| | La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur | |
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+8meteor Mr T madame antoine pepe12547 Airin bourbon powah pimprenelle Chou d'amour 12 participants | |
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pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Dim 14 Fév - 15:05 | |
| Il y avait bien longtemps que la propagande de la révolution avait désacralisé la famille royale en la comparant à un bestiaire. La poule d'Autriche et les gros cochon, ça ne pardonnait pas. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Dim 14 Fév - 15:23 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Avant la guillotine , le spectacle de la mort durait plus longtemps donc cela donnait au condamné une " chance supplémentaire d'avoir le temps de se repentir avant de comparaître devant Dieu". Avec la guillotine , il n'y a plus ce temps là car la machine est bien trop rapide . Du coup , on peut parler de mort laïcisée. C'est dans ce sens là que Arasse l'entend. Le côté sacré de la mort est occulté , complètement éclipsé.
La guillotine fait passer la mort non plus comme un spectacle que l'on regarde mais comme un acte technique. On passe de vivant à mort sans transition aucune. Cela va bien trop vite d'où l'immense frustration des spectateurs! ça dépend je dirais, car dans l'extrait de Daniel Arasse que vous citiez et où il n'a pas tort, il s'avère que les exécutions par la guillotine offraient en quelque sorte une scène de théatre aux condamnés. Des condamnés en évidence sous les feux des projecteurs en lieu et place du bourreau L'acte mortel en lui-même était plus rapide, mais le spectacle en tant que tel était bien encore là. Et les exécutions de Louis XVI, Marie-Antoinette et même des perdants du 9 thermidor avaient tout d'une scène de théatre _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40561 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Dim 14 Fév - 15:25 | |
| Tout à fait. L'angoisse des chefs de la révolution était d'ailleurs que l'Autrichienne périsse dans son cachot de mort naturelle avant qu'on ait pu offrir au peuple le spectacle de sa déchéance. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Dim 14 Fév - 15:27 | |
| En effet, le symbole de l'exécution par la Révolution était pour eux absolument vital. Et la guillotine était la scène de ce symbole _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Dim 14 Fév - 15:36 | |
| Oui, c'est vrai , vous avez raison. L'échafaud était la dernière scène du condamné. Au final, le bourreau ne comptait plus ! |
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| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 19:42 | |
| Mais surtout ce qui frappe, " c'est l'usage , l'emploi presque mécanique de la machine. La Révolution en fait une utilisation politique qui dépasse certainement les intentions de ses premiers artisans." La guillotine devient l'âme de la Terreur. Il faut frapper les esprits ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 20:12 | |
| Daniel Arasse dans son livre précise : " Le théâtre de la guillotine culmine en un instant d'invisibilité. Les spectateurs ne voient rien ; il n'y a pas de tragédie pour eux ; ils n'ont pas le temps d'être émus. Cette invisibilité , pourtant , est loin d'être neutre , indifférente. Dans l'instantanéité de son acte, la guillotine donne en effet très exactement à voir l'invisible de la mort en son instant même, précis et indécidable. C'est une sorte de mise au regard public de l'instant sacré où chacun meurt et c'est perçu comme une monstrueuse obscénité, une prostitution imposée au moment le plus intime de la vie de chaque individu , celui de sa propre mort ; il importe encore ici de remarquer que cette caractéristique de la guillotine contribue aussi à expliquer le caractère redoutable de son aspect au repos.
Ce n'est pas tout. De manière monstrueuse , l'instant de la guillotine inaugure une abominable durée : " plusieurs observateurs français et étrangers sont convaincus comme moi que le supplice de la guillotine est un des plus affreux et par sa violence et par sa durée. Contrairement aux apparences , ce n'est pas le goût du paradoxe qui conduit le chirurgien Sue à avancer cette opinion ; il prend au contraire très sérieusement parti dans un débat qui agite violemment le monde médical après 1794 et qui avait été ouvert par l'allemand Soemmering , vite soutenu par le français Oelsner ; la question centrale en est : la mort coïncide-t-elle absolument avec la décapitation immédiate ? La tête coupée perd-elle immédiatement toute conscience ?
Cette question aura la vie aussi longue que la guillotine elle-même. Au XVIIIe siècle, elle est d'autant plus actuelle que l'une des craintes répandues alors était la confusion entre la mort apparente et la mort réelle . L'Encyclopédie distingue soigneusement deux types de mort , la mort imparfaite et la mort absolue-la différence entre les deux ne pouvant se faire que par une lecture adéquate des " signes de la mort". Le sieur Auberive , auteur d'un livret intitulé Anecdotes sur les décapités , publié à Paris en l'an V , rapporte de nombreux cas décapitées auraient parlé. Il cite l'anecdote célèbre de Marie Stuart dont la tête décapitée aurait semblé parler ". |
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| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 22:08 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- la question centrale en est : la mort coîncide -t-elle absolument avec la décapitation immédiate ? La tête coupée perd-elle immédiatement toute conscience ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 22:34 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
la question centrale en est : la mort coïncide-t-elle absolument avec la décapitation immédiate ? La tête coupée perd-elle immédiatement toute conscience ? J'ai lu qu'une expérience avait été menée avec un supplicié auquel on a posé des questions et il devait répondre par un clignement d'œil pour dire oui, par deux pour dire non.Il aurait su répondre pendant deux minutes ... - Citation :
- " Il cite l'anecdote célèbre de Marie Stuart dont la tête décapitée aurait semblé parler ".
Aurait semblé parler ne signifie pas que Marie Stuart a parlé...car les cordes vocales sont coupées. Il semble cependant que l'ouïe persiste davantage de temps. Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 22:36 | |
| Qu'est-ce que c'est que cette blague macabre ??? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 22:46 | |
| C'est une question de fraction de seconde : le cerveau n'est plus irrigué . Tout est fini ! Il n'est pas question de conscience qui vadrouille encore après la chute du couperet . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 23:01 | |
| Brrr...pourquoi ce sujet revient-il sans cesse ? Pour tout dire, je ne le comprends guère : mon opinion étant que pendu, écartelé, fusillé, poignardé, décapité ou je ne sais quoi d'autre...donner la mort à autrui est un acte barbare ! Après, on peut toujours graduer tout ça, mais bon... |
| | | Invité Invité
| | | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 23:23 | |
| Oui tout ceci relève plus du rêve que de la réalité Dans ces moments là le corps a des spasmes ou des mouvements réflexes normaux, qui peuvent être perçus comme des signes ou de la communication par tous ceux qui le voudront _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Ven 19 Fév - 23:32 | |
| Comme que le fait que les joues giflées de Charlotte Corday aient rougi de honte face à la huée générale du peuple... Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 1:42 | |
| C'est en fait que je continue de lire le livre de Daniel Arasse. Je sais bien que ce n'est pas un sujet très gai mais c'est un sujet qui fascine , qui hante encore les esprits. Peut-on oublier le supplice subi par notre Reine ? C'est dans ce sens là que j'en parle et non dans un esprit macabre. Même les auteurs littéraires s'y sont mis . Je veux parler du célèbre Secret de l'échafaud de Villiers de l'Isle Adam où il met en scène deux médecins . c'est dire qu'il puise dans les travaux médicaux concernant la guillotine écrits durant la Révolution. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 10:33 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- C'est en fait que je continue de lire le livre de Daniel Arasse.
Oh ! C'est vrai. En ce cas, je comprends mieux pourquoi. Madame de Chimay, si j'osais.... oh ! et puis j'ose ! J'espère pour autant que vous lisez un autre ouvrage en même temps, parce que celui-ci semble d'un sordide ! - Madame de Chimay a écrit:
- Je sais bien que ce n'est pas un sujet très gai mais c'est un sujet qui fascine , qui hante encore les esprits. Peut-on oublier le supplice subi par notre Reine ? C'est dans ce sens là que j'en parle et non dans un esprit macabre.
Je crois que nul ne l'oublie. Simplement, je pense que son supplice a commencé bien plus tôt ; il ne s'agit ici que de sa conclusion. Encore juste un ou deux petits trucs que je souhaite épingler dans les propos de cet auteur : - Daniel Arasse dans son livre a écrit:
Dans l'instantanéité de son acte, la guillotine donne en effet très exactement à voir l'invisible de la mort en son instant même, précis et indécidable. C'est une sorte de mise au regard public de l'instant sacré où chacun meurt et c'est perçu comme une monstrueuse obscénité, une prostitution imposée au moment le plus intime de la vie de chaque individu , celui de sa propre mort. Cet instant de mort public est-il si différent d'un autre ? Le moment T du souffle qui s'éteint est toujours le même : l'on passe de vie à trépas avec soudaineté. De mon point de vue (matinal...beurk ! quel sujet ! ), ce n'est pas tant le renvoi à sa propre mort que la guillotine illustre tout particulièrement, mais la barbarie avec laquelle des hommes en coupent en deux d'autres pour s'en débarrasser. Lisez de Sang froid de Truman Capote, et vous verrez que le supplice de la pendaison est tout aussi abjecte. Lisez Au nom de tous les miens, et vous verrez comment les nazis arrachaient à la vie des dizaines d'individus en un revers de main. Etc., etc. - Daniel Arasse dans son livre a écrit:
- il importe encore ici de remarquer que cette caractéristique de la guillotine contribue aussi à expliquer le caractère redoutable de son aspect au repos.
Une potence, un peloton d'exécution prêt à faire feu, un poignard, une seringue ou je ne sais quel autre instrument de mort est tout autant redoutable avant sa mise en fonction. - Daniel Arasse dans son livre a écrit:
- Ce n'est pas tout. De manière monstrueuse , l'instant de la guillotine inaugure une abominable durée : " plusieurs observateurs français et étrangers sont convaincus comme moi que le supplice de la guillotine est un des plus affreux et par sa violence et par sa durée.
Contrairement aux apparences , ce n'est pas le goût du paradoxe qui conduit le chirurgien Sue à avancer cette opinion ; il prend au contraire très sérieusement parti dans un débat qui agite violemment le monde médical après 1794 et qui avait été ouvert par l'allemand Soemmering , vite soutenu par le français Oelsner ; la question centrale en est : la mort coïncide-t-elle absolument avec la décapitation immédiate ? La tête coupée perd-elle immédiatement toute conscience ? On tombe ici dans un fantasme macabre et obscène. Une fois encore, quel est l'intérêt de mettre à l'index cet instrument de mort qui n'est pas pire que d'autres : ils le sont tous ! Je comprends que vous évoquiez ce sujet parce qu'il touche Marie-Antoinette et que le Boudoir est le sien ; mais pour autant, si l'on considère le fait qu'elle n'échappera pas à une mise à mort, croyez-vous que le supplice de la pendaison ou de la lapidation eut été préférable ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 10:50 | |
| ... obscène, c'est le mot ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: LA GUILLOTINE... Sam 20 Fév - 15:50 | |
| Pour rester dans le sujet, tous les moyens de l'époque pour donner la mort étaient assez affreux. Encore aujourd'hui, il n'y a guère que l'absorption de morphine ou autre substance à haute dose qui provoque une mort "douce". Ou le cyanure, qui procure une mort foudroyante. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai beaucoup de respect pour les suicidés "célèbres" de l'histoire : il fallait une sacrée dose de courage et de volonté pour s'ouvrir les veines, s'empoisonner ou se faire piquer par un aspic... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 15:57 | |
| - CALONNE a écrit:
C'est une des raisons pour lesquelles j'ai beaucoup de respect pour les suicidés "célèbres" de l'histoire : il fallait une sacrée dose de courage et de volonté pour s'ouvrir les veines, s'empoisonner ou se faire piquer par un aspic... Auriez-vous le même respect pour les suicidés anonymes ou c'est la starification des individus qui vous émeut? Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 15:59 | |
| Quel sujet ! ............... |
| | | Invité Invité
| Sujet: LA GUILLOTINE... Sam 20 Fév - 16:15 | |
| Pour Vous répondre, Majesté... hum... bien sûr, le courage et la volonté nécessaire pour se suicider sont aussi louables chez les anonymes que les célèbres. J'ai fait référence aux célèbres, parce que ce sont les exemples que l'histoire a retenu, de par leur célébrité, justement. Comme nous le disions sur le sujet du mariage de MARIE ANTOINETTE, la mort des anonymes n'intéresse personne ou presque. On retient plus volontiers le serpent de Cléopâtre ou Caton s'ouvrant les veines après avoir relu le texte de Platon sur l'immortalité de l'âme... Quoiqu'il en soit, la mort reste bien le lot de tous, où tous se retrouvent un jour, quels qu'ils soient et quelle que soit la manière par laquelle ils y sont arrivés. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 17:17 | |
| Ne vous inquiétez pas, je lis plusieurs livres à la fois à petite vitesse. Quand je suis fatigué de l'un , je passe à l'autre. Ce qui fait que je ne m'ennuie pas ni ne me lasse. Il est vrai que la guillotine n'est pas le seul moyen de donner la mort mais elle fait partie de cette fin XVIIIe siècle qui en a fait un usage intensif. Il est également vrai que Daniel Arasse a parfois des propos plus que surprenants ( cf la tête de Marie Stuart qui aurait semblé parler ...). Quand j'aurais fini le livre de Daniel Arasse, je passerais certainement à celui de Bruno Cortequisse , tout en faisant bien sûr des pauses avec des livres plus palpitants . Il n'y a aucun désir macabre de ma part mais le désir d'en savoir plus par rapport à tout ce que notre reine a dû subir et endurer...Et non seulement elle mais aussi tous les anonymes, savoir comment les gens ont vécu cette époque...Bref, le désir d'en savoir plus sur cette époque de Terreur tout simplement . |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 17:55 | |
| Mais vous avez raison Madame de Chimay Les contemporains de l'époque sont les mieux placés pour jauger l'impact que la guillotine sur le quotidien. Pour nous ça n'est qu'un intrument de mort du passé, pour eux c'était une menace de tous les jours et il leurs a fallu vivre avec pendant quelques années... _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Guillotine ou l'imaginaire de la terreur Sam 20 Fév - 18:30 | |
| - Chou d'amour a écrit:
- Pour nous ça n'est qu'un intrument de mort du passé, pour eux c'était une menace de tous les jours et il leurs a fallu vivre avec pendant quelques années...
De 1791 à 1981...ça fait un sacré paquet d'années en effet ... Bien à vous. |
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