Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon

Source : Wiki

Son époux Henri VI

"Un enseignement très soigné, une éducation aussi distinguée que pieuse complétaient pour notre jeune adolescente , les leçon apportées par ces graves évenements. Son grand-père avait pris soin de la confier aux dames de son entourage les plus remarquables par leur intelligence et par leur vertu. "Ces dames, nous dit de La Serre ,ne recevaient pas moins d'agréement que d'honneur à instruire leur jeune élève, qui mettait soigneusement en pratique tous les enseignements qu'on lui donnait".

Tout d'ailleurs , dans le milieu où se trouvait Marguerite de Lorraine , concourait à la former. On y vivait sans luxe et dans une grande simplicité. Les appartements du Roi René , que nous a décrits un ancien chroniqueur " , n'avoient que de grands coffres à s'asseoir et des bancs de bois rembourrés, couverts de cuir ou de grossiers tapis. Même les salles et les chambres n'en avoient pas d'autres ; les murs estoient ornés de tapisseries de laine et les rideaux du lit royal n'estoient que de toile bleue."

En revanche, on vantait les bibliothèques et les collections curieuses du monarque et sa cour qui, bien que déchue, restait un foyer de savoir et de grand art. Des artistes, des peintres travaillaient pour lui. Citons entre autres ce magnifique tryptique du buisson ardent. Ce superbe tableau, longtemps attribué au Roi René lui-même est dû au pinceau de Nicolas Froment, natif d'Uzès. Il est conservé à la cathédrale d'Aix. Les panneaux des deux côtés représentent , l'un le Roi René, l'autre Jeanne de Laval.

Au contact de ces gens et ces choses se développait l'esprit de notre sainte."

Le tryptique du Buisson ardent.

Source : Wiki



On peut distinguer d'un côté le Roi René, de l'autre Jeanne de Laval.

http://histoire-des-arts.over-blog.org/article-le-triptyque-du-buisson-ardent-1475-1476-nicolas-froment-53495617.html

Sur ce site , vous pouvez visiter la cathédrale d'Aix. Il y a une vidéo ( raffraîchissante à souhait ! ), un panorama, une visite MP3, un plan en survol.

http://www.aixenprovencetourism.com/aix-cathedrale.htm -

Cette vidéo explique les éléments d'architecture de la cathédrale d'Aix en Provence.

https://www.youtube.com/watch?v=qTMuTQZlb3Y -

"Le Roi René passait lui-même pour être l'un des esprits les plus cultivés de son temps. Peintre distingué, il excellait surtout dans l'enluminure des manuscrits. C'était un écrivain et un poète fort goûté de ses contemporains. Musicien à ses heures, il joignait à la culture des arts , la science de la théologie, de la jurisprudence, de l'écriture sainte et des mathématiques. Il parlait avec une égale facilité le grec, le latin, le catalan et l'italien. Sa vaste mémoire lui permettait de connaître toute la population de sa capitale. Il n'y avait même, au dire de Galaup de Chasteuil , " famille en provence dont le nom lui fust inconnu". Son influence a traversé les âges, si bien qu'on se souvient de lui en Anjou et surtout en Provence , comme on garde la mémoire d'Henri IV en Gascogne. Il laissa sur l'âme de sa petite fille une ineffaçable empreinte.

La jeune Marguerite recueillit surtout comme un précieux héritage, sa piété, son amour de la justice et sa bonté. Le Roi René était très pieux. C'est lui qui découvrit les reliques des Stes Maries de Provence. Il donnait beaucoup pour les églises. Il avait un sens aigu de l'honneur."

" Sous ses yeux, le Roi René dota la Provence d'excellentes lois et veilla jusqu'à la fin , avec un souci jaloux , à leur exécution. il tint surtout la main pour que la justice fût fidèlement rendue par les magistrats. Après avoir remis en vigueur l'usage immémorial qui obligeait les grands sénéchaux de Provence à parcourir le pays pour veiller au bon ordre , il leur prescrivit de punir avec une rigoureuse sévérité les hommes en place qui abuseraient de leur autorité pour opprimer le peuple. Enfin, il simplifia toutes les procédures pour les rendre plus expéditives et moins coûteuses , n'hésitant pas à régler lui-même le salaire des procureurs.

Au zèle de la justice, le Roi rené ajoutait celui de la charité sous toutes ses formes. Il donnait souvent à ses amis les choses étranges de ses collections.
Les pauvres, les petits étaient l'objet de ses soins: sa générosité pour eux ne connaissait pas de limites. Si des accidents funestes, des inondations, des incendies éclataient dans les lieux qu'il traversait , s'il apprenait que les récoltes y étaient nulles , il se hâtait de porter des consolations et des secours chez les malheureux , et sa bonté était si grande qu'il lui arriva d'exempter de tout impôt et parfois pendant de longues années les villes et les villages ravagés par la peste ou par l'incendie.

Marguerite vit de ses yeux tous ces beaux exemples . Elle s'en inspirera toute sa vie, constatant qu'en dépit de mille infortunes , le bonheur même temporel est attaché aux pratiques de la justice et de la charité. "

" La popularité, l'influence sociale, comptent du reste parmi les meilleurs éléments du bonheur: elles ne manquèrent pas au bon Roi René. Souvent , on le voyait sortir dans les rues d'Aix ou dans les campagnes environnantes , sans suite aucune et au bras de sa petite fille. La foule, attirée plus encore par la reconnaissance que par la curiosité, se précipitait alors sur son passage, l'entourait, se pressait autour de lui , de sorte que , parti pour une promenade solitaire, il revenait avec un nombreux cortège qui ne le quittait qu'à l'entrée de la demeure royale en le saluant des plus chaleureuses acclamations. En hiver, le Bon Roi s'en allait dans certains lieux mieux exposés que d'autres aux rayons du soleil ou plus à l'abri du vent, qu'on appelait et qu'on appelle encore aujourd'hui " les cheminées du Roi René" ; il y conversait familièrement avec les gens qui s'y rendaient comme lui pour jouir d'une température plus douce. Il s'inquiétait de leurs affaires et prenait part à leurs préoccupations. L'enthousiasme populaire récompensait ce laisser-aller affectueux. "

Le Roi René a exercé son influence jusqu'à nos jours. En 1941 , Darius Milhaud composa sa cheminée du Roi René.
La Cheminée du roi René, op. 205 est une suite en sept mouvements pour quintette à vent .

La suite est adaptée de la musique écrite par le compositeur en 1939 pour le film Cavalcade d'amour de Raymond Bernard. Le scénario de Jean Anouilh et Jean Aurenche a pour cadre la cour du roi René d'Anjou au XVe siècle et conte trois histoires d'amour mises en musique par les compositeurs Milhaud, Honegger et Désormière.

Le château et la cour du roi René d'Anjou, comte de Provence, étaient situés à Aix-en-Provence, ville dont est originaire Darius Milhaud qui fut toujours fasciné par l'histoire du roi, son code de chevalerie et les joutes légendaires qui se déroulaient à la cour. Le compositeur étudia quelques manuscrits musicaux d'époque mais l'écriture de La Cheminée du roi René, fut peu influencée par ce travail et l'œuvre reste caractéristique de la musique de Milhaud.

Source : Wiki

Pour écouter ce morceau de musique :

source : http://il.youtube.com/watch?v=fEIZIFXf4c0&feature=related -

"Plus tard, Marguerite , reproduisant les moeurs ancestrales , verra , elle aussi, les foules accourir à sa rencontre et acclamer la " bonne duchesse". Entre le grand père et la petite fille, il est toutefois des dissemblances qu'il importe de noter. On sentait chez notre sainte une pudeur d'humilité que René ne connaissait point ; une sollicitude constante de ne pas appauvrir le trésor public que le bon roi oublia trop souvent; enfin, un juste emploi des sévérités nécessaires. On ne put jamais dire d'elle ce qu'on a dit de lui : qu'elle était " trop bonne". René fut bon jusqu'à la prodigalité et clément jusqu'à la faiblesse. Marguerite ne montrera pas cette exubérance qui demeure un des traits de son grand-père. Elle n'introduira pas en Normandie ces jeux de la Tarasque qui égaient encore aujourd'hui certaine cité des bords du Rhône, ni ces fêtes demi-religieuses , demi-civiles , ces processions du St Sacrement mêlées de vraies cavalcades, qui sont restées pendant longtemps si populaires en Provence et en Anjou".

" De fait , la gravité de Marguerite la rapproche beaucoup plus de ses ascendants lorrains que du Bon Roi René. Des premiers, elle a reçu cette nature mesurée et réfléchie que la piété portera jusqu'à l'héroïsme sans les risques d'une sensibilité outrée ou d'une imagination excessive. Du second, elle tiendra sa fine culture , son ardeur au bien et son audace aux saines entreprises. Elle unira à la vigueur lorraine l'élan du caractère angevin. La grâce divine développant en elle toutes ces qualités de nature , en étouffera en même temps les excès pernicieux."

Tout ceci est vraiment intéressant!

Oui, c'est vraiment passionnant d'en apprendre plus sur les ancêtres de Marie-Antoinette !

"Cependant , Marguerite avançait en âge en même temps qu'en vertu. Elle atteignait , en 1480 , sa 17e année. Son grand-père , qui pensait alors à son établissement , désirait la fixer en Provence. Nous ne savons pas quels furent ses projets ou s'ils eurent un commencement d'exécution , ni même si la jeune fille les connut. En tout cas Dieu, qui réservait ce trésor à la Normandie, ne permit pas qu'ils aboutissent. Le Roi René mourut avant d'avoir pu les réaliser.


La santé de ce Roi , considérablement affaiblie depuis la mort de ses enfants, s'affaiblit encore davantage lors de la peste qui éclata en Provence en 1479. Le fléau lui fournit l'occasion de donner à sa petite fille un suprême effort de charité. Il ouvrit ses trésors à toutes les infortunes, ranima partout le feu de la bienfaisance, employa des ouvriers sans travail pour des constructions utiles, se multiplia en un mot de mille manières. Mais le spectacle déchirant du désespoir des familles atteintes par le fléau, l'aspect sinistre de sa capitale dépeuplée , brisèrent son coeur.
"Il se montra dans cette nouvelle épreuve, dit de Villeneuve Bargemont, tel qu'on l'avait connu à toutes les époques de sa vie, plein de courage et de résignation pour ses propres malheurs , mais hors d'état de supporter froidement ceux dont ses sujets devenaient les victimes."L'émotion accrut tellement ses infirmités qu'il ne fit plus que décliner jusqu'au mois de juillet 1480.
A cette époque, ses traits s'altérèrent et il ne restait plus à ses familiers aucun doute sur sa fin prochaine , quand une crise se déclara, précipitant sa fin. "

" Le bruit s'en répandit à Aix comme une traînée de poudre et donna lieu aux scènes les plus touchantes. Les églises s'emplirent d'une foule suppliante. Les avenues du palais regorgèrent de vieillards, de femmes et d'enfants demandant des nouvelles. Ils envahirent même la cour d'honneur. Le moribond l'ayant appris, en fut touché jusqu'aux larmes , et cette parole s'échappa de ses lèvres : " C'est pour l'âme, oui, c'est pour l'âme seulement que je vous conjure de prier. "

L'historien de Villeneuve Bargemont, après avoir raconté ces faits , rapporte que Marguerite et sa soeur, La Comtesse du Maine, furent conduites par la Reine Jeanne de Laval auprès de leur grand-père.
Là, elles l'entendirent donner à Charles Du Maine , son futur successeur en Provence , ses derniers conseils de souverain."La seule chose que vous ayez à pratiquer , disait le vieillard, c'est d'aimer vos peuples comme je les ai aimés..."Et il ajoutait : "Dieu veut que les Rois lui ressemblent bien plus par leur débonnaireté que par leur puissance. "

Puis vinrent les adieux à la famille et aux vieux serviteurs et la réception des derniers sacrements, après lesquels Elzéar Garnier, confesseur du Roi, commença de lui lire les psaumes de David. Le chapelain lisait, lisait toujours , cependant que le Roi agonisait. René d'Anjou rendit le dernier soupir , le lundi 10 juillet 1480, à l'heure de Vêpres, âgé de 72 ans et trois mois, moins 6 jours. "

" Ce peuple chalereux n'était pas seul toutefois à aimer le bon Roi René . Les Angevins
le lui montrèrent bien en réclamant non seulement son coeur mais son corps tout entier. Ils appuyaient leurs prétentions sur le testament du défunt qui "ordonnait une translation à Angers , auprès de la reine Isabeau de Lorraine ,son épouse très chère (sa Ière épouse )en la cathédrale de St Maurice.

Pour achever le malheur des méridionaux, Jeanne de Laval, seconde et survivante épouse du Roi René tenait à accomplir ses dernières volontés et avait elle-même choisi les bords de la Loire pour y finir ses jours.
Elle ne céda donc qu'en apparence au soulèvement populaire qui accueillit à Aix l'annonce d'un transport des restes vénérés. "Jeanne de Laval dissimula, dit Bourdigné, l'espace d'ung an, lequel passé comme l'on n'eust plus de suspicion , lon y fist moins le guect que de coutume...La saige dame alors , moyennant quelques présents qu'elle donna à ceulx qui avoient la garde de l'esglise, fut tant qu'ilz lui souffrirent de le faire clandestinement lever de céans, lequel fust de moytié mis dans ung tonneau, emporté sur une charette et conduit jusqu'à Roanne, où on l'embarqua dans un navire marchand, sur la Loire jusqu'au Pont de Cé.

Ainsi l'amour des peuples poursuivit dans la mort l'aïeul et l'éducateur de notre bienheureuse. Façonnée par de telles mains, la petite fille du Roi René était prête à devenir à son tour " la bonne duchesse".

source :

http://pagesperso-orange.fr/.../rene.../rene_anjou.htm



Peinture du roi René dans la cathédrale d'Angers. 1783


Le roi René mourut à Aix en Provence le 10 juillet 1480, son corps fut ramené à Angers et déposé sous un cénotaphe. Transféré en 1783 dans la nef à la suite de pose de lambris du chœur, le monument fut détruit en 1794.
Le caveau resta intact caché par les boiseries et les stalles.




La souche et l'orange
emblèmes du roi René


Le tombeau du roi fut retrouve le 16 septembre 1895. Ce site donne l'
Extrait du procès verbal de l'ouverture du tombeau du roi René .

L'examen des cercueils a permit d'établir qu'il n'y avait pas d'objets précieux. Les cercueils en plomb très détériorés ont été renfermés dans une nouvelle enveloppe de plomb et de chêne avec tout ce qu'il contenaient et remis dans leur caveau.



Tombeau de René d'Anjou, roi de Sicile et sa femme Isabeau de Lorraine
par Gaignières

Source :

http://pagesperso-orange.fr/.../rene.../rene_anjou.htm -

D'or et de cendres : La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au Moyen Age de
Gaude-Ferragu
Imprint unknown , 2005, 395 p : 24 euros


Résumé Amazone :


"Présentation de l'éditeur

Les funérailles sont à la fin du Moyen Age l'une des grandes cérémonies mettant en scène le pouvoir souverain. A l'image du Christ, qui triomphe de la mort par la résurrection, le prince défunt, plus humblement, triomphe de l'oubli par un faste funèbre impressionnant qui marque durablement les mémoires. La présentE étude entreprend de le suivre depuis son décès jusqu'à sa dernière demeure, à travers des cérémonies religieuses, chevaleresques et politiques complexes, qui offrent de nombreuses similitudes avec le rituel royal. De multiples questions, objets de débats historiographiques, sont envisagées, comme la signification de l'effigie, simple ou double corps du prince, la place des funérailles dans les cérémonies d'inauguration ou l'intérêt porté au cœur du défunt. En restituant le prince dans sa majesté, les funérailles sont non seulement un rituel essentiel pour comprendre la spiritualité et les mentalités médiévales, mais également l'indice d'une histoire politique subtile, à l'ombre du trône royal. "

On peut visiter la cathédrale d'Angers

http://il.youtube.com/watch?v=R2u7-nj5I7k&feature=related -

"Après avoir rendu les derniers devoirs à son grand-père, Marguerite revint en Lorraine. Son coeur demeurait triste de la perte immense qu'elle venait de faire ; mais une éclaircie de bonheur ne s'en ouvrit pas moins devant ses yeux : elle allait revoir -perspective pleine de douceur-les lieux aimés de son enfance ; elle allait revivre au foyer maternel les jours d'autrefois.
"La duchesse sa mère, dit un vieil auteur, la reçut avec des transports de joie . Il y avait dix ans qu'elle estoit privée de la présence de sa fille. Charmée d'avoir auprès d'elle une fille qui faisoit l'objet de sa tendresse , elle mit tout en usage pour calmer la douleur dont elle la voyait accablée et, reconnoissant par elle-même le fonds de piété dont le coeur de cette enfant estoit enrichi, elle se servit de cette piété même pour lui faire faire les sacrifices que Dieu demandait d'elle."
Mère et fille jouirent l'une de l'autre jusqu'en 1483 , où la mère mourut.

Marguerite de Lorraine reçut alors l'amitié de son frère , René II de Lorraine, le vainqueur du Téméraire. Magistri suffit à montrer de quelle atmosphère de consolation elle l'entoura les huit années que Marguerite passa dans sa chère Lorraine. Il en était du reste besoin ; car ces huit années apportèrent plus d'une douleur. "

" Marguerite n'ignorait pas que René d'Anjou léguait la Provence à Charles Du Maine, son neveu du côté des Anjou, l'enlevant ainsi à sa famille à elle, qu'elle devinait bien ne pas devoir accepter si facilement une diminution de ses droits. Elle apprit que Yolande , sa mère , arborait hautement tous les titres paternels : reine de Sicile, reine de Jérusalem et surtout comtesse de Provence, et que René II allait bientôt partir avec quelques troupes pour soutenir ses prétentions. La jeune princesse ne goûta donc que peu de temps le bonheur de la vie de famille et surtout les charmes de l'amitié de son frère ; il fallut se séparer de celui-ci au milieu de craintes et d'appréhensions qui devaient endeuiller toutes les âmes.

On se rappelle l'anxiété de René d'Anjou qui constatait les dissensions qui s'élevaient , de son vivant même , entre son neveu et son petit-fils, à propos de la succession de Provence et l'apologue en action par lequel il avait cherché à les apaiser.
"Vous vous disputerez , disait-il tout triste, ce que plus puissant que vous emportera". La petite fille avait tout vu, tout entendu. La prophétie de son grand-père hantait son souvenir. Elle reoutait d'en voir la réalisation , qui, en effet, ne tarda pas à s'accomplir.

Après avoir suscité un vif mouvement de sympathie dans la province méditerranéenne, l'arrivée du duc de LOrraine y attira presque aussitôt le " plus puissant". 2 mois à peine s'étaient écoulés qu'une armée de 18 000 Français mettait Charles du Maine en possession du comté, en l'occupant au nom du roi Louis XI. C'est que l'inspirateur du testament de René Ier n'était autre que le Roi de France lui-même.
La politique de ce monarque, politique qui inspirera tous ses successeurs , s'employait avant tout à diviser les grands fiefs féodaux. La France redoutait une nouvelle Bourgogne. Lorraine et Provence semblaient trop dans les mains d'un seul prince, surtout dans les mains du vainqueur du Téméraire, qui se montrait prêt à réclamer en outre tout l'héritage d'Anjou, y compris l'Anjou lui-même et le royaume de Sicile.
Le pauvre Roi René , préférant la paix pour ses peuples et pour sa famille à la gloire et aux accroissements de territoire , avait obtempéré aux désirs du " plus puissant" et divisé son héritage. Il y dès lors chance d'éviter les conflits. Le petit-fils cessait de paraître dangereux ; le neveu, faible de corps et jusque là sans enfants, loin de donner des craintes, laissait au contraire certains espoirs de retour à la couronne que les agents de LOuis cultivaient avec soin. Il fallut de fait l'agression des LOrrains pour troubler -et combien peu-l'ordre établi. "

" Mais les dynastiques précautions du Roi de France ne devaient pas seulement arracher un domaine à la famille de Marguerite, elles allaient en même temps briser les coeurs. La campagne de Provence aboutit aux résultats les plus désolants.On était à l'entrée de l'hiver 1480, lorsque l'armée française arrêta net les succès du jeune duc René. Peu de temps après, le 22 janvier 1481, s'éteignait, en pleine fleur de l'âge , sa soeur, Jeanne de Lorraine, emportée par le chagrin de voir se battre son frère et son mari. Jeanne de Lorraine était la compagne de Provence de Marguerite, celle avec qui elles avait vécu les belles années en Provence. Charles du Maine qui aimait éperdument son épouse la suivit de peu au tombeau. Il mourut de langueur le 11 décembre 1481. La querelle politique se résolvait donc en des deuils amers qui durent être vivement ressentis à Nancy.

Avant de mourir, Charles avait accentué la gravité du conflit familial. On apprit bientôt qu'il instituait Louis XI son héritier universel. "