Avec ses 57 m2 le salon de l'Abondance est le plus petit des salons des Grands Appartements.
Le salon est aménagé en 1682 sous la direction du Premier Architecte du Roi Jules Hardouin- Mansart.
Il servira de vestibule au cabinet des Médailles ou des Curiosités et des Raretés qui renfermait les objets les plus précieux des collections royales.
Louis XIV y entreposera notamment sa collection de médailles d'or, enfermées dans 12 médailliers à incrustations de cuivre et d'écaille.
Ce cabinet aujourd'hui disparu était situé à l'emplacement de l'actuel salon des Jeux de Louis XV
Le salon de l'Abondance doit son appellation à sa proximité avec le cabinet des médailles et à la peinture centrale sur lequel quelques-uns des objets exposés dans le cabinet des Médailles, dont bon nombre ont disparu, sont représentés sur la voûte peinte par Antoine-René Houasse en 1683, d'après les dessins fournis par Charles Le Brun, le Premier peintre.
Le plafond illustre la Magnificence et la Magnanimité royale inspirant et récompensant les Arts.
C'est la première fois à Versailles qu'un décor plafonnant est peint d'un seul tenant à l'huile directement sur la coque de plâtre.
Lors des soirées d'appartement, divertissement nocturne d'hiver instauré par Louis XIV pour distraire la Cour, le salon de l'Abondance dit «chambre des liqueurs » accueillait trois grands buffets: «Celui du milieu au-dessous duquel on voit une grande coquille d'argent est pour les boissons chaudes, comme café, chocolat, etc.
Les deux autres sont pour les liqueurs, les sorbets et les eaux de plusieurs sortes de fruits.
On donne de très excellents vins à ceux qui en souhaitent et chacun s'empresse à servir ceux qui entrent dans ce lieu, ce qui se fait avec beaucoup d'ordre et de propreté »
De 1682 à 1710, le petit salon servait également de vestibule à la galerie de la quatrième chapelle du château de Versailles située au niveau de l'actuel salon d'Hercule.
Lorsque le lieu de culte est définitivement déplacé, le salon de l'Abondance intègre alors pleinement l'enfilade des Grands Appartements.
Entre 1814 et 1815, le salon est remis en état; tandis qu'en 1834, dans le cadre de la conversion du château en musée, le Salon devint une salle de musée accueillant des toiles de Van der Meulen
Ce n'est qu'en 1955 que la pièce retrouve une partie de sa cohérence «Ancien Régime» par la mise en place d'une tenture murale en velours de Gênes vert
La pièce mesure 8,65 sur 7,56 mètres, sous une hauteur de plafond de 7,55 mètres.
Les soirs d’appartement, le salon de l’Abondance était le lieu des rafraîchissements; un buffet y proposait café, vins et liqueurs.
C’était aussi l’antichambre du cabinet des Curiosités ou des Raretés de Louis XIV(aujourd’hui occupé par le salon des Jeux de Louis XVI) auquel on accédait par la porte du fond.
Le roi aimait montrer à ses hôtes les vases d’orfèvrerie, les gemmes et les médailles qui y étaient conservés et qui ont inspiré le décor de la voûte, où l’on peut voir en particulier la grande nef royale, représentée au-dessus de la porte.
La nef du roi, un objet précieux en forme de navire démâté, était posée sur la table du souverain pour les grandes occasions, ou bien sur le buffet.
Symbole de pouvoir, que chacun devait saluer au passage, elle contenait la serviette du souverain.
Aménagé en 1680, il permettait d'accéder à l'ancien cabinet des curiosités, dit aussi « des Raretés », où Louis XIV conservait ses objets d'art (cette pièce est aujourd'hui le cabinet des jeux de Louis XVI)
Le plafond peint par René-Antoine Houasse, présente sur la corniche les plus belles pièces que comprenait la collection du roi.
Certains de ces objets sont aujourd'hui exposées dans la galerie d'Apollon au Louvre.
Lors des soirs d'appartement, le salon de l'Abondance servait au buffet.
Elle est constituée de tentures de velours vert, de décors peints, de marbre et de stucs.
Sa dernière restauration a été inaugurée le 11 mars 2014: elle a constitué à redonner de la fraîcheur au plafond, devenu marron, et de remeubler la pièce, jusque-là vide
[url=https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?repr=["portrait %28Philippe V d%27Espagne%2C homme%2C %C3%A0 mi-corps%2C de trois-quarts%2C Ordre de la Toison d%27or%2C Ordre du Saint-Esprit%2C %C3%A9p%C3%A9e%29"]](Philippe V d'Espagne (18 ans), homme, à mi-corps, de trois-quarts, Ordre de la Toison d'or, Ordre du Saint-Esprit, épée)[/url] 1701
Paiement inscrit aux livres de comptes en 1701 (ms. 624, f° 18 v°: « Le Roy et le roy d’Espagne, et une copie du portrait du Roy de la même grandeur que l’original pour sa Majesté catholique, le tout 12 000 livres » [prix pour trois tableaux]; placé dans le cabinet des tableaux à Versailles; Salon de 1704 (trumeau sur la cour II); signalé en magasin à la Surintendance de Versailles à partir de 1760; au Louvre à la Révolution; 1974, déposé à Versailles.
Philippe V d'Espagne Peinture à l'huile sur toile réalisée par Hyacinthe Rigau y Ros (Hyacinthe Rigaud) Dimensions: 1,94 m x 2,30 m. Date: 1700. Le dernier roi d'Espagne de la famille des Habsbourg, Charles II, était le demi-frère de Marie Thérèse, l'épouse de Louis XIV. Il avait désigné le petit fils de son beau frère, Philippe duc d'Anjou, comme héritier du trône. Sa mort en 1700 et l'acceptation de la succession par Louis XIV, contestée par les Habsbourg d'Autriche, entraîna la France dans la dernière et l'une des plus difficiles guerres du Grand Roi, la Guerre de Succession d'Espagne (1701-1712)
Commode livrée par Boulle pour la chambre de Louis XIV au Grand Trianon Auteur: Boulle, André-Charles. Date de création: 1708-1709. Dimensions: 87 x 130,5 x 65,5 cm, 120 kg. Matière et technique: placage d'ébène, marqueterie de cuivre sur écaille, bronze ciselé et doré, marbre griotte
Trace d'une porte dérobée dans le bas du lambris de marbre. Passage utilisé par Louis XVI pour se rendre au théâtre de l'aile Gabrielle
Louis de France (1661-1711) Le Grand dauphin. Huile sur toile de 191 x 116,5 cm
Apollon, statuette de bronze. Italie XVIe siècle
Vestale, tête en bronze. Rome XVIIe siècle
L'Astronomie, statuette en bronze d'après Jean de Bologne. Florence XVIIe siècle
Médaillier qui aurait figuré dans le Cabinet des Curiosités, représentant Aspasie et un philosophe. Dimensions: 7,56 m x 7,55 m x 8,65 m. Les médailliers conservaient une collection de médailles antiques mais aussi de médailles frappées sous le règne du Grand Roi et destinées à conserver la mémoire des grands évènements (mariages, conquêtes, traités...)
Caracalla, buste, bronze. Paris, Musée du Louvre, département des sculptures, en dépôt à Versailles
La magnificence. Médaillon ovale de Claude Audran III, peint en camaïeu sur toile. Cette porte ouvrait autrefois sur le cabinet des curiosités dont le plancher était surélevé de cinq marches. Ce tableau sera commandé par Louis XV en 1730, pour orner la séparation mobile isolant le salon de la Paix de la galerie des Glaces. Le dessus de porte d'origine disparu a été remplacé par celui-ci, qui semble provenir de la cloison installée à la fin du règne de Louis XIV entre la Grande Galerie et le Salon de la Paix
Anacréon
Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712) Artiste original: Hyacinthe Rigau y Ros (Hyacinthe Rigaud) Dimensions: 80 cm x 110 cm. Peinture à l'huile sur toile Date: approximativement entre 1700 et 1725 Ce portrait est une copie de Louis de Bourbon, duc de Bourgogne.
Socrate
Amour monté sur un cheval marin
Louis XV (le Bien Aimé) Peinture à l'huile sur toile de 1,71 m x 2,05 m entre 1716 et 1629 de Jean-Baptiste van Loo. Ce tableau est l'une des nombreuses répliques d'un original perdu.
Une des deux commodes livrées pour la Chambre de Louis XIV au Grand Trianon en 1708-1709. C'est historiquement la première commode du monde, qui remplace de manière plus commode (d'où son nom...) le coffre à habits. Dimensions: 7,56 m x 7,55 m x 8,65 m
Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements - 2 Salon de l'abondance.
Nature morte aux pièces de l'orfèvrerie de Louis XIV; Deux aiguières et un flambeau de la série des "Travaux d'Hercule" en argent exécutés aux Gobelins. Huile sur toile du Comte Meiffren (vers 1630-1705) Dit aussi Le Comte Meiffren. Hauteur: 0.800 m. Longueur: 1.010 m.
Cérès ou l’Été
Gladiateur Borghèse
Annius Vérus, fils de l'empereur Marc-Aurèle
Popée Sabine. Buste en bronze, Italie XVIe siècle
Nature morte "au chandelier des travaux d'Hercule" Huile sur toile du Comte Meiffren (vers 1630-1705), dit aussi Le Comte Meiffren Hauteur: 0.850 m. Longueur: 1.080 m.
Vénus accroupie, statuette en marbre. Don d’Hippolyte de Béthune à Louis XIV en 1663. Italie XVIIe siècle,
Porcie, statuette en marbre. Don de Hippolype de Béthune à Louis XIV en 1663. Italie XVIIe siècle
Le tireur d'épine. Statuette en marbre. Don de Hippolyte de Béthune en 1663. Italie XVIIe siècle
Table ébène Napoléon III de Couplet Claude-Antoine (1642-1722)supportant un plateau en mosaïque de pierres dures. Marbre et albâtre représentant la France vers 1684, plateau de table faisant partie de l'ameublement de Marie-Antoinette au Grand Trianon. Date: 1684
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Dernière édition par yann sinclair le Ven 17 Fév - 16:15, édité 4 fois
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Sujet: Re: Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements - 2 Salon de l'abondance Mar 22 Nov - 11:25
salon de l'Abondance
Installé hier dans le salon de l'Abondance du château de Versailles, le bureau de Louis XIV préempté en décembre 2015 lors de la vente Servier grâce au soutien d' @AXAFrance semble méconnaissable à l'issue de sa restauration au @c2rmf, qui devrait constituer un cas d'école en la matière !
Le public est invité, dès ce 22 novembre, dans le salon de l'Abondance pour découvrir ce joyau du mobilier de la fin du XVIIe signé Oppenordt, entré par préemption dans les collections du château en 2015.
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Sujet: Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements - 2 Salon de l'abondance - Corniche Mer 23 Nov - 16:50
Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements
- 2 Salon de l'abondance - Corniche
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Sujet: Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements - 2 Salon de l'abondance - Plafond Mer 23 Nov - 16:56
Premier étage - Aile centrale - Les grands appartements
- 2 Salon de l'abondance - Plafond
Plafond : l'Abondance, La Libéralité.
Ce plafond est l’œuvre de René-Antoine Houasse vers 1683, élève de Lebrun; il représente au centre l'allégorie de la Magnificence royale, mais ce qu'il a de plus étonnant, ce sont les jeunes gens et les jeunes filles qui, sur le pourtour, disposent les pièces d'orfèvrerie royales, tout en regardant vers les visiteurs.
La magnanimité: désigne du doigt la direction de l'ancien cabinet des Médailles. Cette jeune femme incarne la bienveillance du monarque à l'égard des artistes dont les œuvres sont alors conservées dans la pièce voisine. Son sceptre symbolise la puissance bienfaisante, et la corne d'abondance regorgeant d'orfèvrerie et de médailles évoque les richesses utilisées pour de nobles desseins.
La Magnificence, porte une pyramide et une palme. À côté d'elle, se déploie un plan d'architecte. Ces attributs symbolisent la gloire du monarque qui construit des ouvrages pour la postérité.
La Personnification de l'art porte un plateau contenant des instruments de peintre et de sculpteur.
Les richesses intellectuelles et militaires sont représentées par Minerve, déesse romaine de la sagesse, de la guerre, des sciences et des arts. Elle tient un livre appuyé sur un globe terrestre. Elle personnifie également l'Europe conquérante.
La nef d'or de Louis XIV figure sur la corniche, au-dessus de la porte qui donnait accès au cabinet des Médailles. Cet objet de « vingt-six kilos d'or », en forme de navire démâté, était exposé sur la cheminée du précieux cabinet. Il servait lors du souper en Grand Couvert à placer les coussins de senteur et les serviettes. L'objet a été détruit à la Révolution.
Les richesses naturelles et matérielles, opposées en symétrie à celles de Minerve, sont évoquées par l'allégorie de l'Asie, symbole d'abondance. L'encensoir qu'elle tient en main rappelle tous les produits rares (encens, parfums, épices) que la Compagnie des Indes fondée par Colbert en 1664 importait de ces lointaines contrées. Les objets précieux signalent la proximité du cabinet des Médailles. Peints en trompe-l'œil, comme la balustrade sur laquelle ils sont exposés, des objets de collection manifestent la richesse du roi et livrent un aperçu réaliste de ce que le cabinet des Médailles, tout proche, renferme. Des jeunes gens semblent occupés à disposer ces objets sur la balustrade à mesure que les putti les leur apportent.
Les richesses de la terre, opposées en symétrie à celles de Neptune, sont incarnées par Pluton, dieu romain des Enfers et des richesses souterraines. Il évoque l'or, l'argent, les pierres précieuses.
La coupe de Rodolphe II de Prague, le plus grand vase de jaspe connu (57 cm de longueur), issu des collections du cardinal Mazarin. Pluton désigne de la main cet objet dont le matériau est extrait de son royaume souterrain.
Les richesses des mers sont symbolisées par Neptune, dieu romain des Océans.
Téthys, déesse grecque de la fécondité marine. Elle tient une branche de corail et une coquille, précieuses matières venues des mers.
Ce putto n'est pas sorti du pinceau de Houasse. Il a été ajouté 130 années plus tard, en 1814, lors de la restauration menée par le peintre d'histoire Pierre-Claude Delorme.
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Sujet: Un bureau de Louis XIV de retour à Versailles Mer 7 Déc - 14:38
Un bureau de Louis XIV de retour à Versailles
Préempté en 2015, restitué depuis dans sa forme d’origine, un bureau à huit pieds, chef-d’œuvre d’ébénisterie réalisé par Oppenordt pour Louis XIV, vient de regagner Versailles, où il sera exposé dans le salon de l’Abondance.
Ils sont deux. Deux bureaux issus du même atelier, celui de l’ébéniste Alexandre-Jean Oppenordt (1639-1715), qui avait reçu commande, avant juin 1685, des « compartimens » pour les « deux bureaux du petit cabinet de Sa Majesté »
Autrement dit, des panneaux qui recouvriraient les meubles plaqués d’ébène et de bois de rose du Brésil, et dont le dessin avait été composé par le dessinateur de la Chambre du roi, Jean Ier Berain (voir l'article B comme Berain de la Gazette n° 14 du 09 avril 2021, page 166)
La somme de 240 livres était réglée le 25 juillet à l’ébéniste pour ce travail. Fils d’un boucher de Gueldre, en Hollande, Alexandre-Jean Oppenordt (voir l'article Ébénistes sous le règne de Louis XIV de la Gazette n° 7 du 18 février, page 154), arrivé à Paris dans les années 1655-1660, avait appris le métier dans l’atelier de l’ébéniste César Campe et travaillait depuis quelques mois pour le service des Bâtiments du roi.
L’un des bureaux fut habillé en première partie de marqueterie: le chiffre de Louis XIV et le décor, en laiton, se détachaient sur le fond d’écaille teinté d’écarlate.
Il est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art à New York.
L’autre, vêtu de la marqueterie en contrepartie, possédait donc les mêmes motifs, mais inversés, l’écaille rouge formant le dessin dans les vides laissés par les plaques de laiton.
Celui-ci vient de retourner dans sa demeure d’origine, le château de Versailles. « Bien que très prisée alors par les milieux d’ébénistes parisiens, écrit l’historien d’art Calin Demetrescu dans Les Ébénistes de la Couronne sous le règne de Louis XIV (La Bibliothèque des arts), l’écaille rouge fut jugée visiblement peu appropriée pour un meuble royal, et Oppenordt fut loin de remporter le succès escompté: malgré la qualité extraordinaire de son travail, ce fut la dernière commande de mobilier qu’il recevait pour la couronne »
Ces deux bureaux à huit pieds ornés de bronzes dorés, où le chiffre du roi était présent jusque sur les entrées de serrure des tiroirs latéraux, de ceux des caissons du milieu et des trois tiroirs feints de la ceinture, étaient dit « brisés » parce que leur plateau, articulé, s’ouvrait en deux parties, laissant place à un intérieur formant une écritoire et quatre tiroirs.
Ils étaient destinés au Petit cabinet octogonal, aménagé deux ans plus tôt en « Cabinet où le roi écrit », derrière la galerie des Glaces.
Ils sont décrits ainsi dans l’Inventaire général de 1729, « de marqueterie d’écaille de tortue et de cuivre, représentant au milieu les chiffres du Roy couronnés et surmontés d’un soleil, et à chaque coin une grande fleur de lys, ayant par devant neuf tiroirs fermans à clef, portés sur huit piliers en gaine de même marqueterie à bases et chapiteaux de cuivre doré »
Passés de mode, ils furent vendus aux sieurs Joubert et Centenier le 12 juillet 1751, lorsque Louis XV ordonna de disperser les anciens meubles de la couronne.
Au chevet d’un chef-d’œuvre L’un des deux a donc fini par intégrer le Metropolitan Museum.
On trouve trace du second dans la collection de Ferdinand de Rothschild à Londres, au XIXe siècle, puis dans celle de lady Ripon et enfin de sa fille Juliet Duff.
Vendu chez Sotheby’s en 1969, il entra dans la collection de la famille Servier, et fut à nouveau mis aux enchères à Paris le 18 novembre 2015.
Classé Trésor national, interdit de sortie du territoire, il a été préempté 1 487 200 € (voir Gazette 2015 n°41, page 187) par le Musée national du château de Versailles grâce au mécénat d’Axa et à la Société des amis de Versailles, en partenariat avec la Fondation du patrimoine.
Modifié en bureau à pente sans doute avant même qu’il ne soit acquis par Ferdinand de Rothschild, il a été restitué depuis dans sa forme d’origine, une décision très rare qu’explique Laurent Salomé, le directeur du musée: « L’acquisition s’est faite déjà du temps de mon prédécesseur, Béatrix Saule, avec l’idée de le rétablir dans sa forme parce que ce bureau, ainsi transformé, était difficile à intégrer dans le parcours. L’étude du comité scientifique à partir de 2017 n’a fait que confirmer ce choix. Nous nous sommes rendu compte que le dernier état du meuble était peu intéressant, mal documenté. La réalisation n’était pas de bonne qualité. Pourtant, malgré ce traumatisme, le décor a été plutôt moins restauré que celui du bureau conservé au Metropolitan Museum. Lorsque nous avons compris que nous pourrions récupérer énormément de décors avec très peu de perte, notre décision de le restituer dans sa forme d’origine a été confirmée »
L’étude préalable pour affiner les partis pris de restauration a duré deux ans, pendant lesquels les conservateurs du comité scientifique – dont Danielle Kisluk-Grosheide, conservatrice en chef au Metropolitan Museum de New York – sont venus à plusieurs reprises examiner le bureau au département des Arts décoratifs du laboratoire des musées de France, le C2RMF.
Quarante pièces ont été examinées, des radios ont permis de découvrir que les chênes ayant servi à sa fabrication avaient été abattus après 1680, ce qui tend à prouver que les ébénistes travaillaient avec du bois vert, contrairement à ce que l’on pensait. « Sur le plateau, nous avons retrouvé les traces de vis qui formaient les anciens pivots, explique Frédéric Leblanc, chef des travaux d’art. Dans toutes les restaurations, il y a une surprise.
Dans celle-ci, ce fut de découvrir que toutes les marqueteries de laiton avaient été refixées au XXe siècle avec une colle époxy à base d’Araldite »
Il a fallu retirer cette colle avec un scalpel à ultrason, un travail long et minutieux, avant de tout recoller avec une colle animale réversible.
Ce contretemps a cependant permis aux restaurateurs d’étudier les traces d’outils au revers des éléments de marqueterie, et de différencier les pièces d’origine des autres. Château de Versailles, Dist. RMN Christophe Fouin
Une restauration scrupuleuse
Les parties hautes ajoutées pour réaliser l’abattant en pente du bureau ont donc été supprimées et leur marqueterie replacée sur les faux tiroirs de la ceinture.
Pour restituer les lacunes (10 à 15 % du décor), des dessins ont été tracés en copiant les motifs du bureau conservé au Metropolitan Museum.
Ils ont ensuite été vectorisés, selon une technique mise au point par Frédéric Leblanc pour agrandir les motifs sans les déformer, puis découpés avec un équipement laser spécifique.
De minuscules traits ont été gravés sur certaines pièces de marqueterie et le revers des parties neuves en laiton a été traité différemment des anciennes, afin que les restaurateurs futurs puissent comprendre les travaux effectués sur le meuble.
Les vernis, très épaissis, ont été remplacés pour raviver les teintes de l’écaille de tortue.
À l’intérieur de l’abattant, enfin, sous le cuir rouge qui avait été ajouté, un placage a été réalisé selon la technique du frisage en fougère, qui joue avec les dessins des essences de bois.
Après plus de cinq ans passés au C2RMF, le bureau de Louis XIV, remis à plat, vient de retourner au château, installé depuis le 20 novembre dans le salon de l’Abondance, non loin de l’emplacement de l’ancien Cabinet où il avait été livré, à l’été 1685.
Au soulagement de Laurent Salomé, très heureux de l’accueillir: « Ce bureau est resté très longtemps en restauration, nous sommes contents qu’il ait enfin rejoint sa destination définitive ! »
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