La duchesse de Polignac

Citation :

C'est vrai!  L'écriture est toujours très révélatrice du caractère.
Il y a forcément (enfin je suppose) des lettres de la main de Yolande dans les archives Polignac, mais cette famille en refuse l'accès...

Voici quand même la signature de Yolande de Polignac :


Voici la signature de la duchesse sur l'acte de baptême de sa petite fille Aglaé de Gramont (le 17 janvier 1787 paroisse Notre Dame à Versailles) :

Merci à toi, dis !  

Grand merci !    C'est très émouvant ...
Bien sûr, comme toujours au XVIII ème,   et même début XIX , le nom de jeune-fille précède toujours les nom et qualité d'épouse.   C'est très pratique quand on s'adonne à la généalogie, ou que l'on brasse de vieux documents, mon grand plaisir.
On voit ici que Yolande a déjà le tabouret.
L'écriture est aisée et fluide.     J'aime toujours beaucoup le "fs" typique de l'ancien régime.

L'écriture est anguleuse, aussi, ce qui ne ressemble pas à la douceur que décrit une Edwige de Polignac, mais démontre une personnalité complexe. Le "h" de "humble" est étonnant, long comme un bêta et terminé par un crochet...

Anguleuse, vous trouvez ?
La caligraphie est typique de cette époque où les écritures rondes, tellement XVIIème, se font rares.
Mme de Polignac avait un caractère complexe, en effet. Les mémorialistes font toujours état de sa douceur, son aménité, sa nonchalance qui confine à la paresse. Elle apparaît comme discrète, presque "en demi teinte", ne se mettant jamais en avant ... Elle cultive une humeur égale et méprise les petites intrigues de la Cour. Tout cela est vrai, pourtant, il serait faux de croire qu'elle manque de caractère.
Elle n'est pas une intellectuelle mais une affective et une passionnée. Un rien peut la blesser très fort, "vous savez comme elle se frappe" écrit Vaudreuil à Artois ... Elle est très susceptible, soupe au lait, se fâchant au quart de tour si elle estime qu'on lui a manqué.
Elle peut affronter avec le courage du désespoir les émigrés qui, après Varennes vilipendent Marie-Antoinette la taxant de collusion avec les révolutionnaires.

Je rejoins votre analyse. D'ailleurs, l'écriture anguleuse montre cette force de caractère. La graphie est très différente de celle de Marie Antoinette, qui est à la fois plus disjointe et moins aiguë. L'écriture de Madame de Lamballe est carrément scolaire.

Ah bon ? Pauvre petite Lamballe ! A en croire ses contemporains, elle passait son temps à perdre connaissance pour un oui, pour un non.
Je crois que c'était un appel au secours j'existe !

Ben, oui... C'est scolaire, ça, non ?

pimprenelle a écrit:

L'écriture de Madame de Lamballe est carrément scolaire.

Et pour preuve :


Bien à vous.

Comme vous dites !!!! C'en est même sidérant. Une telle écriture corrobore l'idée d'une princesse de Lamballe timorée un peu sosotte.
Cela me fait penser à je ne sais plus quel biographe de Charles X qui appelait Louise de Polastron une gentille nunuche. Est-ce que les dames ne cultivaient pas un peu une certaine image enfantine dans le goût de l'époque ? Pensez, par exemple à Mme du Barry qui zézaie encore à un âge un peu mûr parce que c'est, croit-elle, un charme de plus ...

On a fait doublon , Pim, mais ça ne fait que prouver la véracité de nos propos

Bien à vous.

Nous ne pouvons que tomber d'accord !

Citation :

On a fait doublon , Pim, mais ça ne fait que prouver la véracité de nos propos

Bien à vous.

Ah, oui ! C'est marrant ! J'avais pas vu... Décidément, nous sommes tip top en phase, aujourd'hui !  

C'est ce qui est extra dans le Boudoir !

C'est vrai que cette écriture est marrante! On est loin de l'écriture rapide et bancale de Marie-Antoinette, qui a aussi son charme d'ailleurs

S'agissant de la tombe de la duchesse, je relève un indice intéressant fourni en amont, à savoir que la gravure représentant la sépulture serait "d'après" Thomas de Thomon et que celui-ci avait travaillé pour le prince Estherazy à Vienne.

Or, j'avais longuement discuté il y a trois ans avec un vieux guide très savant du château de Polignac (Haute Loire) . Il m'avait dit avoir entendu (mais je ne me souviens plus s'il le tenait de la famille ducale elle-même) que le cercueil  de notre duchesse avait en fait été placé dans un caveau de la famille Estherazy !!!!
Si Thomas de T connaissait cette tombe, qu'il en a fait ce dessin, et qu'il a travaillé pour Estherazy, on peut aussi imaginer qu'il aurait pu réaliser ce tombeau !  A défaut, Polignac et Estherazy semblent bien avoir été liés durant cette période.  La piste semble sérieuse !
Si l'affirmation du guide était exacte, il faudrait chercher à Vienne, dans un cimetière (ou même dans une église si l'on admet le caractère imaginaire de la gravure) des caveaux ou tombeaux de la famille Estherazy.

Bonjour, Monsieur de Vermond !
Mais que tout cela est palpitant !!! Il faudrait aller chercher Yolande dans le caveau Esthérazy ... Cela ne semble pas incongru, parce que Mme de Polignac meurt au début du mois de Décembre, que nous savons glacial à Vienne. On peut supposer que la terre est gelée et que le cercueil n'est pas enterré dans la foulée, mais placé peut-être quelquepart, comme en dépôt, en attendant les beaux jours. Par ailleurs, vous avez raison, les Polignac et le comte Valentin Esthérazy sont liés. Esthérazy est un électron libre de la société Polignac avant 89 . Il a été suggéré aussi qu'une église spécialement fréquentée par les émigrés français de Vienne ait pu accueillir ce cercueil ...

Le château, dont vous mentionnez la visite, est-il la forteresse éponyme, près du Puy en Velay, ou bien le château de la Voulte Polignac ???
Ce qui est troublant, c'est que Hedwige de Polignac rapporte que les descendants de Mme de Polignac, eux-mêmes, ignorent l'endroit de sa sépulture ... Ils auraient, en revanche, retrouvé la maison où elle est morte.

Je cite:
" En 1958 , la princesse Marie-Odette de Polignac, au cours de patientes recherches, a trouvé l'emplacement, 8 Paniglgasse, de la maison où mourut la duchesse. L'acte de décès est au Rathaus. Le cimetière n'a pu être retrouvé, mais se trouvait hors de la ville, Joseph II, en 1773, ayant interdit les inhumations "intra muros" . "

Qu'est-ce que le Rathaus ? Savez-vous cela, Monsieur l'Abbé ?

C'est leur conseil municipal. Un peu comme, on dit chez nous, leur hôtel de ville, leur mairie. Je vous copie ce que dit wiki, parce que le lien refuse de s'ouvrir :

Le Rathaus est un monument de Vienne qui sert de siège à la fois au conseil municipal et au Landtag de l'Etat de Vienne, division administrative de la répubrique Autrichienne fédérale. Il a été conçu par Friedrich von Schmidt dans un style gothique et construit entre 1872 et 1883 durant la période de construction des grands monuments du Ring. Sa tour principale est le deuxième point culminant de la ville après le clocher de la Cathédrale St Etienne, et à son sommet se trouve le Rathausmann, l'un des symboles de la ville de Vienne. Il possède son propre parc, le Rathauspark, et se situe en face du théatre de la ville de Vienne.

Merci, Pim !

Je n'ai aucun mérite, c'est la même formation qu'en flamand, raadhuis. Il faut bien que le flamand appris à l'école me serve à quelque chose !

Ah! bien sûr!

Pour en revenir à Yoyo, quelqu'un sait-il où se trouve le caveau des Estherazy à Vienne ??? Il faudrait donc que Mme de Polignac s'y trouve sans y être mentionnée. Son cercueil aurait-il pu y être transporté après la destruction du mausolée dont la nuit la neige nous présente la gravure ??? Par qui ? Mais comment ses descendants auraient-ils pu l'ignorer ???
Tout cela est quand même bien nébuleux ... et l'on s'y perd en conjectures échevelées ...

Bonsoir Abbé de Vermond et bienvenue sur le Boudoir de Marie-Antoinette

Merci pour ces informations on ne peut plus intéressantes
C'est vrai que Esterhazy semble avoir été très ami avec Polignac, ça se ressent dans ses mémoires, et il a été un ami non intéressé et en dehors de toute intrigue
Par contre j'ignorais cette hypothèse sur la tombe de la Duchesse...ça peut être une piste de plus à fouiller...mais il est étonnant alors que les Esterhazy n'en parlent pas :s:

Ni les Polignac .

Oui, aussi

Il y a des contenus de caveaux bien oubliés dans les églises européennes. De même dans les chapelles ou monuments de certains cimetières. Et les plaques funéraires de sépultures familiales ou princières ne mentionnent pas tous les défunts qui y sont inhumés, surtout s'ils n'étaient pas de la famille. On accueillait gracieusement.."un hôte".
Prenez le superbe mausolée ducal des Bourbon à Souvigny dans la chapelle Neuve. L'inscription médiévale ne mentionnait que le duc Charles I° mais pas ses successeurs qui étaient pourtant inhumés dans le même caveau. La sépulture du duc Jean I°, dans la chapelle vieille, vit son emplacement oublié un siècle seulement après l'inhumation, sans monument ! Et pourtant, là, aucune inscription n'avait été détruite à la révolution ! Qui sait aujourd'hui qu'Anne de Beaujeu et une fille de Louis XIV et de Mme de Montespan reposent aussi dans le caveau de la chapelle neuve ?
Qui sait, de nos jours, qu'une reine de France repose dans la crypte de Notre Dame de Paris aux côtés des sépultures des archevêques ? (Il s'agit de la dernière épouse de Philippe Auguste, retrouvée par Violet le Duc lors de ses travaux sous le chœur de l'édifice ..)
En 1793, à St Denis, les révolutionnaires ont été incapables de trouver la tombe du Cardinal de Retz...
Même dans les tombes de nos proches à nous, pauvres diables du Tiers état ou du clergé (moi ! ), on découvre parfois des surprises lors de tristes événements et donc d'une ouverture. Un ou deux cercueil de trop ! :quoi2: Bref, la mémoire des hommes s'efface vite sur un siècle et il ne faut pas surestimer la transmission de ce genre de détails d'une génération à l'autre...même chez les gens célèbres ! Alors sur deux siècles !
Vraiment, après leur retour en France et surtout après 1830, les Polignac ont bien pu oublier l'emplacement exacte de la tombe de Yolande. Du reste, à ma connaissance, ils ne sont pas retournés à Vienne...