Nous avons été très bien traitées, par un serveur des plus charmants, libanais, qui parle avec un accent tout en roucoulades . Il a rempli mon verre de Sauterne pas plus haut que le bord. (
)
Le foie gras, avec ou sans blattes ? Sans sera parfait pour moi, merci bien .
Au dessus de notre table, une figure amie : ce bon et excellent Cléry !
Or donc , voici les photos promises
, agrémentées d'un petit historique :
Le vrai départ du café en tant que boisson commence avec l’arrivée et le séjour à Paris et Versailles de l’Ambassadeur extraordinaire du sultan de Turquie, Mehmed IV.
Soliman Aga Mustapha Roca, vedette du tout Paris de l’époque, donne aux parisiens le goût du café …en le servant sucré.
Vingt ans après l'introduction de cette nouvelle boisson à la cour de France, un Arménien du nom de Grégoire, originaire d’Ispahan, ouvre un café rue Mazarine (près la rue Guénégaud et à côté du théâtre de la Comédie-Française). Lorsque le théâtre quitte cet emplacement pour aller rue des Fossés-Saint-Germain, en 1680, Grégoire déménage son café. Il vient alors s’installer en face et fait prospérer ses affaires en attirant la nombreuse clientèle du monde du spectacle.
Bon, c'est vrai, je penche peut-être un peu .... mais pas tant que ça . Notez que les passants sont normalement droits . C'est la façade qui plonge, par son encorbellement séculaire .
D'ailleurs
Google image le prouve :
En 1670, arrive en France un Sicilien de Palerme, Francesco Procopio dei Coltelli (qui francisera son nom en François Procope-Couteaux). Il travaille comme garçon chez un cafetier arménien du nom de Pascal qui possédait un café rue de Tournon, à la foire Saint-Germain. Il se met à son compte deux ans plus tard et, en 1686, il rachète à Grégoire son établissement, qu’il fait luxueusement décorer et l'ouvre en 1689.
L’établissement, qui porte désormais le nom
Le Procope, devient rapidement l’un des cafés littéraires les plus courus. Il concurrence même le café de la Place du Palais-Royal, fondé cinq ans plus tôt (et qui deviendra
le café de la Régence). Après la mort de François Procope en 1716, son fils lui succède.
Montesquieu fait allusion au café Procope dans
les Lettres persanes :
Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré.Lorsqu'en 1689 la Comédie Française s'installe non loin du café, le Procope devient aussitôt un lieu à la mode et le lieu de rendez-vous de la critique littéraire et théâtrale, des dramaturges, des écrivains, des philosophes. La Fontaine, Regnard, Marivaux, Crébillon le fréquentent assidument. C'est le plus réputé des cafés littéraires du XVIIIème siècle. Le café Procope acquiert bientôt une célébrité européenne.
Chaque salon porte le nom d'un homme de lettres.
C'est dans cet établissement que les Parisiens goûtent pour la première fois des glaces
; aussi se passionnent-ils pour ce genre de rafraîchissement. Pendant tout le XVIIIème siècle, la vogue du café Procope se maintient. II a pour clients les écrivains les plus célèbres. Piron, Destouches, d'Alembert, Voltaire, Crébillon, d'Holbach, Jean-Jacques Rousseau, Diderot et une multitude d'autres littérateurs font de ce café une succursale de l'Académie.
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Nous reconnaissons bien Voltaire à son galure informe ...
Le café attire des auteurs comme Voltaire ou Rousseau, qui y ont leurs habitudes. La « légende » du café dit que Diderot y écrivit des articles de l’
Encyclopédie, que Benjamin Franklin y prépara le projet d’alliance de Louis XVI avec la nouvelle République selon une plaque commémorative, et qu’il y aurait conçu des éléments de la future Constitution des États-Unis.
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Le Procope reçoit beaucoup d'américains, tel aussi Thomas Jefferson:
Le début du XVIIIème marque le déclin de la monarchie, la fin en verra la chute, le Café Procope deviendra vite un café philosophique. C’est la genèse du siècle des Lumières dans lequel ont retrouvera à la fois l’émergence des Encyclopédistes, le triomphe de l’esprit philosophique et l’émergence de la Raison sur la Foi.
Dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la monarchie absolue, des dogmes religieux, de la morale sociale, des sciences et de la littérature vont faire de la liberté le mot d’ordre et le principe de leur réflexion et de leur action. De l’Ouest un vent de liberté arrive le 3 septembre 1783 à Versailles avec la signature du traité qui met fin à la guerre d’Indépendance des treize colonies anglaises d’Amérique du Nord.
Le matin de ce même jour Benjamin Franklin et John Jay, représentants des Insurgents américains, ont rencontré l’Ambassadeur britannique David Hartley, rue Jacob après une réunion secrète au Café Procope.
Et lorsque l’année suivante le 27 avril 1784 Beaumarchais convie ses amis à fêter au Procope la première du
Mariage de Figaro , achevé en 1778 mais censuré pendant six ans, le public applaudit la tirade de Figaro.
Qu’avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus .C'est d'ailleurs au Café Procope que Beaumarchais vient se réfugier en attendant de savoir l'accueil que le public allait réserver à la première représentation de son Mariage de Figaro qui se jouait à l'Odéon.
L'établissement est réputé pour les glaces et le café que l'on y sert mais aussi pour les nouvelles qu'on y lit, les échanges d'idées : l'esprit révolutionnaire y fermente graaave...
Sous la Révolution, on songe à toute autre chose qu'à la littérature ; le café Procope est changé en club ; Hébert préside cette société étrange où l'on ne parle que de réformes, de guillotine, de liberté. Le soir, pour démontrer leurs théories libérales, les membres du club brûlent devant la porte de l'établissement les journaux trouvés trop modérés.
Le café Procope est resté fidèle à cette tradition et affiche une déco bien révolutionnaire :
Les articles des
Droits de l'Homme couvrent tout un pan de mur en dégringolant du plafond :
Ce qui n'empêche pas Marie Leczinska de sourire dans son cadre :
Marie-Antoinette paiera pour toutes les reines de l'Ancien Régime .
Robespierre, Danton, Camille Desmoulins se réunissent au Procope et brassent les idées qui feront tomber la monarchie . L'abject Marat habite au numéro 16 de la même rue où est installée son imprimerie de
l'Ami du Peuple , comme tu nous as montré, cher François , juste derrière le café dans le passage du commerce saint-André.
Repaire des Jacobins durant la Révolution, c'est du Procope, dit-on, qu'aurait été décidée l'attaque des Tuileries en juin 1792.
C'est également ici que serait apparu le premier bonnet rouge révolutionnaire.
Incroyable mais vrai, au numéro 21 de la rue des Fossés St Germain habite le fameux docteur Guillotin.
Au Procope, Bonaparte laissera son chapeau en gage, un beau jour qu'il ne pourra régler sa note.
Couvre-chef soigneusement conservé depuis :
Le club des Cordeliers se réunit au café Procope, avec Danton et Marat comme figures principales.
Du reste, voici la hure de Danton, un peu stylisée :
Les Cordeliers font alors rapidement du Procope un foyer révolutionnaire. Robespierre, dont un portrait figure en vitrine comme voici .............
............ et les Jacobins y ont également leurs habitudes. Sur un des murs, on trouve une citation de Camille Desmoulins :
Ce café n’est point orné comme les autres de glaces, de dorures et de bustes, mais il est paré du souvenir de Grands Hommes qui l’ont fréquenté et dont les ouvrages en couvriraient les murs s’ils y étaient rangés.Déjà la colère gronde dans les campagnes et la disette arme la révolte des ventres qui ont faim. L’échafaud mis en place à quelques mètres de l’établissement, ne coupe pas l'appétit des habitués du Procope .
Normal, ce sont eux qui fournissent les victimes .
En 1791, Olympe de Gouges compose une ode funèbre à la gloire de Mirabeau qui vient de mourir . Elle en fait la lecture au café le Procope avant de donner à jouer à la Comédie Italienne son Mirabeau aux Champs Elysées .
A l'étage du Procope, on peut découvrir la table de Voltaire .
Grimpons !
Voici l'objet !
Cette table de Voltaire sert d’autel votif lors du passage de ses cendres, en 1794, puis pour les cercueils de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau et de Jean-Paul Marat, en route pour le Panthéon .
... ça l'amuse !
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