La Comtesse Jeanne du Barry

Coucou !

J'aimerais que quelqu'un m'explique quelle a été vraiment la nature des relations entre Marie-Antoinette et la comtesse du Barry et ce, jusqu'à la fin. On a tellement entendu de truc là-dessus que je n'arrive pas à tout comprendre
Se détestaient elles vraiment ? Est-ce vrai qu'elle se sont rapprochées lors de la présence du couple royal aux Tuileries ?
J'aimerais bien qu'on éclaire ma lanterne sur cette relation particulière que je connais peu !
Merci d'avance !

D'aprés ce que je ressens, il est incontestable que pour la Dauphine la vue même de mme du Barry lui était insupportable. Celle ci est jeune, belle, spirituelle, et aimée. Tout ce qui rappelle à la jeune Dauphine tout ce qu'elle ne vit pas. Mettons nous à sa place, qu'auriez vous fait ? Vous avez 15 ans, complètement immature, et face à vous l'image même de ce dont vous rêvez mais dont vous ignorez même la possibilité. Je ne suis pas une femme, mais je pense qu'intuitivement Marie-Antoinette à senti le danger. Je pense que Mme du Barry ne souhaitait qu'une chose, d'être bien avec la Dauphine. J'ai beaucoup d'amitié pour Mme du Barry. Quand viendront les jours noirs de la révolution elle n'hésitera pas à se mettre au côté de la royauté et à le faire savoir, et à le prouver, ce qui, en partie, lui vaudra son billet pour l'échafaud. J'ai lu quelque part qu'un soir elle serait venue roder sous les fenêtres de la Reine et que celle ci l'aurait reconnue mais, n'en n'aurait rien dit. je ne sais pas si l'anecdote est vraie, nos amis sur le forum nous le diront sûrement.

Dès la présentation officielle de la Comtesse de Barry à la cour par Louis XV, juste avant l'arrivée de la Dauphine à Versailles, Marie-Antoinette a remarqué cette femme très belle qui était avec le Roi...donc très vite elle a posé des questions sur elle, à Mesdames par exemple ou à Louis-Auguste, qui lui ont très vite dit du mal de cette femme, une ancienne prostituée...donc déjà une ancienne prostituée qui est à la cour et qui est la favorite du Roi, ce n'est pas franchement bon pour une amitié entre elles...De plus Marie-Antoinette s'est tout de suite déclarée comme étant sa rivale, elle qui venait juste d'arriver se sentait limite vexée d'être dans l'ombre d'une ancienne prostituée, cette "créature" comme elle l'appelait...

Du Barry faisait partie du clan Aiguillon, un ministre de Louis XV hostile à l'alliance franco-autrichienne, donc hostile à Marie-Antoinette...à contrario, Marie-Antoinette faisait partie du clan Choiseul, un autre ministre de Lousi XV responsable de cette alliance donc défenseur de Marie-Antoinette qui avait auparavant critiqué ouvertement Du Barry...cette dernière n'ayant pas apprécié, et elle a été en partie responsable de son exil...
Donc même du point de vue politique, tout les opposait...
Et puis Marie-Antoinette, têtue comme elle était, refusait de lui adresser la parole, et l'Etiquette interdisait à Du Barry d'adresser la parole à la Dauphine la première...ce mutisme de la part de Marie-Antoinette était ressenti par Du Barry comme une offense...elle s'en plaignit au Roi, qui s'en plaignit à Mercy, l'ambassadeur d'Autriche, qui insista pour que Marie-Antoinette fasse un effort, ce qu'elle finit par faire...mais avec le dégout...et elle même a dit qu'après ça Du Barry "n'entendra plus jamais le son de sa voix"

Mais...pendant la révolution, Du Barry fit tout pour aider la famille royale, car elle restait monarchiste avant tout...je ne sais pas si Marie-Antoinette l'a su ou pas...

Un grand merci pour ces informations.

J'avais lu que Madame du Barry s'était fait faucher ses bijoux offerts par Louis XV et était partie en Angleterre les rechercher et c'était pour ses intrigants aller-retour entre l'Angleterre et Louveciennes qui avaient alertés  les révolutionnaires qu'elle s'était fait arrêtée, car ils pensaient qu'elle conspirait et qu'avant 93 elle n'avait pas été inquiétée. Est-ce vrai ?

Oui il est vrai que la vie galante de mme du Barry est une horreur pour marie Antoinette. N'oublions pas qu'elle n'a pas de sexualité et que la favorite non seulement en a, mais l'exhibe et en joue. Armes feminines ?
C'est vrai que les tantes du Dauphin n'ont rien fait pour atténuer les choses. C'est les premières à l'avoir appelée L'Autri.... Je ne peux même pas écrire le mot en totalité tellement cela me dégoute. Quelles méchantes femmes que ces vierges là ! Comme quoi un peu de sexualité met du plomb dans la tête. Pardon si je vous choque.

Citation :

Je ne peux même pas écrire le mot en totalité tellement cela me dégoute. Quelles méchantes femmes que ces vierges là ! Comme quoi un peu de sexualité mais du plomb dans la tête. Pardon si je vous choque.

En effet Mesdames n'ont rien fait pour calmer les choses, mais elles avaient leur point de vue qui reste compréhensible...au reste si vous pouviez néanmoins éviter ce genre de critiques sur leur sexualité ou leur QI ce serait mieux

Citation :

J'avais lu que Madame du Barry s'était fait faucher ses bijoux offerts par Louis XV et était partie en Angleterre les rechercher et c'était pour ses intrigants aller-retour entre l'Angleterre et Louveciennes qui avaient alertés les révolutionnaires qu'elle s'était fait arrêtée, car ils pensaient qu'elle conspirait et qu'avant 93 elle n'avait pas été inquiétée. Est-ce vrai ?

Pour les bijoux comme ça de mémoire ça ne me dit rien, mais c'est possible...
Sinon il est vrai que son retour d'Angleterre a été perçue comme une agression par les révolutionnaires qui ont cru au complot...elle a donc été arrêtée...
Mais son retour était très courageux...car elle savait qu'elle était sur la liste noire...en tant qu'ancienne maîtresse d'un Roi...

Je partage votre sympathie pour l'adorable Jeanne Bécu.  

C'était une femme charmante et d'un goût exquis. Elle aurait eu tout pour plaire à la jeune dauphine... Mais les intrigues, politiques et familiales, les dressèrent l'une contre l'autre. En fait, on peut les voir ainsi braquées, chacune représentant son camp.

Lourd à porter, comme armure, pour une ado... et je rejoins votre analyse. Il y a bien vite eu autre chose, de plus instinctif. Les antennes féminines de la petite princesse qui la tenaient à l'écart de ce trop beau papillon, représentant tout ce qu'elle n'était pas, ou pas encore... ou qu'elle ne serait peut-être même jamais...

Marie Antoinette a dû trouver aussi que cette personne lui portait ombrage. N'était-ce pas elle, la star ?   En devenir, d'accord... mais il n'empêche que tous les regards éblouis devaient converger vers elle. Or, il y avait la du Barry... la maîtresse en titre du roi... Impossible de ne pas la remarquer.

Pourtant, je pense que tout cela n'était en fait qu'une tempête dans un verre d'eau. Notre perception de cette guèguerre est distordue par la biographie de Marie Antoinette, qui focalise tout sur elle. A l'aune de la cour, ce combat des chefs n'a pas dû peser plus lourd que les centaines d'intrigues qui bruissaient...  

Plus tard, Marie Antoinette se réconciliera avec la gentille du Barry. La comtesse est-elle venue la voir dans sa loge pour l'aider à négocier l'achat problématique de Saint Cloud, comme on peut le lire dans les Diamants de la guillotine de Combesco ?

Toujours est-il que, lors de la révolution, Jeanne prit fait et cause pour les souverains, elle vint aux Tuileries, et servit même d'agent de liaison à la reine.

Une nuit elle va dormir chez son amant à Paris le Duc de Brissac. Quand elle revient à Louveciennes, stupeur on l'a cambriolée. Elle va alors commettre une impardonnable erreur en ces temps troublés, elle va faire publier la liste des joyaux disparus. A un moment ou tout est suspect. Il faut dire que Zamor n'est pas innocent sur tout ça. C'est un vrai sa.... celui là. Mais il à aussi des circonstances attenuantes.
Enfin donc notre comtesse part à Londres, car elle mène son enquête. Nonobstant le fait qu'elle rugisse auprés des banques anglaises (qui ne lui donneront jamais raison), elle y rencontre là des amis, fait donc salon et contrerévolution. Cependant courageuse elle reviendra en France, car elle a peur qu'on lui confisque Louveciennes. Quelques temps plus tard on lui confisquera la vie. 2 mois aprés la reine. On dit qu'elle hurla pendant son dernier voyage. Pour une femme qui , comme la Reine, adorait la vie dira au bourreau :
" Encore un instant, Monsieur, s'il vous plait"
Juste une minute de plus dans ce monde ci.
Mme du Barry vous avez toute mon admiration.
Si un jour vous avez l'occasion visitez le pavillon de musique (journée du patrimoine) vous comprendrez mieux pourquoi elle tenait à ce lieu.

Contrairement à Marie-Antoinette qui était restée très calme lors de son exécution, et qui souhaitait en finir au plus vite sans rien demander, Du Barry effectivement avait un peu plus de réticences à mourir ce jour-là, et elle s'est un peu plus manifestée...mais...on ne peut que la comprendre

Oui, Chou... J'admire profondément le courage et la fermeté de Marie Antoinette. Mais je comprends si bien les supplications de Madame du Barry !

Oui c'est sûr qu'à sa place, je ne sais pas trop comment nous aurions réagit. Aller droit vers la mort, dans une ambiance qui, je suppose, devait être fort hostile ! La réaction de Madame du Barry ne me semble pas disproportionnée !

Oui c'est une réaction plutôt logique, et qui reste admirable

Mais l'atitude de Marie-Antoinette, calme, posée, digne, sûre d'elle et fière...seule une personne exeptionnelle pouvait en arriver à un tel niveau...

Peut être aussi que la pauvre femme n'avait plus envie de vivre dans ces conditions, son mari mort, ses enfants enlevés, déchue de son trône et peut être très malade, la reine aspirait sans doute à la paix que seule la mort pouvait lui offrir. Elle était peut être plus résignée que Madame du Barry...

Oui tu as raison

Marie-Antoinette elle même écrivait dans une de ses lettres que seule la mort pouvait la soulager de ses souffrances...

Elle avait hâte d'en finir...elle n'avait plus aucun espoir

Et puis aussi, il faut dire que c'était la REINE, elle tenait son rang jusqu'à la fin alors que Madame du Barry, bien qu'elle fut éduquée dans une institution religieuse célèbre n'avait pas la même prestance ni le même rang emprunt de dignité à tenir !

C'est ce qui m'amuse aussi chez Marie-Antoinette : c'est que malgrès les évènements, elle est restée Reine jusqu'au bout, et dans sa tête elle était Reine de France...une Reine prisonnière et une Reine jugée, mais une Reine quand même...la France l'a fait venir pour en faire une Reine...elle a tenu ce rôle jusqu'au bout

Oui, mais qui sait, comme tu l'as dit, Trinity, comment nous réagirions en pareille circonstance ? Serions-nous de l'étoffe des héros ? Je pense honnêtement que nul ne peut en préjuger pour lui-même...

Reine ou pas, les nerfs de Marie Antoinette auraient pu la trahir. Au contraire, après des mois de détention, des jours d'affaiblissement, des heures de concentration et de fermeté obligée, elle parvient encore à monter sans aide...

Chapeau bas ! Elle est exceptionnelle, en effet, Chou !

Exact Pim ! En fait c'est vraiment dans l'adversité que nous voyons la profondeur des caractères !

Marie-Antoinette était préparée à la mort, en partie grace à son père que je cite :

"[...]je vous recomande mes chers enfants de prendre sur vous deux jours tous les ans pour vous préparer à la mort, comme si vous y étiez sûres, que ce sont les deux derniers jours de vôtre vie et par là vous vous habituerez à savoir ce que vous aurez à faire en pareil cas, et quand votre dernier jour viendra, vous ne serez pas si surpris et aurez moins à faire[...]"

Marie-Antoinette a du superbement appliquer ce conseil

Citation :

 Une nuit elle va dormir chez son amant à Paris le Duc de Brissac.

N'oublions pas que le Duc de Brissac est alors le commandant en chef de la garde constitutionnelle du roi aux Tuileries.
Pour les révolutionnaires, sa maîtresse n'est que plus suspecte.

Citation :

 Quand elle revient à Louveciennes, stupeur on l'a cambriolée. Elle va alors commettre une impardonnable erreur en ces temps troublés, elle va faire publier la liste des joyaux disparus. A un moment ou tout est suspect.

L'étalage d'une partie de ses richesses choque en effet au plus haut point !
Elle était déjà accusée depuis longtemps d'avoir volé, de ses vices passés, l'argent du peuple.
Lorsqu’elle est arrêtée, deux pétitions des habitants de sa commune, témoignages de sa générosité pour eux, ne suffirent pas à contre-balancer le poids d'un tel luxe personnel.
C'est la dernière courtisane de l'Ancien Régime qu'on mène à l'échafaud...

Citation :

 Enfin donc notre comtesse part à Londres, car elle mêne son enquete. Nonobstant le fait qu'elle rugisse auprés des banques anglaises (qui ne lui donneront jamais raison), elle y rencontre là des amis, fait donc salon et contrerévolution. Cependant courageuse elle reviendra en France, car elle a peur qu'on lui confisque Louveciennes.

Fouquier-Tinville use notamment de cet argument : elle est accusée d'avoir organisé un faux cambriolage, afin de masquer les véritables motifs contre-révolutionnaires de ses voyages en Angleterre.
Du reste, peu avant sa mort, elle signale dans plusieurs lettres successives (afin d'essayer de sauver sa vie) que d'autres bijoux et sommes d'argent sont cachés à divers endroits de sa propriété.
Elle liste d'ailleurs avec précision quelques-uns des emplacements.

Enfin, je ne sais pas si son retour est courageux.
Inconscient, certainement.
Ses amis en Angleterre tentèrent avec force de l'en dissuader ; y compris, dit-on, en retenant ses chevaux au moment de son départ.

Citation :

 Quelques temps plus tard on lui confisquera la vie. 2 mois aprés la reine.

On dit aussi qu'après Sainte-Pélagie, elle fut enfermée dans le cachot même de Marie-Antoinette, à la Conciergerie.
Fin du chemin.
Après s’être croisées sous les dorures de Versailles…
Je ne sais pas si c'est exact.

Madame du Barry par Elisabeth Vigée-Lebrun (1781)

Ah superbe portrait je l'adore!!

On y voit toute la beauté de cette femme et tout le raffinement aussi..Coppola n'a pas dû le voir celui-ci...

Chou d'amour a écrit:

Coppola n'a pas dû le voir celui-ci...

Ni celui-là, ni aucun autre...

Bien à vous.

Effectivement, à ce que j'ai compris, mademoiselle Coppola se fait une idée assez vulgaire de la cour de France Son film, en tous cas, est un des rares dont je n'entends dire aucun bien. Et je pèse mes mots.

Ah... Une du Barry noire de jais comme la marâtre de Blanche Neige et qui rote comme au saloon... On voit que les références de Miss Coppola sont partout sauf à Versailles !