Fouquier-Tinville

Citation :

All in English, en revanche...

Indeed it is !  

Madame de Chimay a écrit:

Condorcet ? J'ai un livre sur lui mais je ne l'ai pas encore lu.
Livres sur Fouquier-Tinville :

-Fouquier-Tinville, le pourvoyeur de l'échafaud de
Jacques Castelnau
librairie Hachette, 1937, 251 p

C'est le livre sur lequel je me base. Le livre que j'ai tombe presque en miettes...

-Fouquier-Tinville, l'accusateur public de
Albert Croquez et Georges Loublié
René Julliard, 1945, 274 p

J'ai ce livre mais à y regarder de près, on dirait un roman.

-Fouquier-Tinville, Accusateur public de
Pierre Labracherie
Librairie Arthème Fayard

Madame de Chimay a écrit:

Et il y a encore cela :

-Les Coulisses du Tribunal révolutionnaire : Fouquier-Tinville intime, avec des lettres inédites...de Fleischmann, Hector
Sté d'éditions et de publications parisiennes, 1909

Ah oui effectivement, il ya quand même des livres dessus!!!!!

Si le courage vous en dit...

Pendant la lutte de pouvoir qui oppose la Convention à la Commune, Fouquier-Tinville préfère opter pour la neutralité et reste à son poste.
La convention en sort victorieuse. Fouquier-Tinville essaie de se faire oublier mais il est de ceux dont on se souvient . Averti de son arrestation et pensant n’avoir rien à se reprocher , il se rend à la Convention où il est arrêté et transféré à la Conciergerie.
Fouquier-Tinville est à peine entré dans la cour de la Conciergerie que les prisonniers qu’il réservait aux jours suivants le reconnaissent . Ils oublient qu’il est à terre et malheureux à son tour. Bref, le concierge et ses aides sont obligés d’intervenir car il allait succomber . Ils le mettent à l’abri dans un cachot obscur . Il y est si mal que trois jours plus tard , il écrit au Comité de Sûreté Générale pour demander « un peu d’air ».

Là dans son cachot, il a tout le temps pour penser et réfléchir. Que de haines accumulées contre lui. Son nom est maudit à jamais !
Et pourtant , il se demande s’il a mérité un pareil sort . Jour et nuit, il a travaillé pour « asseoir la Révolution » autant que cela dépendait de lui. Pourquoi veut-on le considérer comme la créature de Robespierre ?
Fouquier-Tinville , nature moyenne , est lié à un destin effroyable qui va l’écraser et le broyer. La Terreur l’a hissé sur un plan qui n’était pas le sien en le faisant entrer en conflit avec le monde environnant. Il n’était pas de taille pour cette lutte gigantesque.
D’heure en heure, la vision de son œuvre passée se précise. Il ne vivait que pour la Loi, le respect de la Loi. Etait-il en son pouvoir de se refuser à l’exécution de ces lois ?
Il écrit : « D’ailleurs, un fonctionnaire public a-t-il le droit de chercher si la loi , de l’exécution de laquelle il est chargé , est l’effet du despotisme de tel ou tel député ? Peut-il , à raison de son opinion particulière , éluder , interpréter ou modifier la loi ? Où serait la chose publique si les fonctionnaires s’arrogeaient ce droit ?
Un fonctionnaire dans une république , ne doit connaître que la loi émanée du pouvoir souverain et, sans en approfondit les causes ni les motifs , la rigueur ou l’injustice , son devoir est de l’exécuter et de la faire exécuter.
Telle est la marche que j’ai suivie , j’ai donc exécuté les lois révolutionnaires et celle du 22 prairial. On ne peut m’imputer à crime , et je ne suis responsable sous aucun rapport des malheurs et des inconvénients qui peuvent en résulter , parce que je n’étais qu’un être passif , un rouage et un ressort que faisait mouvoir la loi . ainsi , c’est donc à la loi qu’il faut s’en prendre et non à son organe , sans quoi , à l’instar de ce qui se pratiquait dans l’ancien régime , ce serait sacrifier aux passions un agent et un fonctionnaire public qui, de bonne foi , a obéi aux lois, aux arrêtés et aux ordres des comités de gouvernement , dans la confiance que les actes d’exécution ainsi voulus et commandés étaient nécessaires pour soutenir le mouvement révolutionnaire et sauver la patrie . Me suis-je trompé dans les moyens d’exécution ? alors , c’est une erreur due à l’imperfection de mes lumières , qui ne peut m’être imputée à crime , parce que mes intentions ont toujours été pures et droites. »

On a là toute la psychologie de Fouquier-Tinville !

La fureur populaire ne connaît plus de bornes. Sa famille est expulsée et doit quitter sous les houées l’appartement de la Maison de justice pour se réfugier dans un logis lugubre de la rue de la Harpe.
Fouquier–Tinville n’ignore rien de ces tristes détails car il n’est pas au secret. Les nouvelles du dehors lui parviennent et il sait tout ce qui se prépare . L’adversité est pour lui une amie fidèle , une amie de toujours. Il n’est pas décontenancé par sa venue ; il demeure calme , tenace , exclusivement occupé de sa défense . Il rédige plusieurs factums dans lesquels son système de justification ne varie pas : il a agi en vertu des décrets et conformément aux lois de « la justice et de l’humanité ».


Il persiste et signe et donc il ne se renie pas et reste semblable à lui-même !

La fureur populaire ne connaît plus de bornes. Sa famille est expulsée et doit quitter sous les houées l’appartement de la Maison de justice pour se réfugier dans un logis lugubre de la rue de la Harpe.
Fouquier –Tinville n’ignore rien de ces tristes détails car il n’est pas au secret. Les nouvelles du dehors lui parviennent et il sait tout ce qui se prépare . L’adversité est pour lui une amie fidèle , une amie de toujours. Il n’est pas décontenancé par sa venue ; il demeure calme , tenace , exclusivement occupé de sa défense . Il rédige plusieurs factums dans lesquels son système de justification ne varie pas : il a agi en vertu des décrets et conformément aux lois de « la justice et de l’humanité ».

Il est un être qui ne ménagera ni son temps, ni sa peine, ni ses efforts pour essayer de le sauver : sa femme. La malheureuse épouse court Paris, humble, effacée , suppliante , laissant un billet à celui-ci , une prière à celui-là . Pauvres missives qui témoignent de son attachement et de sa ferveur à celui qu’elle croit innocent : « Je vous prie , citoyen , de vouloir bien me donner une réponse relativement à ce que je vous ai demandé de la part de mon mari , la copie de ces lettres qui lui deviennent indispensable dans les circonstances ; voilà trois jours de suite que je vais chez vous , sans pouvoir vous rencontrer , et comme je suis très loing , je vous prie de me faire savoir si vous avez trouvé ces papiers et si vous pouvez lui en donner copie ; vous obligeré votre citoyenne. »

Femme Fouquier

Toutes ces démarches sont inutiles. Le sort de son mari est fixé depuis longtemps . Plus rien ne peut l’épargner. Elle va cependant , fidèle à l’amour et au devoir conjugal ; elle va , monte les étages , explique , supplie , subit des rebuffades et des affronts. A son approche , les portes se ferment , les visages se glacent . Elle regagne son misérable logis pour pleurer sur les berceaux de ses enfants.

Fouquier sait qu’il ne peut plus attendre de secours de personne , sauf de cette épouse courageuse. Il peut du moins compter sur ceux-là. De la prison de Ste Pélagie où il a été transféré ; il lui adresse lettres sur lettres pour lui demander telle pièce , telle démarche utile à sa défense. Son courage l’abandonne t-il ? Il le lui écrit : « Je me livre à une foule de réflexions plus sinistres les unes que les autres ; qui aurait jamais dit qu’en faisant mon devoir comme je l’ai fait , je serais réduit à cette triste position pour des monstres avec lesquels je n’ai jamais frayé ; le temps est un grand maître, je le sçais ; aussi c’est sur lui seul que je compte . »
Une autre fois , il lui dit : « L’insomnie me poursuit . » Et il ajoute : « Mon inquiétude , c’est d’être sacrifié et non jugé ! «

Madame de Chimay a écrit:

Et il ajoute : « Mon inquiétude , c’est d’être sacrifié et non jugé ! «

Il eut été plus inspiré de s’en inquiéter lorsqu’il menait ses réquisitoires...

C'est sûr

Parfois aussi , cet homme sombre et rude souffre dans ses affections de mari et de père : « Je suis fâché de toutes les peines que je te donne ; conserve ta santé pour nos enfants ; ils en auront besoin : surtout ne t’affliges pas et ménage le peu que tu as. »
Tous les jours, sa femme lui envoie de la nourriture mais il ne s’en préoccupe guère : « Tu sais que je ne suis pas difficile pour le mangé ; je mange parce qu’il le faut . »

En Brumaire , il passe à la prison de l’Egalité , ci-devant collège du Plessis.
La haine le poursuit sans trêve . Les détenus veulent le massacrer et il doit vivre , là encore à l’écart de tous enfermé , muré. L’heure du jugement va bientôt sonner . Alors pour la première fois paut-être , il se sent irrémédiablement perdu.
Il écrit alors cette dernière lettre à sa femme : « De la Maison d’arrêt du Plessis , dite l’Egalité , ce 22 Brumaire de l’an III de la République une et indivisible.

Quoique non interrogé , je dois m’attendre, ma bonne amie à être bientôt mis en jugement. Dans un temps différent , fort de mon innocence , je n’aurois nullement à redouter l’approche de ce jugement. Mais dans les circonstances fâcheuses où nous nous trouvons et après les horribles diatribes , les calomnies et les vociférations de tout genre qui sont accumulées sur ma tête , depuis ma détention , par Fréron et ses lieutenants , intimes amis de Danton et de Camille Desmoulins et ceux de Dumouriez et d’Arthur Dillon , dois-je me flatter de faire entendre une défense , quelque juste et quelque légitime et quelque fondée qu’elle soit ? Non !

Il est inutile de se livrer à l’illusion : toutes ces effroyables vociférations et odieuses qualifications d’exécrable, de conspirateur et de tigre altéré de sang , sans être étayées d’aucun fait, sont le prélude de mon jugement.

« …Aussi ma bonne amie , je ne peux te dissimuler que, dans cet état de choses, je m’attends à une fin prochaine.
« …Je m’attends à être sacrifié à l’opinion publique , soulevée et excitée contre moi par toutes sortes de moyens , non à être jugé. C’est un parti pris que je calcule depuis longtemps et que je t’ay toujours voulu taire pour t’épargner le plus possible le coup que cet évènement peut te porter. Je mourrai donc pour avoir servi mon pays avec trop de zèle et d’activité et m’être conformé au vœu du gouvernement , les mains et le cœur nets .

« Mais , ma bonne amie, que vas-tu devenir , toy et mes pauvres enfants ?
Vous allez être livrés aux horreurs de la plus affreuse misère ; ce sera , au moins la preuve parlante que j’ay servi mon pays avec le désintéressement d’un vray républicain.
Enfin , que deviendrez-vous les uns et les autres ? Voici les sinistres idées qui m’accablent et me tourmentent le jour et la nuit.
J’étais donc né pour le malheur . Quelle affreuse idée ? Mourir comme un conspirateur , moi qui n’ait cessé de leur faire la guerre ! Voilà la récompense de mon zèle patriotique . Si, à travers tous ces événements funestes, il me reste encore un rayon de satisfaction ou plutôt de consolation , c’est de savoir que tu as la conviction de mon innocence ; du moins, cette conviction me donne l’espoir que tu ne manqueras pas de répéter à nos enfants que leur père est mort malheureux mais innocent et qu’il a toujours eu ta confiance et ton estime.

Je te recommande bien de ne pas t’abandonner au chagrin et de ménager ta santé pour toi et nos pauvres enfants.
Oublie les petits différends que nous pouvons avoir eus : ils ont été l’effet de ma vivacité , mon cœur n’y est pour rien , et il n’a jamais cessé de t’être attaché , sois-en bien persuadée , comme je sais que le tien n’a jamais cessé de m’être attaché . Hélas ! ma bonne amie , qui aurait dit que j’aurais une pareille fin ? moi, qui n’ai jamais connu l’intrigue et n’ai jamais été tourmenté de la soif des richesses !

Il est dur , ma bonne amie , de t’entretenir d’idées aussi sinistres ; j’ai beaucoup balancé ; mais considérant qu’une fois en jugement , il ne me serait pas possible de te faire passer aucune lettre , je me suis déterminé à te transmettre mes derniers sentiments pour toi et mes remerciements de toutes les peines que tu t’es donnée depuis ma détention.
Je te réitère à ne point te laisser gagner par le chagrin , et je t’engage à ne point rejeter les occasions qui pourraient te procurer un sort plus heureux. Les larmes aux yeux et le cœur serré , je te dis adieu pour la dernière fois , à ta tante et à nos pauvres enfants. Je vous embrasse tous , je t’embrasses mille fois.
Hélas ! Quelle douce satisfaction n’éprouverais-je pas de pouvoir te revoir et te presser dans mes bras ! Mais , ma bonne amie, c’en est fait, il n’y faut plus penser !
Adieu, mille fois adieu, et au peu d’amis qui nous sont restés , et surtout à la bonne par excellence . Embrasse bien nos enfants et ta tante pour moi ; sers de mère à mes enfants que j’exhorte à la sagesse et à bien t’écouter . Adieu ! Adieu ! Ton fidèle mari jusqu’au dernier soupir !

A Q Fouquier

Le seul gage de mon amitié qui soit en mon pouvoir , c’est un peu de cheveux que je te prie de conserver.

Ce sera une attente interminable pour Fouquier –Tinville. ( Plus de six mois encore à attendre ! ). Né pour le malheur , c’est vite dit. Nous avons vu qu’il devait sa place à son cousin Camille Desmoulins. Mais en fait , il avait eu le choix entre deux places . Le 12 mars, Fouquier-Tinville est nommé juge au tribunal de St Quentin . Mais le 13 , la Convention l’élit substitut de l’accusateur public auprès du nouveau tribunal révolutionnaire.
Devant Fouquier-Tinville, deux routes s’ouvrent : la justice régulière à Saint Quentin , une petite carrière honorable et grise dans sa Picardie natale ou les grandes heures d’un tribunal d’exception . La première voie aurait sans doute fait de lui un président de tribunal ou un conseiller de cour d’appel impériale . C’est la seconde voie qu’il choisit et qui le conduira à la guillotine.

Source de ces choix de places :

Le tribunal révolutionnaire de
Luc Willette
Denoël, 1981, 160 p .

Devant la mort , on revient vite à l'essentiel , c'est à dire à penser à sa famille.

Pourtant comme le fait remarquer Willette , il y a quelque chose de bizarre chez Fouquier-Tinville.
L'homme n'a aucun passé révolutionnaire . Il n'a jamais fait de politique et n'en fera pas.
Il doit sa place à Camille Desmoulins mais surtout à Danton.
L'hostilité de Fouquier-Tinville à Robespierre est si nette qu'à plusieurs reprises, l'incorruptible cherche à obtenir son renvoi.

Le 1er Frimaire an III ( 21 novembre 1794 ) , il est amené de la prison d’arrêt du Plessis à la Conciergerie pour y être interrogé . il comparaît devant ceux qui ont mené l’enquête : le juge Forestier , le greffier Josse , auxquels on a adjoint le substitut Jean-Jacques Granger. Il répond avec fermeté aux questions qui lui sont posées , il réfute les griefs , il se dit innocent , victime même ; il s’absout. Il nie avec force avoir été l’ami de Robespierre , ce qui est exact.
Il a toujours le même système de défense : il a obéi.

Il fait le choix d’un défenseur et prend le citoyen Lafleuterie. L’accusateur public est Loblois. Loblois lui reproche d’être l’auteur criminel de ces mises en jugement hâtives , par la faute desquelles « des accusés ont été en apparence condamnés et réellement exécutés sans qu’il y eût jamais contre eux ni jugement ni condamnation ». Il le rend responsable d’avoir fait dresser la guillotine et commandé des charrettes avant d’avoir prononcé des sentences. Il l’accuse d’avoir trié les jurés , d’avoir pénétré « furtivement « dans leur chambre de délibérations , d’avoir exercé « le despotisme le plus prononcé sur tous les agents du tribunal . Fouquier a menti en supposant et en cherchant à faire croire qu’il existait des conspirations dans les prisons. « Ce fut ainsi qu’il s’y prit pour surprendre la terrible loi du 22 Prairial qu’il s’était vanté d’obtenir et dont lui seul , peut-être , eût pu donner l’inquiétante idée.

En guise de conclusion , voici ce que dit Loblois : « Il est prouvé que Fouquier-Tinville se faisait un amusement et une sorte de jouissance du grand nombre de ceux qu’il mettait en jugement et qui s’y trouvaient condamnés « .
L’ancien magistrat de la Terreur est écrasé par son œuvre.
Quarante huit heures passent encore . Carrier, l’auteur des noyades de Nantes , est condamné à mort. Mauvais signe pour Fouquier-Tinville , qui comparaît à son tour le 28 Frimaire ( le 28 décembre ).
Le procès à peine commencé est suspendu. L’accusé est reconduit dans la prison où, depuis plus de trois mois , il s’ennuie « furieusement ».
Son attente va se poursuivre avec ses alternatives d’espoir et de découragement. Quatre mois et demi encore le séparent de la mort.

Source :

Fouquier-Tinville, le pourvoyeur de l’échafaud de
Jacques Castelnau
Hachette , 1937, 251 p

Le 12 ventôse an III ( 2 mars 1795 ) , l’instruction recommence. De nouveaux témoins sont entendus mais comme les précédents, ils ne peuvent que confirmer les dires des autres témoins. Ainsi Semur , homme de loi , a entendu Fouquier dire , en parlant de certains accusés : « Bon, bon , mon ami. Coupons leur la tête . c’est le moyen d’enrichir la République . »
Le 6 germinal , Fouquier subit un dernier interrogatoire ;
Les débats s’ouvrent le 8 germinal , dans l’ancienne grand-Chambre du Parlement. Une foule énorme a envahi l’auditoire. Gaillard de la Ferrière remplace Lafleuterie auprès de Fouquier-Tinville.
Le substitut Cambon renonce à énumérer tous les chefs d’accusation car ils sont trop nombreux.

Fouquier-Tinville ne tressaille pas une seule fois. Il ne paraît même pas ému devant les dénonciations les plus terribles. Il écoute, prend quelques notes , s’efforce d’être calme , « alors que l’enfer est déjà dans son cœur ».
Le long défilé des 419 témoins commence. La plupart de ces dépositions ont été entendues au cours de l’enquête. Beaucoup émanent de prisonniers marqués pour l’échafaud et libérés par le 9 thermidor. Elles sont évidemment écrasantes pour l’accusé. Tous les employés du tribunal comparaissent et sont impitoyables pour leur ancien chef.

Les audiences se succèdent , longues, fatigantes . Les jurés demandent des ajournement de séances. Mais la Convention qui a hâte d’en finir , rend un décret pour que le Tribunal siège en permanence jusqu’à la fin du procès.

Ce matin, il rassemble son énergie ; puisqu’il n’est pas coupable, il ne veut pas avoir peur. Sa fermeté sera sa dernière protestation.
Mais à cette heure , il comprend l’infernal tourment des malheureux qu’il a envoyés à l’échafaud.
Mais il est trop tard maintenant pour arrêter l’inexorable marche du destin. Tout est fini pour lui . La Loi a parlé ; il l’a trop bien servie durant son existence pour la renier aujourd’hui qu’elle couronne si tragiquement son œuvre.
Il demande à écrire une dernière lettre : « Je n’ay rien à me reprocher ; je me suis toujours conformé aux lois ; je n’ay jamais été créature de Robespierre ni de Saint Just , au contraire , j’ay été sur le point d’être arrêté quatre fois . je meurs pour ma patrie sans reproche , je suis satisfait ; plus tard, on reconnaîtra mon innocence. »

Puis, il se livre à Sanson , qui attend , la corde en main.
Dehors, sur les quais , devant le Palais et jusque sur l’escalier monumental , la foule s’est assemblée tumultueuse. Personne ne veut manquer le spectacle unique du « grand pourvoyeur « allant à l’échafaud . Ils ne sont pas si nombreux ceux qui, dans ce peuple haineux , n’ont rien à lui réclamer . Celui-ci pourrait lui demander son père , tel autre sa mère , un troisième un frère, une amie, une parente.

Les 3 charrettes avancent lentement tant la foule est compacte. Dans la dernière, Fouquier attire tous les regards. On lui crie : « On va t’ôter la parole ! « , « Dans deux minutes , tu seras hors des débats », « Ta conscience est-elle assez éclairée ? », « Va rejoindre tes victimes scélérat ! «

Il n’y a pas loin de la Maison de Justice à la place de Grève , où doit avoir lieu l’exécution et cependant , on met presque une heure à franchir cette courte distance. Tout le monde veut voir.
Une jeune femme s’est accrochée aux barreaux de la charrette qui emmène Fouquier , et là, malgré la foule qui risque de l’étouffer à tout instant , malgré sa fatigue extrême , elle ne cesse , les larmes aux yeux et l’exécration aux lèvres , d’accabler l’assassin de son mari.

L’immense place de Grève est noire de monde. Des milliers de gens sont là, depuis ce matin : pour ne pas s’ennuyer , on bavarde avec ses voisins , on évoque les grands jours de Prairial avec leurs immenses fournées ; on achète des petits pains et de la limonade . un pareil événement mérite bien que l’on patiente un peu.

Fouquier est le dernier de la file ; il aura les honneurs de l’ultime parade. Attente atroce , plus épouvantable que le supplice lui-même. Il monte lentement le petit escalier de bois ; le voici sur la hideuse estrade.
Soudain, il perd l’équilibre ; son corps trapu décrit un arc de cercle , puis sursaute sous le terrible choc …
Alors des quatre coins de la place, la clameur demande cette tête exécrée . Sanson la présente , et le peuple fixe ses yeux sur cette face sanglante , qu’il insulte une dernière fois.

Loin de cette multitude , Mme Fouquier-Tinville n’a même pas de quoi acheter une livre de pain.

http://www.martine-chabbert.fr/FouquierTinville.htm

Article sur Fouquier-Tinville où il est question d'un livre sur Fouquier-Tinville , plus récent que celui de Castelnau.

Voici la carrière d'un de ses neveux

Fouquier d'Hérouel

http://www.genealogie-aisne.com/perso/fouquier.htm

Je comprends son désarroi à laisser sa femme et ses enfants à l'heure de la mort. Mais lui-même a-t-il pensé à tous ceux qu'il a rendu veufs(ves), orphelins ou parents désespérés ?

Il y a certainement pensé, mais c'était des familles de contre-révolutionnaires, de "méchants", alors bon .... et puis, on est toujours plus touché quand c'est soi que lorsque cela concerne les autres ...

Quand il a envoyé Camille Desmoulins, son parent, à la guillotine, à qui il devait sa carrière, s'est-il dit qu'il s'agissait d'un dangereux artistocrate ?
Et ensuite Lucile ? Qui soit dit en passant écrivait des articles très virulents contre Marie-Antoinette. Mais a priori, ce n'était pas suffisant pour être considérés comme de bons citoyens.

Il faut dire que Fouquier-Tinville avait pour boulot de faire condamner les prévenus donc il ne se posait pas plus de questions Il n'était pas avocat ni juge il était accusateur...

Pour excuser sa férocité, Fouquier-Tinville déclare : « Je n'ai été que la hache de la Convention ; punit-on une hache ? »

Bien à vous...pas à lui !

Ben voyons

Ce que diront les dignitaires nazis à Nuremberg...

Il a proclamé son innocence jusqu'au bout . Il ne se sentait nullement responsable . Il s'abritait derrière les ordres tout en les devançant même.
Quand je pense qu'il aurait pu faire une carrière pépére à St Quentin et qu'il serait vite devenu un notable de la ville...C'est fou qu'il ait choisi cette voie sans issue !
Nous ne saurons jamais les motivations de son choix...

Toujours à la vente que j'ai mentionnée dans une autre rubrique (Ader), la sinistre signature de Fouquier-Tinville.



Antoine-Quentin Fouquier-Tinville (1746-1795) - le 4 Octobre 1793, 1 page petit in-8 en partie imprimé

procès de Marie-Antoinette - le décret ordonnant la Reine de jugement.

« Reçu du Citoyen Ministre de la Justice, le [Décret] numéroté 1634 qu’il m’a adressé le 3. 8bre ». [Ce Décret de la Convention du 3 octobre 1793, reçu le lendemain par Fouquier, est bien celui qui ordonne le jugement, comme l’a noté au crayon sur le document le précédent collectionneur M. Gamelin : « Reçu du décret de la Convention du 3 oct. 93 ; ordonnant le jugement sans délai et sans interruption de la Veuve Capet, effectivement reçu par F. Tinville le 4 oct ». Le procès commencera le 14 octobre 1793 ; la Reine sera condamnée dans la nuit du 15 au 16 et ramenée dans sa cellule à la Conciergerie à 4 heures du matin et exécutée le même jour à midi.]

Ancienne collection Marcel Deviq.