Marie-Josèphe de Savoie, Comtesse de Provence

Comte de Fersen a écrit:

N'avait-elle pas des amies, à l'exception de Mme de Gourbillon, comme Marie Antoinette avait la Princesse de Lamballe et Mme de Polignac?

Mme de Balbi avait commencé par être son amie, avant d'être distinguée par Monsieur . Evidemment cela a nécessairement refroidi les relations entre les deux dames.

Au fond, je ne sais pas d'où me vient cet intérêt particulier que je nourris pour les comtesses de Provence et d'Artois, Madame Clotilde et bien d'autres comme la princesse de Conti, fille de Louis XIV et de Mademoiselle de La Vallière, des sœurs de Marie-Antoinette comme la duchesse de Parme, la reine de Naples, Marie-Elisabeth ou Marie-Anne d'Autriche... Ouf, faudrait que je sonde les profondeurs de mon inconscient... Ce qui est sûr, c'est que j'ai toujours été passionné par les princesses et les reines, mais celles d'hier, pas celles d'aujourd'hui.

A Chou :
Probablement la comtesse de Provence faisait-elle des confidences d'ordre privé à sa lectrice. Lesquelles exactement ? je l'ignore. Toutefois, la princesse recevait régulièrement à souper toute la famille royale ou on se divertissait beaucoup dans une ambiance familiale et bon enfant.
Certains historiens ont pensé que Mme de Gourbillon espionnait la famille royale par le canal de Marie-Joséphine pour informer la politique secrète de l'Angleterre ! Mais Mme de Gourbillon devait savoir beaucoup trop de choses confidentielles et d'autre part elle fut soupçonnée de malversations financières dans les comptes de la princesse. Pour ce qui concerne une éventuelle relation saphique, elle ne devait pas vraiment gêner le comte de Provence, comme vous savez, mais je n'y crois pas vraiment car Marie-Joséphine me parait bien prude et inexpérimentée en matière de sexe, mais bon...

Au comte de Fersen :
Tout compte fait, la comtesse de Provence n'a pas eu beaucoup d'amies dans sa vie. Mme de Gourbillon bien sûr et Mme de Balbi comme rappelé plus haut. Elle avait peut-être de bonnes amies parmi les dames d'honneur de son service, mais elles sont presque toutes incolores à l'exception de la comtesse de Narbonne... Mais sur la duchesse de La Vauguyon, sa première dame, je ne sais presque rien.

Pour ce qui est des relations saphiques, n'était-il pas de mode de les imputer à toutes (ou presque) les dames. Ici nous parlons de Madame et Mme de Gourbillon, mais ailleurs c'est Marie-Antoinette et la princesse de Lamballe, Marie-Antoinette et la comtesse Jules, Marie-Caroline et Emma Hamilton, Georgiana of Devonshire et Elisabeth Foster ... ou bien ces dames étaient-elle toutes à la voile et à la vapeur ???
Euh ... ça fait un peu beaucoup ...
Sans compter que la fichue médisance est le sport de salon favori !

Vous avez raison, ce genre de rumuers semblaient être à la mode donc je me méfie aussi, même si pour le cas de la Comtesse de Provence, cette rumeur semble plus soutenue  

Merci pour ces infos Dominique Poulin!

Citation :

Certains historiens ont pensé que Mme de Gourbillon espionnait la famille royale par le canal de Marie-Joséphine pour informer la politique secrète de l'Angleterre !

Ah ça fait un excellent parallèle avec un autre sujet sur l'espionnage en cours  

Je rebondis sur ce que vous écrivez tous et toutes, en citant E. Lever dans sa bio de Louis XVIII :

Le 19 février 1789, une lettre de cachet, l'une des dernières que signa Louis XVI -et chacun sait qu'il n'abusa pas de ce droit régalien-, exilait la dame de Gourbillon à Lille auprès de son époux.
Quelques jours plus tôt, Monsieur avait en effet reçu de Montmorin, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, un mémoire fort compromettant concernant sa femme et la Gourbillon.
Depuis plusieurs semaines, la princesse et sa lectrice avaient été étroitement surveillées par les gens de Marie-Joséphine qu'on avait soudoyés.
Ils révélèrent non seulement que la comtesse de Provence passait ses nuits avec son amie, mais aussi que cette dernière dilapidait la fortune de Madame.
Que l'initiative d'une telle enquête fût venue du secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères pouvait sembler étonnant à première vue mais certains indices permettaient de penser que la Gourbillon n'était qu'un agent de renseignements anglais.
Monsieur signifia lui-même son renvoi à la lectrice qui protesta hautement son innocence et le prince prit de grandes précautions pour que l'affaire ne sébruitât pas.
(...) Le marquis de Bombelles nota dans son Journal que la dame de Gourbillon "au lieu de remplir ses fonctions, remplissait sans cesse les flacons qu'elle apportait à la princesse ; qu'on avait pas eu la prudence de s'emparer de plus de deux cents lettres que cette vilaine femme avait de Madame, lettres qui pourraient bien être portées d'un moment à l'autre en Angleterre et y être imprimées".

Privée de la présence de sa bien-aimée, Marie-Joséphine tomba gravement malade. Abattue par la fièvre, en proie à des vomissements, et à des crises nerveuses, elle dépérissait à vue d'oeil.
"Tous mes cheveux sont restés dans mon bonnet de nuit. Je fais horreur" écrit-elle.
Un seul espoir la soutenait : revoir Mme de Gourbillon si elle parvenait à faire lever la lettre de cachet.
Pendant plusieurs mois, au prix de mille ruses, la princesse entretint avec son amie une correspondance passionnée qui éclaire d'un jour nouveau les sentiments et les comportements du couple princier.

Atterrée par la lecture du mémoire accusateur, Marie-Joséphine refusait d'admettre que la Gourbillon fût capable de quoi que ce fût.
" Il y avait encore beaucoup d'articles qui vous regardent comme de m'avoir ruinée et de m'avoir reçue chez vous toutes les nuits. Malheureusement c'est la seule inculpation juste " lui dit-elle.
Marie-Joséphine ne pensait qu'à la chère absente.
" Je n'aime que vous, lui déclarait-elle, tout le reste ne m'est rien. J'ai acheté un portefeuille où vos lettres seront. Je les ferai coucher sous ma couverture. Elles sont toutes en ordre, je n'ai plus d'autres lectures. "

Plus loin, l'auteur évoque la rencontre entre le comte de Provence et l'ambassadeur de Piémont-Sardaigne, Mr de Cordon, envoyé par le père de Madame pour plaider sa cause et le retour de Mme de Gourbillon.
L'ambassadeur rencontra même Louis XVI, qui persista dans son refus de lever l'ordre d'exil.
Et de poursuivre :

Madame se prit alors à espérer de la justice des Etats Généraux. Défendant envers et contre tous l'innocence de sa chère Gourbillon, elle n'hésitait pas à lui écrire :
" Si Sa Majesté n'y met ordre, les états généraux y pourvoiront et si cela traînait, je vous conseillerais de vous adresser à eux. "
Se considérant comme victime du despotisme, Madame se mit à exprimer des sentiments d'un patriotisme exacerbé :
" Tous les citoyens sont frères, nous sommes tous égaux et je suis peut-être bien au dessous du dernier des humains ", griffonnait-elle fièrement à la femme damnée, entre deux protestations d'amour.
A la bien aimée exilée, elle ne cachait pas son ressentiment à l'égard d'un mari qu'elle rendait responsable de tous ses maux.
" Il est le maître chez moi, mais il n'est pas le maître de mon coeur, il ne l'a jamais eu et ne l'aura jamais.
Je ne sens que trop l'injustice de Monsieur et sans vous, je me serais déjà débarasser de dix huit ans de malheur. "

Cette femme qui a épié le prince depuis tant d'années, ne manquait pas d'être encore déconcertée par son comportement.
" La conduite de Monsieur n'est ni claire ni franche, soit par rapport à moi soit pour les autres affaires. Je ne puis dire jusqu'à quel point sa conduite m'étonne. Il pouvait avoir des torts envers moi mais je le respectais, le croyant honnête homme du côté de son attachement au roi. J'espère pour lui qu'il est fol et je dois me taire. (...) Ce que je vous dis de Monsieur est à la lettre, et il n'a pas une idée et de bonne foi, je ne sais ce qu'il en arrivera. "

Bigre !   Quel ménage que celui des Provence !  Monsieur, impuissant, Madame, lesbienne, et cette Gourbillon de toute évidence espionne auprès des deux époux ...  
Car enfin, vous avez balayé avec maestria les doutes que nous formions !

Merci, ces infos sont très étonnantes en effet  

Bon comme pour le cas Polignac/Marie-Antoinette ou Artois/Vaudreuil je me méfie dorénavant des "je n'aime que vous" qui à eux seuls n'impliquent pas forcément des relations amoureuses. Mais là je reconnais qu'il n'y a pas que ça à priori  

Cet écrit là de la Comtesse de Provence est très révélateur :

" Il est le maître chez moi, mais il n'est pas le maître de mon coeur, il ne l'a jamais eu et ne l'aura jamais.
Je ne sens que trop l'injustice de Monsieur et sans vous, je me serais déjà débarasser de dix huit ans de malheur. "

C'est tout de même impressionnant ce dégout qu'elle avait pour lui, un dégout qu'elle semblait bien cacher  :s:

Citation :

Bigre !   Quel ménage que celui des Provence !  Monsieur, impuissant, Madame, lesbienne, et cette Gourbillon de toute évidence espionne auprès des deux époux ...  

Provence, aussi impuissant fût-il (?), avaient aussi des inclinaisons sentimentales ambiguës avec quelques célèbres favoris.  

Citation :

Car enfin, vous avez balayé avec maestria les doutes que nous formions !

Pas moi, pas moi : Evelyne Lever que je cite seulement.  
Enfin, je ne sais si ses écrits sont, à ce sujet, paroles d'Evangiles.  

Elle ne donne pas ses sources?

De quoi parlez-vous lorsque vous dites Artois et Vaudreuil?

Je faisais référence aux mots extrèmements "doux" qu'ils s'échangeait pendant la Révolution, par écrit

Voici un exemple, un extrait d'une lettre écrite par Artois à Vaudreuil :

"Adieu, mon cher Vaudreuil, je t'embrasse comme je t'aime, pour la vie".

Pour vous répondre, Chou, Mme Lever s'appuie sur les lettres de la comtesse de Provence à Mme de Gourbillon qui sont conservées aux Archives Nationales. Ces lettres ont été récupérées par la police sur ordre sous la Restauration lorsque Mme de Gourbillon décéda.

Merci!
Des sources fiables donc à priori

Chou d'amour a écrit:

Merci, ces infos sont très étonnantes en effet  

Bon comme pour le cas Polignac/Marie-Antoinette ou Artois/Vaudreuil je me méfie dorénavant des "je n'aime que vous" qui à eux seuls n'impliquent pas forcément des relations amoureuses. Mais là je reconnais qu'il n'y a pas que ça à priori  

Cet écrit là de la Comtesse de Provence est très révélateur :

" Il est le maître chez moi, mais il n'est pas le maître de mon coeur, il ne l'a jamais eu et ne l'aura jamais.
Je ne sens que trop l'injustice de Monsieur et sans vous, je me serais déjà débarasser de dix huit ans de malheur. "

C'est tout de même impressionnant ce dégout qu'elle avait pour lui, un dégout qu'elle semblait bien cacher  :s:

En effet, le lesbisme semble s'accompagner d'une aversion confinant au haut le coeur pour le sexe (dit) fort .

Citation :

Citation :

Bigre !   Quel ménage que celui des Provence !  Monsieur, impuissant, Madame, lesbienne, et cette Gourbillon de toute évidence espionne auprès des deux époux ...  

Provence, aussi impuissant fût-il (?), avaient aussi des inclinaisons sentimentales ambiguës avec quelques célèbres favoris.  

Citation :

Car enfin, vous avez balayé avec maestria les doutes que nous formions !

Pas moi, pas moi : Evelyne Lever que je cite seulement.  
Enfin, je ne sais si ses écrits sont, à ce sujet, paroles d'Evangiles.  

Je me suis laissée dire en effet, que Provence devenu Louis XVIII n'était pas indifférent à la séduction de son ministre Decazes.  Homosexualité refoulée ?   pourquoi pas !
Quand on songe qu'Angoulême, fils pourtant de son père, ne trouvera pas non plus le chausse-pied, et que la duchesse, son épouse, ne verra jamais le loup ...  quel tableau de famille !

Citation :

Quand on songe qu'Angoulême, fils pourtant de son père, ne trouvera pas non plus le chausse-pied, et que la duchesse, son épouse, ne verra jamais le loup ... quel tableau de famille !

J'aime beaucoup vos images   

Nous en rions, mais avouez qu'en réalité il y a plutôt de quoi se désoler ...

Malheureusement oui... :s:

Je n'aurais pas demandé mieux à ce que la Duchesse d'Angoulême nous donne des héritiers

Quant au cas de la Comtesse de Provence, il est loin d'être meilleur c'est sûr!

Ah, çà ! Mariée à Provence, ce n'est pas un sort enviable !

Sa petite soeur a eu plus de chance

Certes... Artois, franchement... Il devait être vachement plus marrant !

pimprenelle a écrit:

Ah, çà ! Mariée à Provence, ce n'est pas un sort enviable !

J'en frémis ...

pimprenelle a écrit:

Certes... Artois, franchement... Il devait être vachement plus marrant !

Oui, ... mais c'est elle qui était un remède à l'amour ... Il a pourtant payé de sa personne et réussi à lui faire des fils !!!

C'étaient pas vraiment les soeurs sourires, en effet...

On imagine sans peine l'accumulation d'acrimonie contre Marie-Antoinette !