| | Madame Roland | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Mar 30 Oct - 19:37 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Oh que j'ai envie de retrouver les Mémoires de Madame Roland ! C'est très intéressant ce qu'elle dit !
Elle est brillante, c’est sûr. Mais enfin, on ressent très bien toute l’amertume, la rage, le désespoir qu’elle couche sur le papier. Elle fait feu de tout bois, et l’on se demande parfois qui trouve grâce à ses yeux. A peine, à peine, son mari ! Qu’elle défend pourtant tant bien que mal... Elle se juge comme la victime d’un tourbillon fatal, injustement coincée au milieu d’une mêlée d’hommes, de scélérats, ou d’abrutis. Et elle serre le poing, cela se lit nettement. Enfin, on peut la comprendre quand on sait dans quelles conditions elle écrit ces sortes de Mémoires : elle est au pied de l'échafaud, nul n’écoutera ses plaintes et sa défense, et non pas tranquillement installée à côté d’un bon feu de cheminée, des années après les faits. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Mar 30 Oct - 19:49 | |
| - Citation :
- Parce qu’il ne s’agit pas de LA situation, mais DES situations qui se sont succédées, ou enchevêtrées, parfois avec causalité, mais également avec des accélérations aussi fulgurantes qu’imprévisibles.
Alors, qui aurait pu être l’homme de la situation ? L’on voit bien que la révolution a dévoré ses têtes d’affiche successives, et que nul n’a tenu la barre sans la lâcher, ou sans en être vraiment tout à fait maître. Nous avons certainement fait une grosse perte en la personne de Mirabeau ... Peut-être, lui, aurait-il pu être l'homme de la situation, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle, ce qui était le voeu de la nation avant que tout ne dégénère . Je ne sais pas . Je lui accorde peut-être trop de crédit ? Il n'était pas un enfant de choeur, un ambitieux c'est certain, mais quelle tête politique, et quelle extraordinaire autorité !!! Comme il est passé les pieds outre avant de faire ses preuves, je garde mes illusions . - Citation :
- Je rebondis d'ailleurs avec cet autre propos de Mme Roland, qui en fait elle aussi l’amer constat ( mais de manière bien plus tranchée que ce que je pense toutefois ).
Elle le fait à l’occasion d’une bonne claque qu’elle donne à Necker :
Necker qui faisait toujours du pathos en politique comme dans son style, homme médiocre dont on eut bonne opinion parce qu’il en avait une très grande de lui-même qu’il annonçait hautement ( ), mais sans prévoyance des évènements, espèce de financier renforcé, qui ne savait calculer que le contenu de sa bourse, et parlait à tout propos de son caractère comme les femmes galantes parlent de leur chasteté ( ), Necker était un mauvais pilote dans la tourmente qui se préparait.
La France était comme épuisée d’hommes ; c’est une chose vraiment surprenante que leur disette dans cette Révolution, où il n’y a guère eu que des pygmées ! Il me scotche, ce passage ! Il sonne tellement moderne : Necker fait du pathos ... et puis Il n'y eut guère que des pygmées ... et la chasteté des femmes galantes Roland ne devait pas avoir souvent le dernier mot avec sa femme. Elle avait le verbe qui tue ! Plutôt qu'une ribambelle de pygmées, il y a surtout eu succession de guerres des chefs qui se sont entretués sans merci . Mais on peut difficilement comparer à des pygmées toutes ces grandes figures de la Révolution. Là, Manon charrie légèrement . Enfin, je trouve . Tu te rappelles notre dernière conversation . Cette époque fourmillait au contraire de types hors du commun, ce que n'était pas Loulou, loin s'en faut . La Révolution était trop cataclysmique pour ne pas tout détruire sur son passage, comme Sandy . Peut-être fallait-il faire table rase du passé pour repartir d'un bon pied ? - Citation :
-
- Citation :
- Comment le nier ???!!!
Hum...c’est à dire qu’en face, à côté, devant, derrière, nombreux étaient ceux à tendre la jambe, voire à le pousser, pour qu’il se prenne fatalement les pieds, et chute. Tout de même...
Aussi, tu sais bien que je suis de ceux qui pensent que, de toutes les manières et au sujet de quelques points majeurs, les dès étaient presque jetés avant que la partie ne commence vraiment... Pourtant, pourtant, pourtant !!! Si le roi avait été fiable !!! S'il avait été droit dans ses bottes, sincère dans son acceptation de la Constitution !!! Cela aurait été tellement raisonnable de sa part ........... une telle boucherie évitée ....... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Mer 31 Oct - 0:06 | |
| - Citation :
- Nous avons certainement fait une grosse perte en la personne de Mirabeau ... Peut-être, lui, aurait-il pu être l'homme de la situation, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle, ce qui était le voeu de la nation avant que tout ne dégénère . Je ne sais pas .
Ah ! C’est le seul qu’elle épargne un peu, et à qui elle accorde quelques mérites. Mais elle l’a peu connu. Au mois de février 91, Roland fut député extraordinairement par la commune de Lyon pour discuter ses intérêts auprès de l’Assemblée constituante. Nous vînmes à Paris avec tout l’empressement qu’on peut imaginer. J’avais suivi, dans les papiers publics, les opérations de l’Assemblée, les opinions de ses membres ; j’avais étudié le caractère et les talents de chacun ; je me hâtai d’aller voir ce que leur personne et leur débit devaient ajouter ou retrancher à mon jugement.
J’entendis, mais trop peu, l’étonnant Mirabeau. Le seul homme, dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes et impulser une assemblée ; grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire, et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander. Il mourut bientôt après ; je crus que c’était à propos pour sa gloire et la liberté ; mais les évènements m’ont appris à le regretter davantage : il fallait le contrepoids d’un homme de cette force pour s’opposer à l’action d’une foule de roquets ( ), et nous préserver de la domination des bandits.
Juste pour le plaisir d’un énième coup de griffes, celui à l’attention des frères Lameth. Chaud devant, chaud... Les séduisants Lameth ne me séduisirent point. Ces jeunes tribuns cachaient leur médiocrité sous quelques phrases politiques volées à l’abbé Sieyès dans les comités qu’ils avaient, au commencement, tenus chez La Borde, à Versailles ; et ils sentaient encore l’écolier. Mais je compris comment ils séduisaient un peuple ignorant, aussi sensible à la flatterie qu’un prince imbécile ; et, s’ils savaient peu de choses, il faut convenir qu’ils avaient l’art de le faire valoir. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Mer 31 Oct - 8:26 | |
| - Citation :
- J’entendis, mais trop peu, l’étonnant Mirabeau. Le seul homme, dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes et impulser une assemblée ; grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire, et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander.
Il mourut bientôt après ; je crus que c’était à propos pour sa gloire et la liberté ; mais les évènements m’ont appris à le regretter davantage : il fallait le contrepoids d’un homme de cette force pour s’opposer à l’action d’une foule de roquets (), et nous préserver de la domination des bandits.
Tu vois comme nous sommes bien d'accord, Manon et moi ! S'il y avait un homme de la situation, s'il n'y en avait qu'un seul, c'était bien Mirabeau ! En voilà un qui était très au-dessus du lot ! Vicq d'Azyr, qui pratiqua l'autopsie de Mirabeau, était persuadé de l'empoisonnement criminel . Et, puisque tu parles de ces trois frères Lameth, le bruit courut de leur culpabilité . Les Lameth traversèrent la Révolution en gardant leurs têtes sur leurs épaules pour finir par lécher les bottes de Louis-Philippe, enfin Charles en tout cas ... Il faut convenir qu’ils avaient l’art de le faire valoir ... Là encore, Mme Roland fait montre de perspicacité ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Mer 31 Oct - 20:33 | |
| Absolument , Mirabeau était bel et bien l'homme de la situation et c'est bien pour cela qu'on l'a empoisonné ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Sam 3 Nov - 23:23 | |
| A verser au crédit de notre amie Louis XV. Les poutous sont des baisers en dialecte languedocien. Roland avait été intendant au Languedoc pendant deux ans. Et naturellement Manon lui faisait deux, trois, vingt poutous sur les yeux, la bouche et le front.... Bref, c'était un couple très uni à tous les points de vue ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 4 Nov - 0:18 | |
| Il y avait une très grande différence de caractère entre les deux époux. Voici ce que dit mon livre : "...Elle ne s’en plaignait pas pourtant , c’était là la vie du réduit à deux. Plus pénible était l’autoritarisme de Roland . Il semble qu’elle n’ait acquis de l’influence sur lui que très lentement. Roland ne s’entendait avec aucun de ses supérieurs et faillit même être révoqué en 1784. Un seul témoin, à Montpellier certifie « son caractère très doux ». Tous les autres, au contraire, le trouvaient mauvais écrivain , mauvais politique, contradicteur perpétuel , faisant l’homme supérieur , prétentieux en tout genre . Ce dont Roland manquait, c’est de légèreté . Et comme tous les hommes trop sérieux , il se laissait aller à la parcimonie : « Econome jusqu’à se moucher des doigts de peur d’user son mouchoir dont il ne se sert que pour essuyer ce qui y reste encore attaché quand encore il les a secoués plusieurs fois ». Cette peinture caricaturale surgie sous la plume du méchant Bruyard sans doute exaspéré de la pingrerie de son compagnon correspond à de nombreux détails de la correspondance. La jeune femme eut d’autant plus à souffrir de ce travers qu’elle était elle-même très généreuse.
La bonté est certainement l’un des traits dominants du caractère de Madame Roland , « la source unique de mes erreurs « disait-elle . Bonté naturelle et bonté systématique. Elle eut toujours depuis sa jeunesse , des protégés sur qui elle répandait ses bienfaits , sa bonne , Mignonne , par exemple , qu’elle soigna avec un dévouement que même ses proches ne comprenaient pas. Cette bienfaisance ne se ralentit à aucun moment de sa vie. Au Clos, elle soignait elle-même ses fermiers au lieu de les envoyer à l’hôpital comme c’était l’usage. « Ma femme est l’apothicaire du canton « disait Roland qui la trouvait souvent trop prodigue. Plus tard, épouse du ministre de l’intérieur , elle consacrait d’importantes sommes à des œuvres de charité. Aucune détresse ne la laissait insensible. On lui signala , après le 10 août , le cas d’un vieux ménage d’aristocrates tombé dans la misère. « Croyez-vous , dit-elle à Gosse , que je puisse supporter l’état affreux de ces malheureux ? Non, j’aime mieux me passer de tout. « Le bien pour elle était la rançon du bonheur. Cette bonté est le principal souvenir qu’elle a laissé à ses descendants. Comme je demandais à Madame Paul Fiérens , son arrière petite fille , quelle tradition orale lui avait été transmise dans son enfance à propos de Madame Roland , elle me répondit qu’on lui avait d’abord parlé du bien qu’elle faisait autour d’elle au Clos.
Cette vie austère , Roland la saupoudrait encore de son humeur. Même s’il aimait la plaisanterie , il n’avait aucune gaieté et souffrait de crises. Comme tous les anxieux, il se préoccupait beaucoup de sa santé , de celle de sa femme ."
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 4 Nov - 10:39 | |
| Incroyable mais vrai ! Les descendants de Madame Roland habitant toujours le Clos de la Platière !
http://muscadins.com/intro3.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 4 Nov - 10:44 | |
| Une petite info sur la descendance de Madame Roland
http://www.neababeloued.fr/academie_delphinale.html |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 4 Nov - 10:46 | |
| Theizé
http://poutan.fr/pref.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 4 Nov - 10:50 | |
| Madame Roland et le Clos de la Platière à THEIZE village historique.de SCHIFF, Jean Sans date (vers 1950) plaquette in 12, 45 pages, ill. d'Henri Grisot. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Sam 10 Nov - 17:37 | |
| Son père, le seigneur de la Platière , était conseiller du roi au baillage du Beaujolais . Sa mère Beysse de Montozan était apparentée aux Choiseul. Roland disait de Manon : « Elle a des connaissances , des talents et surtout beaucoup d’ âme . "
La garde-robe de Madame Roland était très réduite, si l’on en juge par l’inventaire de 1777, au moment de la liquidation de la Communauté Phlipon. Elle avait peu de bijoux. Le mariage eut lieu le 4 février 1780 à l’église St Barthélémy dans la Cité, où ses parents s’étaient eux-mêmes mariés en juin 1750. Le chanoine Pierre Bimont , oncle maternel de Manon , officiait. L’assistance était peu nombreuse , composée exclusivement des témoins , le frère de Roland et le jeune Cannet de Sélincourt , ce qui étonne puisque puisque sa sœur Henriette avait été fiançée au marié. Il n’y eut aucune réception et pour tout voyage de noces on alla à Vincennes chez l’abbé Bimont, curé de la Sainte Chapelle. Puis les mariés s’installèrent faute de mieux , chez le monstrueux et indéfinissable Phlipon . Il devait mourir en 1789 , non sans leur avoir causé encore quelques soucis. Car ils durent à plusieurs reprises payer ses dettes. Il n’était pas encore complètement démuni puisque à sa mort , Mme Roland hérité de lui une somme de 14 349 livres 17 sols.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Sam 10 Nov - 17:39 | |
| Mais ledit sieur Roland avait un drôle de caractère . Roland ne s’entendait avec aucun de ses supérieurs et faillit même être révoqué en 1784. Un seul témoin, à Montpellier certifie « son caractère très doux ». Tous les autres, au contraire, le trouvaient mauvais écrivain , mauvais politique, contradicteur perpétuel , faisant l’homme supérieur , prétentieux en tout genre . Ce dont Roland manquait, c’est de légèreté . Et comme tous les hommes trop sérieux , il se laissait aller à la parcimonie : « Econome jusqu’à se moucher des doigts de peur d’user son mouchoir dont il ne se sert que pour essuyer ce qui y reste encore attaché quand encore il les a secoués plusieurs fois ». Cette peinture caricaturale surgie sous la plume du méchant Bruyard sans doute exaspéré de la pingrerie de son compagnon correspond à de nombreux détails de la correspondance. La jeune femme eut d’autant plus à souffrir de ce travers qu’elle était elle-même très généreuse.
La bonté est certainement l’un des traits dominants du caractère de Madame Roland , « la source unique de mes erreurs « disait-elle . Bonté naturelle et bonté systématique. Elle eut toujours depuis sa jeunesse , des protégés sur qui elle répandait ses bienfaits , sa bonne , Mignonne , par exemple , qu’elle soigna avec un dévouement que même ses proches ne comprenaient pas. Cette bienfaisance ne se ralentit à aucun moment de sa vie. Au Clos, elle soignait elle-même ses fermiers au lieu de les envoyer à l’hôpital comme c’était l’usage. « Ma femme est l’apothicaire du canton « disait Roland qui la trouvait souvent trop prodigue. Plus tard, épouse du ministre de l’intérieur , elle consacrait d’importantes sommes à des œuvres de charité. Aucune détresse ne la laissait insensible. On lui signala , après le 10 août , le cas d’un vieux ménage d’aristocrates tombé dans la misère. « Croyez-vous , dit-elle à Gosse , que je puisse supporter l’état affreux de ces malheureux ? Non, j’aime mieux me passer de tout. «
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Sam 10 Nov - 17:40 | |
| Cette vie austère , Roland la saupoudrait encore de son humeur. Même s’il aimait la plaisanterie , il n’avait aucune gaieté et souffrait de crises. Comme tous les anxieux, il se préoccupait beaucoup de sa santé , de celle de sa femme . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 18 Nov - 10:37 | |
| Le livre de Françoise Kermina est beaucoup trop détaillé. Je me noie sous les détails. A un moment donné , elle dit dans son livre que le couple a fait ménage à trois. Oh, ce n'est pas ce que l'on croit ! Cet ami respectait trop le couple pour cela . N'empêche qu'il a vécu à leurs côtés pendant plusieurs années, partageant le gîte et le couvert. J'espérais une synthèse . Pour le coup, je suis plutôt déçue. De toute façon, je n'ai pas fini le livre mais il faut que je le rende. Je crois plutôt que la synthèse, je la trouverais dans le livre de Cornut-Gentile. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Roland Dim 18 Nov - 10:47 | |
| Et qu'est-ce qu'on s'en tape qu'ils ont fait ménage à trois pendant quelques années ? Tu parles d'une info ! Quel intérêt pour une meilleure connaissance du personnage historique ? |
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| Sujet: Re: Madame Roland | |
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