Marie-Christine Josèphe, duchesse de Saxe-Teschen, "Mimi"

ELISE a écrit:

"je deviens toute mélancolique de ne pouvoir venir vers toi pour t'embrasser et te serrer contre mon coeur, parce que je t'aime tendrement en mari digne de mon amour et à la rage en amant inspirant la passion, tu sais combien je peux aimer".

....... roman et tempérament à revendre !

Que voulez-vous dire?

Elise

ELISE a écrit:

Que voulez-vous dire?

Elise

Eh bien, qu'elle sait aimer : je t'aime tendrement en mari digne de mon amour et à la rage en amant inspirant la passion ...
Si l'on compte aussi sa belle-soeur, cela dénote un sacré éclectisme !

Il faut savoir que Marie-Christine s'est inquiétée pour sa soeur pendant sa captivité au temple, et qu'elle a tout fait auprés de la famille Autrichienne pour essayer de libérer Marie-Antoinette... En vain. Et comme Marie-Caroline, elle ne s'est jamais vraiment remise de la mort de la reine de France, sa plus jeune soeur... Il faudrait que je retrouve, il me semble que j'en ai déjà parlé ici.

Tout être vivant est capable d'amour, et pour Isabelle je pense qu'elles se sont aimées mais par de la même maniére enfin je ne sais pas trop en quoi penser car j'ai pas trop suivi de prés l'affaire, ma chére Mme de Sabran

Elise

Citation :

ELISE a écrit:

Que voulez-vous dire?  

Elise

Eh bien, qu'elle sait aimer : je t'aime tendrement en mari digne de mon amour et à la rage en amant inspirant la passion ...  
Si l'on compte aussi sa belle-soeur, cela dénote un sacré éclectisme !

Elle le dit elle-même, elle sait aimer.

ELISE a écrit:

Il faut savoir que Marie-Christine s'est inquiétée pour sa soeur pendant sa captivité au temple, et qu'elle a tout fait auprés de la famille Autrichienne pour essayer de libérer Marie-Antoinette... En vain. Et comme Marie-Caroline, elle ne s'est jamais vraiment remise de la mort de la reine de France, sa plus jeune soeur... Il faudrait que je retrouve, il me semble que j'en ai déjà parlé ici.

Ce serait intéressant de connaître ces démarches pour sauver sa soeur avec laquelle elle ne s'entendait guère. Enfin avec aucune, ni aucun frère puisque tous l'ont pris en grippe à cause de sa place de privilégiée auprès de leur mère.
En tout cas, avec la gravure en amont, on peut être certain qu'elle n'hésitait pas à agir contre les révolutionnaires !

ELISE a écrit:

Tout être vivant est capable d'amour, et pour Isabelle je pense qu'elles se sont aimées mais par de la même maniére enfin je ne sais pas trop en quoi penser car j'ai pas trop suivi de prés l'affaire, ma chére Mme de Sabran

Elise

Quand on lit la correspondance d'Isabelle de Parme, il est assez clair que leur amour ne fut pas que platonique.

ELISE a écrit:

Tout être vivant est capable d'amour, et pour Isabelle je pense qu'elles se sont aimées mais par de la même maniére enfin je ne sais pas trop en quoi penser car j'ai pas trop suivi de prés l'affaire, ma chére Mme de Sabran
Elise

J'avoue ne pas avoir encore parcouru cette correspondance .

olivia a écrit:

Quand on lit la correspondance d'Isabelle de Parme, il est assez clair que leur amour ne fut pas que platonique.

C'est ce que l'on en dit généralement .

Je suis dans mon Monjoye, mais je vais faire une petite recherche dans cette correspondance pour y mettre des passages "croustillants".

Comme il est agréable d'avoir enfin une bibliothèque complète !

olivia a écrit:

Je suis dans mon Monjoye, mais je vais faire une petite recherche dans cette correspondance pour y mettre des passages "croustillants".

Bonne idée ! Croustillons !!!

Déjà, ce qui est étonnant, c'est qu'avant même de quitter Parme, elle lui envoie déjà des déclarations enflammées. Pas de traces de lettres à son futur mari, ses futures beaux-parents ou autres belles-soeurs. Elle compte les jours qui la sépare encore de sa future soeur. Mais pas un mot sur Joseph.
Elle lui parle même de ses nuits, ce qui n'a rien à faire dans une correspondance officielle.

Trois mois plus tard, vivant enfin sous le même toit (si l'on peut dire quand on connaît la Hofburg ) :
"C'est donc comme à la plus adorable de toutes les créatures, et non seulement dite adorable mais regardée comme telle d'après les preuves les plus évidentes, que je m'adresse pour implorer vos bontés. Epargnez de grâce mon pauvre coeur, l'amour, ce dieu cruel, me persécute ; c'est de vous qu'il se sert pour se venger de moi qui l'ai si souvent bravé. N'employez donc pas toutes vos armes si vous ne voulez me voir expirer de plaisir à vos pieds : jouez mal vos concerts. Si le clavecin me fut antipathique, il m'est devenu trop cher depuis que je vous ai entendue et il pourrait me donner la mort. Il est vrai qu'elle serait bien douce, mais n'étant plus, je ne pourrai vous aimer. Laissez-moi donc vivre pour vous aimer éternellement."

Je sais qu'à l'époque, on avait tendance à être exalté dans les sentiments d'amitié mais là tout de même... Néanmoins, pour l'instant, rien de physique.

C'est , en effet, plus qu'allusif !

Et ce n'est que le début !

..... un début prometteur !

On en a lu de pareil entre Artois et Vaudreuil non? Et pourtant...

Bon allez, d'autres passages parce que c'est autrement plus rigolo qu'un testament !

Jour de la sainte Marie 1760 qui tombe le 8 décembre en Autriche (Marie-Christine étant la seule Marie-Machin de la famille à être appelée vraiment Marie) :
"Permettez qu'en ce jour heureux qui donna au ciel la Sainte dont vous portez en ville le nom, je me prosterne à vos pieds, divinité de mon coeur. "

Pas d'hésitation à faire dans l'iconoclaste... En même temps, elle lui répète plusieurs fois de penser à elle pendant le chapelet ou la lecture de l'épître du dimanche, et réciproquement.

Un poil plus prosaïque :
"Dites-moi comment nous dînons et si vous avez envie de me parler comme vous l'avez dit hier, auquel cas voyez si vous l'aimez mieux chez vous ou chez moi. Je suis à vos ordres. Au reste, si vous venez ici, vous êtes la maîtresse depuis onze heures de venir à l'heure qu'il vous plaira. Adieu, je vous baise en attendant en idée."
D'ailleurs, plusieurs fois encore, il y a des allusions à des visites tard dans la soirée, surtout quand "l'Archiduc" est absent.

Entre ces lettres françaises, il y en a d'autres en allemand également où Isabelle tutoie Marie-Christine.

Chou d'amour a écrit:

On en a lu de pareil entre Artois et Vaudreuil non? Et pourtant...

J'y pensais aussi mais franchement, je ne crois pas que ça atteigne ce niveau.

Chou d'amour a écrit:

On en a lu de pareil entre Artois et Vaudreuil non? Et pourtant...

Ah non ! je me porte garante que non !
Je n'ai pas sauté une syllabe de la correspondance de Vaudreuil et Artois : cela n'a rien à voir ! C'est une franche amitié virile .

Donc si tu nous dis que ça n'a rien à voir, ça confirme bien qu'Isabelle et Marie-Christine partageaient un amour illicite. Pas reprochable pour autant car à l'époque il est heureux qu'une princesse mariée de force ait pu trouver l'amour. Mais elle ne dépassera pas ses 22 ans.

Ce qui m'étonne le plus dans cette histoire, c'est comment cela n'ait pu sauter aux yeux de leur entourage ? Laissons la petite Madame Antoine qui n'a pas encore 5 ans au début de la liaison mais tous les autres frères et soeurs du même âge ? Les aînées jalousant déjà Marie-Christine ? Joseph fou d'amour pour son épouse qui ne parle de lui dans ses lettres à sa belle-soeur que de manière dédaigneuse ? Quand on pense, le pauvre, qu'il sera choqué par une certaine lettre de sa petite soeur qui ne parle pas pire de son mari et pour des choses beaucoup plus innocentes. Pas si clairvoyant le pauvre Joseph...
Mais surtout, la puissante, la grande, l'omnipotente Marie-Thérèse ?    Et bien elle aussi aimera à la folie (en tout bien tout honneur tout de même) sa belle-fille, tout comme son mari François. Je montrerai plus loin ces sentiments qui ont fait de leur belle-fille leur préférée, bien plus que leurs propres enfants.
Soit elle n'a rien vu, soit elle a laissé faire... Dans les deux cas, je suis extrêmement surprise.

Cette correspondance montre aussi sa morbidité chronique. Quand elle ne parle pas de son amour passionné, elle évoque sa mort prochaine qu'elle sait inéluctable. Femme très particulière. Mais très moderne aussi, dans ses propos, ses pensées et sa façon de vivre. Intéressante.


Son portrait par Marie-Christine.


Quelle fut son influence indirecte sur Marie-Antoinette ? Difficile de savoir puisque à aucun moment Isabelle ne parle de la plus jeune archiduchesse. Mais à la place de choix qu'elle occupa dans la famille impériale, son décès qui désespéra Joseph, Marie-Christine et le couple impérial, on peut raisonnablement penser que Marie-Antoinette en ressentit le contrecoup.

Isabelle laissa une petite Marie-Thérèse de six ans la cadette de notre archiduchesse préférée. Elle est certainement le premier enfant sur lequel elle se fit la main dans sa passion qu'elle aura de ceux-ci. La tante et la nièce ont certainement eu une partie de leur éducation en commun :

L'enfant mourra jeune, au désespoir du père déjà inconsolable de la mort de son épouse. En toute logique, c'est elle qui devait hériter du trône impérial...
Elle mourut en 1770 juste avant le départ de Marie-Antoinette.

Citation :

Chou d'amour a écrit:

On en a lu de pareil entre Artois et Vaudreuil non? Et pourtant...  

Ah non ! je me porte garante que non !  
Je n'ai pas sauté une syllabe de la correspondance de Vaudreuil et Artois : cela n'a rien à voir !  C'est une franche amitié virile .

Virile est un bien grand mot tout de même pour évoquer leurs écrits  

Rien à voir avec le croustillant mais ce passage d'une lettre d'Isabelle de Parme ne peut être occulté. Elle n'est pas hors sujet car destinée à Marie-Christine et correspond parfaitement à ce que subira Marie-Antoinette. Cet extrait montre à quel point Isabelle de Parme était une princesse intelligente.
Je rappelle qu'Isabelle est à la fois épouse de Joseph II, donc belle-fille de Marie-Thérèse et petite-fille de Louis XV. Par conséquent, on peut raisonnablement penser que son analyse pouvait être partagée par toutes les princesses entourant Marie-Antoinette et donc peut-être par elle-même. Or c'est assez révolutionnaire !

"A quoi donc peut s'attendre la fille d'un grand prince ? Son sort est sans contredit le plus malheureux. Esclave en naissant des préjugés du peuple, elle ne naît que pour se voir assujettie à ce fatras d'honneurs, à ces étiquettes sans nombre attachées à la grandeur. Quoique son état la mette dans le monde lorsqu'à peine encore elle sait bégayer, sa condition la prive de la connaissance de ces mêmes hommes desquels elle est entourée. Le rang qu'elle tient, loin de lui procurer le moindre avantage, la prive du plus grand agrément de la vie, ce qui est donné à tous les hommes de la société. Elle trouve souvent dans sa famille même de quoi l'attrister : est-elle nombreuse ? La différence des caractères, les intrigues qui ne sont trop fréquentes à la Cour la mettent chaque jour dans le danger ou de se pervertir, ou de s'y trouver innocemment mêlée. Est-elle peu nombreuse ? L'union qui y règne ne la dédommage pas du temps qu'elle est obligée de donner à des soins importuns ou à des cérémonies ennuyeuses. Voilà le portrait et la situation d'une jeune princesse qui ne peut trouver même dans sa famille les recours que le dernier des particuliers renferme dans sa petite coterie : obligée de vivre au milieu du grand monde, elle n'y a pour ainsi dire ni connaissance ni amis. Ce n'est pas tout. A la fin, on cherche à l'établir. La voilà condamnée à abandonner tout, sa famille, son pays, et pour qui ? Pour un inconnu, pour une personne dont elle ignore le caractère, la façon de penser, pour une famille qui peut-être ne la verra qu'avec jalousie, ou du moins prévention. Sacrifice d'un soi-disant bien public, mais plus encore de la politique malheureuse d'un ministre qui ne sait trouver d'autres voies pour lier deux maisons, pour former une alliance qu'il annonce indissoluble, et que la première apparence d'avantage rompt aussi facilement qu'un engagement pris sans réflexion. Elle part, abandonne ce qui lui est de plus cher, dans l'incertitude même de plaire à celui auquel on la destine. Peut-on rien trouver de plus dur si l'on réfléchit à cette situation ?"

A ma connaissance, aucune autre princesse n'a écrit un tel constat sur son propre sort. A la limite, la Princesse Palatine. Mais qui passe pour une princesse très peu princesse justement. Un siècle plus tard dans la même Hofburg, Sissi écrira des kilomètres sur la question, se désespérant sur son mariage subi.
Cependant, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les mentalités ont bien évolué. Mais au milieu du XVIIIème siècle ? Quelles princesses avaient réellement conscience de l'injustice de leur sort ? Est-il raisonnable de penser que toutes le savaient en connaissance de cause ? Ou seules quelques-unes le comprenaient ? Ceci explique-t-il le célibat des filles de Louis XV, ses tantes et qu'Isabelle a très bien connu dans son enfance, passant de longs séjours à Versailles ?
Marie-Antoinette n'aura jamais textuellement de tels propos. Par contre, son attitude montrera clairement qu'elle n'acceptera pas tout ce qui lui est imposé de par son rang. La seule petite trace verbale que nous ayons est sa volonté de marier sa fille en France.
Toujours chez les Habsbourg, il y a Marie-Amélie qui sera la seule à se révolter ouvertement contre sa mère pour son mariage forcé (avec le frère d'Isabelle, est-ce cocasse ! ).


Pour finir sur une touche plus croustillante, ce passage d'une lucidité confondante n'est pas innocent. Isabelle continue en suppliant Marie-Christine de rester fille, lui démontrant dans son noir tableau qu'il vaut mieux qu'elle reste à Vienne "D'autant plus que vous passerez votre vie auprès de quelqu'un qui vous adore et que vous aimez" Or à cette époque pas de Wurtenberg ou de Saxe à l'horizon, donc elle parle d'elle-même .

Un tel réquisitoire est assez rare à ma connaissance en effet. Il faut avouer qu'elle reste dans le vrai, même si je doute quand même que le sort de ces princesses puisse être le plus malheureux qui soit contrairement à ce qu'elle écrit au début
Mais pour le reste je trouve que son point de vue fait plaisir à voir...enfin une femme de l'époque qui s'affirme en dehors du moule dans lequel la société les enfermait

C'est exactement mon avis.

Oui, on a envie de lui dire "Pauvre petite princesse... . Va vivre une semaine chez des paysans, tu verras que tu seras très contente de n'avoir aucun souci matériel."
Mais en même temps, quel plaisir de voir de telles idées chez quelqu'un de ce rang.

J'espère que je ne fais pas d'erreurs et qu'on n'a pas déjà un sujet ouvert sur Isabelle de Parme. Sinon, pas besoin de fusionner les messages que nous lui consacrons depuis ce soir avec ceux sur Joseph II. A mon avis, elle préférerait largement rester avec sa chère Marie-Christine.

Ouf, il n'y en a pas !