Journée du 10 Août 1792

Chou d'amour a écrit:

Mais lui aussi n'a pu que regretter la faiblesse du roi et les dérives révolutionnaires.

Il a pourtant bien su profiter, par la suite, de la défaite de Louis XVI...

Bien à vous.

Je vous copie son récit de l'événement (Mémorial de Sainte-Hélène) :

Je me trouvais, à cette hideuse époque, à Paris, logé au Mail, Place des Victoires.
Au bruit du tocsin et de la nouvelle qu'on donnait de l'assaut des Tuileries, je courus au Carrousel, chez Fauvelet, frère de Bourrienne, qui y tenait un magasin de meubles.
C'est de cette maison que je pus voir à mon aise tous les détails de la journée.
Avant d'arriver au Carrousel, j'avais été rencontré dans la rue des Petits-Champs par un groupe d'hommes hideux, promenant une tête au bout d'une pique.
Me voyant passablement vêtu et me trouvant l'air d'un Monsieur, ils étaient venus à moi pour me faire crier Vive la Nation ! ce que je fis sans peine, comme on peut bien le croire.

Le Palais forcé et le roi rendu au sein de l'Assemblée, je me hasardais à pénétrer dans le jardin.
Jamais, depuis, aucun de mes champs de bataille ne me donna l'idée d'autant de cadavres que m'en présentèrent les masses de Suisses, soit que la petitesse du local en fit ressortir le nombre, soit que ce fût le résultat de la première impression que j'éprouvais de ce genre.
J'ai vu des femmes bien mises se porter aux dernières indécences sur les cadavres des Suisses...

Napoléon oublie dans ces mémoires de répéter le méprisant "gros cochon" qu'il a lancer ce même jour (en corse) en voyant Louis XVI aller des Tuileries vers l'assemblée...

Il est vrai que quand il écrit son "Mémorial de Sainte Hélène", il se retrouve coincer sur une ile perdu au milieu de nul part !

Et en France, le trône est à nouveau occuper par un bourbon....

Cette journée tragique racontée par un futur empereur qui était là incognito et alors qu'il était inconnu...c'est marrant je trouve  

Citation :

Citation :

 Mais lui aussi n'a pu que regretter la faiblesse du roi et les dérives révolutionnaires.

Il a pourtant bien su profiter, par la suite, de la défaite de Louis XVI...

Certes, mais bien après tout de même. Je dirais surtout qu'il a profité de la défaite des bourreaux de Louis XVI  

Il a surtout su profiter de la déconfiture totale du directoire...

Je peux citer l'expression de Castelot dans son livre sur Fouché, quand il raconte le coup d'état du 18 Brumaire : "c'est le glas du régime pourri" !

Et Castelot de raconter la fuite épouvantée des députés des Cinq Cent qui se sauvent en semant leurs jupes sur les pelouses de Saint Cloud...



Il a d'ailleurs roulé superbement Barras, qui avait "découvert" Bonaparte, qui se serait bien vu au pouvoir à sa place...

Citation :

Je vous copie son récit de l'événement (Mémorial de Sainte-Hélène) :

Ouaip ! Les souvenirs de Napoléon recueillis par Las Casas sont très intéressants !
Ils fourmillent de petits détails pas piqués des hannetons .  
Merci pour cet extrait !  

Très détaillé aussi est le récit de cette journée par Guy le Gentil de Paroy . Il en décrit la confusion totale.
 Il précise que dans les monceaux de cadavres, les corps sont nus et sans têtes ............ bon appétit .......

Beaucoup de Mémoires traitent de cet épisode de la révolution : ceux de Paroy, Malouet, Chaumette, Hue, Tourzel, Campan etc. etc.
C'est un sujet passionnant, car nombre de témoins sont aux premières loges ; et l'on sent bien que le noeud gordien va se trancher...là !
Car Mme Elisabeth était bien la seule à penser qu'il ne se passerait rien, ou pas grand chose.
Tous savaient ! Et s'activaient pour forcer le destin.
Deux jours avant l'émeute, Mme de Staël proposait, à nouveau, un projet d'évasion de la famille royale...

Tous ces projets d'évasion manqués ............

Il faut dire qu'après l'échec de juin 1791 il était encore plus difficile de tromper la vigilance des révolutionnaires
En général pour ce genre d'échappée l'erreur n'est pas vraiment permise et ça passe ou ça casse comme on dit. Dans le cas précis de Louis XVI avec Varennes ça a cassé et il y a perdu le peu de crédit qu'il avait parmi la population

Même avec les projets d'évasions, la Reine se refusa toujours à partir sans ses enfants.

C'est pour ne pas se séparer de sa famille qu'elle s'opposa au projet de Saint Priest le 5 octobre 1789.

Elle préféra rester entre les mains de ses ennemis plutôt que d'abandonner ceux qui étaient le plus cher à son cœur.

Le plan de Mme de Staël prévoyait de sortir des Tuileries avec toute la famille royale, y compris Mme Elisabeth.
Mais elle n’était pas la seule à leur proposer ses services, le duc de Liancourt, Montmorin, Malouet, Gouverneur Morris et d’autres avaient aussi proposé leurs services.
Certains de ces futurs auteurs de mémoires parlent de l’indécision chronique du roi, certes (et le souvenir de Varennes devait jouer aussi pour beaucoup) ; mais aussi des divergences d’opinions au sein même de la famille royale, le tout compliqué par l’assurance (trompeuse) donnée par nombre de factieux qu’ils parviendraient à calmer l’insurrection en échange de sommes d’argent.
Tous parlent de ces tractations secrètes menées par le roi, la reine et même Mme Elisabeth (avec Pétion).
Je crois que c’est La Fayette qui évoque un supposé deal entre la reine et Danton.
Bien sûr, ces marchés étant, de par nature, secrets, il était aisé pour les révolutionnaires achetés de ne respecter aucun engagement, de jouer double-jeu.

Citation :

Je crois que c’est La Fayette qui évoque un supposé deal entre la reine et Danton.

Je dirais même plus,  Danton et Hérault de Séchelles !  

Oui.
Bref, ça part dans tous les sens, et à tous les niveaux : la famille royale, les puissances étrangères, les ministres, la cour, les généraux, les révolutionnaires, les députés, les parisiens et provinciaux, les francs-macs (si tu veux ).
La chienlit quoi !

Citation :

Oui.les francs-macs (si tu veux   ).

Je veux !  Je veux !!!  

( Dis donc , c'est toi qui nous les ramène, mes francs-macs !!!    )

Je ne voudrais pas te mettre de mauvaise humeur !!  

...... impossible !!!  

Chou d'amour a écrit:

Et pourtant cette journée reste une des journées noires pour la famille royale et la monarchie, une journée où les Tuileries ont été attaquées par une foule en furie, une foule parisienne aidée par des marseillais venus en masse.

Ce sont les sections des volontaires... brestois qui ont lançé l'assaut.

Voici une gravure du XIXème siècle sur cette terrible journée :


http://vivelareine.tumblr.com/page/57

En tout cas cela fait aujourd'hui 220 ans que cette funeste journée a sonné le glas de la Monarchie en France.

Nous y pensons en ce moment, même en tapant sur un clavier - il est 10 H 38, et je suis en pensée aux TUILERIES en essayant des suivre vers l'ASSEMBLEE
Le roi, marchant dans les jardins, fait remarquer, "les feuilles tombent tôt cette année" !!!

Joint la photo du LION DE LUCERNE hommage aux SUISSES qui vont tomber au SERVICE DU ROI !!!!une plaque souvenir existe dans les catacombes de DENFERT ROCHEREAU - l'autre Lion sur la place en extérieur est celui de BELFORT !!!!!



MARIE ANTOINETTE

Oui une journée bien noire que ce 10 août 1792...

je viens de trouver cet ouvrage paru en juin 2012 édité en SUISSE évoquant cette sinistre journée et le massacre de SUISSES -
"ce livre fascine en distinguant minutieusement le vrai du faux lors de cette journée tragique"
(page 4 du livre)
c'est un petit volume, mais concentré et sérieux écrit par un universitaire, spécialiste des relations franco-helvétiques - auteur d'une thèse en SORBONNE - chargé de cours à l'UNIVERSITE DE FRIBOURG -
je m'y plonge dès ce soir !!!

MARIE ANTOINETTE




De la même veine, j'attends ce curieux opuscule reprenant la tradition de l'HOMME ROUGE DES TUILERIES qui se promenait dans les couloirs du chateau et rencontrait les personnages tels que CATHERINE DE MEDICIS, la Reine l'aurait vu
en 1870 lorsque les TUILERIES flambaient, des témoins racontèrent qu'ils avaient vus une silhouette d'un homme vêtu de rouge - un gnome ou un nain au dessus des flammes !!!!!

Merci, chère Marie Antoinette ! J'attends vos impression avec le plus grand intérêt, parce qu'il est vrai que les gardes suisses ont payé un lourd tribu à la révolution française.

The Swiss Gard presenting arms to Marie-Antoinette