Pourquoi aimons-nous Marie Antoinette?

La France n'est devenue ingouvernable que depuis qu'elle a malheureusement cessé d'être frivole .

Voyez, cher M. de Calonne: le prince de Ligne vous donne raison ! Cette délicate urbanité était portée à la perfection en France, à la fin du XVIIIème siècle .  La Révolution se fera un devoir de la piétiner .

Comme vous dites, hélas!...

Marquis d' Audacie a écrit:

Je voulais simplement dire qu'elle encourageait les nouveautés… pardonnez moi...

Mais il n'y a pas de problème rassurez-vous  
Oui le terme "encourager" est le bon je pense, Marie-Antoinette était curieuse et elle aimait faire connaître les Arts et la mode  

Le tutoiement est désormais considéré comme une manifestation de civisme; le mot monsieur cède la place à citoyen; les femmes bien mises sont injuriées dans la rue .

La nausée est continuelle. C'est une vexation encore qu'être témoin de la destruction des merveilles amassées par la civilisation de plusieurs siècles, écrit H. Forneron . Les livres, les bijoux, les tableaux, sont jetés au vent. Nous ne pouvons aujourd'hui avoir une idéee de cette frénésie de ruine: tout ce qui est beau ou élégant est devenu haïssable .

Et pourtant Robespierre lui-même a toujours été contre ce tutoiement

Il pratiquait le tutoiement, un peu à son corps défendant, je te l'accorde, mais il était bien obligé de donner l'exemple ! N'est-ce pas ?
Dans son trouble face à la mort, il a omis de tutoyer le bourreau ..... Tu l'as sûrement lu . T'en souvient-il ?

Je vais te citer la Correspondance de Métra, au sujet de ce fameux tutoiement égalitariste nouvellement de bon ton !!!!!!!

Merci Intéressant

Citation :

Il pratiquait le tutoiement, un peu à son corps défendant, je te l'accorde, mais il était bien obligé de donner l'exemple ! N'est-ce pas ?

Oui il y était bien obligé en effet

Citation :

Dans son trouble face à la mort, il a omis de tutoyer le bourreau ..... Tu l'as sûrement lu . T'en souvient-il ?

Non je n'ai pas ce souvenir Ce qui m'étonne c'est qu'il avait la machoire fracassée, tu es sûre qu'il a parlé au bourreau?

Je tâcherai de te retrouver l'extrait demain .
J'ai retrouvé !!!!!! Ce n'est pas qu'il omet de tutoyer le bourreau, mais il oublie de l'appeler citoyen, et lui donne du Monsieur ( ce qui revient un peu au même, n'est-ce pas ? ) !




Marcel Jullian : Louis et Maximilien, deux visages de la France

Tiens ! ce n'est même pas le bourreau !

Je suis surpris, mais je vais vérifier dans la bio de Walter  

J'ai regardé chez Walter et chez Max Gallo, aucun d'eux ne rapporte cette anecdote là...prudence donc, d'autant plus que Walter précise que Robespierre ne faisait que gémir de douleur sur l'échafaud, même face aux insultes. Et avec l'état de sa machoire je serais très surpris qu'il ait pu prononcer des paroles comme ça
Mais...à vérifier dans d'autres ouvrages quand même

Oui vous avez entièrement raison Madame Soso ( désolé ), le contexte global du XVIIIème siècle n'était pas tout rose

Oui, il est certain que nous envions un XVIIIème siècle réservé à une élite.
Quoiqu'il y ait eu quand-même une sorte de classe moyenne, ainsi qu'une amélioration de la vie quotidienne, je pense (mais en ville, principalement).
Il n'y avait pas que le tutoiement : on débaptisa le nom de certaines rues, les saints furent priés d'aller voir ailleurs, on vous servait des fruits "dame CLAUDE" et pas "reine CLAUDE", aux cartes, les rois, reines et valets disparurent, remplacés par des figures allégoriques, les pièces de théâtre furent censurées (on ne disait plus, "le Roi passait" mais "la Loi passait"), cocarde et bonnet phrygien remplacèrent les tricornes... Sans oublier ce fameux calendrier !

CALONNE a écrit:

Il n'y avait pas que le tutoiement : on débaptisa le nom de certaines rues !

En effet, M. de Calonne ! C'est ainsi que le comte d'Allonville consigne dans ses mémoires : Quant au patriotisme des boutiques, rien au monde de plus grotesque, de plus niaisement intolérant, surtout chez les habitants de ce Paris qui, depuis le 14 juillet, se croit un peuple de héros . Je me rappelle, par exemple, qu'étant dans la rue de la Plâtrière, et la demandant de porte en porte, ignorant qu'elle eût changé de nom, on me répondait brusquement qu'on ne la connaissait pas . Les imbéciles pour qui tout ce qui touche à la Révolution est devenu sacré, croyaient sottement que je voulais insulter leur idole en ne donnant pas à cette rue le nom de Jean-Jacques Rousseau, très récemment substitué à celui qu'elle porta si longtemps .

CALONNE a écrit:

on vous servait des fruits "dame CLAUDE" et pas "reine CLAUDE" !

C'est un peu comme aujourd'hui : si vous entrez dans une pâtisserie et que vous demandez la tête de nègre que vous voyez là, en vitrine, on vous regarde de travers .
Les têtes de nègres de notre enfance ont été débaptisées dans un souci de politiquement correct .
..... Ridicule !!!!!

Que veux-tu...depuis qu'on peut se prendre un procès pour tout et n'importe quoi, tout le monde essaie de se couvrir comme il peut

CALONNE a écrit:

Oui, il est certain que nous envions un XVIIIème siècle réservé à une élite.
Quoiqu'il y ait eu quand-même une sorte de classe moyenne, ainsi qu'une amélioration de la vie quotidienne, je pense (mais en ville, principalement).
Il n'y avait pas que le tutoiement : on débaptisa le nom de certaines rues, les saints furent priés d'aller voir ailleurs, on vous servait des fruits "dame CLAUDE" et pas "reine CLAUDE", aux cartes, les rois, reines et valets disparurent, remplacés par des figures allégoriques, les pièces de théâtre furent censurées (on ne disait plus, "le Roi passait" mais "la Loi passait"), cocarde et bonnet phrygien remplacèrent les tricornes... Sans oublier ce fameux calendrier !

....... ou Dieu qui est promu Être Suprême !

Madame Sophie a écrit:

Je crois que cette coupe de champagne que vous décrivez ne concernait que 5 % de la population.... .

La noblesse dans son ensemble ne se compose pas que de courtisans pervertis et méprisables, heureusement . Au contraire, une frange respectable de nobles tout à fait dignes d'estime croient, de toute bonne foi, en toute conscience, et ancestralement, mériter leur position et privilèges .
Ainsi le marquis de Bombelles écrit-il fort benoîtement : La vanité qu'on tire de la noblesse de ses pères n'est pardonnable qu'autant qu'elle sert à profiter de leurs bons exemples et à chercher à surpasser par des vertus plus grandes l'éclat qu'ils ses sont acquis .
Et ben voilà !
Il est mignon ce petit Marc !

Cette réplique mérite d'être plus connue en effet

Citation :

 Les têtes de nègres de notre enfance ont été débaptisées dans un souci de politiquement correct .

Non ?! On les appelle comment ?!

Mon chat, en tout cas, y tient beaucoup : il se fait appeler "félin de petite taille".

Madame Sophie a écrit:

Cher Calonne , je vous comprends ainsi que nos autres amis , pour cette attirance du XVIIIème siècle ...Mais elle est due à ce qu'il nous reste : les arts .C'est d'ailleurs pour cette raison que moi aussi j'aime cette période .

Pour ma part , j'adore donc ce siècle mais jamais , oh non jamais je n'aimerais y vivre ...

Je crois que cette coupe de champagne que vous décrivez ne concernait que 5 % de la population....On l'oublie souvent ...

L'insouciance et la légèreté que vous enviez étaient celle d'une classe dirigeante minoritaire , alors que d'autres qui bossaient dans les champs 18h/24 , 7 jours sur 7 , pour pas grand-chose ...

Bien sûr on préfère retenir de ce siècle les toiles de Boucher ou de Fragonard , mais tout ceci n'est qu'un paravent .

Combien vous avez raison, chère Madame Sophie !!!!!!

Il va de soi que nous ne saurions oublier les souffrances du petit peuple qui trime et sur le travail duquel repose, en somme, la richesse de la noblesse et du clergé !
Mais, pas fous, nous ne nous rêvons pas dans la peau du pauvre hère aux ongles noirs qui gratte la terre du soir au matin ..... Ce qui nous séduit au XVIIIème c'est la perfection atteinte et cultivée à l'envi dans tous les domaines artistiques, la fameuse urbanité ou politesse française que l'Europe entière admire et veut imiter, la suprématie de la langue française dans toutes les Cours étrangères, la tellement glamour, frivole, froufroutante et virevoltante douceur de vivre chère à Talleyrand !

Reconnaissons-le ! A force de dévorer, tous les jours que Zeus fait, les biographies, correspondances, mémoires et journaux intimes de ces courtisans en dentelles et talons rouges vautrés dans le luxe et l'oisiveté, nous les côtoyons, nous partageons leur intimité, nous nous les approprions . Nous sommes parmi eux comme des poissons dans l'eau !
Parmi eux nous nous faisons des amis ( ou des ennemis ! ). Nous avons nos têtes, c'est sûr! et même nos souffre-douleurs .
Mais nous finissons par trouver des qualités, eh oui! aux pires d'entre eux . J'exagère ? .... à peine !
Et ce, quels que républicains convaincus que nous soyions !!!

Au milieu d'eux rayonne Marie-Antoinette ! Mais elle illumine aussi notre quotidien à nous ! deux siècles plus tard ! en nous donnant cette curiosité insatiable qui nous enrichit et nous constitue une source inépuisable de bonheur !
Il ressort des messages en amont que certains sont arrivés à Marie-Antoinette par l'amour d'abord du XVIIIème, mais que nombre d'entre nous ont été d'abord touchés au coeur par elle ...
Qu'importe ! Au bout du compte le résultat est le même : nous n'avons de cesse que de nous retrouver dans notre cher Boudoir, pour papoter à bâtons rompus .......

"Pourquoi nous aimons Marie-Antoinette", dites- vous  ?????????    

Mais



Pour ça

Sa beauté, sa grâce

Comme vous dites ! Et encore, ce n'est pas mon portrait préféré.

Waaaa Elle est magnifique!