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| Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 23 Aoû - 13:53 | |
| "Cette aigreur transpira malheureusement . Elle fut , pour le comte du Perche , cause des plus grands déboires. Louis XI , averti qu’il tenait contre sa personne des propos désabligeants, ne tarda pas en effet à mander au Seigneur du Lude , une de ses âmes damnées, qui gouvernait Alençon au nom de la Couronne , d’avoir à surveiller le prince. René est alors entouré d’espions qui le filent et le font parler. Jusqu’à une de ses sœurs bâtardes qui accepte ce triste rôle. Surpris et dénoncé , il est bientôt incarcéré et , par un raffinement de fourberie, on glisse dans sa prison un gentilhomme , nommé Saint Sulpîce , qui n’a d’autre mission que de gagner son amitié et de le perdre. Un beau soir , ce traître arriva en criant au comte : « Par la mort Dieu ! Si vous ne pensez ou besognez , vous êtes mort…Mandez au duc de Bretagne de vous donner asile en ses terres. « Le prisonnier rédigea sur le coup , de concert avec son compagnon , une lettre qui fut remise aux geôliers. Peu après , elle était communiquée au Roi . Là-dessus , l’infortuné fut regardé comme coupable de relations avec un ennemi du trône et enfermé dans une cage de fer , longue d’un pas et demi, où il languit pendant 12 semaines , au milieu des plus grandes rigueurs de l’hiver. Transporté ensuite à Vincennes , il fut-bien que ses qualités lui donnassent droit d’être jugé devant la cour des pairs -traduit devant le parlement et condamné le 22 mars 1482.
L’arrêt néanmoins fut fort bénin. Le comte devait demander merci et pardon au Roi pour les fautes et désobéissances par lui commises…donner bonne caution et sûreté au roi et tenir prison jusqu’à plein et accomplissement des choses dessus dites. Le duc d’Alençon devait être jugé par le Roi lui-même , en Cour des Pairs et demandait à l’être. On ne releva en somme contre René que des paroles montrant qu’il n’aimait pas Louis XI , sans trace de trahison. " |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 23 Aoû - 19:13 | |
| "Louis XI souhaitait et réclamait des sanctions beaucoup plus sévères. Aussi cette condamnation constitue-t-elle , à elle seule , une preuve significative de l’innocence de René. Le pauvre prince fut cependant retenu en prison jusqu’à la mort de son terrible ennemi. Mais un des premiers actes de Charles VIII à son avènement au trône , fut de l’élargir et de le rétablir dans tous ses biens , honneurs et dignités. René prit alors le titre de duc d’Alençon et, après une courte opposition à la régente Anne de Beaujeu -1484 et 1485-rentra complètement dans la droite ligne , du moins au point de vue politique.
René était ami intime du duc d’Orléans , le futur Louis XII. Il se déclara partisan de la régence de ce prince contre celle d’Anne de Beaujeu et, quand Louis fut poursuivi par Anne, il le reçut , dans sa fuite , à Verneuil et à Alençon. Mais ensuite , « trop instruit par les malheurs de son père et les siens , il refusa de participer à ce qu’on a appelé « la Guerre Folle » et se réconcilia complètement avec la régente.
Par malheur, sa vie privée avait aussi dévié. Sans se montrer aussi prodigue que son père , il vivait en grand seigneur, dépensant plus que de raison , et ne soutenant son rang que par des emprunts ; il n’en rougissait même pas d’en faire de minimes , tant le besoin le pressait. Un compte des Aides d’Argentan , rendu devant le vicomte d’Argentan par Romain Pigache , receveur des deniers communs , le 20 octobre 1472 , porte un prêt de 100 livres –consenti à Mgr le duc d’Alençon pour lui aider à faire le voyage vers le Roi et de 100 autres livres pour subvenir à ses autres affaires. A ce laisser-aller financier s’ajouta bientôt la licence des mœurs où le prince alla chercher un dérivatif aux ennuis qui l’accablaient. Les désordres de sa conduite devinrent si graves que sa petite Cour inspirait la répulsion dans tout le pays.
Le cœur néanmoins restait bon. Aussi, dès que des espérances de mariage se précisèrent , il voulut se rendre digne de l’alliance qui lui était offerte et on le vit commencer à ce moment là , plusieurs fondations pieuses dans ses domaines. C’est ainsi qu’en 1484 , il établissait à la Flèche un monastère de franciscaines du Tiers Ordre de St François ; que le 24 octobre 1487 , il fondait une haute messe de la Conception dans l’église Notre Dame d’Alençon . Cet heureux changement dans les dispositions et les habitudes du duc était d’un favorable augure pour le succès des réformes que Marguerite avait dessein d’introduire à la Cour de son mari. Marguerite reprenait l’œuvre de Marie d’Armagnac , devenue plus difficile parce qu’interrompue. A une sainte mère , la sainte épouse ne succédait qu’après un long laps de 17 ans. "
Il faut que je retrouve cette photo du vitrail des 3 comtesses de l'église de Mortagne que j'avais faite ! |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 23 Aoû - 19:24 | |
| Le vitrail des Trois comtesses dans l'église de Mortagne au Perche |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 14:44 | |
| L'influence de l'épouse ( 1488-1492 )
"Marguerite triomphe de toutes les difficultés qui s'élevaient devant elle , en concentrant tous ses efforts sur ses devoirs d'épouse et en les résumant dans le mot de la sainte écriture qui les définit : une aide pour son mari. Jamais femme, au dire du P. Duhameau , ne rendit plus d'honneur à son époux , tellement que c'était une partie de son soin de prévoir ses volontés , pour prévenir ses commandements. Aussi jamais il ne s'aperçut qu'elle eût une humeur particulière ou d'autres affections ou desseins que les siens. "
Ce qui était habile pour gouverner le coeur d'un homme ... Marguerite savait y faire... |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 14:58 | |
| Le duc reconnaissant traita de son côté sa jeune épouse en toute douceur et bénignité nous apprend Magistri. " Un jour , raconte le vieil auteur, il luy dist tout amiablement : Mamye , j'ay eu envie longtemps y a qu'en ceste ville d'Alançon , principale de nostre Duché, y eust un monastère fondé à l'honneur de Dieu et de Saincte Claire , côme il y en un à Paris, au lieu qu'on appelle l'Ave Maria, et voudrois qu'il fust érigé auprès de nostre chasteau afin que , quand je partiroy d'avecque vous pour estre quelque temps en cour, ayez occasion de souvent vous retirer avecque les Religieuses...Si ainsi le faistes , ce sera ung bon exemple pour les autres dames de vostre estat qui oiront dire comment vous vous maintenez en mon absence." |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 15:06 | |
| "On sent poindre en ce langage l'appel d'un témoignage d'absolue fidélité. Nul ne peut en douter. Mais comme il est exprimé avec délicatesse !Un projet ancien lui donne seul l'occasion de se produire et encore sans rien imposer : la duchesse sans y être forcée , pourra seulement se transporter dans cet asile où ses goûts de piété trouveront satisfaction autant que sa prudence d'épouse. Ce n'est pas là de la défiance . La défiance régnait si peu dans le coeur de René d'Alençon qu'il ne mit aucun empressement à accomplir ce qu'il projetait . Il s'occupa de fonder d'autres monastères et la mort le surprendra avant qu'il ait amené en sa ville principale les Clarisses de l'AVE Maria de Paris. " |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 15:10 | |
| Il est curieux de remarquer que les Rois, ducs et princes et princesses ont souvent été liés aux ordres franciscains. Aujourd'hui des deux fondations de clarisses de Marguerite de Lorraine , seul subsiste le monastère des clarisses d'Alençon. Ce sont les héritières spirituelles de Marguerite de Lorraine. |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 16:13 | |
| Voilà quelques renseignements sur ce monastère de l'Ave Maria de Paris, monastère qui fut célèbre en son temps.
http://www.cosmovisions.com/monuParisRueAveMaria.htm |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mer 25 Aoû - 16:36 | |
| Vous trouverez sur ce site des renseignements sur le monastère des clarisses d'Alençon mais aussi sur les autres communautés religieuses d'Alençon ainsi que sur les bâtiments religieux de cette ville.
http://lafrancedesclochers.xooit.com/t406-Alencon-61000.htm |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Jeu 26 Aoû - 0:41 | |
| " Marguerite se garda bien cependant de laisser tomber dans le vide les paroles qu'elle venait d'entendre . Elle les imprima en son coeur, dit Magistri, si parfaitement que depuis , quand le dit seigneur estoit absent , jamais elle ne s'habilloit mondainement, ni curieusement mais le plus simplement possible, sauf l'honneur toujours de son estat. On dit la même chose de Ste Jeanne de Chantal et de bien d'autres saintes femmes. Elles cessaient toute parure en l'absence de leurs maris.
La sage et douce conduite de la bienheureuse duchesse lui obtint dès lors ce que tant de femmes désirent et si peu obtiennent : une influence totale sur le coeur de son époux. " |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Jeu 26 Aoû - 0:58 | |
| " Sitôt arrivée à Alençon , elle avait étudié ce coeur et s'était ingéniée à cultiver , " par son esprit suave et liant autant que par ses belles manières " , écrit Duhameau , tout ce qu'elle y trouvait de bon. Elle se servit ensuite doucement de l'amour et de la confiance qu'elle lui inspirait , pour le réformer peu à peu ; le succès fut tel que le duc d'Alençon " ne s'occupa que de procurer le bonheur de ses vassaux et de réparer , par de bonnes oeuvres , les désordres de sa jeunesse. " |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Jeu 26 Aoû - 1:01 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Il est curieux de remarquer que les Rois, ducs et princes et princesses ont souvent été liés aux ordres franciscains.
A tel point que les nœuds, appelés cordelières, symboles de l'ordre, apparaissaient dans l'ornementation du lit de parade du baptême du fils aîné de François Ier, le Dauphin François. Par son prénom et celui de son père, c'est très logique. Mais aussi parce qu'il est petit-fils d'Anne de Bretagne, dont le père était le duc François, grand protecteur des franciscains. L'enfant est Dauphin de France mais aussi duc de Bretagne, par sa mère Claude, héritière du duché. |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Jeu 26 Aoû - 1:06 | |
| Tiens, je ne savais pas tout cela. Tout ce que je sais est que Marguerite de Lorraine était une grande admiratrice de Ste Elisabeth de Hongrie. En tout cas , comme on pourra le voir dans sa vie, Marguerite de Lorraine savait allier la bonté à la douceur mais aussi elle savait être ferme. Marie-Antoinette amagnifiquement hérité de ce caractère ( mais pas pour le dressage en douceur des maris, en tout cas ! ) " L'énumération de ses oeuvres suffit à en montrer l'importance . Avant tout , le couple ducal versait dans le sein des pauvres d'abondantes aumônes ; mais les établissements religieux avaient aussi large part en ses munificences.
Dès l'an 1489 , on vit les ouvriers réédifier l'église de St Léonard d'Alençon. Ce sanctuaire était alors dans un état de délabrement tel que le culte avait dû être transporté dans l'oratoire voisin dédié à St Martin. IL fut rebâti plus grand et plus beau.Marguerite n'eut plus tard qu'à achever son ornementation. " |
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| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Jeu 26 Aoû - 1:27 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
Tiens, je ne savais pas tout cela. Je le sais après avoir lu pendant des heures et recopié à la main des dizaines d'extraits de l'énorme compilation des Cérémonies royales effectuée par Théodore Godefroy sur l'ordre de Louis XIII et publié en 1648. Toutes les cérémonies royales depuis le Moyen-Âge jusqu'à Louis XIII. Contente d'avoir l'excuse de ne pas comprendre le latin, ça en élimine beaucoup ! Le plus ancien que j'ai lu, mais pas recopié car ne concernant aucunement mon sujet de maîtrise, est la description d'un grand tournoi sous Charles VI. Le tout en français. Enfin de l'époque. Théodore Godefroy a été chargé de réunir toutes les descriptions des cérémonies royales. Pas vraiment pour souvenir ou acte d'archiviste mais surtout pour savoir que faire exactement dans tel ou tel cas. On a tout : les noms des courtisans, leur rôle à la cour et pour les cérémonies, les vêtements, décors intérieurs et extérieurs, les repas ... C'est très coloré rien qu'à la lecture de ces fabuleuses descriptions. J'essaierai, pas actuellement mais promis un jour, de vous faire un petit topo dessus. Il faut déjà que je récupère tous mes documents de mon mémoire de maîtrise. Et je ne sais pas quand cela sera possible. Bien entendu, je n'ai pas ici l'extrait qui intéresse le règne de François Ier ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mar 31 Aoû - 10:52 | |
| Voici la vie de celle qui a tant inspiré Marguerite de Lorraine
La vie de sainte Elisabeth de Hongrie de Charles de Montalembert Cerf, 2005, 482 p : 42 euros
Résumé Amazone :
"Lorsque Charles de Montalembert, en 1836, publie son premier livre, La Vie de sainte Élisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), il n'a que vingt-six ans. Dans un style incomparable, il esquisse la biographie d'une sainte du mile siècle qui conjugue naissance royale, amour des pauvres et de la pauvreté, vie conjugale heureuse et idéale de chasteté, enracinement médiéval et exemplarité universelle. Henri-Dominique Lacordaire avait vu juste : La Vie de sainte Élisabeth est bien l'un des piliers, disons au moins l'un des repères, de la reconquête catholique du XIXe siècle. Le jeune Montalembert s'y est efforcé de retrouver le Moyen Âge chrétien, méconnu et même ridiculisé par les siècles précédents. Sa longue introduction, qu'il a laissée inchangée dans toutes les éditions, a pour but de présenter les grandeurs du mile siècle. Il en fait un portrait qui, pour être apologétique, ne manque ni de charme ni de grandeur. La présente édition reprend celle que publièrent, en 1876, les libraires Bray et Retaux. Le texte ne cessa pas d'être réédité au XIXe siècle, avec quelques aménagements du temps de Montalembert lui-même. En 1903, le libraire Retaux en était à la vingt-deuxième édition. C'est donc un best-seller catholique qui est repris ici, en notre temps qui a une vision peut-être moins romantique et moins " poétique " du Moyen Âge, mais qui sait que cette période de notre culture occidentale ne saurait être comprise sans la dimension religieuse et mystique que Montalembert a eu, en son temps, le mérite de privilégier. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Mar 31 Aoû - 11:36 | |
| Les saints de souches royales de E. Lelievre Fayard, 1999, 16,80 euros |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Dim 5 Sep - 23:01 | |
| Je n'ai toujours pas retrouvé mon livre. Oh, que cela m'énerve ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Sam 11 Sep - 0:25 | |
| Je n'ai toujours pas retrouvé mon livre mais ce soir, j'ai mis la main sur une vieille brochure : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 0:38 | |
| Youpi ! J'ai remis la main sur mon livre de Marguerite de Lorraine. Comment ai-je fait pour ne pas le voir ? Il était là devant mes yeux et je ne le voyais pas. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 8:46 | |
| "En ce même temps, René permettait de restaurer l’église de Notre Dame de Mortagne , fort endommagée par les Anglais. Dans une supplique touchante où ils se dépeignaient « troupeau errant , depuis plus de 60 ans sans temple et sans autel « , les Mortagnais sollicitèrent cette restauration. Pris d’une audace subite, ils osèrent même demander d’empiéter sur les dépendances du château pour agrandir l’édifice. L’avènement de la pieuse Marguerite de Lorraine leur fournissait évidemment l’occasion opportune de présenter cette requête. Congés et licences ayant été octroyés le 11 février 1491, les travaux commencèrent sans retard pour n’être achevés qu’en 1535 « . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 9:18 | |
| « Une maison de filles du Tiers Ordre de Saint François avait été, nous venons de le dire , commencée par René à la Flèche en 1484. Il y mit la dernière main et, de concert avec sa sainte compagne , fonda dans la même ville un couvent de cordeliers. Le pape Innocent VIII autorisa cette dernière fondation par une bulle de juillet 1488.
L’auteur anonyme de la Vie de Marguerite de Lorraine , cite , en outre , la construction , près d’Argentan sur le chemin d’Alençon,d’une chapelle dédiée à la Sainte Croix , et le don d’une somme considérable pour aider à construire le portail de la grande église de St Germain , dans cette même ville d’Argentan. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 11:15 | |
| "Tant d’œuvres pieuses , entreprises dans l’espace de quatre années que dura l’union des deux époux, montrent l’esprit religieux de la bienheureuse duchesse et prouvent combien elle savait le communiquer à son mari.
René et Marguerite n’avaient garde toutefois d’y absorber toutes leurs ressources. Nous avons dit quelles lourdes dettes pesaient sur la Maison d’Alençon . Marguerite s’en inquiéta tout de suite et Odolant Desnos nous apprend que, de concert avec elle, le duc commença d’ ‘y mettre ordre .
Réduire les dépenses de luxe et de frivolité fut le premier soin de cette femme fidèle et diligente. Jamais , dit le P. Duhameau , sa curiosité n’engagea en d’extraordinaires dépenses la Maison d’Alençon , ny la vanité ne luy donna subjet de désirer une plus grande compagnie que celle qu’elle voyait tous les jours ; En même temps, « elle rétablissait la discipline et faisait fleurir la décence et la vertu parmi les serviteurs du prince ». Elle ne voulut jamais se décharger sur autrui de ce soin de veiller sur sa domesticité , dit un vieil auteur. Aussi , dans le château d’Alençon , et dans toutes les résidences royales , s’établirent bientôt des habitudes de deignité et de simplicité, qui édifièrent singulièrement les populations et réjouirent la noblesse. Celle-ci se félicitait de pouvoir venir en cour à Alençon sans s’exposer à de ruineuses dépenses.
Le bel ordre remis partout, joint à l’esprit de clairvoyante économie qui présida désormais à toutes choses , permit de commencer le dégrèvement des finances du duché . Marguerite fit plus encore pour l’avancement vers ce but désiré. Elle consentit à une des choses qui devaient le plus coûter à son cœur, à engager un procès avec son frère." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 18:21 | |
| "Nous avons constaté jadis chez René de Lorraine , une certaine âpreté à conserver les domaines de sa maison . Elle lui fit commettre , nous l’avons raconté , lors du contrat de mariage de sa sœur une véritable injustice. Il exigea d’elle renonciation à toute succession de père et mère , échue ou à échoir,et spécialement à la terre de Thorigny , qui , située dans le Cotentin , convenait plus que tout autre aux possesseurs du duché d’Alençon . 50 000 livres une fois payées , en plusieurs termes , devaient il est vrai servir de dédommagement ; mais c’était beaucoup trop peu.
La part de la jeune mariée s’élevait en effet , nous l’avons vu à plus de 20 000 livres de rente , sans compter le mobilier précieux qui lui revenait : ce n’était pas 50 000 livres une fois payées qui pouvaient remplacer un tel héritage. Le peu de liberté laissé par René II à sa sœur , au cours des négociations , ajoutait encore à cette injustice.
Il est vrai que le souci de maintenir l’intégrité de leurs états régnait tellement, à cette époque, dans l’esprit des féodaux inquiets des procédés plutôt hostiles de la royauté française à leur égard , que les pères prenaient souvent soin de proscrire à leurs aînés les précautions les plus grandes à ce sujet , et c’était ce qu’avait fait Ferri de Lorraine : dans son testament , il avait réduit autant que possible la part de ses filles . Cette circonstance aurait pu justifier la conduite de René II s’il n’eût fait que refuser des territoires , mais le tort fait à sa sœur fut si manifeste qu’il apparut tel à tous les yeux .
Le litige fut des plus graves.
René d’Alençon n’avait signé les conventions matrimoniales imposées à son épouse qu’après avoir auparavant protesté de nullité. Lorsque Marguerite se trouva hors de la puissance du duc de Lorraine , il lui demanda pareille protestation. Le trouble de la princesse fut très grand : elle venait de consentir, elle venait de ratifier l’acte qu’il s’agissait de contredire. Toutefois , la violence exercée sur elle à Nancy , violence réelle quoique toute morale , et l’erreur sur la vraie valeur des successions auxquelles elle avait droit furent si bien prouvées ( 1 ) , que les meilleurs canonistes et jurisconsultes n’hésitèrent pas à lui conseiller d’obtempérer aux désirs de son mari. L’évêque de Séez , ou du moins celui que le duc reconnaissait comme tel , Étienne Goupillon , habile docteur « aux décrets »-nous dirions aujourd’hui docteur en droit canonique-assura par acte authentique le duc et la duchesse que cette renonciation ne les obligeait pas en conscience et leur donna l’absolution de leur serment ( 2 ). Le procès suivit donc son cours. Déjà la consultation épiscopale avait été précédée de lettres royales de RESCISION , et ces lettres portaient que le duc de Lorraine eût à donner à sa sœur sa légitime part dans les biens de leurs père et mère , sous peine de se voir ajourné au Parlement et contraint par toutes voies justes et raisonnables . René de Lorraine , ayant refusé de se soumettre , fut en conséquence jugé le 8 février 1489 , et l’arrêt du parlement de Paris rendit pleine justice à notre bienheureuse.
(1 ) Ce sont les causes invoquées par l’ordonnance royale , qui dit que s’il appert que les renonciations aient été faictes pendant le temps que Marguerite de Lorraine estoit en la puissance et au pays de son dict frère …et que , en faisant icelles renonciations, elle ait esté enormément fraudée et circonvenue…les juges rescindent , cassent et annulent les dictes renonciations.
( 2 ) L’ordonnance royale annule les renonciations de René d’Alençon et de Marguerite .
-Dieu , qui sait plus encore faire abonder les consolations que multiplier les épreuves , finit même par combler de bonheur l’entreprise si péniblement commencée . Le frère reconnut enfin , de plein cœur , le bien-fondé des réclamations de sa sœur. . Un arrangement amiable , par lequel il lui cédait , jusqu’à complet remboursement , la baronnie de Mayenne , mit fin à toute contestation et la paix de nouveau régna entre les deux familles. Le 16 juin suivant, la duchesse d’Alençon assistait au baptême d’un fils de René de Lorraine et de Philippa de Gueldre et paraissait dans cette cérémonie , immédiatement après le parrain et la marraine.
Les résultats de cette affaire furent encore plus heureux à Alençon qu’à Nancy. La condescendance de Marguerite à engager un procès pénible pour elle manifestait un attachement profond , non seulement à la personne , mais aux intérêts de son mari. Elle en fut aussitôt récompensée : nous voyons en effet, son influence s’étendre , peu après, bien au-delà des détails de la vie domestique et de la gestion des œuvres pies ; dès le mois de novembre de l’année 1489 , un document nous la montre sur le terrain de la chose publique. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 18:30 | |
| Ah, les affaires d'héritage ! Cela ne date pas d'aujourd'hui ! Mais enfin , dans cette histoire , tout est bien qui finit bien ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon Lun 13 Sep - 18:55 | |
| "Il s’agit d’une charte concédant aux trez amez bourgeois, manans et habitans d’Alençon et des faubourgs d’icelle , les privilèges de francs-alleu ou bourgade. L’acte était de grande importance ; il exemptait Alençon Alençon de presque tout droit de vente et de succession (1). Désiré et sollicité depuis longtemps , il est enfin octroyé pour divers motifs que la charte allègue. Le duc y déclare se souvenir de la bonne et grande loyauté et fidélité des Alençonnais envers lui et ses prédécesseurs, loyauté et fidélité surtout prouvées quand la ville s’arracha d’elle-même aux Anglais, pour se remettre en la possession du duc Jean II , son père. René compte que de bien en mieux ses fidèles vassaux continueront en leurs bons vouloirs et loyautez . Mais surtout il ajoute : Aussy en la faveur de Dame Marguerite de Lorraine , notre très chère et très aimée sœur, compaigne et espouse , qui justement , pour nos dits bourgeois et habitants , nous a supplié et requis.
Les braves bourgeois et habitants avaient donc reconnu , au bout de quelques mois , l’influence de leur nouvelle duchesse sur le cœur de leur ma$itre et avaient visé celui-ci au point faible, en confiant leurs intérêts à cette très amée compaigne.
(1 ) René déclare que la ville d’Alençon sera nommée désormais franc-alleu et bourgade ; que les habitants pourront vendre ou acheter toutes sortes de denrées et marchandises sans payer aucun droit que celui d’étalage fixé à un denier par semaine pour chaque marchand ; que les meubles , maisons et autres propriétés situés dans la ville et les faubourgs pourront être vendus ou transmis en héritage , sans que les vendeurs ou les acheteurs soient tenus à payer aucunes rentes à retrait par les lignagers des dits vendeurs ni autres , si les clameurs du dit retrait n’en sont faites dedans vingt-quatre heures. Certains droits avaient même été octroyés à Alençon au cours des âges ; les Talvas l’avaient même érigée en commune ; mais ce droit de commune avait été retiré par les Anglais et il n’était pas aussi avantageux que celui de franc-alleu. "
Ben , à l'époque , point de foncier ruineux comme aujourd'hui ! C'était tout de même mieux géré !
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