Ultime(s) rencontre(s) avec Fersen aux Tuileries

Reinette a écrit:

Et là le El est bien Eléonore, n'en déplaise à certains !

Très bien vu, Reinette. Où l'on voit, une nouvelle fois, que Fersen utilise "El" pour parler d'Eléonore et non les termes "anonymisés" "Elle", "elle", "elle" ou "Joséphine". Et que la mystérieuse "elle" à laquelle Fersen fait référence dans son Journal au sujet de sa visite aux Tuileries le soir du 13 février 1792 désigne selon toute probabilité, la reine ("elle") et non Eléonore ("El").

pimprenelle a écrit:

Ben, c'est super moche, non ?

Ah bon, pourquoi ? Vous connaissez comme moi l'explication qu'en donne F. Kermina : "Il faut cependant voir qu'il était normal à cette époque, pour un gentilhomme, de réclamer au souverain le salaire des services rendus, puisque sa condition l'empêchait d'en gagner par un métier ou un commerce quelconque." Fersen avait, au minimum, le droit d'être remboursé de ses frais. De même que la baronne de Korff, qui avait engagé toute sa fortune dans cette aventure. Le plus choquant, ce n'est pas l'attitude de Fersen, mais la malhonnêteté de l'Autriche (qui a subtilisé l'argent du roi et de la reine (une somme considérable, presque 2 millions de livres)) et l'ingratitude des Bourbons, au premier rang desquels Louis XVIII et la duchesse d'Angoulême, qui n'ont jamais voulu débourser un centime (la duchesse d'Angoulême s'est semble-t-il contentée de verser 1.000 ducats à la baronne de Korff).

pimprenelle a écrit:

Fersen aimait-il l'argent ?

Il aimait le luxe et le faste. Mais il n'était pas radin semble-t-il. On le voit à son attitude vis-à-vis de la baronne de Korff, qu'il rembourse lui-même sur sa cassette personnelle.

Citation :

Reinette a écrit:

Et là le El est bien Eléonore, n'en déplaise à certains !

Très bien vu, Reinette.   Où l'on voit, une nouvelle fois, que Fersen utilise "El" pour parler d'Eléonore et non les termes "anonymisés" "Elle", "elle", "elle" ou "Joséphine". Et que la mystérieuse "elle" à laquelle Fersen fait référence dans son Journal au sujet de sa visite aux Tuileries le soir du 13 février 1792 désigne selon toute probabilité, la reine ("elle") et non Eléonore ("El").

Donc, si je vous suis bien, pour Fersen, EL égale Eleonore Sullivan, et tous les autres pronoms la reine de France. Voilà qui est très scientifique.  

Citation :

pimprenelle a écrit:

Ben, c'est super moche, non ?  

Ah bon, pourquoi ? Vous connaissez comme moi l'explication qu'en donne F. Kermina : "Il faut cependant voir qu'il était normal à cette époque, pour un gentilhomme, de réclamer au souverain le salaire des services rendus, puisque sa condition l'empêchait d'en gagner par un métier ou un commerce quelconque." Fersen avait, au minimum, le droit d'être remboursé de ses frais. De même que la baronne de Korff, qui avait engagé toute sa fortune dans cette aventure. Le plus choquant, ce n'est pas l'attitude de Fersen, mais la malhonnêteté de l'Autriche (qui a subtilisé l'argent du roi et de la reine (une somme considérable, presque 2 millions de livres)) et l'ingratitude des Bourbons, au premier rang desquels Louis XVIII et la duchesse d'Angoulême, qui n'ont jamais voulu débourser un centime (la duchesse d'Angoulême s'est semble-t-il contentée de verser 1.000 ducats à la baronne de Korff).

D'accord, la réaction de l'Autriche a été répugnante, et ce depuis le début de la révolution. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas levé le petit doigt pour l'archiduchesse qu'ils avaient envoyée en sacrifice en France.

Il n'empêche que l'attitude de Fersen manque de panache, même si elle peut s'expliquer au regard des usages nolibiaires de son époque. Vous qui prétendez qu'il ne s'est jamais défendu d'avoir été l'amant de Marie Antoinette par fidélité à sa mémoire, je m'étonne que vous ne soyez pas sensible au peu de cas qu'il en fait ici, quand il s'agit de prendre l'argent pour entretenir sa nouvelle femme.

Non, y'a pas, c'est moche... humain, certes, compréhensible, sans doute... mais petit. Comme tant de traits, chez Fersen. L'homme n'était vraiment pas à la hauteur du costume de héros que la légende lui a taillé.

Citation :

pimprenelle a écrit:

Fersen aimait-il l'argent ?  

Il aimait le luxe et le faste. Mais il n'était pas radin semble-t-il. On le voit à son attitude vis-à-vis de la baronne de Korff, qu'il rembourse lui-même sur sa cassette personnelle.

Manquerait plus que ça !  

D'autant plus qu'une fois son vieux mort, il avait plus que largement les moyens de rembourser ses vieilles. Très gériatrique, tout ça...  

Fersen était un narcissique, amoureux de son image. Ah, il s'y connaissait en matière de polissage d'image !

Madame de Chimay a écrit:

Fersen était un narcissique, amoureux de son image. Ah, il s'y connaissait en matière de polissage d'image !

N'est-ce pas, princesse ? Et quoi de plus glamour dans les salons que de sortir, comme dirait notre Reinette, sa carte d'amant de l'infortunée reine de France ? Ça le fait tout de suite, question image...

Tu ne serais pas la réincarnation de Mme de Saint-Priest, par hasard ?

Tu sais bien que je ne m'incarne que dans des animaux !  

C'est bon, j'ai passé la commande aujourd'hui du livre de Françoise Kermina et la liste est encore longue
Petite digression parce que je ne savais pas trop à quel fil le rattacher donc je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d'année et vive le forum

Je pense qu'on percerait mieux Fersen à jour en lisant la volumineuse correspondance de Gustave III.
Mais bon, le livre n'est pas donné !

pimprenelle a écrit:

Donc, si je vous suis bien, pour Fersen, EL égale Eleonore Sullivan, et tous les autres pronoms la reine de France. Voilà qui est très scientifique.  

Je parle des occurrences où Fersen protège l'anonymat de la personne dont il parle, sans utiliser le terme "El" : dans ces cas-là, les "Elle", elle" et "elle" paraissent en effet bien souvent désigner la reine. Ainsi, dans la correspondance de l'été 1790, la mystérieuse "elle" est une personne de haut rang, maltraitée par l'opinion, dont les cheveux sont considérés comme des reliques. On reconnaît la reine dans cette "elle". De même, la mystérieuse elle" avec laquelle Fersen est "resté là" le 13 février 1792 est selon toute probabilité la reine puisque : (i) l'on sait que Fersen avait prévu de voir la reine ("Joséphine" selon brevdiarium) le 13 au soir et Eléonore le 14 au soir; et (ii) dans le dagbok, Fersen indique être "resté là" le 13 au soir non pas avec "El" (Eléonore) mais avec "elle".

Donc, si nous vous suivons bien, tous les cryptages élaborés par le comte de Fersen renvoient à Marie Antoinette, excepté l'abréviation que vous êtes bien obligé de raccorder à Madame Sullivan.  

Puisque vous revenez avec cette fameuse correspondance de 1790, permettez-moi de vous rappeler la fragilité de ce montage. En effet, ces lettres ne sont pas datées, et leur classification nous est imposée par Alma Södejhelm. Mais il est tellement plus glamour de continuer à les voir tourner autour de Marie Antoinette, en cet été de tous les possibles, n'est-ce pas ?  

Cela dit, votre acharnement ne rend pas justice au pauvre comte de Fersen, car en prétendant mordicus qu'il parle bien de la reine de France, alors que c'est syntaxiquement impossible, vous faites de lui une quiche en maîtrise du français.  

lelia a écrit:

C'est bon, j'ai passé la commande aujourd'hui du livre de Françoise Kermina et la liste est encore longue
Petite digression parce que je ne savais pas trop à quel fil le rattacher donc je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d'année et vive le forum

Très belle biographie!

Cependant une chose me met hors de moi, dans toutes celles que j'ai pu lire sur le personnage, toutes commencent avec son arrivée en France en 1774! on ne sait rien de sa vie en Suède, pas grand chose de sa famille.

la biographie est passionnante, je ne regrette pas du tout mon achat et là j'attends les mémoires du comte de Tilly
à bientot pour d'autres lectures

Voici une remarque au sujet de Stephane Bern qui m'étonne beaucoup.

Une petite histoire sympathique qui nous incite à apprécier encore plus ce grand vulgarisateur de l’Histoire, dont l’un des rêves est de démystifier ce qui s’est réellement passé entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen.

Il me semblait pourtant d'après ses émissions que ce présentateur n'éprouvait aucun doute sur l'existence d'une liaison entre la Reine de France et le Comte Suédois. Il est intéressant de lire qu'il se montre plus prudent en interview que devant les caméras.

http://www.journaldemontreal.com/2014/12/06/stephane-bern-continue-de-percer-bien-des-mysteres

madame antoine

Ah c'est bon à savoir ça! Car oui à ma connaissance Bern ne rechignait pas à donner de la crédibilité à cette thèse

Je viens de tout lire le topic. Compliqué dites donc !
Ce qui me frappe surtout, c'est que Fersen ait raté son rendez-vous aux Tuileries et que donc il n'a peut-être même pas pu y entrer le 13 février.
Ca c'est wiiiizzzzz.

J'ai lu dans le livre de Françoise Kermina que Fersen avait prévu dans son voyage à Paris de passer beaucoup de temps avec sa maîtresse madame Sullivan. Donc il a quitté Marie-Antoinette aux Tuileries pour aller coucher avec Sullivan. Je n'en reviens pas. Je le croyais désintéressé et chevaleresque. Très décevant.

J'ai trouvé un site très bien construit qui reprend chronologiquement tous les événements.
https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/

J'ai déjà lu plusieurs rubriques et c'est clair qu'une présentation chronologique rend compte des faits plus objectivement (au lieu de toujours tourner autour du nombril des intéressés).

Par exemple, la dernière visite aux Tuileries (autour de laquelle tous les historiens et biographes brodent comme des romanciers) :



Ce sont effectivement les seuls faits dont nous sommes sûrs. Le reste est du roman.
Je vous recommande la lecture de toute la rubrique sur Eléonore Sullivan :
https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/eleonore-sullivan/

L'on ne peut s'empêcher d'avoir aujourd'hui une pensée émue pour le cher Axel qui s'est tant démené pour venir voir Marie-Antoinette pour la Saint-Valentin !

Unhappy Housewife a écrit:

L'on ne peut s'empêcher d'avoir aujourd'hui une pensée émue pour le cher Axel qui s'est tant démené pour venir voir Marie-Antoinette pour la Saint-Valentin !

Ben non, chère Madame, c'est un hasard. Rendez-vous à l'expo des Archives nationales pour vous en rendre mieux compte.
https://maria-antonia.forumactif.com/t49715-exposition-louis-xvi-marie-antoinette-et-la-revolution-la-famille-royale-aux-tuileries

En attendant, vous pouvez lire leur publication sur FB :

• 14 février 1792 : Un rendez-vous amoureux aux Tuileries entre la reine de France et le comte de Fersen ?
  
  En 1792, on ne fête pas la Saint-Valentin en France et c’est par pure coïncidence que le 14 février, le comte de Fersen, l’« ami » de la reine Marie-Antoinette (et pour certains, son amant) vient secrètement lui rendre visite au château des Tuileries. Ils ne sont pas vus depuis plusieurs mois, depuis le 21 juin 1791 au matin, lors de la tentative d’évasion manquée de la famille royale qui se solde par son arrestation à Varennes. Depuis, Fersen et la reine ont échangé une correspondance secrète, codée, masquée et impossible à lire jusqu’aux récents travaux de l’équipe REX : « jamais jamais je ne puis être un instant sans vous adorer » (Marie-Antoinette à Fersen, 4 janvier 1792). Le 14 février 1792, Fersen retrouve la reine en tête à tête, les retrouvailles sont émouvantes. Fersen a relaté sa visite dans son journal (en français) aujourd’hui conservé en Suède. Mais c’est leur dernier rendez-vous : ils ne se reverront plus jamais. Le 10 août 1792, jour de la prise des Tuileries, qui sera suivie de l’enfermement de la reine au Temple, puis de son exécution, Fersen, à Bruxelles, ignore tout, des événements à Paris. Dans une ultime lettre à Marie-Antoinette, il verse des regrets bien prémonitoires : « Je regrette bien que vous ne soyez sortis de Paris ».
  
  Les lettres de Marie-Antoinette et de Fersen conservées aux Archives nationales, ainsi que le journal suédois de Fersen, seront présentés au public dans le cadre de l’exposition « Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution. La famille royale aux Tuileries 1789-1792 » qui se tiendra aux Archives nationales, hôtel de Soubise, du 29 mars au 4 juillet et du 30 août au 6 novembre 2023.
  https://www.facebook.com/Archives.nationales.France

Merci à notre ami Benjamin Warlop-Majesté pour l'info.

Petite remarque : l'ultime rencontre fut peut-être émouvante, mais Fersen n'en rend pas spécialement compte dans son journal.
https://maria-antonia.forumactif.com/t516p125-la-vision-d-alma-soderhjelm
https://maria-antonia.forumactif.com/t2125p25-marie-antoinette-aux-tuileries

N'oublions pas qu'il bouillait d'impatience de rejoindre sa maîtresse, Eleonore Sullivan, avec laquelle il avait prévu de passer du bon temps.

pimprenelle a écrit:

lelia a écrit:

Effectivement, son comportement par la suite n'est pas digne d'un "chevalier courtois"  mais bon je ne vais pas aborder l'autre thème ici

N'est-ce pas ? Etrange manque d'empathie, pour un homme qui aime si fort une femme dont il vient de voir les malheurs...   J'ai du mal à comprendre. Cela tient pour moi de l'indifférence absolue, ou carrément du cynisme.  

Le roi vient de refuser une ultime chance de s'en sortir, Marie Antoinette sombre de plus en plus... et Fersen va lever la jambe avec la gonzesse de son pote ! Youkaïdi youkaïda !

Le plus aimant des hommes !  

Si les choses se sont vraiment passées comme ça, cette attitude fait de Fersen un vrai psychopathe au sens clinique du terme.