Madame Louise de France

Louis XV a écrit:

De toute manière, le cercueil n'était-il pas scellé au plomb ? Et aurait-on pris le risque de l'ouvrir tout en connaissant les risques de contamination ?

Très juste.
Je ne sais même pas d'ailleurs si son cercueil fut exposé.

Si elle l'a vu, le cercueil était forcément fermé.

De plus, si je me souviens bien, Louis XV n'avait pas été embaumé comme ses prédécesseurs puisque Lenoir raconte que les révolutionnaires l'ont trouvé baignant dans je ne sais quel liquide et qu'il dégageait une odeur infecte. Je ne pense donc vraiment pas que tout cela se prêtait à une ouverture du cercueil à la basilique Saint-Denis.

Pas le temps de l'embaumer ! La maladie avait pourrit son corps ...

Croyez-vous vraiment que rien n'a été fait pour tenter de préserver l'apparence du roi ? Peut-être avait-on tout de même pris certaines mesures pour parfumer le corps ou pour lui donner meilleur aspect...

Le corps de Louis XV

Voici ce que j'ai pu trouver concernant l'exhumation de Louis XV. Je me suis trompée tout à l'heure puisque ce n'est pas Lenoir mais Dom Poirier qui évoque l'odeur pestilentielle que dégageait le cadavre. Quoi qu'il en soit, l'un comme l'autre affirment plus ou moins clairement que le roi aurait été embaumé, le premier en évoquant l'utilisation de sel marin comme méthode (certes sommaire et inhabituelle) de conservation du corps et le second en tournant en dérision la rumeur selon laquelle rien n'aurait été tenté pour préserver l'aspect du défunt.

Que dit Bernard Hours, l'un des spécialistes de Louis XV ? Qui a lu les livres de cet historien ?

Voici en tout cas ce qu'en dit Alexandre Dumas ( ) dans Les Mille et Un Fantômes, IX. Les Tombeaux de Saint-Denis :

"Le mercredi 16, juste au moment où la reine Marie-Antoinette avait la tête tranchée — sur la place de la Révolution, c’est-à-dire à onze heures du matin — on tirait à son tour du caveau des Bourbons — le cercueil du roi Louis XV.

Il était, selon l’antique coutume du cérémonial de France, couché à l’entrée du caveau où il attendait son successeur, qui ne devait pas venir l’y rejoindre. — On le prit, on l’emporta et on l’ouvrit dans le cimetière seulement, et sur les bords de la fosse.

D’abord le corps retiré du cercueil de plomb, et bien enveloppé de linge et de bandelettes, paraissait entier et bien conservé ; mais, dégagé de ce qui l’enveloppait, il n’offrait plus que l’image de la plus hideuse putréfaction, et il s’en échappa une odeur tellement infecte, que chacun s’enfuit, et qu’on fut obligé de brûler plusieurs livres de poudre pour purifier l’air.

On jeta aussitôt dans la fosse ce qui restait du héros du Parc-aux-Cerfs, de l’amant de madame de Châteauroux, de madame de Pompadour et de madame du Barry, et, tombé sur un lit de chaux vive, on recouvrit de chaux vive ces immondes reliques."

Miam !

"Si les funérailles de Louis XIV conservent encore quelque grandeur et solennité, il n'en va pas de même de celles de son successeur, dernières funérailles royales qui constituent un point d'aboutissement de l'évolution du rituel. On sait que le roi a été transporté de nuit et sans aucun décorum à Saint-Denis où il a été inhumé dès son arrivée sans cérémonie. La cause de la mort est invoquée par les officiers du roi pour expliquer cette absence totale de cérémonial. Louis XV est en effet mort de la petite vérole, maladie extrêmement contagieuse. On a donc préféré fermer le cercueil rapidement et transporter au plus vite le corps hors de Versailles. On avait procédé de la même manière pour le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, mort lui aussi de la petite vérole en 1711. Cette raison pratique est, certes, importante, mais ne suffit pas à expliquer l'absence de cortège de deuil.
Surtout, le service solennel s'effectue, le 27 juillet 1774, sans le corps, comme le précise le récit du duc de Villequier, Premier Gentilhomme de la Chambre : "Le corps avoit été descendu dans le caveau quelques jours après sa mort, comme c'est l'usage pour les rois morts de la petite vérole." Le duc invente une règle de toutes pièces puisque aucun roi n'est mort, avant Louis XV, de cette maladie, et il ajoute aussitôt : "Mais une représentation étoit placée sur un magnifique catafalque, sous un pavillon au milieu d'une chapelle ardente éclairée." On comprend que cette représentation remplace en quelque sorte le roi mort...." (F. Leferme-Falguières, "Les courtisans - une société de spectacle sous l'Ancien Régime").

"... les médecins, qui le faisaient vivre depuis plusieurs jours, à force d'art et de choses vivifiantes, ne purent le soutenir plus loin que le 10 mai, à deux heures après midi, qu'il expira. Dès qu'il fut mort, chacun s'enfuit de Versailles. (...) On se dépêcha d'enfermer le corps dans deux cercueils de plomb, qui ne continrent qu'imparfaitement la peste qui s'en exhalait ; quelques prêtres, dans la chapelle ardente, furent les seules victimes condamnées à ne pas abandonner les restes d'un roi qui, par le désordre honteux de ses moeurs, l'indifférence pour ses devoirs et pour ses sujets, s'était rendu l'objet de la haine presque générale. (...) Le corps fut transporté deux jours après à Saint-Denis, et le convoi ressembla plus au transport d'un fardeau dont on est empressé de se défaire qu'aux derniers devoirs rendus à un monarque. Comme le roi était mort d'une maladie contagieuse, on ne put observer les cérémonies, et toutes les bêtises ruineuses qui se pratiquent en pareille occasion (...)" (mémoires du baron de Besenval).

Louis XV a écrit:

Voici en tout cas ce qu'en dit Alexandre Dumas ( ) dans Les Mille et Un Fantômes, IX. Les Tombeaux de Saint-Denis :
"Le mercredi 16, juste au moment où la reine Marie-Antoinette avait la tête tranchée — sur la place de la Révolution, c’est-à-dire à onze heures du matin —

C'est à midi un quart que Marie-Antoinette fut assassinée...

Bien à vous.

Majesté a écrit:

Louis XV a écrit:

Voici en tout cas ce qu'en dit Alexandre Dumas ( ) dans Les Mille et Un Fantômes, IX. Les Tombeaux de Saint-Denis :
"Le mercredi 16, juste au moment où la reine Marie-Antoinette avait la tête tranchée — sur la place de la Révolution, c’est-à-dire à onze heures du matin —

C'est à midi un quart que Marie-Antoinette fut assassinée...

Les trois petits " " indiquaient justement que la source n'était pas forcément des plus fiables...

Cela dit j'aurais été bien incapable de relever cette erreur !

Merci pour ces textes. Ils sont très intéressants.  

Oui, très !

Jules et Edmond de Goncourt ajoutent que l'on craignait que ce cortège funèbre furtif, presque honteux, soit l'objet de manifestations hostiles de la part de la populace parisienne .
Louis XV n'était plus le Bien Aimé depuis longtemps .

Citation :

"Mais une représentation étoit placée sur un magnifique catafalque, sous un pavillon au milieu d'une chapelle ardente éclairée."

Cette chapelle ardente était installée de manière permanente dans Saint Denis, avec un cercueil vide. Ce cérémonial donnait le moyen de se recueillir sur les restes du roi précédent, avant que son successeur ne le remplace. Ce n'est donc pas une installation spéciale pour Louis XV.

Ah, ce culte du morbide ......

Maîtresse des novices, Sœur Thérèse de Saint-Augustin savait les mettre en confiance et gagner leur respect. Extraits de lettres où elle se confie:

Comment voulez-vous que j’aie un moment à moi ; chargée de treize novices qui m’aiment au point de venir me le répéter plusieurs fois par jour ? Elles me le prouvent encore mieux par leur vertu. Leur petit cœur est toujours sur leurs lèvres. Elles sont d’une ferveur qu’il faut s’étudier continuellement à modérer. Je n’ai de difficulté que quand il faut les faire reposer. Au plus grand goût pour la prière, elles joignent le plus grand zèle pour les travaux pénibles : elles avaleraient comme du miel ce que la Règle nous tolère de surplus, si l’on n’apportait la plus grande prudence pour les arrêter.
(Lettre de Madame Louise à la Mère Dépositaire de Grenelle, 29 août 1782, in “Oraison funèbre” prononcée par le Père François)

Je ne puis voir mes novices sans me sentir encouragée au service du Seigneur. Leur ferveur s’élève sans cesse contre mes lâchetés. Je rends grâce à la divine Providence d’avoir environné ma faiblesse de ce petit groupe d’anges qui ne respirent que le pur amour de Dieu, et qui en faisant ma confusion, font cependant aussi ma joie. Je regarde mes novices comme autant de maîtresses que le Seigneur m’a données dans sa miséricorde pour m’apprendre à être humble, mortifiée, courageuse, pénitente et fervente. (citée in Mère Stanislas Tourel, “Vie de la révérende Mère Thérèse de Saint-Augustin”, 1857, t. I.)

Quelques pensées à épingler:

Ma fille, c’est l’amour qui élargit le chemin de la pénitence et qui nous le fait paraître uni et spacieux.
***
Faisons toutes nos actions pour Dieu seul et de notre mieux, avec une grande confiance et un grand amour.
*** Dieu demande de nous la plus grande fidélité plutôt que les austérités, et en cela il ne nous traite pas plus doucement que ceux à qui il demande des choses extraordinaires.
*** Quand vous vivriez cent ans souvenez-vous, jusqu’au dernier jour de votre vie, que votre maîtresse vous recommandait la fidélité aux petites choses.
***

L’état de sécheresse où nous nous trouvons quelquefois est peut-être, de la part de Dieu, une grande miséricorde. Dans le penchant qu’il nous voit, à nous complaire en nous-même […] si les louanges des hommes nous tentent que serait-ce des louanges de Dieu lui-même !
***
Tout ce que Dieu voudra, quand il voudra, comme il voudra : telle doit être notre constante disposition ; et c’est là cette simplicité chrétienne qu’il faut nous proposer de pratiquer.
***
Toute la force d’une épouse de Jésus-Christ est dans la communion ; le moyen le plus sûr pour elle d’avancer dans la perfection, c’est la communion ; le secours le plus puissant contre ses ennemis, c’est encore la communion…

Citations tirées de ce blog très instructif:
http://www.carmel.asso.fr/-Madame-Louise-de-France-.html

Parmi les acquisitions faites par le Château de Versailles, il en est une qui concerne Mme Louise.

Portrait allégorique de Madame Louise (Février 2015)



Lors de la vente aux enchères organisée à Versailles, chez Me Eric Pillon, le 08/02/2015, le château de Versailles a acquis un Portrait allégorique de Madame Louise, fille de Louis XV.

La princesse est représentée en habit de cour, avant son entrée au Carmel en 1770. Ce type de portrait d’une princesse royale sur le mode allégorique enrichit la collection versaillaise d’une iconographie rare dans les collections nationales.
http://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/acquisitions#les-acquisitions-par-année

Bien à vous

madame antoine