Fouquier-Tinville

A la demande de Madame de Chimay , voici un petit résumé de La dernière nuit de Fouquier-Tinville issue du livre Anecdotes secrètes de la Terreur de Hector Fleischmann.
En fait, on y apprend que Fouquier ne se rendait pas vraiment compte de son arrestation et qu'il pensait qu'il ne pouvait ête condamné car il "avait fait son boulot"!!!!!
Fréron lança: "Fouquier allât cuver dans les enfers le sang qu'il avait versé". En fait, la nouvelle est un peu romancée. Dans la prison, il repense aux massacres.

olivia a écrit:

Je n'avais pas fait attention à cela!!!!!!
Mais, vous avez raison Olivia!!!!!

On se demande quel Boudoir d'Or vous pourriez recevoir !

Citation :

En fait, on y apprend que Fouquier ne se rendait pas vraiment compte de son arrestation et qu'il pensait qu'il ne pouvait ête condamné car il "avait fait son boulot"!!!!!

C'est la même réaction des dignitaires nazis jugés à Nuremberg.              

le comte axel a écrit:

Citation :

En fait, on y apprend que Fouquier ne se rendait pas vraiment compte de son arrestation et qu'il pensait qu'il ne pouvait ête condamné car il "avait fait son boulot"!!!!!

C'est la même réaction des dignitaires nazis jugés à Nuremberg.              

J'ai pensé la même chose!!!!!!!

C'est le problème quand on est entraîné dans un grand mouvement qu'on ne maîtrise pas ou plus. On en finit par obéir aveuglément aux ordres sans plus réfléchir...

Je pense en fait que Fouquier-Tinville avait besoin d'être cadré. Cela le rassurait. Il obéissait aveuglément aux Comités de Sûreté générale et au Comité de Sûreté publique.
Je pense vraiment de plus en plus maintenant que dans son premier couple, c'est Madame qui portait la culotte et qui dirigeait le ménage. Elle disparue , il était perdu , complètement perdu, incapable de se prendre en main et de diriger ses affaires.

Frapper fort , mais frapper légalement , telle pourrait être sa devise. Ce qui est important pour lui , c’est d’être avec le plus fort , de faire ce que le plus fort veut.
La loi pour lui , c’est le pouvoir . C’est ce qui le rend si important.
Il peut faire arrêter et ce de sa propre initiative et sans l’ordre de la Convention , toutes les personnes suspectes de conspiration.
Quelle jouissance ce pouvoir a-t-il dû lui procurer !

Fouquier-Tinville était vraiment sans pitié. Il a ordonné que le cadavre de Valazé ( un des députés qui a préféré se suicider plutôt de finir guillotiné ) soit traîné à la guillotine.
Cette décision est tout à fait ridicule et montre bien la mesqinerie du personnage .

Maintenant , Fouquier-Tinville est tout à fait inscrit dans son rôle. IL s’agit de faire du chiffre et du rendement . Il faut faire tourner la guillotine à plein tube.
IL n’a aucune considération de pitié ou de famille. C’est ainsi qu’il envoie à la mort un père de 19 enfants en même temps qu’un invalide nommé Saint Prix . l’accusateur n’épargne même pas les animaux. Un chien qui aboyait d’une certaine manière en présence des commissaires de police est assommé à la barrière du Combat.

A-t-il osé guillotiner les chiens ? Je n'ose le croire !

Et en plus , il avait bonne conscience en faisant exécuter les gens. Il avait la satisfaction du devoir accompli. Il disait " Le peuple doit être content , la guillotine marche, elle marchera , et cela ira encore mieux."
Mais il était un conventionnel qui lui donnait plus de travail que les autres. Je veux parler de Barère de Vieuzac.
Il inventait des conspirations et taillait de l'ouvrage au tribunal.
Cynique, Barère disait : " la guillotine n'est qu'un lit un peu moins bien fait qu'un autre."

Bref, Fouquier-Tinville est véritablement l'animateur du TRibunal Révolutionnaire. Il en est même devenu l'âme et répand donc sa cruauté sur tout le personnel.

La mort est à l’ordre du jour , comme la Terreur et elle n’attend pas.
Une épouvantable frénésie s’empare de Fouquier-Tinville.
On ne peut imaginer agent plus tenace , plus obstiné, plus ponctuel que l’ancien procureur.
Robespierre exige qu’il passe au Comité de Salut Public tous les soirs.
Tous les soirs, à la même heure, par les mêmes rues tortueuses , il s’y rend. Parfois l’Incorruptible lui fait, seul à seul, de violents reproches sur ce qu’il ne faut pas juger tels généraux, tels individus.
Vivement impressionné par ces blâmes , Fouquier-Tinville regagne la Conciergerie méditant de farouches décisions.

On imagine son ombre gigantesque se profiler sur les hautes murailles. Il regagne la Tour Bonbec , où il loge depuis floréal avec sa femme et ses deux enfants qui lui sont nés en Germinal , et que soigne une vieille tante qu’il a recueillie.
Mais s’il délaisse les siens , c’est que son travail écrasant le réclame . A peine apparaît-il à l’heure des repas , car il dîne le plus souvent à la buvette .
Pourtant Fouquier-Tinville n’est pas un mauvais mari ni un mauvais père. « Il était très bon mon papa « dira de lui , sa dernière fille , lorsque devant elle , on fera allusion au terrible personnage de la Terreur.

Triste existence pour la deuxième madame Fouquier-Tinville car les fonctions de son mari la font vivre en recluse , sans amies. Elle a accepté la tristesse de sa vie et jamais ne se plaint.
Elle se partage entre son mari et ses enfants.

Madame de Chimay a écrit:

« Il était très bon mon papa « dira de lui , sa dernière fille , lorsque devant elle , on fera allusion au terrible personnage de la Terreur.

Pauvre femme ! Etre la fille d’un pareil personnage !!

On ne choisit pas ses parents !

Fouquier-Tinville est si diligent que la guillotine qu'il faut cinq heures pour monter , est déclarée en permanence sur la place de la révolution ( à l'exception du coutelas , que l'exécuteur des hautes oeuvres sera autorisé d'enlever après chaque exécution ).
Chaque jour amène sa fournée et, tandis que le soleil décroît à l'horizon , le couperet accomplit sa sanglante besogne .

Une lecture des plus intéressantes : Olivier Blanc : La corruption sous la terreur (1792-1794) Robert Laffont, Paris, 1992.

Madame Roland écrit dans ses Mémoires :

« Fouquier-Tinville, accusateur public du tribunal révolutionnaire, connu pour sa mauvaise vie, son impudence à dresser des actes d’accusation sans motifs, reçoit habituellement de l’argent des parties. Madame de Rochechouart lui a payé quatre-vingt mille livres pour Reviers de Mauny, l’émigré. Fouquier-Tinville a touché la somme, Mauny a été exécuté, et Madame de Rochechouart a été prévenue que si elle ouvrait la bouche, elle serait enfermée pour ne plus jamais voir le jour… »



Olivier Blanc poursuit :

« Certains historiens se sont évertués à faire valoir la probité de Fouquier au prétexte que dans son inventaire après décès, on y décrit du mobilier usagé et des hardes. En fait Fouquier, depuis le début de son premier mariage, dépensait au fur et à mesure les revenus puis le capital de sa charge qui fut liquidée à la veille de la Révolution. Pourquoi ? Simplement parce qu’il jouait et qu’il était sans cesse à court d’argent. Au début des années 1780 il avait emprunté de l’argent au marquis de Gouffier et au futur général Collier de Lamarlière qu’il contribua sans état d’âme à envoyer à l’échafaud en 1793. Aimée de Coigny, toujours bien informée, a écrit de Fouquier. »

« Procureur richement marié, tombé au rang d’agent secret de la police de Louis XVI à cause de ses dettes de jeu, il rencontra Hérault de Séchelles dans un lieu infâme, ce qui fit sa fortune mais le conduisit à l’échafaud où il se débattit comme un vilain diable. »



Olivier Blanc continue :

« Nous avons confirmation de cette passion peu connue de Fouquier par le témoignage de l’auteur de l’ouvrage intitulé De la passion du jeu (d’Auréville) qui raconte que Fouquier-Tinville &tait souvent venu jouer chez Madame de Sainte-Amaranthe dont la banque était tenu par Aucane, riche propriétaire colonial, l’un des plus célèbres piliers de tripot de l’Ancien régime. Il était l’ami du sieur Aucane et chercha à le sauver, aussi ne fut-il pas compris dans le premier acte d’accusation contre cette dame Sainte-Amaranthe, son gendre Sartines, sa fille et son jeune fils. »



Mais Aucane fut quand même guillotiné le 9 thermidor. Il fit partie de la dernière charrette, le jour de la chute de Robespierre. Quant à Madame de Sainte-Amaranthe, elle avait péri sous le couperet de la guillotine le 29 prairial en compagnie de sa fille et de son jeune fils âgé de seulement16 ans, sans que Fouquier intervienne. On peut penser que ses dettes de jeu étaient ainsi effacées !

Très intéressant ! merci !

Je suis toujours effarée par ces histoires de fric durant la Révolution. On dirait presque que ce n'est que ça !

Chère Olivia

Lisez Olivier Blanc, On comprend pourquoi Robespierre a été nommé l'incorruptible, car tous les autres étaient corrompus, Mirabeau, Danton, Dumouriez, Fouquier-Tinville.... , plus tous les seconds couteaux, la liste est longue !

Merci mon cher Berry pour toutes ces précisions. Ainsi , je m'explique mieux ces 9 années de misère de Fouquier-Tinville. Je croyais que le point de rupture était la mort de sa première épouse. Mais non , s'il avait le jeu dans le sang et dépensait sans compter l'argent du ménage...Alors , tout s'explique !

Berry a écrit:

Chère Olivia

Lisez Olivier Blanc, On comprend pourquoi Robespierre a été nommé l'incorruptible, car tous les autres étaient corrompus, Mirabeau, Danton, Dumouriez, Fouquier-Tinville.... , plus tous les seconds couteaux, la liste est longue !

Je l'avais déjà remarqué et j'espère bien mettre un jour la main sur ce livre.

Ce livre est présent sur ebay mais pas à un prix raisonnable.
J'ai ce livre dans ma bibliothèque mais je ne l'ai pas encore lu.

Madame de Chimay a écrit:

Ce livre est présent sur ebay mais pas à un prix raisonnable.
J'ai ce livre dans ma bibliothèque mais je ne l'ai pas encore lu.

Il vaut mieux aller à petites doses dans les miasmes révolutionnaires...

ça va , je tiens le coup. J'avais été plus mal en lisant Fabre d'Eglantine.
Pourtant , Fouquier-Tinville est encore plus infâme que Fabre d'Eglantine. Mais j'alterne mes lectures et c'est cela qui fait que je prends les choses avec plus de distance.

Je lis en ce moment Sous la terreur de Gauroy et Liard, livre dans lequel apparaît fatalement Fouquier. Dans un épisode, il est sous le charme de la pauvre princesse de Lamballe emprisonnée et tente en vain d'obtenir ses faveurs. Je vois que j'ai affaire à des personnes très instruites sur le XVIIIème, aussi je me permets de vous demander si cela relève de la fantaisie d'un romancier ou si par contre cela est vrai ou vraisemblable historiquement.

clemence de cerizac a écrit:

Je lis en ce moment Sous la terreur de Gauroy et Liard, livre dans lequel apparaît fatalement Fouquier. Dans un épisode, il est sous le charme de la pauvre princesse de Lamballe emprisonnée et tente en vain d'obtenir ses faveurs. Je vois que j'ai affaire à des personnes très instruites sur le XVIIIème, aussi je me permets de vous demander si cela relève de la fantaisie d'un romancier ou si par contre cela est vrai ou vraisemblable historiquement.

Fantaisie !
La princesse ne croisera pas Fouquier lorsqu’elle est emprisonnée.
Du moins, à ma connaissance (ou plutôt à celle de Mme de Tourzel qui ne quitte pas d’une semelle Mme de Lamballe).

Fouquier-Tinville a jugé aussi Charlotte Corday.