Madame de Polignac et Marie-Antoinette : une amitié fatale

Surtout que Vermond est parti en exil en même temps que Madame de Polignac, non?

Bien à vous.

Oh ! je venais de faire une très longue réponse sur l'abbé de Vermond et Mme de Polignac.   Je l'ai envoyée . Je ne la vois pas figurer dans le sujet.  Est-elle perdue ???

Si ça se trouve nous avons posté notre réponse en même temps...on doit vous avoir demandé si vous vouliez modifier ou pas votre réponse en fonction du message posté depuis celui auquel vous répondiez-le mien en l'occurrence-mais peut-être avez-vous été trop rapide et n'avez-vous pas pris la peine de répondre à ce que l'ordinateur vous demandait... Auquel cas, je suis au regret de vous annoncer que votre réponse semble effectivement perdue...

Bien à vous.

Je m'y suis mal prise !
Tant pis, je recommence:

L'antagonisme entre l'abbé de Vermond et Mme de Polignac dure depuis des années puisqu'il prend sa source au tout début de la faveur et se nourrit de la crainte de l'ascendant que prend la sujette sur sa souveraine. Il partage cette crainte avec Mercy.
Nous savons que l'ambassadeur de Marie-Thérèse, Mercy Argenteau, déploie avec zèle toute son influence sur Marie-Antoinette pour la faire influer sur la marche des affaires dans un sens favorable à la politique de l'Autriche (Bavière, Escaut ...) . Il est conseiller de la Reine, intermédiaire privilégié entre sa mère et elle, et secondé dans cette voie par son fidèle lieutenant l'abbé de Vermond. Ils travaillent de concert, avec même un indicateur à leur solde de tout ce qui se passe dans l'intérieur de Mme de Polignac. Mercy écrit tout cela à Marie-Thérèse.

Quand il devient patent que Yolande est la dépositaire de toutes les pensées de la Reine et que son influence ne saurait être contrée, Mercy et Vermond abasourdis s'en désespèrent, leur influence à eux se réduisant à l'avenant, comme peau de chagrin !
Vermond décide de présenter sa démission et se retirer. Marie-Thérèse le supplie de rester.

En 1787 le royaume est en pleine crise. Les nerfs sont à vifs. Nous sortons de l'affaire du Collier mais non de ses séquelles. Marie-Antoinette ne se rend plus aussi volontiers chez Yolande. Elle supporte mal les emportements de Vaudreuil. Elle craint de rencontrer Calonne , ami des Polignac, Vaudreuil, Artois, et qu'elle ne peut souffrir.

L'état des Finances est déplorable. Calonne justement, Contrôleur Général des Finances, veut faire imposer par l'Assemblée des Notables des réformes désavouées par la Cour. Il est viré.

Loménie de Brienne (poulain de l'abbé de Vermond ) est nommé au ministère. Il s'en prend aux grosses charges de la Cour, lui aussi, les membres de la société de la Reine étant les premiers visés. Il ne réussit qu'à mécontenter tout le monde, mais le budget est toujours dans le rouge. Il est brûlé en effigie ...

Louis XVI décide d'imposer en lit de justice la subvention territoriale payable par les nobles comme par les roturiers, que préconisait Calonne.
Le Parlement refuse d'enregistrer cet édit. C'est du jamais vu !!!
Il est exilé à Troyes.
Le peuple hurle à l'arbitraire et réclame le retour de Necker.

Mme de Polignac, nous dit Marc de Bombelles, " s'est acquis de nouveaux droits à l'estime des honnêtes gens par la conduite qu'elle tient en ce moment. C'est elle qui s'est courageusement chargée d'ouvrir les yeux à la Reine sur le danger qu'il y avait pour elle à conserver en place M. l'archevêque de Sens. "(Brienne)
En même temps, le comte d'Artois fait la même démarche auprès du Roi.
"La reine, nous dit Besenval, comblant toujours Mme de Polignac d'amitiés, même d'attentions recherchées, ne lui disait cependant plus que les choses faites, sans la consulter sur celles qui étaient à faire. soit que cette princesse les ignorât, ou que l'archevêque et l'abbé de Vermond, qui n'avaient pu détruire Mme de Polignac, eussent obtenu qu'elle n'influerait plus dans les affaires."

Après une discussion entre les souverains et Brienne, ce dernier donne sa démission, au grand dam de l'abbé de Vermond !!!!
Necker est rappelé. Paris passe " du comble du désespoir et de la rage, à l'allégresse".

La duchesse de Polignac, continue Besenval, "fut fort aise de ce que la cause générale se trouvât d'accord avec ses dispositions particulières. Elle détestait l'archevêque de Sens et l'abbé de Vermond ; il n'y avait rien que ces deux hommes n'eussent employé pour la détruire dans l'esprit de la Reine, sans en pouvoir venir à bout."

Vermond, s'il faut en croire Bombelles "est enragé de s'être vu arraché les rênes du gouvernement qu'il tenait toutes entières tandis que M. de Brienne était au gouvernement." Il couvre d'invectives et Yolande, et Breteuil, et la Reine même !!! Ambiance, ambiance ...

Effectivement, Vermond part à l'étranger (presque) en même temps que les Polignac. Il passe dans le peuple pour le criminel complice de la duchesse assoiffée de sang ( !!!!! ) et son amant ( !!!!! ) . C'est Bombelles qui le consigne, offusqué, dans son journal.

Je ne savais pas qu'il y avait des tensions réelles entre la Duchesse de Polignac et Vermond    Ce dernier semblait plutôt en retrait des affaires et des intrigues, donc je le voyais en dehors de ces disputes de favorites  :s:
C'est étonnant que Marie-Antoinette ou d'autres contemporains en parlent si peu, mais c'est vrai que la remarque de Besenval, que j'avais oubliée, est assez significative  

Merci d'avoir pris la peine de répondre à ma question, et même de refaire votre message...  

L'influence de Vermond sur Marie Antoinette est encore plus sournoise que celle de Mercy, peut-être... Sans doute aussi plus importante, parce qu'il était son confesseur, donc, en quelque sorte, son directeur de conscience.

Or, il me fait l'effet d'être un type un rien visqueux, bien ambitieux... Et difficile à cerner, parce que nous n'avons pas beaucoup de ses écrits.

Marie Antoinette était très proche de lui. Il faut donc supposer qu'elle lui a écrit lorsqu'il est parti en exil. Dommage que nous n'ayons pas cette correspondance.

Oui, et il est aussi très difficile de savoir qu'elle était l'importance de Vermond auprès de Marie-Antoinette, quelle influence il avait et comme il s'y prenait.
Marie-Antoinette en parle toujours très favorablement à sa mère ("l'abbé se jette à vos pieds" ), mais ça s'arrête là, elle donne juste de ses nouvelles sans vraiment évoquer sa personne :s:

Mme Campan non plus n'était pas tendre pour Vermond ...

Ah oui? Là aussi j'ai oublié

Citation :

Mme Campan non plus n'était pas tendre pour Vermond ...

En effet, mais, justement, on se demande parfois si elle n'avait pas une dent contre lui.  

Voyait-elle en lui un concurrent en tant que confident ou conseiller de la Reine?

Reste à mesurer le rôle exact de la bonne Henriette auprès de la reine de France...

Justement, elle avait des ambitions, cela se sent dans ses mémoires, donc une exclusivité ne lui aurait pas déplue

Déjà qu'elle ne bénéficiait vraisemblablement pas du tiers du quart de la confiance dont elle se prévaut dans ses souvenirs...

Oui

D'où peut-être ses ressentis pour Vermond ou même pour toute personne lui faisant encore plus d'ombre qu'elle a déjà...ou alors elle sentait que Vermond était de mèche avec Mercy et Marie-Thérèse, donc qu'il était potentiellement génant pour la Reine :s:

pimprenelle a écrit:

Déjà qu'elle ne bénéficiait vraisemblablement pas du tiers du quart de la confiance dont elle se prévaut dans ses souvenirs...

Oui, les historiens s'accordent en général pour supposer que Mme Campan enjolive parfois la réalité pour se mettre elle-même plus en valeur. Pour autant, ses mémoires ne manquent pas d'intérêt et de piquant.
Besenval aussi se peint plus intrigant qu'il n'était (dixit le prince de Ligne) pour se faire mousser.
Weber n'est pas toujours impartial.
Mme de Genlis flingue tout le monde.
Ligne, au contraire, n'est que bonté.
Mme de Boigne répète les souvenirs de sa mère.
Saint-Priest clabaude.
Diane porte Yoyo aux nues et la sanctifie.
etc ... etc ...
Tous les mémorialistes tombent d'accord ou se contredisent à qui mieux mieux !!!!!

Pas facile de s'y retrouver !!!!!!!!

C'est vrai que c'est un peu le défauts des mémoires de contemporains

Mais Campan est l'une des rares à se donner un rôle aussi proche de Marie-Antoinette. Besenval reste plus modeste à ce propos. Cela dit il faut reconnaître que Campan avait une place importante à la cour

C'est vrai, Chou, vous avez bien raison. C'est pour cela qu'aux Mémoires, je préfère encore les Correspondances. C'est évidemment tellement plus sur le vif !!! Je m'en délecte absolument !

Disons que pour ma part j'apprécie grandement les deux, car elles sont complémentaires

Si des mémoires ne renseignent pas forcément tès objectivement des faits , elles renseignent de manière remarquable sur la personne qui les écrits : ses motivations, ses ressentis, ses regrets, ses idées etc...

Certainement ! Et si la vérité pure et dure est un brin transformée, c'est toujours à cause de cette fichue subjectivité, à laquelle, ajouterais-je, nous autres lecteurs ne coupons pas non plus !!!

C'est pourquoi la vérité est toujours pirandèlienne ...

Citation :

 C'est pourquoi la vérité est toujours pirandèlienne ...

C'est quoi cette bouteille de lait ?  

Heureusement que dans l'ensemble les passages de mémoires trop subjectifs sont repérables, quand du moins on a lu avant des ouvrages objectifs, donc il suffit de sélectionner les crédibilités
Mais chaque subjectivité renseigne par contre très bien sur la personne qui en fait preuve

Citation :

Citation :

 C'est pourquoi la vérité est toujours pirandèlienne ...

C'est quoi cette bouteille de lait ?  

Pirandello, Luigi pour les intimes, est un écrivain italien, à cheval sur les XIX ème et XXème siècles.  
Son oeuvre la plus connue est "A chacun sa vérité " , pièce de théâtre qui présente une intrigue, des faits, auxquels la subjectivité de chacun des acteurs du drame donne un éclairage, un sens, et une interprétation, totalement différents et diamétralement opposés.

Pirandello a sa rue, Paris XIII ème.   J'ai habité tout près pendant quelques années.

Je connaissais Pirandello, mais seulement de nom...et pourtant, justement, cette pièce me dit quelque chose.
Les années collège sans doute : si loiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin.

Meeeeeeeeeeeeeeeeeuh non, voyons...juste avant-hier

Bien à vous.