-Lebrun, peintre de la cour de Louis XVI et de Marie-Antoinette en particulier. Ce qui la contraignit à l’exil à la Révolution.
Deux : la finesse avec laquelle elle souligne la différence de classes.
Exemples : le léger geste de recul de la comtesse (excellente Valéria Golino) choquée de l’embrassade de Marianne (Noémie Merlant, une révélation). Et surtout le formidable personnage de Sophie, la soubrette (Luana Bajrami, autre révélation). Car c’est elle qui sauve Héloïse (mais n’en reçoit aucun remerciement) en étouffant avec son corps la robe enflammée de sa maitresse. Elle aussi dont les doigts de fée brodent l’autre tableau du film. Un bouquet de fleurs d’une finesse d’exécution remarquable sur une toile aussi fine. Mais personne, jamais, ne se penche sur son travail, n’en mesure la difficulté, ne la complimente et ne reconnait son talent. Tout est dit.
Fiona Franchi https://www.ici-c-nancy.fr/
_________________ Ceux qui ne savent pas rester chez eux sont toujours des ennuyés et, par conséquent, des ennuyeux.
Fleur de Pomme de Terre
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 26 Sep - 21:09
Pour celles et ceux qui, comme moi , n'ont pas encore vu ce film (pas que ça à faire) :
Une histoire d'amour passionnelle et impossible entre deux femmes. Céline Sciamma invente le grand drame lesbien qui manquait au cinéma.
Combler un manque. Le projet de Céline Sciamma est aussi politique qu'artistique : comment faire un film historique en mettant au centre les femmes, alors que l'Histoire les a toujours oubliées ? Si l'on prend pour exemple la peinture (même si la musique est également concernée), combien de femmes peintres connaissons-nous avant Berthe Morisot et le XIXe, déjà peu enclin à leur laisser de l'espace ? Ici, nous sommes au XVIIIe siècle, celui des Lumières et de l'émancipation de l'homme, et de lui uniquement. Une peintre (Noémie Merlant) doit réaliser le portrait de mariage d'une jeune fille qui sort du couvent (Adèle Haenel). Les deux vont s'aimer intensément, le temps que soit exécuté le tableau.
Ici, la réalisatrice imagine ce que l'Histoire en général et l'histoire de la peinture en particulier seraient si elles avaient été racontées par des femmes. Un avortement deviendrait alors un sujet aussi noble qu'une peinture de bataille... Sciamma ambitionne de faire un grand film lesbien en lorgnant du côté de La Leçon de piano. Sans avoir la débauche visuelle de Jane Campion, Portrait de la jeune fille en feu en porte le même souffle romantique. Adèle Haenel et Noémie Merlant y sont incandescentes. https://www.grazia.fr/culture/cinema/portrait-de-la-jeune-fille-en-feu-tout-feu-tout-femme-933138
Voilà. Dès que j'aurais deux minutes, je verrai si j'y vais, en fait.
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Biname
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 26 Sep - 21:15
Je viens de parcourir tout le sujet. Ce film a l'air vraiment intéressant, et puis j'aime bien les histoires d'amour qui sortent des sentiers battus.
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Fleur de Pomme de Terre
Nombre de messages : 257 Date d'inscription : 01/01/2019
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Jeu 26 Sep - 21:16
Moi aussi, mais je n'ai réellement pas le temps pour le moment.
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paname
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Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Sam 28 Sep - 14:15
Déçu. J'ai trouvé ce film lourd.
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Oberon Saint Laurent
Nombre de messages : 190 Date d'inscription : 31/08/2017
Sujet: Re: Portrait de la jeune fille en feu Mer 2 Oct - 21:59
Pour moi, c'est un film magnifique, un authentique film d'auteur.
_________________ La folie fait le tour du globe comme le soleil