Marie-Christine Josèphe, duchesse de Saxe-Teschen, "Mimi"

Ah c'est lui? Je connais aussi

Albert Casimir ou gloubi boulga Casimir ?

Je préfère gloubi boulga Casimir

Trouvé sur Canal Académie, une émission passionnante à écouter tranquillement ( 54mn) en sirotant son café ou son chocolat, comme on écoute un spectacle
car il s'agit de la conférence d'Elisabeth BADINTER, entrecoupée d'extraits lus par une comédienne, de la correspondance amoureuse entre
Isabelle de BOURBON PARME , première et malheureuse épouse de l'empereur Joseph II - femme des plus intelligentes et cultivées de l'époque - avec sa belle soeur l'archiduchesse Marie Christine, qu'elle a en adoration...et plus encore...
étonnante de liberté, de réflexions, sur la vie, sur l'état de princesse, sur les liens dans cette famille Habsbourg dans laquelle elle est entrée ...pour le meilleur et pour le pire puisqu'elle meurt à 22 ans.
Rien sur Antonia, qu'elle a bien sûr croisée, mais si jeune encore !

http://www.canalacademie.com/Lettres-a-la-Duchesse-Marie.html?var_recherche=marie%20christine



Je meurs d’amour pour toi... le titre du livre d’Elisabeth Badinter paru chez Tallandier est explicite. Ces lettres d’Isabelle de Bourbon-Parme à l’archiduchesse Marie-Christine ont été rassemblées par l’auteur, impressionnée par « la maturité et la modernité de sa pensée ». Petite-fille de Louis XV et de Philippe V d’Espagne, Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763) est une femme « exceptionnelle », qui appartient « au club très fermé des princesses philosophes ». Mariée en 1760 au futur empereur Joseph II, elle séduit toute la famille impériale et tombe elle-même éperdument amoureuse de sa belle-soeur, l’archiduchesse Marie-Christine. Ses lettres et ses petits billets, qui ressemblent aux courriels de notre siècle, révèlent un caractère, des sentiments et une intelligence hors du commun ; ils lèvent aussi le voile sur certains secrets de la cour de Vienne.

Dans l’interview accordée à Canal Académie, Elisabeth Badinter nous parle d’une femme d’une grande « indépendance d’esprit », et nous fait part de l’importance à ses yeux de faire exister « cette femme hors du commun qui appartient pourtant au petit nombre d’authentiques intellectuelles de l’époque ».

Ecoutez dans un premier temps l’interview d’Elisabeth Badinter puis la lecture de lettres par Vimala Pons du Jeune théâtre national.

Extrait d’une lettre datant de février 1761 qui concerne le sort des princesses :

« Vous avez désiré, chère Soeur, que je vous dise sincèrement ce que je pense sur votre sort, et vous avez semblé vouloir pénétrer quels étaient mes réflexions et mes sentiments. Je n’hésiterai pas à ouvrir mon coeur à la plus tendre et à la plus chère amie. [...] À quoi doit s’attendre la fille d’un grand prince ? Son sort est sans contredit le plus malheureux. Esclave en naissant des préjugés du peuple, elle ne naît que pour se voir assujettie à ce fatras d’honneurs, à ces étiquettes sans nombre attachées à la grandeur. Quoique son état la mette dans le monde lorsqu’à peine encore elle sait bégayer, sa condition la prive de la connaissance de ces mêmes hommes desquels elle est entourée. Le rang qu’elle tient, loin de lui procurer le moindre avantage, la prive du plus grand agrément de la vie, de ce qui est donné à tous les hommes de la société. Elle trouve souvent dans sa famille même de quoi l’attrister : est-elle nombreuse ? La différence des caractères, les intrigues qui ne sont que trop fréquentes à la Cour la mettent chaque jour dans le danger ou de se pervertir, ou de s’y trouver innocemment mêlée. Est-elle peu nombreuse ? L’union qui y règne ne la dédommage pas du temps qu’elle est obligée de donner à des soins importuns ou à des cérémonies ennuyeuses. Voilà le portrait et la situation d’une jeune princesse qui ne peut trouver même dans sa famille les recours que le dernier des particuliers renferme dans sa petite coterie : obligée de vivre au milieu du grand monde, elle n’y a pour ainsi dire ni connaissance ni amis. Ce n’est pas tout. À la fin, on cherche à l’établir. La voilà condamnée à abandonner tout, sa famille, son pays, et pour qui ? Pour un inconnu, pour une personne dont elle ignore le caractère, la façon de penser, pour une famille qui peut-être ne la verra qu’avec jalousie, ou du moins prévention. Sacrifice d’un prétendu bien public, mais plus encore de la politique malheureuse d’un ministre qui ne sait trouver d’autres voies pour lier deux maisons, pour former une alliance qu’il annonce indissoluble, et que la première apparence d’avantage rompt aussi facilement qu’un engagement pris sans réflexion. Elle part, abandonne ce qui lui est de plus cher, dans l’incertitude même de plaire à celui auquel on la destine. Peut-on rien trouver de plus dur, si l’on réfléchit bien, à cette situation ? Mais reste-t-elle fille toute sa vie, elle n’a rien de mieux à espérer que le sort qu’on vous offre aujourd’hui ? [...] »

Merci chère Cécile
Je vais écouter ça tranquillement

..... moi de même !

L'extrait que vous nous donnez là, chère Cécile, ne nous fait guère rêver sur le sort des grands de ce monde ... pathétique destinée que celle souvent peu enviable des princesses d'Europe ( et d'ailleurs ... )

Merci, chère Cécile !

Une lecture passionnante, je vous le confirme!
Et avant de mourir, Isabelle donne ses "trucs" à Marie-Christine pour qu'à son tour elle soit indispensable à l'impératrice. Et l'on sait que ça va marcher!
Ah j'enrage d'avoir laissé ma bibliothèque à Toulouse! Je vous l'aurais copié.

Voici (en très mauvaise qualité, désolée) le fameux monument funéraire commandé par son époux au grand Canova, au couvent des Augustins, Saint-Denis des Habsbourgs.

Je continue ma biographie sur l'impératrice à chaque sujet consacré à ses nombreux enfants.

5/Marie-Christine (1742-1798), née un 13 mai, donc le même jour que Marie-Thérèse, était la fille préférée de sa mère. Dans la famille, on l'appelait Marie ; sa mère la surnommait affectueusement "Mimi" ou "Mimerl" dans le dialecte viennois et pour François Stéphane, elle était "Madame Mimi".
Elle devint une charmante jeune fille, gâtée par sa mère et jouissant également de l'affection de son père. A cause de ce favoritisme, elle fut jalousée par ses frères et soeurs et presque exclue de la communauté fraternelle. Marie était jolie, spirituelle, intelligente et douée, mais également capricieuse et méchante vis-à-vis de ses frères et soeurs. On ne pouvait lui confier un secret sans que sa mère en prenne connaissance, elle traitait ses frères et soeurs ainsi que les domestiques avec dédain et arrogance. Plus sa mère favorisait sa fille préférée, plus les frères et soeurs la condamnaient, avec amertume, et ce même encore à l'âge adulte, la position privilégiée de leur soeur.

On comprend mieux la méfiance qu'avait Marie-Antoinette envers cette soeur qui pourtant était sa voisine, la seule qu'elle n'a pas reçu à Versailles avec grâce. Chouette ambiance au sein de la famille impériale dont Marie-Thérèse est la seule coupable.


Marie-Christine en robe blanche, autoportrait. Gouache de Marie-Christine. Vrs 1765
Elle est vraiment très belle mais comme il s'agit d'un autoportrait d'une princesse très imbue d'elle... Son talent artistique reste indéniable.


Marie-Christine. Peinture à l'huile du "maître des portraits d'archiduchesses". Vers 1762/65.
Quand on visite les salles de Schönbrunn ornées de nombreux portraits des enfants de Marie-Thérèse, on est surpris de constater que Marie-Christine est celle qui a le moins la tête type Habsbourg. Car sinon, ils se ressemblent tous, filles et garçons.

La fille préférée de l'impératrice était, sur le plan artistique, la plus talentueuse de la famille (je comprends les tensions avec Marie-Anne qui elle aussi avait beaucoup de talents et qui en sa qualité de fille aînée aurait pu obtenir une place de choix dans le coeur maternel, d'où probablement les caractères assez durs de ces deux archiduchesses en constante compétition) et en 1776, elle fut même élue membre réel de la très renommée Académie des arts San Luca, à Rome.

Elle exécuta de nombreux portraits des membres de la famille et aussi les fameux tableaux de genre illustrant le bonheur privé de la famille impériale selon l'idéal bourgeois. Il s'agit là de copies adaptées, à partir de modèles hollandais, à la sphère familiale ( j'aimerai bien trouver les originaux dont elle s'est inspirée!).
Die Nikolausbescherung ("La distribution de cadeaux à la Saint-Nicolas") montre le couple impérial et marie-Christine -qui fit ici son autoportrait (où une fois de plus elle ne s'est pas faite vilaine! )-, entourée des trois plus jeunes enfants, Ferdinand, Marie-Antoinette et Maximilien-François à qui on est en train de distribuer les cadeaux de la Saint-Nicolas. On suppose que le tableau date de la fin des années 1750.


Distribution de cadeaux à la Saint-Nicolas dans la famille impériale. Gouache signée et datée de Marie-Christine, 1762.
On remarque Marie-Christine dans son rôle de "grande soeur ch..." en train de sermonner le turbulent Ferdinand qui a reçu des verges pour être fouetter et qui pleure! Le pauvre! Avec l'autre qui en rajoute une couche! Marie-Antoinette est déjà craquante.

Das Wochenbett ("Les couches"), réalisées aux alentours de 1762, montre l'héritier du trône, Joseph, au chevet de son épouse qu'il aimait jusqu'à l'idolâtrie, alors que l'on est en train de nourrir le nouveau-né.


Joseph au chevet de son épouse Isabelle qui vient d'accoucher Gouache signée et datée de Marie-Christine, 1762.


Entre Marie-Christine et la jolie, sensible et également fort talentueuse Isabelle de Parme se développa une relation particulière. La lecture de la correspondance échangées entre les deux jeunes femmes, correspondance dont la moitié, celle adressée à Marie-Christine, a été conservée, laisse soupçonner l'existence d'une relation amoureuse passionnée, à caractère homosexuel, qui fut dissimulée à la cour. Je confirme, cette lecture est assez incroyable.

Marie-Christine fut la seule à avoir été épargnée par la politique de mariage de sa mère et à avoir pu, avec l'aide de Marie-Thérèse, épouser l'homme de son choix, à savoir Albert de Saxe-Teschen, futur fondateur de la collection d'art graphique de l'Albertina à Vienne. Celui-ci, qui n'était ni fortuné, ni puissant, se surnommait lui-même le "pauvre cadet". Quelqu'un sait s'il est un des frères ou cousins de notre Dauphine Marie-Josèphe ?


Albert de Saxe-Teschen. Peinture à l'huile, d'après J. E. Liotard, attribuée à Marie-Christine. Vers 1767-70.

En 1765, Albert fut nommé gouverneur de Hongrie par Marie-Thérèse, fonction assortie d'un siège à Presbourg, et en 1766, les noces furent célébrées au château de Hof. Après la mort de sa mère, Marie-Christine eut elle aussi à subir la rancoeur de Joseph II. Le couple resté sans enfant fut envoyé aux Pays-Bas autrichiens en 1781 en tant que gouverneurs généraux, mais dut fuir en 1791 devant la "Révolution brabançonne" et revint définitivement à Vienne en 1794 où Marie-Christine décéda en 1798. Pour son épouse, Albert fit ériger par Canova le célèbre monument funéraire de l'église des Augustins de Vienne et vécut retiré du monde jusqu'à sa mort en 1822.

https://maria-antonia.forumactif.com/schonbrunn-f20/mon-sejour-a-vienne-t2737-45.htm?highlight=mon+s%E9jour+%E0+vienne

Oui Albert était bien le frère de la Dauphine Marie-Josèphe, quatrième fils du Roi de Pologne.

En septembre 1792, alors que la guerre fait rage, Dumouriez entame des pourparlers secrets avec les Prussiens et finit par se retirer sans poursuivre l'armée ennemie qui lui fait face affaiblie par la dysenterie, et qu'il a à sa merci ............ le tout sans officiellement aucune garantie en contre-partie .

C'est alors que les Autrichiens se mettent à furieusement bombarder Lille .
L'archiduchesse Marie-Christine, gouvernante des Pays-Bas autrichiens et sœur de Marie-Antoinette, est au premier rang sur le champ de bataille pour tirer le canon !
Si Chou était là, il dirait " Quelle femme !!! " ( )

Ces filles Habsbourg, tout de même...

Yep ! sacrées bonnes femmes !!!

Sidérant comme gravure !
Encore la digne fille de sa mère ! Tu as raison Pim, il est indéniable que Marie-Anne, Marie-Elisabeth, Marie-Christine, Marie-Amélie, Marie-Caroline et tadam, devinez qui ? avaient un sacré caractère.

On voit aussi sur cette gravure que la jolie et fine Marie-Christine avait attrapé un sacré embonpoint avec l'âge. Sait-on si ce fut la cas pour les autres soeurs ? En tout cas, ce fut le cas de leur mère.

Citation :

 Si Chou était là, il dirait " Quelle femme !!! " (   )

En effet, quelle femme!  

Mais d'une manière générale je le dis plus lorsqu'il s'agit d'une belle femme

Chou d'amour a écrit:

Mais d'une manière générale je le dis plus lorsqu'il s'agit d'une belle femme

Mais regarde ses portraits en amont. Elle n'était pas vilaine ! Mais elle a mal tourné, c'est certain...

Oui elle n'était pas vilaine en effet mais elle ne me fait pas rêver pour autant

Chou d'amour a écrit:

Mais d'une manière générale je le dis plus lorsqu'il s'agit d'une belle femme

Deux siècles plus tard, et sachant combien les artistes de l'époque flattaient leurs modèles, penser que telle dame de la Cour, ou telle autre, était une beauté tient fort de la plus pure spéculation .... non ?

En l'occurence, ici, où elle est très jolie, nous avons un autoportrait !  

Citation :

Chou d'amour a écrit:

Mais d'une manière générale je le dis plus lorsqu'il s'agit d'une belle femme  

Deux siècles plus tard, et sachant combien les artistes de l'époque flattaient leurs modèles, penser que telle dame de la Cour, ou telle autre,  était une beauté tient fort de la plus pure spéculation .... non ?  

Certes oui et c'est bien pour ça que je le dis très rarement pour les femmes de cette époque  

Je viens de lire un texte à propos du mariage autorisé entre Marie-Christine et Albert, je viens d'apprendre que Marie-Christine s'était éprise d'un autre homme et que sa mére, l'impératrice avait interdit qu'elle se marie avec cet homme donc elle tomba dans la déprime, un peu avant le mariage de son frére Joseph et de belle soeur Isabelle ;

"La jeune ardichuchesse s'était enflammée pour le prince Louis-Eugène de Wutermberg, lieutenant général dans l'armée française et attaché comme observateur à celle d'Autriche. Mais Marie-Thérèse qui concèderait cet homme comme un admirateur des philosophes, sans morale et religion, s' empressa de mettre fin à l'idylle de sa fille préférée pour laquelle elle espérait un meilleur parti. C'est peut-être ce chagrin d'amour qui poussa Marie-Christine vers sa belle-soeur Isabelle. Après la mort de celle-ci en novembre 1763, Marie-Christine semblait ne plus s'intéresser à rien. Pourtant, le prince Albert de Saxe avait pris Marie-Christine en affection et envisageait d'en faire sa femme. Homme doté d'un caractère équilibré et digne de confiance, Albert attendit patiemment Marie-Christine. Leur union, jugée favorable par l'impératrice Marie-Thérèse, fut célébré le 7 avril 1766. Leur mariage fut, semble-t-il, heureux. Lors d'une séparation des époux, Marie-Christine écrivit à son époux "je deviens toute mélancolique de ne pouvoir venir vers toi pour t'embrasser et te serrer contre mon coeur, parce que je t'aime tendrement en mari digne de mon amour et à la rage en amant inspirant la passion, tu sais combien je peux aimer". Avec un époux comme Albert de Saxe, il semble que Marie-Christine était épanouie. De toutes les fille de l'impératrice Marie-Thérèse, seule Marie-Christine trouva vraiment le bonheur. Une seule tâche noire survint dans sa vie de couple : le 16 mai 1767, elle mit au monde une fille prénommée Maria-Thérèsa mais l'enfant mourut le lendemain. Lors de l' accouchement, Marie-Christine échappa de justesse à la mort et fut dés lors incapable de devenir mère."


Êlise