La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur

Je pense que Marie Stuart aurait préféré la guillotine .

En effet

D'un coté, la guillotine s'est substituée à des modes d'exécution extrêmement barbares, tel l'écartèlement ou le bûcher (quoique..), et d'un autre, elle a facilité et accéléré l'exécution, si bien que la révolution a pu trouver en elle l'allié le plus fidèle.
Le plus drôle, c'est que les spectateurs qui on assisté à la première exécution par guillotine furent si surpris par sa rapidité et son efficacité qu'il huèrent Sanson de ne pas leur avoir présenté le spectacle qu'ils étaient venus voir; assoiffés de sang qu'ils étaient!
Son bilan est donc des plus mitigés.

La guillotine a duré en plus...son abolition nous est toute récente

Harmonieuniverselle a écrit :

Citation :

Le plus drôle, c'est que les spectateurs qui on assisté à la première exécution par guillotine furent si surpris par sa rapidité et son efficacité qu'il huèrent Sanson de ne pas leur avoir présenté le spectacle qu'ils étaient venus voir; assoiffés de sang qu'ils étaient!

Ah oui? Je ne savais pas

Rappelons que sous l'Ancien Régime la peine de mort pour le commun des mortels (  ) était la pendaison .

La décapitaion à la hache était reservée aux nobles .

Quant aux autres supplices ils relevaient de la torture affligés pour des peines particulières ... 

Madame Sophie a écrit:

Rappelons que sous l'Ancien Régime la peine de mort pour le commun des mortels ( ) était la pendaison .

La décapitaion à la hache était reservée aux nobles .

Quant aux autres supplices ils relevaient de la torture affligés pour des peines particulières ...

On soignait particulièrement le régicide : l'écartèlement lui ôtait toute envie de recommencer !

Oui je veux bien le croire

Citation :

On soignait particulièrement le régicide : l'écartèlement lui ôtait toute envie de recommencer !

toute envie et tout outil surtout    

la décapitation à l’épée (ou à la hache) était réservée aux nobles ; la pendaison aux voleurs ; le bûcher aux hérétiques ; la roue aux bandits de grands chemins ; l’écartèlement aux régicides ; le bouillage aux faux-monnayeurs...merci qui? merci Wiki !

A l'arrivée, c'était pour tout le monde le même prix, sévices compris !!! 

La Révolution n'a fait que mettre en pratique un instrument élaboré sous Louis XVI et même sous ses conseils

Daniel Arasse note entre autres dans son introduction : « Instrument permettant une décapitation mécanique, la machine ( guillotine ) a paru très vite barbare parce qu’elle associait deux caractéristiques très éloignées , exclusives presque l’une de l’autre :
-une froide modernité technique
-la violence sauvage d’une mutilation physique


A la Hache ou à l’épée , c’était personnellement que le bourreau décapitait sa victime –avec tout que cette situation pouvait comporter et comportait effectivement d’impondérables.
Au contraire, la guillotine met en œuvre des lois mécaniques simples. Quelque part, elle exclut tout rapport humain dans l’éxécution elle-même. Elle lave certes le bourreau du sang de ses semblables, mais elle mutile toujours le corps en son articulation la plus symbolique, la plus forte, tout en privant le condamné d’un ultime face à face, de son dernier corps à corps.
(…)Elle est le lieu d’une tension extrême entre la rationnalité de sa technologie et la sauvagerie sanglante de sa fin.

(…) De Guillotin à Louis et même Cabanis, c’est la médecine toujours qui propose, conçoit et finalement , absout l’instrument à décapiter. Dans ce beau travail où la science médicale des lumières élabore un de ses produits les mieux finis, la médecine s’affiche très décidément comme un art de la mort.

(…) Il ne faut pas l’oublier , c’est par humanité que la médecine a inventé la machine. La guillotine n’est pas monstrueuse en soi , elle l’est devenue relativement à la société où s’est exercé son mécanisme.

(…) La guillotine est une des images majeures où s’est représentée la révolution française ; avec les mots de liberté, d’égalité et de fraternité, elle est un de ses stéréotypes les plus largement diffusés.

( …)
La terreur est en effet représentée dans la mémoire collective, par un instrument devenu son étendard.

Entre le mois d’août 1792 et les grandes fournées terroristes de l’été 1794 , l’emploi politique de la guillotine suit une ligne très cohérente que l’on a tort de vouloir « excuser « en la rapportant trop rapidement à l’ambition d’un groupe d’hommes, à l’emballement irrésistible d’un mécanisme de gouvernement ou encore, selon une formule quelque peu sentimentale de Mathiez, à un « désespoir ». L’emploi terroriste de la guillotine ne mérite pas d’excuses et il n’en a pas besoin : les textes contemporains concernant l’emploi systématique de la guillotine comme machine à gouvernement indiquent que le grand théâtre macabre organisé autour de l’échafaud vise en particulier à forger une conscience publique ( Saint Just ) en la régénérant révolutionnairement après les siècles d’avilissement qu’a connus le peuple sous le règne de la tyrannie. Le 21 janvier 1793, la mort de Louis XVI constitue une inauguration mais elle est surtout la première Cène où l’on sacrifie un corps, moins monstrueux à cause des crimes personnels du Roi que par le privilège exhorbitant que la théorie du pouvoir monarchique lui accorde : celui d’incarner, en son corps singulier, le corps de la nation toute entière. En immolant ce corps sacré dans la théorie du droit divin , la Révolution opère comme une inversion du sacrifice eucharistique et, du même coup, elle fonde et consacre la République, c'est-à-dire , en l’occurrence , une nouvelle idée de la représentation nationale ; les grandes fournées de la Terreur installent dès lors la Révolution « dans l’état-civil ».



Alors la terreur , incarnée dans la guillotine comme un moyen de gouvernement ? Qu'en pensez-vous ?
Et comme par un fait curieux , quand on examine l'histoire anglaise, il se trouve qu'au XVI et XVIIe siècle , il y a eu beaucoup de décapitations, pendaisons....
Alors la terreur, un concept anglais ?

Ce serait intéressant de faire une comparaison Exécution de Louis XVI / Charles Ier d'Angleterre. Qu'en pensez-vous ?

Très intéressante cette analyse de la guillotine merci

C'est vrai que cet instrument a un côté froid, car il est net, sans bavure, rapide et extrèmement efficace. Les exécutions publiques sous la révolution deviennent limite une industrie : il faut faire vite et bien.

Citation :

Alors la terreur , incarnée dans la guillotine comme un moyen de gouvernement ? Qu'en pensez-vous ?

C'est vrai, la guillotine faisait peur et les révolutionnaires jouaient de ça pour imposer la Terreur justement. Cet instrument en était devenu un argument...

Citation :

Ce serait intéressant de faire une comparaison Exécution de Louis XVI / Charles Ier d'Angleterre. Qu'en pensez-vous ?

En effet, mais je n'y connais rien sur Charles Ier

Merci Chou !
Il y a une petite légende concernant la naissance du docteur Guillotin . Daniel Arasse la raconte : " Se promenant à Saintes, Mme Guillotin aurait eu les oreilles frappées des hurlements d'un homme que l'on rouait ; ce choc aurait accéléré la venue au monde de Joseph Ignace , qui aurait eu ainsi le bourreau pour sage femme. La fable est belle mais rien n'indique que ce soit vrai.

Voici son parcours : membre de la compagnie de Jésus depuis 1756, il quitte les pères en 1763 pour étudier la médecine du corps après avoir étudié celle de l'âme et il est en 1770 médecin à Paris. En 1789, personne n'est surpris de le voir élu député du tiers état. C'est déjà un personnage important de la capitale.
Il était habité par des préoccupations humanitaires quant à l'application de la peine de mort.
Ce n'est pas lui qui construira la machine qui pourtant porte son nom. Ce sera le Docteur Louis qui la construira. Ce docteur était secrétaire perpétuel de l'Académie de Chirurgie. La machine n'est construite qu'au printemps 1792.

Source : Daniel Arasse

Madame de Chimay a écrit:

Merci Chou !
Il y a une petite légende concernant la naissance du docteur Guillotin . Daniel Arasse la raconte : " Se promenant à Saintes, MMe Guillotin aurait eu les oreilles frappées des hurlements d'un homme que l'on rouait ; ce choc aurait accéléré la venue au monde de Joseph Ignace , qui aurait eu ainsi le bourreau pour sage femme. La fable est belle mais rien n'indique que ce soit vrai.

Voici son parcours : membre de la compagnie de Jésus depuis 1756, il quitte les pères en 1763 pour étudier la médecine du corps après avoir étudié celle de l'âme et il est en 1770 médecin à Paris. En 1789, personne n'est surpris de le voir élu député du tiers état. C'est déjà un personnage important de la capitale.
Il était habité par des préoccupations humanitaires quant à l'application de la peine de mort.
Ce n'est pas lui qui construira la machine qui pourtant porte son nom. Ce sera le Docteur Louis qui la construira. Ce docteur était secrétaire perpétuel de l'Académie de Chirurgie. La machine n'est construite qu'au printemps 1792.

Source : Daniel Arasse

J'ignorais tout ça

Quand vous parlez de médecine de l'âme, s'agit-il de psychanalyse?

Je ne crois pas qu'il s'agisse de psychanalyse , Chou. quand je parle de médecine de l'âme, c'est par rapport au fait qu'il était membre de la compagnie de Jésus et qu'à ce titre, il avait étudié la théologie. Et pour être prêtre et s'occuper des âmes , il faut avoir fait des études de théologie. Mais je ne crois pas qu'il se soit fait prêtre . En tout cas, ce qu'en dit Daniel Arasse est assez succint.

Ah oui je n'avais pas pensé à ça

C'est, en effet, le chirurgien Louis qui, au nom de l'académie de chirurgie, fit, le 7 mars 1792, un rapport sur l'instrument le plus propre à la décapitation. C'est du reste pourquoi la guillotine commença par s'appeler la Louison, ou bien la Louisette .
Guillotin, quant à lui, s'était borné à proposer comme mode de supplice plus prompt ( dans un souci d'humanité ) la décapitation, et à faire rédiger en ces termes l'article IV du code pénal, le 3 juin 1791 : Tout condamné à mort aura la tête tranchée .

La légende n'est pas très lisible :

Une forêt de guillotines sous le regard de l'Etre Suprême .

Cette gravure est on ne peut plus pertinente  

L'Etre suprême a de drôles de jouissances ..........

La propagande élaborée par Robespierre pour cet Être suprême est vraiment écœurante...il a voulu donner un sens religieux à la guillotine

Mon cher Chou, tout cela c'est fou dangereux et compagnie !!!!