Polaire, Colette et la Chevalière

Ben, elle était comme ça, la pauvre petite... et ça ne l'empêchait pas de gambader comme une chèvre et d'être très joyeuse.



Sa taille et sa gouaille étaient exceptionnelles.



C'est elle qui a interprété le rôle de Claudine au théâtre. Willy les obligeait à se pavaner, elle et sa femme, déguisées en "twins".

Même coiffure, donc, mêmes vêtements, mais pas même corpulence !

Voici Colette et Toby Chien:

Pauvre Polaire morte seule et pauvre ," amie "de Colette oui, si on veut, mais Colette n'est pas connue pour sa fidélité en amitié , si peut être avec Moréno et Nathalie Barney, Colette était du genre opportuniste, ce que je déteste le plus, elle a abandonné son amie Missy, Comtesse de Belbeuf, nièce de Napoléon lll, pourtant celle ci fut généreuse avec elle, l'ingrate.Elle ne fut même pas capable d'élever "belle gazou," sa fille, mère indigne certainement , elle ne pensait qu'à ses histoires de c...J'aime beaucoup l'écrivain, je n'aime pas la femme qu'elle fut.

Vous êtes dur avec cette pauvre Gabri, comte d'Artois... Je dirai à sa décharge que la liberté était une épreuve inconnue, pour les femmes de son époque. Comme elle le dit elle-même, un horaire de train, c'était déjà tout un monde, pour elle et ses semblables...

Mais la Chevalière fut certainement plus courageuse qu'elle, vous avez raison.

Ma chère Pim , j'ai été passionné par Colette très tôt, elle était un modèle pour moi, j'ai fait partie de l'association "les amis de Colette "; à l'instar de ma passion pour la Reine,(qui elle ne m'a jamais déçu) je collectionnais tout sur elle, j'ai lu tout ses livres, mais je n'aime pas les opportunistes, je ne peux excuser un tel comportement, cela dépasse mon entendement, je suis quelqu'un d'entier , quand je suis déçu , je suis déçu. Missy l'a aider à tout point de vue, lui a offert Rozven ,mais je pense ne rien vous apprendre, elle l'a laissé choir comme une vieille chaussette.Que dire de ça, pour moi, elle est tombée de son piédestal , elle aimait les honneurs et avait toujours peur de manquer , j'ai lu ses lettres à sa fille, pauvre Belle Gazou , on comprend qu'elle ne se soit jamais remise de sa filiation.

En effet, comte, le besoin de reconnaissance et la peur de manquer ont toujours guidé son comportement, vous avez raison. Il me semble ainsi qu'elle a souvent utilisé les gens, comme elle l'a fait de cette généreuse, cette noble Missy.

Heureusement que la plume de Colette lui a rendu hommage... c'est déjà ça... mais ça ne compensera jamais l'ingratitude, nous sommes bien d'accord.

Que penser de Bertrand de Jouvenel, aussi ? Parmi tous les scandales commis par Minet Chéri, en voilà bien un qui m'a toujours rendu mal à l'aise...

Colette avait ses limites, bien terriennes et bien bourgeoises, tout compte fait. Peut-être faut-il essayer de dépasser la déception pour la relire, à tête reposée, en tenant compte de tous ses défauts ?

Ma chère , je suis on ne peux plus d'accord avec vous, malgré ses défauts j' aime ses livres et je les relis, mais plus rien n'est pareil et Dieu sait combien je l'ai aimée et combien sa façon de voir la vie a pu m'aider , je suis allé mettre des fleurs sur sa tombe , c'est vous dire!!! Ses sentences me servaient de "fanal ", bref , elle était de ma famille. Quant à l'histoire de Bertrand de Jouvenel , cela aussi m'a choqué , et aussi le fait qu'elle a toujours occulté son côté "saphique", hypocrisie bourgeoise peut-être et pourtant ce sont ces scandales aussi qui lui ont valu la célébrité. Bien à vous

Vous résumez parfaitement les choses, cher comte... C'est le côté frondeur de Colette qui a fait son succès, au départ. Tout essayer, tout braver faisait partie de son personnage, parfaitement uranien. Mais, comme elle l'avoue elle-même, sous l'apparence existait une femme bien rangée, voire inquiète. Celle, pour reprendre votre expression, que poursuivait la peur de manquer.

C'est ainsi qu'elle abandonnera la flamboyante Missy pour se réfugier dans la sécurité d'un mariage bien sous tous rapports. Et, dans ce cadre propret, elle pourra s'offrir les palpitations du reportage, infiniment moins dangereux que l'existence assumée par la Chevalière.



Colette a flirté avec le scandale comme une petite fille qui veut se faire peur, comme elle a un temps joué à la marchande. Lorsque la reconnaissance de ses pairs lui est venue, sa réputation faisait tache, et elle a tout fait pour la minimiser. Comme ces demi-mondaines qu'elle avait tant fréquentées, elle s'est acheté une conduite.  

Ce qui est bien, toutefois, c'est qu'en dépit de ses tentatives de lissage a posteriori, Colette apparaît toute dans ses livres. C'est la lecture de "Mes apprentissages" qui me l'a fait aimer. Toute la période où elle se sépare de Willy pour embrasser la vie de music-hall, avec ses battements de coeur, ses galères...


... oui, je sais, elle n'était pas vraiment en danger, puisque Missy était là pour la ramasser...

Oui, chère Pim, Missy la mettait à l'abri de tout problème financier et matériel et lui assurait une protection tutélaire. Moi j'aime entre autre "La vagabonde" et sa Renée Néré, double de Colette elle même , cette vie de déclassée bohème m'a plu , aussi "Le Toutounier", "Julie de Carneilhan", Colette avait l'humour cinglant et était sans pitié pour juger autrui, j'aime aussi quand elle dit :" Qu'aurais-je fait d'une vie qui n'eut été que rose? " .Colette m'a appris à ne pas me leurrer sur la vie et je pense qu'au fond c'était une pessimiste et quelqu'un de mélancolique donc de lucide et j'aime ça.

Et que pensez vous du fait qu'elle ait, pour faire libérer Goudeket ,été frappée à la porte de Brasillach (dont je n'approuve pas le comportement bien sûr) et qu'à la libération quand les amis de celui-ci ont voulu lui faire signer (à Colette) une pétition pour le faire gracier ,elle ait refusé , oubliant alors volontairement le service que lui avait rendu l'écrivain; encore une preuve de son opportunisme , je trouve ça moche de la part d'une femme comme elle ,je pense aussi que Goudeket avait ce comportement, je l'aime pas celui là ; il faut voir comment il se comportait avec Belle Gazou qui ne l'aimait pas plus et comment il empêchait Nathalie Barney et d'autres de venir voir leur amie infirme,il se la garder pour lui. Il faut lire ses lettres à sa fille; elle est dure avec la jeune Colette de Jouvenel, lui reprochant presque le chagrin que celle-ci éprouve au décès de ce père qu'elle adorait , lui disant de penser plutôt à sa veuve et tout est à l'avenant , c'est terrible. Merci Pim pour les photos , elle avait du charme quand même la coquine.

Comte d'Artois a écrit:

Oui, chère Pim, Missy la mettait à l'abri de tout problème financier et matériel et lui assurait une protection tutélaire. Moi j'aime entre autre "La vagabonde" et sa Renée Néré, double de Colette elle même , cette vie de déclassée bohème m'a plu , aussi "Le Toutounier", "Julie de Carneilhan", Colette avait l'humour cinglant et était sans pitié pour juger autrui, j'aime aussi quand elle dit :" Qu'aurais-je fait d'une vie qui n'eut été que rose? " .Colette m'a appris à ne pas me leurrer sur la vie et je pense qu'au fond c'était une pessimiste et quelqu'un de mélancolique donc de lucide et j'aime ça.

Oh, oui, "La vagabonde" ! J'aime beaucoup aussi... bien que je le trouve un peu plus enjolivé que "Mes apprentissages", qui me paraît plus brut de décoffrage.

J'ai été très sensible à la manière dont Colette décrit la jalousie, cette bête rampante qui vous ronge à l'intérieur, et la solitude. Cette impression traverse la plupart de ses récits, elle est seule au milieu des autres.

Vous avez raison, elle est d"une lucidité cruelle. Et ce n'était pas une joyeuse, même si elle croquait la vie avec gourmandise. A moi aussi, à une certaine époque, particulièrement difficile, elle m'a beaucoup appris. A quitter, notamment, lorsque c'est devenu vital.

Comte d'Artois a écrit:

Et que pensez vous du fait qu'elle ait, pour faire libérer Goudeket ,été frappée à la porte de Brasillach (dont je n'approuve pas le comportement bien sûr) et qu'à la libération quand les amis de celui-ci ont voulu lui faire signer (à Colette) une pétition pour le faire gracier ,elle ait refusé , oubliant alors volontairement le service que lui avait rendu l'écrivain; encore une preuve de son opportunisme , je trouve ça moche de la part d'une femme comme elle ,je pense aussi que Goudeket avait ce comportement, je l'aime pas celui là .

Je pense que Goudeket est tombé comme tous les autres, the right man in the right place, comme on dit. Je ne dirai pas que Colette ne les aimait pas, mais bien qu'elle s'éprenait toujours de la personne utile.

Après le directeur de journal, le financier, pour la tirer d'affaire et gérer son capital, à savoir sa réputation. Il se l'est gardé tout à lui, c'est vrai, mais il a eu du mérite, aussi. Car qu'était-elle devenue, notre Colette ? Une vieille dame infirme à soigner...



Colette elle-même ne décrit pas leurs débuts comme une passion, si je me souviens bien. Comme réelle passion charnelle, elle n'a eu que Jouvenel, je crois. Et comme réelle amie, que Marguerite Moreno, peut-être...

L'attitude que vous dérivez illustre bien le grand paradoxe de cette femme: en elle coexistait la vraie et l'héroïne, celle qui aimait tant défrayer la chronique, celle qui plus tard cultivera son image de jardinière...

La vraie Colette est bien plus intéressante, au fond. C'est celle qui va frapper à toutes les portes pour sauver l'homme qu'elle aime. Ce qu'on ferait tous évidemment. Qui s'embarrasserait de politique quand le coeur est en jeu ?

Puis vient la paix, et le personnage que Colette se construit ressurgit. Un tel homme est incompatible avec elle aux yeux de la galerie. Elle refuse donc de signer la pétition. C'est ultra moche, humainement, mais bien dans sa ligne de conduite.

Les funérailles nationales, il faut bien les mériter !

Comte d'Artois a écrit:

il faut voir comment il se comportait avec Belle Gazou qui ne l'aimait pas plus et comment il empêchait Nathalie Barney et d'autres de venir voir leur amie infirme,il se la garder pour lui. Il faut lire ses lettres à sa fille; elle est dure avec la jeune Colette de Jouvenel, lui reprochant presque le chagrin que celle-ci éprouve au décès de ce père qu'elle adorait , lui disant de penser plutôt à sa veuve et tout est à l'avenant , c'est terrible.

En effet, ses rapports avec sa fille sont pour le moins compliqués. Elle a eu l'air de s'intéresser au fait de tomber enceinte, biologiquement, mais s'est très vite retrouvée embarrassée de cette enfant qui lui traînait dans les pieds.

Faut dire qu'elle avait d'autres chats à fouetter, avec Jouvenel qui courait les jupons !

Longtemps, j'ai éprouvé peu d'intérêt pour ces gens qui gravitaient autour de Colette. Cette Bel Gazou inodore incolore insipide... Puis, j'ai vu un documentaire sur elle à la télé, il n'y a pas si longtemps. C'était une fille très intéressante, en fait, très lucide, elle aussi. Et qui n'a jamais pu se libérer des entraves que sa mère lui avait mises. Très triste, vraiment.

Pas de photo de "la petite Colette" sur le net, mais elle a quand même droit à son article dans wiki :
http://en.wikipedia.org/wiki/Colette_de_Jouvenel

Voici Sidonie Gabrielle avec son père, puisque, comme moi, vous aimez les photos :



Et voici une photo qui fit scandale :



Elle avait l'art de se mettre en scène, Minet Chéri... et de se laisser mettre en scène :



Ici se trouve toute une série de photos que je ne peux pas copier :
http://images.google.be/images?gbv=2&ndsp=20&hl=fr&q=+site:cache.gettyimages.com+sidonie+gabrielle+colette

Il y en a une de Colette de Jouvenel, mais petite et avec sa mère, bien sûr, et une de Willy et ses twins, notamment.

Voici la photo avec Bel Gazou, copiable, cette fois-ci :



Demander "Colette de Jouvenel" ne donne rien, mais, avec "Bel Gazou", ça marche.

Et quelques photos qui me plaisent :

Ma préférée, j'aurais tendance à dire, parce que c'est comme ça que j'ai envie de voir Colette :



Avec son gros stylo d'écrivain, son papier bleu, travaillant sous l'oeil protecteur de la Chatte Dernière... Mais, à y regarder mieux, c'est que du chiqué ! Le papier est déjà tout écrit... Du Colette pur jus, quoi... trafiqué, et pourtant tellement beau...




Cette photo illustre parfaitement notre conversation, cher comte, ne trouvez-vous pas ? D'ailleurs, ça m'a souvent frappée, à quel point Colette n'a pas l'air tendre, sur ses photos de maturité. Elle a le regard dur, et, comme vous dites, lucide. On sent une femme prête à tout pour arriver à ses fins...

Pourtant, elle avait un côté vélléitaire, aussi... Absent des photos...

Celle-là, j' l'adore !



J'aurais presque tendance à croire qu'elle n'est pas posée, qu'elle est naturelle...


Encore un cliché d'un spectacle scandaleux :


Vraiment, j'aime beaucoup toute sa période music hall, les photos sont expressionnistes.


Et celle-ci, je ne l'avais jamais vue :



Je connaissais l'autre, hiératique, pharaonique, mais pas son pendant relâché. Elle est très mignonne. Vive le net !  

Yep ! Encore une photo de Colette de Jouvenel ! La voici maquillée par sa mère dans son institut de beauté :




Et une photo de Colette et Missy mises en scène. Je ne la connaissais pas non plus, celle-là. Très symbolique de leru relation...




Une lettre de Colette à Missy :

Merci Pim pour toutes ces photos

Je vois que tu as du flair! A une heure aussi matinale un Samedi qui plus est

C'est vrai qu'elles sont toutes originales!

Merci à vous, Pim, pour ce reportage photos exceptionnel. C'est fou ce que Colette ressemble à un Lautrec, un mélange subtil de la Goulue et Jane Avril .
Merci au Comte d'Artois et vous pour cet échange passionnant sur Colette, que nous suivons tous passionnément , mais dans lequel personne n'ose intervenir tellement votre tac au tac est en même temps profond et pointu. Nous écoutons humblement les spécialistes !!!!

Vous êtes tous les deux bien gentils ! Merci !

Il y a bien longtemps que je ne m'étais plus penchée sur Colette. Je l'ai lue passionnément il y a une... oups, déjà ?! ... oui, une vingtaine d'années...

Alors, quand la discussion a commencé avec notre cher comte d'Artois, je n'ai pas pu résister à m'y plonger... Que de souvenirs ! Et quelques recherches sur le net m'ont fait découvrir des clichés que je ne connaissais pas.

Oui tu sembles bien l'apprécier en effet

Oui, ça a été une grande rencontre dans ma vie. Je partage les sentiments de notre comte : Colette m'a aidée à traverser des situations pénibles. Lire ses expériences et ses confessions m'a mieux permis de surmonter mes difficultés. Elle dit qu'on ne meurt d'amour qu'une fois, la première. Ca va, c'est bon, j'en suis sortie... un peu grâce à ses conseils.

Citation :

Merci à vous, Pim, pour ce reportage photos exceptionnel. C'est fou ce que Colette ressemble à un Lautrec, un mélange subtil de la Goulue et Jane Avril .

Oui, c'est tout à fait ça ! J'adore le côté mélodramatique de cette époque. C'était du mime, et donc du surjoué.

C'est vrai que ces photos sont artistiques

Ma chère Pim , vous me dites que vous trouvez Colette triste et dure sur les photos, c'est vrai et c'est pour ce regard triste aussi que je l'ai aimé, elle disait, je crois que c'est dans "l'Entrave" , que le bonheur est quelque chose de grave, je comprends cela, mais je lui serait toujours redevable de m'avoir "fait ", ce que je suis , je le lui doit et en cela je lui suis resté fidèle.Quand à Bel -Gazou que vous trouviez insipide, non, elle ne l'était pas je vous assure , quand on lui demandé ce que cela faisait d'être la fille de Colette , elle répondait "On mets toute une vie à s'en remettre" et comme Sido appelait "minet chéri" à son chevet , se plaignant de l'éloignement de celle -ci, Colette plus tard, devenue infirme, fera de même avec Bel-Gazou qui aura pris ses distances avec son écrivain de mère. Si Colette de Jouvenel a souffert du manque d'affection de sa maman , cela c'est je pense répercuté lors de son mariage "éclair ", auquel Colette n'assista pas bien sur, elle ne se remaria jamais, entra dans la résistance, mit à l'abri sa mère dans son château de Curremonte et la pourvoya en victuailles et autres denrées alimentaires quand celle -ci ,qui " avait l'habitude de passer ses guerres à Paris " regagna la capitale. Elle fut décorée pour son comportement à la libération et devint, je crois ,maire de son village,puis ouvrit un magasin d'antiquités avec une amie à Paris en autre.

Merci pour ces renseignements, comte d'Artois. J'étais toute jeunette à l'époque, je ne voyais que ce qui brillait... le music hall, le scandale... l'insolence de Claudine qui donne du peps...

Discuter ainsi avec vous me fait remonter des souvenirs, mais apparaître aussi des sentiments que je n'éprouvais pas alors. J'aimerais à présent en savoir plus sur Missy, sur Colette de Jouvenel... sur Willy, même...

On n'a jamais sur lui que le point de vue de Colette. Mais j'avais déjà lu à l'époque quelques témoignages qui montraient qu'il n'était pas tout à fait l'homme qu'elle avait dépeint.

Merci de m'en avoir dit davantage sur Bel Gazou. Cela s'ajoute au reportage que j'avais vu, et lui rend un peu justice. C'est dur, d'exister, quand on a une mère qui prend toute la lumière !