Mademoiselle Marie-Jeanne Bertin, dite Rose

A l'avènement de Louis XVI, Marie-Antoinette fait connaissance de la marchande de Mode chez laquelle se fournit la Duchesse de Chartres : Mademoiselle Bertin, prénommée Marie-Jeanne mais que l'on connaît mieux sous le nom de Rose Bertin...
Sa boutique "Au Grand Mogol", se situe au N°13 de la rue de Richelieu, paroisse Saint-Eustache, dont elle est locataire...Et à partir du mois d'avril 1789, elle devient propriétaire du N°26 de cette même rue...
Deux à trois fois par semaine, la Modiste sera reçue par sa souveraine et se fera dès lors surnommer la "Ministre de la Mode"...N'empêche que ce ministère aura des répercussions dans l'ensemble de l'Europe jusqu'en Russie...

Bien à vous.

La dame d'Atours madame d'Ossun, à partir de 1782 je crois, a commencé à mettre en pratique une politique d'économie sur les fournitures de la Reine, jugées trop élevées mais surtout pas assez contrôlées et donc trop gaspillées.
Elle commença alors à mettre le nez dans les factures des fabricants, dont Rose Bertin, qui avait trop tendance à ne pas détailler ses factures.
Par exemple pour une robe d'apparat, elle mettait le prix global de la robe, sans détailler le prix de chaque fourniture ou ornement qui fait partie intégrante à la robe...ce qui empêche le moindre contrôle...
Rose Bertin s'est donc fait rappeler à l'ordre sur ce coup...mais détailler ses factures semble quand même lui avoir fait mal, car je crois qu'elle restait néanmoins un peu évasive
Nolhac parle beaucoup de cette affaire, tout en donnant des extraits de factures, dans son ouvrage "Autour de Marie-Antoinette"

Oui, Rose a peut-être été un peu brouillonne dans sa comptabilité... Mais elle a aussi continué à travailler pour Marie Antoinette jusqu'au bout, jusqu'au Temple, fidèlement... alors que cette commande ne devait pas être lucrative !

Ah je pense que Rose Bertin appréciait Marie-Antoinette en tant que cliente, mais aussi en tant que femme et amie, qui savait apprécier la mode et les innovations
Mais Rose Bertin était une grande commerçante, qui savait que sa notoriété était telle qu'elle pouvait fixer ses propres prix tranquillement...et ne pas détailler ses factures était un moyen de gonfler le coût total discrètement...éliminant presque ainsi les contrôles possibles vers la concurence.

C'était une créatrice, une artiste. Elle préfigure la haute couture. La création n'a pas de prix.

Je pense qu'elle a superbement géré son affaire

Mais effectivement elle faisait payer une oeuvre, une conception artistique dans sa globalité, qui surpassait de loin le simple assemblage de fournitures....

Ce que j'apprécie, en elle, c'est cette fidélité qu'Alexandra Kuril a soulignée dans son ouvrage. Trop souvent, Rose Bertin est victime de la même injustice que Gabrielle de Polignac. On les juge ingrates et déloyales. Mais pas du tout !

Tous ces gens évoluaient tout simplement dans un univers où des sommes d'argent colossales s'échangeaient. Avec Artois, qui dépensait sans compter pour ses plaisirs divers, le service de bouche d'Elisabeth, les atours des tantes... la cour faisait tourner toute une industrie dispendieuse. Il est illusoire de vouloir lui appliquer nos schémas actuels.

Oui tu as raison de le souligner...je pense que cette fidélité tient à deux choses : d'une part elle appréciait vraiment Marie-Antoinette, sa compagnie lui était agréable donc être fidèle à une amie est un plaisir, et d'autre part elle était vraiment passionnée par la mode et par son métier, donc continuer à fournir ses clientes dans toute situation était toujours pour elle un plaisir...

Oui. De plus, contrairement à l'image de tête à vent insipide que certains se plaisent à véhiculer aujourd'hui encore, il appert que Marie Antoinette a su nouer des attachements profonds et suciter des loyautés indéfectibles.

Exact, et réciproquement, tout comme Bertin a été fidèle jusqu'au bout à à sa cliente (jusqu'à lui faire passer des vêtements de deuil...), Marie-Antoinette a été fidèle à sa modiste...juste parce qu'elle aimait ses travaux et qu'elle aimait la femme...mais c'est bien suffisant

Rose Bertin a eu le talent et la chance de fournir une Reine de France qui aimait la mode et la proximité...et de se faire apprécier d'elle...ça a suffi à susciter de grandes jalousies chez ses concurents.

Voici le portrait de Mademoiselle Bertin présenté à l'expo :


Bien à vous.

Le tableau était dans une salle obscure avec le mobilier aux épis ainsi que plusieurs ouvrages sur le Trianon!!! Je ne trouve pas ce tableau agréable à regarder

Il est vrai que les charmes de Mademoiselle Bertin ne sont pas ses principaux appâts...mais on devine à la voir son tonus créatif et c'est cela que je tenais à transmettre en postant ce portrait

Bien à vous.

Ce portrait de Rose Bertin n'est pas le plus connu, mais il semble je pense très proche de la réalité, car non-enjolivé en comparaison avec d'autres
Rose Bertin avait du charme par le caractère et son professionnalisme, qui remplace aussi très bien le charme physique!

Et puis, le charme vient souvent du sourire, des expressions, de la façon de bouger...

C'est vrai! Rose Bertin était il paraît une femme très active, très sûre d'elle, qui devait être souvent pressée et déterminée...ça peut avoir son charme

De plus, les portraits ne se correspondent pas tellement entre eux, je trouve. On peut en déduire qu'elle était corpulente, avec la physionomie ouverte et les traits plutôt épatés. Mais rien de vraiment plus précis... Des yeux bruns, me semble-t-il...

Oui...c'est un peu comme pour la Princesse de Lamballe :s:

Exactement ce que je me disais !

L'art des modistes est toujours de rigueur comme le montre cet article


Bien à vous.

Marie-Antoinette devient de plus en plus un argument de vente c'est fou

Voici un portrait de Mademoiselle Bertin que je viens de découvrir dans un livre que je n'ai pas encore lu (La vie joyeuse et tragique de Marie-Antoinette de P. Nezelof):


Bien à vous.

Si si ! On la reconnait bien; elle n'est seulement pas gâtée par la nature, cela arrive. Son visage est assez porcin, même sur les portraits plus avantageux.
Ce qui est plus pénible, c'est son expression peu aimable ... il faudrait la chatouiller un peu. Qui veut bien se dévouer ???

C'était une femme indépendante qui vivait de son art, tout comme Elisabeth Vigée-Lebrun. Mais elle était, de plus, chef d'entreprise !

Ah oui en effet

Elle fait la gueule là non?