Ce mercredi 15 juin, la maison Delorme et Collin du Bocage proposera à la vente, à Drouot, cette....
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Guillotine, dite des Armées de la République qui mirent fin à la guerre de Vendée (1793-1796) sous le commandement du Général Lazare Hoche.
Inscription: ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE, expression commune désignant les 15 armées révolutionnaires françaises qui furent réorganisées, dès 1793, par Lazare Carnot, membre du Comité de Salut Public.
Haut.: 300 cm, Larg.: 175 cm, Long.: 230 cm
Bois, fer, acier et cuivre.
Pas d’estimation.
Je vais y aller, je pense.
Afin de voir à quoi cette terrible machine ressemblait.
Je vous encourage à lire la note du commissaire-priseur, Xavier Dufestel.
J’insère
en gras les passages intéressants.
Voici :
Symbole français de l’exécution de la peine capitale, la guillotine ne doit pas son invention au célèbre docteur Joseph Ignace GUILLOTIN, médecin, député de Paris et fondateur de la société des premiers médecins de Paris qui devint l’Académie de Médecine.
D’ordinaire, sous l’Ancien Régime, selon le crime et la condition du condamné, les modalités d’application de la peine de mort pouvaient être fort différentes, les nobles étaient décapités à l’épée ou à la hache tandis que les voleurs étaient pendus, les hérétiques brulés vifs et les bandits soumis à la roue, quant aux régicides on les écartelait.
Ce n’est qu’avec la Révolution française et la toute nouvelle Assemblée constituante de 1789 que le principe du « supplice unique pour tous », comme mode d’exécution de la peine capitale, fut défendu et que le docteur GUILLOTIN préconisa la méthode de la décapitation mécanique dans deux discours prononcés, les 10 octobre et 1er décembre 1789, à l’Assemblée constituante.
Cependant, en l’absence de plan précis, l’idée de GUILLOTIN fut difficile à appliquer.
Ce n’est qu’en 1791, qu’un artisan facteur de clavecins nommé Thobias SCHMIDT, ami personnel du bourreau Charles-Henri Sanson, réalisa la première guillotine, dont la lame du tranchant, d’abord horizontale, devint rapidement oblique pour assurer une mort plus rapide et plus sûre, comme le suggérait Antoine LOUIS, célèbre chirurgien de l’époque.
Après plusieurs essais sur des cadavres à la prison de Bicêtre, le 25 avril 1792, en place de Grève (actuelle place de l’Hôtel de Ville) à Paris, pour la première fois, la guillotine servit à l’exécution d’un condamné à mort, il s’agissait de Nicolas-Jacques PELLETIER, assassin et voleur.Surnommée le « rasoir national » dès 1793, la guillotine servit à Paris et dans les principales villes de France pendant toute la période dite de la Terreur (1793-1794), construite en plusieurs exemplaires, démontable et transportable, subissant les restaurations d’usage, au fil des accidents et des améliorations techniques, certaines pièces, comme le mouton et son couteau, étaient changées. La guillotine était généralement dressée sur les places des villes au gré des condamnations et des répressions armées, comme pendant la guerre de Vendée (1793-1796) qui fut l’une des plus sanglantes guerres civiles que connut la France, opposant royalistes et républicains.
Tout au long du XIXe siècle nombre de condamnés furent guillotinés en place publique, un supplice qui perdura jusqu’au XXe siècle et auquel mis fin le Président du Conseil, Edouard DALADIER, par un décret promulgué le 24 juin 1939.Dès lors, la guillotine ne fut plus dressée que dans les cours de prisons et elle servit pour la dernière fois le 10 septembre 1977, à la prison des Baumettes de Marseille, pour l’exécution de Hamida DJANDOUBI.Selon le Musée de la Révolution française, la seule guillotine datant de la période révolutionnaire, actuellement connue et localisée, se trouve au musée national allemand de Nuremberg.Une autre guillotine (Haut. 3,53 m), datant de la période révolutionnaire et portant l’inscription AN 2 DE LA REPUBLIQUE, est conservée dans une collection privée, Etude Poulain-Le Fur, 31 mars 1989, Drouot Richelieu, lot 137. Une seconde guillotine (Haut. 4,22 m), non datée précisément et souvent confondue avec la nôtre, fut vendue 270 000 F (300 000 F frais compris) il y a vingt-deux ans, Etude Ader-Picard-Tajan, 12 juin 1989, Drouot-Richelieu, lot 151.
LES SURNOMS DE LA GUILLOTINELOUISETTE : surnom donné sous la Révolution (dérivé d’Antoine Louis).
LOUISON : surnom donné sous la Révolution (dérivé d’Antoine Louis).
MIRABELLE : surnom donné sous la Révolution (dérivé de Mirabeau).
MONTE-À-REGRET (LA) : surnom donné sous la Révolution.
RASOIR NATIONAL (LE) : surnom donné sous la Révolution.
VASISTAS (LE) : surnom donné sous la Révolution.
VEUVE (LA) : surnom donné sous la Révolution.
LUCARNE (LA) : surnom donné au XIXème siècle.
MASSICOT (LE) : surnom donné au XXème siècle.
BÉCANE (LA) : surnom donné au XXème siècle
LE MINISTRE BADINTER ET SA VIEILLE ENNEMIELa «vieille ennemie» de Robert Badinter, la guillotine, ouvrait l’exposition «Crime et châtiment» au musée d’Orsay.
Comme lors de cet événement, nous avons choisi de la recouvrir partiellement d’un voile noir pour évoquer cette pratique datant de la Terreur.Pour l’ancien garde des Sceaux, la transformation en «objet de musée» de la Veuve est un «symbole éclatant» de l’abolition de la peine de mort.
«La guillotine, transformée en objet de musée!
On ne peut pas rêver un symbole plus éclatant de l’abolition de la peine de mort», souligne le sénateur des Hauts-de-Seine.
Défenseur de Roger Bontems, l’avocat a accompagné à la guillotine cet homme de 27 ans le 28 novembre 1972 à la prison de la Santé.
ABOLITION DE LA PEINE DE MORT
IL Y A TRENTE ANS C’ÉTAIT LE 9 OCTBRE 1981(Passages extraits du site internet officiel du Senat)
Jusqu’au débat des années 1970, la question de la peine de mort a fait l’objet d’intenses réflexions et discussions, en particulier :
• à l’époque révolutionnaire,
• au milieu du XIXème siècle,
• après l’avènement de la République, dans les premières années du XXème siècle.
Les sources du débat :
L’œuvre de la Révolution en matière pénale est principalement inspirée des travaux de l’italien Cesare Beccaria (1738-1794) et notamment de son livre Des délits et des peines, publié secrètement en 1764. Dès sa sortie, cet ouvrage connaît un succès retentissant.
En France, il est remarqué par Diderot et d’Alembert et Voltaire publie un Commentaire sur Des délits et des peines dès 1766. La démonstration de Beccaria est claire. Elle s’appuie sur des valeurs de raison et d’humanité :
Pour que n’importe quelle peine ne soit pas un acte de
violence exercé par un seul ou par plusieurs contre un citoyen, elle doit absolument être publique, prompte, nécessaire, la moins sévère possible dans les circonstances données, proportionnée au délit et déterminée par la loi.
Il interroge :
En vertu de quel droit les hommes peuvent-ils se permettre de tuer leurs semblables ? Ce droit n’est certainement pas celui sur lequel reposent la souveraineté et les lois.
Il estime donc que la peine de mort n’est pas un droit, et il ajoute :
Si je prouve que cette peine n’est ni utile ni nécessaire, j’aurai fait triompher la cause de l’humanité.
Il considère enfin qu’un régime où règne la paix et la légalité n’a pas besoin de la peine de mort, d’autant que
l’expérience des siècles montre que le dernier supplice n’a jamais empêché les hommes résolus de nuire à la société.La loi du 9 octobre 1981 :Lors de la discussion du projet de budget pour 1979,
plusieurs amendements tendant à supprimer les crédits du bourreau (soit 185.000 francs) ont été déposés à l’Assemblée nationale et au Sénat et
leur discussion a donné lieu, dans les deux assemblées, à un débat, en quelque sorte improvisé, sur la question de la peine de mort.
Le Garde des Sceaux, Alain Peyrefitte, a alors promis l’organisation d’un débat spécifique sur ce sujet au cours des mois suivants.
De fait, une Déclaration du Gouvernement sur l’échelle des peines criminelles a été discutée à l’Assemblée nationale en juin et au Sénat en octobre 1979 mais aucun texte n’a ensuite été déposé par le Gouvernement.
La question de l’abolition de la peine de mort a alors à nouveau été évoquée lors de la discussion de la loi « Sécurité et Liberté », au printemps 1980, mais l’approche de l’élection présidentielle a figé les positions.
Après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, dont la position abolitionniste avait toujours été clairement exprimée, un projet de loi portant abolition de la peine de mort est déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale le 29 août 1981.
Son exposé des motifs est bref ; il retient le principe d’une abolition définitive et générale de la peine capitale.
Pour le Gouvernement, son défenseur est Robert Badinter, Garde des Sceaux du Gouvernement Mauroy, qui, dans sa fonction d’avocat, au cours des années précédentes, avait mené un combat passionné en faveur de l’abolition de la peine capitale. Des débats passionnés, mais de haute tenue, ont lieu à l’Assemblée nationale et au Sénat.