La duchesse de Polignac

Je pense aussi que l'oubli est la raison pour laquelle nous n'avons aucune trace de ce tombeau, car sinon j'espère bien que ça aurait été tracé :s:
Et j'ai aussi l'impression, mais peut-être me trompe-je, que la Duchesse de Polignac est morte dans une totale indifférence, brusquement, si bien que son tombeau a été le cadet des soucis des Polignac ou autres contemporains :s:

Alors là, Chou, vous vous trompez ! Mme de Polignac n'est pas du tout morte dans l'indifférence de ses proches. Elle était adorée de sa famille et de ses amis. Mais l'abbé de Vermond a raison de dire que les Polignac ne reviennent pas à Vienne où ils passent encore quelques temps avant de se retirer dans la château de Presbourg en Hongrie qu'ils quittent pour Opalina en Russie. A ce moment, Yolande est morte depuis deux ans déjà, Vaudreuil se sépare enfin de Jules et Diane et choisit de plutôt rejoindre le comte d'Artois en Grande Bretagne, auprès de qui il retrouve les jeunes Polignac.
Si notre petite duchesse est "hébergée" incognito dans un caveau des Estherazy ou tout autre, comment la retrouver ?
Vous parlez, l'Abbé, des ouvertures de caveaux à l'occasion de nouveaux décès ("place aux jeunes en quelque sorte", chantait Brassens dans "Les Funerailles d'antan") qui réservent parfois des surprises, eh bien dans un caveau de famille de mon mari, nous avons trouvé un cercueil renfermant le corps d'un grand grand oncle qui passait pour noyé, perdu en mer ... il était là bien tranquille. Ceci pour dire que l'on ne sait pas forcément toujours bien qui dort sous le marbre. Mais n'ont accès aux sépultures que les membres de la famille, et heureusement. Alors quelle piste suivre pour Mme de Polignac ?

Si quelqu'un a une idée ???

Citation :

Si notre petite duchesse est "hébergée" incognito dans un caveau des Estherazy ou tout autre, comment la retrouver ?

C'est ma crainte aussi... Mais, en même temps, Vaudreuil ne dit-il pas que son inscription porte "morte de douleur" ?

Si, si, Pim ! Bonjour !
Alors oui, ce n'est pas Vaudreuil qui le dit mais Hedwige de Polignac ( 1960 ) et Jean Héracle de Polignac ( 1975 ). Ce qui signifie qu'il est su, dans la famille de Polignac, de tradition orale (à moins que cela ne figure dans un écrit des archives familiales), que la petite formule "Morte de douleur" a été gravée sur la sépulture de Yolande.
Avec ou sans le beau mausolée dont la nuit la neige nous présente la gravure, il faut bien que Mme de Polignac ait commencé par avoir une tombe à elle pour que l'on puisse y graver cette inscription. Ses restes en ont-ils été extraits par la suite pour être placés ailleurs ? et pourquoi ?

Pourquoi pas, dans le cadre de la loi du silence qui interdit, à Vienne, de prononcer le nom de Marie-Antoinette, comme le dira Napoléon à Las Casas, à Sainte-Hélène (Mémorial de Sainte-Hélène), pour faire disparaître ce souvenir gênant de l'amie de la Reine martyre que la Cour de Vienne (sa propre famille) a abandonnée à ses bourreaux ?
Je cite Las Casas qui rapporte les propres paroles de Napoléon: " C'était une maxime établie dans la Maison d'Autriche que de garder un silence profond sur la Reine de France. Au nom de Marie-Antoinette, ils baissent les yeux et changent significativement la conversation comme pour échapper à un sujet désagréable et embarrassant. C'est une règle adoptée par toute la famille et recommandée à ses agents du dehors."
Napo sait de quoi il parle: il a épousé Marie-Louise, il fait partie de cette famille. Il est le propre gendre de François II !

On peut imaginer, s'il existait un aussi important mausolée que celui de la gravure, avec une inscription aussi poignante que ces simples trois mots "Morte de douleur", on peut imaginer qu'un tel monument, dédié à l'amie de Marie-Antoinette, constituait un symbole trop voyant, une manière de témoin qui renvoyait Vienne à sa mauvaise conscience et son sentiment de culpabilité.
Dès lors, il n'est pas complètement absurde d'imaginer qu'il ait pu être délibérément détruit.

Votre raisonnement se tient... hélas... d'hypothèse et hypothèse, nos chances de retrouver la sépulture de notre amie diminuent...

Pour que Marie-Odette elle même, avec les passe-droits que lui donnaient son nom, n'ait rien pu trouver ... Il faut reconnaître que la quête est vouée à l'échec, à moins d'un miracle .

Citation :

Alors là, Chou, vous vous trompez ! Mme de Polignac n'est pas du tout morte dans l'indifférence de ses proches. Elle était adorée de sa famille et de ses amis

Ah de ses proches oui c'est fort possible, mais je veux dire que la Duchesse de Polignac n'attirait pas les foules en ce temps (d'ailleurs elle était détestée), donc sa mort a fait du bruit vous avez raison dans sa famille, mais j'ai bien peur que ça en soit restée là, et que personne d'autre n'ait eu l'idée d'aller sur son tombeau  :s:

Sinon je suis d'accord avec vous, il est possible que son tombeau ait provoqué la conscience de certains, dans un sens comme de l'autre d'ailleurs non?  

Oui, elle était assez universellement détestée ... de ceux qui ne la connaissaient pas et qui étaient parfaitement conditionnés par l'intox des pamphlets !!!

J'ai (enfin   ) commencé à lire votre livre, et même si je n'en suis qu'au début j'adhère comme tous les autres ici à votre style très clair et efficace  

Je me suis posé une question à propos de Jules de Polignac le mari de Yolande (dont on parle peu finalement). Il paraît qu'il était gentilhomme malgré un physique "passable" (je vous cite   ). On en a peut-être déjà parlé mais tant pis : sait-on s'il a eu des maîtresses, et s'il est resté jusqu'au bout avec sa femme? J'imagine que les réponses sont dans le livre mais bon j'en profite pendant que j'y pense  

Oh chic ! Ma petite duchesse revient dans les sujets qui tournent !!!
Je ne comprends pas , Chou, "gentilhomme malgré un physique passable" ? Cela n'a rien à voir. Un gentilhomme peut-être laid. On est gentilhomme de par sa naissance, mais ensuite on en mérite le titre par une conduite sage, honnête, respectable, un maintien de bon aloi d'homme du monde ... Jules donc, qui n'était pas un Adonis, avait indéniablement des qualités de coeur (plus d'ailleurs que de l'esprit, si l'on en croit ses contemporains).
Il ne semble pas avoir eu de maîtresses. Je n'en ai eu aucun écho.

Citation :

Je ne comprends pas , Chou, "gentilhomme malgré un physique passable" ? Cela n'a rien à voir.

Oui je suis complètement d'accord, mais mon "malgré" voulait juste annoncer un léger reproche suite à un compliment Mais c'est vrai que je me suis mal exprimé

Citation :

Il ne semble pas avoir eu de maîtresses. Je n'en ai eu aucun écho.

Ah ok merci! Je ne me souvenais pas non plus avoir lu ce genre de choses à son égard. C'est alors tout à son honneur, même si avoir des maîtresses était courant à cette époque

Je ne pense pas qu'il avait un tempérament amoureux passionné ni l'étoffe d'un séducteur. J'en veux pour preuve la relation gentiment amicale qui l'unit à sa femme et de laquelle il se contente benoîtement.

Peut-être avait-il un peu le même profil que Louis XVI...peu intéressé par la chose et une relation simple avec Yolande lui suffisait

Je pense qu'il avait pris son parti de ce que Yolande en aimait un autre.

Oui peut-être...voire surement d'ailleurs car les sentiments extérieurs de Yolande ont fait le tour de la cour donc Jules devait y convenir.
Mais c'est vrai que sa personne est vraiment en retrait à la cour...sauf quand Louis XVI lui a attribué puis retiré bien après sa charge aux écuries. je me demande s'il fréquentait les mêmes cercles que sa femme, les mêmes salons etc... :s:

Si si, il était de la société de sa femme bien sûr. Il y faisait de la figuration trés discrète. C'est Diane et Vaudreuil qui dominaient . Pourtant vous verrez que Jules ne tardera pas à avoir, je dirais familièrement, les chevilles qui gonflent, et se croire tout permis ! Il avait tiré le gros lot sans le savoir, en épousant celle qui allait devenir l'amie et confidente de la Reine.

J'imagine
Cependant je ne crois pas qu'il ait rechigné lorsque Louis XVI lui a retiré sa charge aux écuries pour faire des économies. Mais bon en même temps ça aurait été mal placé, car grâce à sa femme il a été "promu" Duc
C'est d'ailleurs peut-être pour ça qu'il est resté avec elle jusqu'au bout, car il y avait tout intérêt...sans sa femme il ne devait pas être grand chose, surtout que vous disiez qu'il n'avait guère de grand moyen peu après son mariage...

Ce n'est pas pour cela qu'il est resté avec elle jusqu'au bout, comme vous dites, Chou. Ils étaient mariés. Dotés l'un et l'autre d'un caractère souple et conciliant, ils n'avaient pas de raison de ne pas s'entendre et de vouloir se séparer.
Quand Yolande est devenue Mme de Polignac, elle n'a renoncé à aucune de ses affections de jeune-fille. Diane et Jules se sont liés avec ses parents et amis qu'ils ont fait leurs. La vie rêvée quoi !
Elle réitère quand, devenant l'amie de la Reine, elle ne se coupe de personne non plus. Et rebelotte, Marie-Antoinette fait des entours de la comtesse Jules sa société particulière.
Tout ce monde-là semblait aimer l'harmonie et la cultiver.

Effectivement, il faut croire que l'ambiance était bonne chez les Polignac

Il y avait bien parfois des points de friction entre les satellites comme Vaudreuil, Besenval, Adhémar, quand il s'agissait de placer les amis...

Disons que de la part de Besenval ça ne me suprend pas trop, surtout si Vaudreuil était dans le coup

Bien sûr, ce sont des caractères forts qui s'affrontent.

Puisque nous parlons de Jules de Polignac, j'avoue que c'est un personnage que je ne parviens pas à cerner. D'une part, on loue son urbanité. D'un autre côté, il semble intéressé. Or, quand il est question d'économies, il est le premier à renoncer, grand prince, à sa charge. Pourtant, on dirait que l'argent et la position lui montent à la tête, qu'il en veut toujours plus...  

Difficile à suivre... Qui est-il, dans le fond ?  

Peut-être tout bêtement quelqu'un qui s'accomode au jour le jour de la situation, bonne ou mauvaise, faisant ici des prodigalités, là contre mauvaise fortune bon coeur. C'est un tempérament placide, sans nul doute, et un caractère sans beaucoup de relief.

Mais il m'a frappé, à plusieurs reprises, dans votre livre, que Monsieur de Polignac semble en vouloir davantage, à certains moments. Sa bonne fortune lui monte-t-elle à la tête ? Ce n'est plus Vaudreuil ni Diane, c'est lui qui en redemande. Curieux, non, ce mélange de noblesse et d'avidité ?