Bien chers Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,
Je prends sur moi de proposer à votre attention une réflexion dévolue aux deux corps de la Reine.
Résumé
Décryptage des funérailles d'Elisabeth II
avec :
Jean-François Dunyach (Historien, maître de conférences à Sorbonne Université, spécialiste de la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle), Emmanuelle Tixier du Mesnil (Maîtresse de conférences à l'Université Paris-Ouest La-Défense), Antoine de Baecque (Professeur d'histoire du cinéma à l'École normale supérieure).
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Record battu : il y eut peut-être 4 milliards de téléspectateurs dans le monde, pour assister aux funérailles de la reine Elisabeth II ce lundi 19 septembre. Rappelons que son couronnement en avait rassemblé plus de 220 millions en 1953, ce qui était alors un exploit technique et en faisait un moment fondateur dans l’histoire de la télévision.
Mais où ai-je la tête, comme disait Louis XVI ? Je vous parle de modernité quand tout, dans cette grandiose cérémonie, est sensé nous parler de tradition. Une tradition immémoriale, manipulant les symboles les plus anciens et les objets les plus sacrés de la monarchie anglaise. Par exemple, mon moment préféré, puisque vous me posez la question, ça a été lorsqu’à la fin, le Lord Chamberlan brisa sa fine baguette pour la déposer sur le cercueil de sa reine. On apprendra plus tard que ce premier officier de la Maison royale n’était pas n’importe qui, mais Andrew Parker, ancien chef du contre-espionnage anglais.
Bref, tout cela a l’air médiéval, mais c’est très sérieux. Et d’ailleurs, ce n’est qu’assez peu médiéval. Si vous vous intéressez à la bande-son de la cérémonie de Westminster (après-tout, arrêtons de parler de télévision, nous sommes à la radio), vous y reconnaîtrez certains hymnes anciens, composés par Henry Purcell, mais la plupart datent du XIXe siècle et certains ont été composé pour l’occasion, notamment par Judith Weir, maître de musique du roi.
Que voulez-vous, c’est cela un historien : quand on lui donne à voir le spectacle d’une tradition sans âge, il la décompose et cherche à la dater, strates par strates. On va tenter de s’y employer aujourd’hui, avec notre invité, Jean-François Dunyach, rejoint dans la seconde partie de la cérémonie, pardon de l’émission, par les deux sociétaires du jour — une vénérable, la Queen Emmanuelle Tixier, et un petit nouveau, le prince Antoine de Baecque.
BIBLIOGRAPHIE
Jean-François Dunyach, Histoire de la Grande-Bretagne, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2021.
Jean-François Dunyach et Nathalie Kouamé dir., Sous l’empire des îles. Histoire croisée des mondes britanniques et japonais, Paris, Karthala, 2020.
Jean-François Dunyach et Aude Mairey dir., Les âges de Britannia. Repenser l’histoire des mondes britanniques, Moyen Âge - XXIe siècle, Rennes, PUR, 2015.
Jean-François Dunyach, « Le temps du Royaume incertain », Le Temps, 14 septembre 2022 (https://www.letemps.ch/opinions/temps-royaume-incertain)
Ernst Kantorowicz, Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique du Moyen Âge [1957], trad. franç., Paris, Gallimard, 1989, rééd. « Folio Histoire » 2019.
Richard II de William Shakespeare, mis en scène par Christophe Rauck, du 20 septembre au 15 octobre au théâtre des Amandiers de Nanterre : https://nanterre-amandiers.com/evenement/richard-ii-shakespeare/
Antoine de Baecque, Godard, Paris, Grasset, 2010.
PROGRAMMATION MUSICALE
Arctic Monkeys "Theyre'd better be a mirrorball"
Vous pouvez écouter l'émission via le même lien.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/histoire-de/histoire-de-du-dimanche-25-septembre-2022-4442439
Bien à vous
madame antoine
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Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)