Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 Fersen, un chevalier courtois ? 1

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pimprenelle

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeSam 10 Nov - 22:41

AAAAAAHHH !!!!!!!

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeSam 10 Nov - 22:42

Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 49856 Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 49856 Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 49856
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeDim 11 Nov - 23:59

J’ai repris mes livres pour confronter quelques-uns de vos arguments aux éléments objectifs dont nous disposons. Very Happy

Les mots d’amour de Marie-Antoinette pour Fersen

« Je puis vous dire que je vous aime et n’ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet pour moi. Je voudrais bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste à l’adresse de Mme Brown, dans une enveloppe double pour M. de Gougens. Envoyez les lettres par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes. Je vous embrasse de tout mon cœur » (lettre non datée, envoyée par la reine à Fersen en 1791 ou 1792, publiée par Lucien Maury à la Revue Bleue en 1907 et citée par E. Lever dans sa Correspondance de Marie-Antoinette (1770-1793). Lucien Maury précise, dans la Revue Bleue, qu'il a eu l’autorisation de copier ce passage par le baron de Klinckowström dont le père avait publié les lettres gardées par Fersen.)

« J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra que celle-ci vous arrive. Ne m’écrivez pas, ce serait nous exposer, et surtout ne revenez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c’est vous qui nous  avez fait sortir d’ici ; tout serait perdu si vous paraissiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit ; cela m’est égal. Vous n’êtes pas ici. Soyez tranquille, il ne m’arrivera rien. L’Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu le plus aimé des hommes. Calmez-vous si vous pouvez. Ménagez-vous pour moi. Je ne pourrais plus vous écrire mais rien au monde ne pourra m’empêcher de vous adorer jusqu’à la mort. » (lettre du 29 juin 1791 de la reine à Fersen, récemment re-déchiffrée à partir de l'original par les scientifiques de l'Université de Versailles et du CNRS).

« Adieu, mon bien aimé » (Girault de Coursac, « Louis XVI et Marie-Antoinette, Vie conjugale, vie politique, p. 712).

« Adieu mon cœur est tout a vous » (fragment d’une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen, v. planche X du livre d’Alma Söderhjelm : il s’agit bien de l’écriture de la reine).

Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Dsc02010

Après le décès de Louis XVI, Marie-Antoinette demande à Jarjayes de remettre à Fersen un billet sur lequel elle a imprimé sa devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit à toi »). La reine dit à Jarjayes : « … Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Pourquoi cette devise de la reine n’a-t-elle « jamais été plus vraie » ? On remarque qu’à ce moment-là, Marie-Antoinette est certes désespérée, mais également veuve et célibataire. Zweig voit dans ce geste, le « dernier cri de passion amoureuse d’une femme vouée à la mort ». Fersen ne reçut ce billet de Marie-Antoinette que le 21 janvier 1794. Il explique, dans son Journal, que le cachet de la reine, avec la devise « Tutto a te mi guida » s’inspire des armes de la famille de Fersen (cachet avec un pigeon volant).

Les termes employés par la reine démontrent, selon une majorité d’historiens (S. Zweig, E. Lever, J.-C. Petitfils, A. Söderhjelm) que le sentiment que la reine éprouvait pour Fersen était de l’amour. Mme Simone Bertière parle, quant à elle, d’« amitié amoureuse ».

Ajoutons à cela, le fait que, « étrangement », beaucoup de lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été détruites et que bien souvent, certains passages des lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été raturés (par Axel de Fersen lui-même selon sa famille). L’argument selon lequel les passages raturés contiendraient des réflexions politiques ne paraît pas recevable. Comme Stefan Zweig le fait remarquer dans son ouvrage, les passages raturés n'apparaissent, presque toujours, qu'au commencement ou à la fin des lettres, au début ou après le mot « adieu ». Les passages supprimés se trouvent-ils au milieu d'une lettre, c'est toujours, chose étrange, dans un paragraphe qui ne traite pas de politique. L’hypothèse selon laquelle on a raturé des mots d’amour paraît, de loin, la plus vraisemblable.

Exemple avec ces lettres de la reine reçues en janvier 1792 par Fersen :

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L’attitude de Fersen envers Marie-Antoinette

Selon A. Söderhjelm, « Fersen est très réservé de nature et dans son Journal où il note ses sentiments les plus intimes comme le moindre détail ou incident, malaises ou maladies de sa vie quotidienne, on a rarement l’impression qu’il se confie complètement. Et si, quelquefois, dans des moments tragiques, il se dévoile, il le fait par une phrase brève. » Fersen n’a donc pas tout dit de sa relation avec la reine dans son Journal. Eût-il dit beaucoup de choses, une partie cruciale de son Journal a aujourd’hui disparu : le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 a été détruit au lendemain de la fuite vers Montmédy. C’est-à-dire, la période cruciale qui va du début de sa relation avec la reine jusqu’au milieu de la révolution.

Les quelques bribes du Journal de Fersen dont nous disposons, font état de sa première rencontre avec Marie-Antoinette (alors Dauphine). Elle lui parle « longtemps » lors du fameux bal de l’Opéra nous dit-il dans son Journal (le 30 janvier 1774). Une fois devenue reine, elle le distinguera parmi tant d’autres, le 25 août 1778 (« Ah ! mais c’est une ancienne connaissance »). Pas de quoi en faire tout un plat, diront certains : mais il ne paraît non plus saugrenu de considérer que cet intérêt subi de Marie-Antoinette pour Fersen lors du bal de l’Opéra de 1774 s’explique par le fait qu’il était « très beau » (« beau comme un ange » selon la comtesse de Boigne ; « un des plus beaux hommes » selon le comte de Tilly ; « Il est si beau que toutes les femmes qu’il rencontre sur son chemin sentent leur cœur battre plus vite. Son apparition dans les salons provoque des murmures d’admiration » selon A. Söderhjelm). En tout cas, les papiers de Fersen ne nous parlent pas d’une quelconque proposition, par Fersen, de faire le « chevalier servant » lors de sa première rencontre avec la Dauphine. C’était un inconnu et il n’était rien : n’est-il donc pas étonnant qu’elle lui ait « longuement » parlé à ce fameux bal ? A moins qu’elle ait eu un coup de foudre pour lui.

Si certains estiment difficile de déduire des quelques papiers de Fersen qui sont parvenus aujourd’hui jusqu’à nous, que Fersen entretenait une relation amoureuse avec la reine, je ne comprends pas pourquoi ces mêmes personnes déduisent aussi facilement, des mêmes papiers, que Fersen n’était qu’un arriviste coureur de jupons et qu’il n’a jamais été qu’un pion que la reine « manipulait » afin d’arriver à ses fins ? La correspondance de Fersen à sa sœur et à son père fait apparaître qu’il cherchait à s’établir dans la haute société. Mais de là à dire que ce n’était qu’un petit égoïste qui ne pensait qu’à lui… cela paraît trop simpliste, surtout lorsque l’on connaît les risques qu’il prît plus tard, pour sauver la reine et la famille royale. Peut-être a-t-il exprimé la profondeur de son sentiment pour la reine dans la partie du Journal qui a aujourd’hui disparu ? Pourquoi juger Fersen sur la seule base des quelques courriers qu’il a adressés à son père, où il parle effectivement beaucoup d’honneurs et d’argent ? Il cherchait peut-être à rassurer son père, lequel souhaitait qu’il épouse une riche héritière. En tout cas, les informations disponibles sont trop parcellaires pour juger si vite la conduite de Fersen.

Quant aux hypothèses émises par A. Söderhjelm, certes elle va parfois un peu vite en besogne. Mais ses raisonnements ne sont pas tous bons à jeter à la poubelle. Ainsi, lorsque Fersen explique son refus de se marier à sa sœur : « … Je ne puis pas etre a la seule personne a qui je voudrois etre la seule qui m’aime veritablement, ainsi  je ne veux etre a personne. » (lettre à S. Piper du 31 juillet 1783). Selon Alma Söderhjelm, il résulte de ce courrier que Fersen « savait que Marie-Antoinette l’aimait ». La « seule personne », à laquelle Fersen fait référence dans cette lettre, serait Marie-Antoinette. A. Söderhjelm conclut un peu vite sur ce point et n’explique pas la base de son raisonnement (point critiqué par Pimprenelle me semble-t-il), mais l’hypothèse selon laquelle Fersen fait référence à Marie-Antoinette ne paraît pas invraisemblable : en juillet 1783, Fersen est à Versailles et bénéficie de la faveur de la reine, qui écrira très peu de temps après à Gustave III (dans une lettre reçue par ce dernier le 19 septembre 1783) afin d’appuyer sa demande d’obtention du régiment Royal-Suédois. La reine indique dans cette lettre que, « par son caractère et ses bonnes qualités », le comte de Fersen « a mérité l’estime et l’affection de tous ceux qui ont eu l’occasion de le connaître. J’espère qu’il ne tardera pas à être pourvu d’un régiment… ». En outre, le 21 juillet Fersen avait écrit à son père pour le supplier de consentir à l’achat du Royal-Suédois semble-t-il (« la seule chose qui puisse me rendre heureux à jamais »), ajoutant de façon bien mystérieuse qu’il y avait « encore mille autres raisons que je n’ose confier au papier » pour consentir à ce projet. La reine a joué un rôle décisif dans l’obtention par Fersen du Royal-Suédois puisque dès qu’il obtient son brevet, il écrit à la reine « pour la remercier du régiment et demander Stedingk pour colonel commandant ». Si les conclusions d’A. Söderhjelm paraissent trop hâtives à certains, il n’en reste pas moins que la thèse qu’elle défend est plausible (Simone Bertière paraît convaincue en tout cas : « Lorsque Fersen rentre d'Amérique, on a vu qu'il change très brusquement en l'espace de quelques semaines, rejette tout projet de mariage, clame son bonheur : la reine « l'aime véritablement » »).

A partir de la fin de l’année 1789, les relations entre Fersen et Marie-Antoinette se resserrent assez nettement : Fersen écrit en effet à sa sœur (Sophie Piper), le 27 décembre 1789 qu’il a passé « pour la première fois », une « journée entière » avec « Elle » le « 24 » (novembre ?) 1789 (A. Söderhjelm, p. 138). A noter que lorsque Fersen parle d’« Elle » ou « elle », il paraît évident, dans de nombreux cas, qu’il parle de la reine : ainsi, lorsque Fersen envoie une natte de cheveux d’« Elle » / « elle » à sa sœur, il s’agit certainement de la reine (on voit mal la sœur de Fersen demander à son frère de lui envoyer une natte de cheveux de sa dernière conquête féminine : en outre, si par impossible tel était le cas, on ne voit pas pourquoi il serait nécessaire de prendre autant de précautions pour préserver l’anonymat d’« Elle »/« elle »... il est donc plausible, dans nombre de cas, que « Elle »/ « elle » n’est autre que la reine). « Elle » n’est pas, en tout cas, Eleonore Sullivan, puisque Sophie Piper fait nettement la distinction entre « Elle » et Eleonore Sullivan dans une lettre qu’elle adresse à son frère le 15 déc. 1791.

Les mots d’amour de Fersen pour Marie-Antoinette

Le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 ayant disparu, les mots d’amour de Fersen, qui sont parvenus jusqu’à nous, sont peu nombreux.  D’autant que Fersen est un « homme réservé de nature » nous dit A. Söderhjelm.

Avant la mort de la reine, voici ce que Fersen écrit à sa sœur au sujet de la reine :

« … Voici les cheveux que vous m’avés demandé s’il n’y en avoit pas assés je vous en enverrai encore, c’est elle qui vous les donne et elle a ete vivement touchee de ce desir de votre par. Elle est si bonne et si parfaitte et il me semble que je l’aime encore plus depuis qu’elle vous aime… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 3 janvier 1791).

« … Adieu adieu elle vous dit mille choses et partage bien tendrement vos peines, elle en pleure souvent avec moi, jugés si je dois l’aimer. Si vous avés un moyen pour qu’il soit simple que la bague que vous voulés avoir soit faitte ici, mandés le moi et comment vous le voulés faire faire, c’est elle qui le veut et qui veut vous la donner… » (lettre de Fersen à Sophie Piper, 17 janvier 1791).

Après la mort de la reine, Fersen « se lâche » dans son Journal et exprime clairement sa passion pour la reine. C’est ici :

« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793). Comme le fait justement remarquer Alma Söderhjelm « Comment Fersen aurait-il pu, souvent, comparer Marie-Antoinette à Madame Sullivan, cette aventurière qu’il jugeait vulgaire et illettrée s’il n’eût point existé entre elles une certaine analogie ? Et quelle analogie, sinon que ses relations avec elles eurent été analogues ? ».

« … Le seul objet de mon intérêt n’existe plus, lui seul réunissoit tout pour moi et c’est à présent que je sens bien combien je lui étois véritablement attaché il ne cesse de m’occuper, son image me suit et me suivra sans cesse et partout je n’aime qu’à en parler à me rappeler les beaux moments de ma vie hélas il ne m’en reste que le souvenir mais je le conserverai et cela ne me quittera qu’avec la vie. J’ai donné commission d’acheter à Paris tout ce qu’on pourroit trouver d’elle, tout ce que j’en ai est sacré pour moi ce sont des reliques qui seront sans cesse l’objet de mon admiration constante… » (lettre de Fersen à Sophie Piper du 17 nov. 1793).

Les témoignages

Le comte de Creutz et la duchesse de Fitz-James


Avant le départ de Fersen pour l’Amérique, l'ambassadeur de Suède (le comte de Creutz) écrit, le 10 avril 1779, à Gustave III que la reine a « du penchant » pour Fersen : « Je dois confier à Votre Majesté que le jeune comte de Fersen a été si bien vu de la reine que cela a donné des ombrages à plusieurs personnes. J’avoue que je ne puis m’empêcher de croire qu’elle avait du penchant pour lui : j’en ai vu des indices trop sûrs pour en douter. Le jeune comte de Fersen a eu dans cette occasion une conduite admirable par sa modestie et par sa réserve et surtout par le parti qu’il a pris d’aller en Amérique. En s’éloignant il écartait tous les dangers : mais il fallait évidemment une fermeté au-dessus de son âge pour surmonter cette séduction. La reine ne pouvait le quitter des yeux les derniers jours ; en le regardant, ils étaient remplis de larmes. Je supplie Votre Majesté d’en garder le secret pour Elle et pour le sénateur Fersen. Lorsqu’on sut le départ du comte, tous les favoris furent enchantés. La duchesse de Fitz-James lui dit : « Quoi, Monsieur, vous abandonnez ainsi votre conquête ? – Si j’en avais fait une, je ne l’abandonnerais pas, répondit-il, et malheureusement sans laisser de regrets. » Votre Majesté avouera que cette réponse était d’une sagesse et d’une prudence au-dessus de son âge. Du reste la reine se conduit avec beaucoup plus de retenue et de sagesse qu’autrefois… »

Le baron de Taube

Selon le baron de Taube, la reine s’entoure de Suédois, afin de tenter de « masquer » la faveur dont Fersen bénéficie et faire taire les ragots. Le baron de Taube indique ainsi, dans une lettre du 20 avril 1780 à Gustave III : « La Reine a dans toutes les occasions distingué les Suédois qui ont paru à la Cour (...). Elle a particulièrement distingué le jeune comte Axel. Toutes les fois qu'elle vient au bal de l'opéra cet hiver, elle se promenait toujours avec lui. Elle monta même dans une loge avec lui, où elle resta longtemps à lui parler. Il se trouva des envieux qui trouvaient étonnant que la reine se promenât toutes les fois avec le jeune comte Axel, qui était un étranger (...). Je crois enfin que toutes ces réflexions revinssent aux oreilles de la Reine. Cela ne fit qu'augmenter la fantaisie qu'elle avait de voir le jeune comte. Mais pour que cela ne fût pas trop remarquable, elle voulut admettre plus de Suédois dans la société. Elle fit donc en sorte que M. de Stedingk, à qui le roi avait parlé depuis son retour d'Amérique, fût ordonné de souper dans les cabinets. Stedingk avala cela et crut que c'était pour ses beaux yeux que cette distinction lui arriva. On cria beaucoup de ce que M. de Stedingk eût cette faveur, on voulut savoir s'il était assez gentilhomme pour pouvoir souper dans les cabinets avec le roi. Toutes ces informations étaient moins agréables pour notre Stedingk, mais enfin la reine avait gagné par là que toutes les clameurs étaient tombées sur lui. »

Il est possible de croire Alma Söderhjelm lorsqu’elle dit que Fersen était le « personnage principal » de la fête somptueuse donnée à Trianon en juin 1784, en l’honneur de Gustave III (monarque d’un pays « subalterne » selon les propres termes d’Axel de Fersen). Certes, A. Söderhjelm n’explique pas clairement sur quel fondement elle base cette opinion. Mais d’une part, certains aspects de cette fête sont troublants : ainsi, de l’exclusion des princes du sang de cette fête. D’autre part, Mme Campan indique, dans ses mémoires, que la reine n’appréciait guère Gustave III : dans ces conditions, pourquoi donner une telle fête à Trianon ? Les fêtes données à Versailles pour Gustave III n’étaient-elles pas déjà amplement suffisantes ?... D’ailleurs, lorsque le père de Fersen sera arrêté sur l’ordre de Gustave III, la reine n’hésitera pas à privilégier les intérêts de Fersen sur ceux de Gustave III. On a ainsi retrouvé dans les papiers de Fersen une copie faite de la main de Marie-Antoinette, d’une lettre de quatre feuillets que le père de Fersen avait adressé de sa prison à son fils (le père de Fersen fût arrêté et emprisonné par Gustave III en 1789, pour avoir dirigé l’opposition contre le pouvoir royal). « Marie-Antoinette vivait elle-même au milieu de troubles et d’émeutes populaires et portait naturellement un intérêt tout particulier aux événements de Suède. De par sa situation elle aurait dû prendre le parti de Gustave III, mais les liens très intimes qui l’attachaient à la famille Fersen lui firent prendre le parti opposé. » (v. A. Söderhjelm, p. 126).

La comtesse de Boigne (compagne de jeu du Dauphin, fille de la comtesse d’Osmond, cette dernière étant dame d’honneur de Mesdames, proche de la princesse de Guéméné et d'une dame d’honneur de la reine)

« La reine n'a eu qu'un grand sentiment, et peut-être une faiblesse. M. le comte de Fersen, Suédois, beau comme un ange, et fort distingué sous tous les rapports, vint à la Cour de France. La Reine fut coquette pour lui comme pour tous les étrangers, car ils étaient à la mode ; il devint sincèrement et passionnément amoureux, elle en fut certainement touchée, mais résista à son goût et le força à s’éloigner. Il partit pour l’Amérique, y resta deux années pendant lesquelles il fut si malade qu’il revint à Versailles, vieilli de dix ans et ayant presque perdu la beauté de sa figure. On croit que ce changement toucha la Reine ; quelle qu’en fût la raison, il n'était guère douteux pour les intimes qu'elle n'eût cédé à la passion de M. de Fersen. Il a justifié ce sacrifice par un dévouement sans bornes, une affection aussi sincère que respectueuse et discrète, il ne respirait que par elle, et toutes les habitudes de sa vie étaient modelées de manière à la compromettre le moins possible. Aussi cette liaison, quoique devinée, n'a jamais donné de scandale. Si les amis de la Reine avaient été aussi discrets et aussi désintéressés que M. de Fersen, la vie de cette malheureuse princesse aurait été moins calomniée. » (mémoires de la comtesse de Boigne, p. 32, Plon, 1907).

L’archevêque Lindblom


Le 19 novembre 1778, Fersen écrit à son père que « La Reine me traite toujours avec bonté. Je vas souvent lui faire ma cour au jeu, elle me parle toujours. Elle avoit entendu parler de mon uniforme et elle me temoigna beaucoup d’envie de le voir au lever ; je dois y aller mardi ainsi habillé non pas au lever mais chés la Reine. C’est la princesse la plus aimable que je connoisse. »

Cette anecdote est confirmée par un jeune Suédois, qui deviendra plus tard l’archevêque Lindblom, et qui ne connaissait pas personnellement Fersen (peu suspect de « vouloir faire mousser » Fersen donc). Lindblom rapporte en effet cette anecdote dans une lettre qu’il adressa de Versailles le 24 décembre 1778 à un ami en Suède : « … Tout Versailles ne parle que d’un comte Fersen qui est venu à la cour portant l’habit national suédois que la Reine, d’après ce qu’on m’a dit, a examiné très soigneusement. » (A. Söderhjelm, p. 61).

Saint-Priest

Je rappelle enfin le témoignage de Saint-Priest. « Tout ce qu’il y avait de plus brillant, aspirait à cette conquête, mais après plusieurs vélléités, le comte de Fersen, Suédois de nation, fixa le cœur de la Souveraine. Il en fût remarqué spécialement en 1779, lorsque se trouvant en France où il était venu servir, il parut à Versailles dans le nouveau costume suédois. La reine l’aperçut et fut frappée de sa beauté. C’était en effet alors une figure remarquable. Grand, élancé, parfaitement bien fait, de beaux yeux, le teint mat mais animé, il était fait pour donner sous l’œil d’une femme qui cherchait les impressions vives plus qu’elle ne redoutait. »

Saint-Priest indique dans ses mémoires que « … Fersen se rendait à cheval dans le parc, du côté du Trianon, trois ou quatre fois la semaine ; la reine seule en faisait autant de son côté, et ces rendez-vous causaient un scandale public, malgré la modestie et la retenue du favori, qui ne marqua jamais rien à l’extérieur et a été, de tous les amis d’une reine, le plus discret. »

Saint-Priest explique que la reine avait trouvé le moyen de « faire agréer » par Louis XVI, « sa liaison avec le comte de Fersen; en répétant à son époux tous les propos qu'elle apprenait qu'on tenait dans le public sur cette intrigue, elle offrait de cesser de le voir, ce que le roi refusa. Sans doute, elle lui insinua que, dans le déchaînement de la malignité contre elle, cet étranger était le seul sur lequel on pût compter; ce monarque entra tout à fait dans ce sentiment. »

Fersen indique dans une lettre à son père, en date du 1er février 1790, qu’il est « fort bien » avec Saint-Priest, « sa maison est la mienne, il me comble de bontés, de politesses et de confiances. Je sais par lui ce qui se passe, et souvent même il me consulte. Malgré tout cela, je ne lui dis que ce que je veux, et je suis prudent ; la réserve est plus que jamais nécessaire ».

Eleonore Sullivan

Selon Alma Söderhjelm, Eleonore Sullivan serait devenue la maîtresse de Fersen « au début de la Révolution et jusqu’en 1799 » (p. 196). A l’instar de Fersen, elle semble douée pour la séduction : elle a eu pour amants, le duc de Wurtemberg (avec lequel elle a eu trois enfants) et Joseph II. Elle se mariera ensuite avec un certain M. Sullivan, puis vivra en couple avec le richissime Quintin Craufurd.

La reine écrit à Fersen, le 7 décembre 1791 : « J’attends M. Craufurd avec impatience, mais je suis fâchée pour vous qu’il vous quitte ; j’espère qu’ils ne seront pas l’hiver ici, et qu’il retournera à Brux., car vous avez besoin de distraction... ». Je comprends, à la lecture de ce courrier, que la reine ne souhaite pas, pour Fersen, qu’il se retrouve seul à Bruxelles pendant l’hiver sans son ami Quintin Craufurd ou sans le couple Craufurd. La reine parle du couple (« ils ne seront ») et/ou de Quintin Craufurd seul (« il retournera à Brux. ») mais pas d’Eleonore en tant que telle. Je n’interprète donc pas ce courrier comme signifiant que la reine encourage Fersen à se jeter dans les bras d’Eleonore Sullivan ou à se « distraire » avec elle.

Quant à la question de savoir si Marie-Antoinette connaissait la liaison que Fersen entretenait avec Eleonore Sullivan, rien n’est moins douteux : Sophie Piper écrit en effet à son frère, le 15 décembre 1791, à propos des rumeurs lui imputant une relation avec Eleonore Sullivan : « … mon cher Axel pour l’amour de Elle qui si ces nouvelles sont mendé a lui pourront lui causer une peine mortelle, tout le monde vous observe, et parle de vs, soyez à la malheureuse Elle, épargnez de toutes les douleurs la plus mortelle… ».

A supposer que Fersen ait eu une liaison avec la reine, il ne pouvait apparemment pas s’en satisfaire. Fersen avait peut-être besoin d’entretenir une relation « normale » avec une autre femme. Peut-être qu’Eleonore apportait à Fersen des choses que la reine ne pouvait pas ou ne voulait pas lui offrir (des relations charnelles) ? (ce qui n’exclut pas que la reine ait pu « craquer » un jour pour Fersen, pourquoi pas ?...). A moins que Fersen ait entretenu une double relation avec Eleonore Sullivan et la reine, à l’insu de cette dernière ? Quoi qu’il en soit, selon Fersen, Marie-Antoinette occupe bien la première place dans son cœur, et Eleonore Sullivan ne la « remplacera pas » :

« Je voudrais recueillir sur cette grande et infortunée princesse que j’aimerois toutte ma vie, les détails les plus minutieux, tout d’elle m’est précieux. Oh, combien je me reproche mes torts envers elle et combien je sais à présent que je l’aimois. Eleonore ne la remplacera pas dans mon cœur, quelle douceur, quelle tendresse, quelle bonté, quels soins, quel cœur aimant et sensible et délicat. L’autre (Ndlr : Eleonore Sullivan) n’a pas tout cela… » (Journal de Fersen, 5 novembre 1793).
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 1:12

Je reviendrai demain sur ton scrupuleux réquisitoire, Maître...
Mais j'avoue être dérangé par la principale de tes sources qui est Alma Soderjhelm... Rolling Eyes
On t'a déjà dit combien elle avait romancé le point de vue de tous les historiens par des interprétations, des traductions, des fantasmes qui lui étaient propres.
Aussi, à première lecture de ton travail, certes fouillé, je ne m'avoue pas convaincu... Wink

Bien à vous.
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pimprenelle

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 9:46

Moi non plus, parce que ce travail remarquable n'apporte rien de nouveau. Mais j'adore ! Je vais de ce pas recopier les photos des lettres dans la section qui concerne les écrits de Marie Antoinette ! Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 646837

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Dernière édition par pimprenelle le Lun 12 Nov - 14:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 10:10

Je n'en pensais pas moins de toi, ma chère Pim !
Je savais qu'Alma t'empêcherait de porter tout le crédit que notre Maître aurait souhaité donner à son plaidoyer.

Bien à vous.
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pimprenelle

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 10:38

Quel travail remarquable ! Je me suis régalée à vous lire...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 580524

Citation :
  « Je puis vous dire que je vous aime et n’ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet pour moi. Je voudrais bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste à l’adresse de Mme Brown, dans une enveloppe double pour M. de Gougens. Envoyez les lettres par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes. Je vous embrasse de tout mon cœur » (lettre non datée, envoyée par la reine à Fersen en 1791 ou 1792, publiée par Lucien Maury à la Revue Bleue en 1907 et citée par E. Lever dans sa Correspondance de Marie-Antoinette (1770-1793). Lucien Maury précise, dans la Revue Bleue, qu'il a eu l’autorisation de copier ce passage par le baron de Klinckowström dont le père avait publié les lettres gardées par Fersen.)

Encore cette lettre dont l'authenticité n'est pas garantie !  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575 Pourquoi vous obstinez-vous à fonder toujours vos argumentations sur cet écrit ? Son authenticité est en effet si peu garantie que son contenu même varie suivant les historiens qui la citent... A titre d'exemple, voici la version qu'en donnent ces rats de bibliothèques que sont les GDC, très scrupuleux chercheurs en matière d'archives :

Je peux vous dire que je vous aime et n'ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet de moi. Je voudrais bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste : l'adresse à M. de Browne, une double enveloppe à M. Gougeno. Faites mettre les adresses par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrais vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes, je vous embrasse de tout coeur. (Louis XVI et Marie Antoinette, vie conjugale-vie politique, p. 711)

Etonnantes, non, ces divergences de lecture dans les points les plus importants, ceux de l'adresse ? Significative aussi, sans doute, l'absence de cet écrit chez la biographe de Fersen, Françoise Kermina. Vous ne trouverez pas non plus les fameuses lettres à Sophie sur "l'amie" de Fersen.  Wink

Bref... On n'est pas sûr du tout de l'identité de l'auteur de ce billet, ni même de son contenu.  Rolling Eyes Comme dirait mon voisin du dessous "ça commence bien !"  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 10:42

Citation :
Je n'en pensais pas moins de toi, ma chère Pim !
Je savais qu'Alma t'empêcherait de porter tout le crédit que notre Maître aurait souhaité donner à son plaidoyer.

Ben, faut bien... puisque ce sont les délires de cette traductrice qui sont à l'origine de tout le beans.  Rolling Eyes Les GDC le relèvent d'emblée, Alma Söderhjelm fait tout pour donner un tour romanesque à la relation entre la reine de France et le comte suédois. Ensuite, Zweig viendra y tremper le gros pinceau de sa psychanalyse désavouée par Freud lui-même...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575

On nage dans une subjectivité si séduisante...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 887322

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 10:52

Citation :
 « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra que celle-ci vous arrive. Ne m’écrivez pas, ce serait nous exposer, et surtout ne revenez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c’est vous qui nous  avez fait sortir d’ici ; tout serait perdu si vous paraissiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit ; cela m’est égal. Vous n’êtes pas ici. Soyez tranquille, il ne m’arrivera rien. L’Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu le plus aimé des hommes. Calmez-vous si vous pouvez. Ménagez-vous pour moi. Je ne pourrais plus vous écrire mais rien au monde ne pourra m’empêcher de vous adorer jusqu’à la mort. » (lettre du 29 juin 1791 de la reine à Fersen, récemment re-déchiffrée à partir de l'original par les scientifiques de l'Université de Versailles et du CNRS).

Ah, décidément, j'adore cette lettre... Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles... Calmez-vous si vous pouvez...Qu'est-ce donc, sinon les mots inquiets d'une amie attentionnée ? Marie Antoinette vient d'échapper à la mort, et elle se ronge pour la santé de son ami ! Calmez-vous si vous pouvez... Elle le connaît si bien, elle connaît si bien sa fragilité, sa sensibilité, sa tendance à la neurasthénie. Je ne sais pas, vous ... mais, moi, cette petite phrase me touche aux larmes...  Sad

On est à mille lieues de mots d'amour tremblotants, de rédactions furtives et de désirs secrets ! Marie Antoinette est vivante par miracle et elle n'a qu'une urgence : rassurer son ami et prendre soin de lui.

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 10:59

Citation :
 « Adieu, mon bien aimé » (Girault de Coursac, « Louis XVI et Marie-Antoinette, Vie conjugale, vie politique, p. 712).

Merci d'insister sur cette expression, connue depuis longtemps sans avoir révolutionné la face du monde. Rappelons également que Mercy avait reçu comme d'hab son exemplaire de la lettre, sans que cela fasse le moindre ramdam non plus. Oui, Marie Antoinette appelle Fersen son bien-aimé... comme tant d'autres gens du XVIIIe s'appelaient entre eux, même des hommes. Cela signifiait-il qu'ils avaient du désir sexuel les uns pour les autres ? Forcément ? Ou plutôt qu'ils s'aimaient bien fort ?  Wink

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 11:09

Citation :
  « Adieu mon cœur est tout a vous » (fragment d’une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen, v. planche X du livre d’Alma Söderhjelm : il s’agit bien de l’écriture de la reine).
Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Dsc02010
Oh... Cet extrait est un des plus touchants de la légende forgée par Fersen lui-même. Nous somme en 1795, le chevalier qui ne sert plus à rien est perdu, et voilà qu'il reçoit par Madame de Korff une lettre, ou un bout de lettre... dont, en tout cas, seul un fragment l'intéresse, celui qui lui permettra de renforcer sa mythologie personnelle. En effet, à qui était adressée la lettre dont cet adieu est extrait ? Nous ne le saurons jamais, puisque Fersen n'a voulu garder que ce morceau. C'est tout lui, ça... ne prendre de la réalité que ce qui entre dans son monde...  Wink

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 11:28

Citation :
  Après le décès de Louis XVI, Marie-Antoinette demande à Jarjayes de remettre à Fersen un billet sur lequel elle a imprimé sa devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit à toi »). La reine dit à Jarjayes : « … Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Pourquoi cette devise de la reine n’a-t-elle « jamais été plus vraie » ? On remarque qu’à ce moment-là, Marie-Antoinette est certes désespérée, mais également veuve et célibataire. Zweig voit dans ce geste, le « dernier cri de passion amoureuse d’une femme vouée à la mort ». Fersen ne reçut ce billet de Marie-Antoinette que le 21 janvier 1794. Il explique, dans son Journal, que le cachet de la reine, avec la devise « Tutto a te mi guida » s’inspire des armes de la famille de Fersen (cachet avec un pigeon volant).

Ah, ce truc est bien difficile à suivre... S'agit-il d'une bague ? d'une empreinte ? Il semble en tout cas que ce soit un cachet, avec des poissons volants et la devise de la famille Fersen. Corrigez-moi si je me trompe, parce que je patine dans cette affaire compliquée, mais c'est ce que, pour finir, j'ai compris.

Bref, Marie Antoinette, veuve, en effet, renvoie à son chevalier servant la devise de sa famille, en insistant sur sa signification. Que fait-elle donc ? Sinon, le rappeler à elle, comme elle l'a déjà fait avec l'anneau "lâche qui les abandonne"... mais en plus urgent, sans doute encore, parce que les malades de la révolution ont déjà exécuté son mari, parce qu'elle craint pour sa propre vie et pour celle de son fils... puisque les forcenés n'ont pas reculé devant le côté sacré du roi.

Vous y voyez autre chose, vous ?  Shocked Vous n'imaginez tout de même pas que Marie Antoinette de Lorraine d'Autriche, la fille du roi Marie Thérèse, la descendante des Césars a songé un instant à épouser un comte suédois ?  Shocked

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 11:38

Citation :
 Les termes employés par la reine démontrent, selon une majorité d’historiens (S. Zweig, E. Lever, J.-C. Petitfils, A. Söderhjelm) que le sentiment que la reine éprouvait pour Fersen était de l’amour. Mme Simone Bertière parle, quant à elle, d’« amitié amoureuse ».

... ce qui exonère fort opportunément Madame Bertière de la peine de trancher.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575 Elle n'a pas tort, remarquez, moi aussi, je trouve ces obsessions poildecuttantes.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575  Pour Marie Antoinette, dans ses propres termes, Fersen est son ami, qu'elle adore. Voilà tout.  Very Happy

J'espère pour vous que vous avez vous aussi, des amis que vous adorez.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 580524

Citation :
 Ajoutons à cela, le fait que, « étrangement », beaucoup de lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été détruites et que bien souvent, certains passages des lettres de Marie-Antoinette à Fersen ont été raturés (par Axel de Fersen lui-même selon sa famille). L’argument selon lequel les passages raturés contiendraient des réflexions politiques ne paraît pas recevable. Comme Stefan Zweig le fait remarquer dans son ouvrage, les passages raturés n'apparaissent, presque toujours, qu'au commencement ou à la fin des lettres, au début ou après le mot « adieu ». Les passages supprimés se trouvent-ils au milieu d'une lettre, c'est toujours, chose étrange, dans un paragraphe qui ne traite pas de politique. L’hypothèse selon laquelle on a raturé des mots d’amour paraît, de loin, la plus vraisemblable.

Vous me prenez par mon point faible, puisque j'adore voir de l'écriture de Marie Antoinette...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 646837

Mais, non... franchement, non... Il s'agit là, une fois de plus, de l'interprétation de Zweig, reposant elle-même sur les délires de Söderhjelm.

D'abord, les caviardages, y compris ceux que vous citez, n'appellent pas forcément une suite amoureuse. Ensuite, si les termes sont aussi hot que "mon bien aimé" et "je vous adore"...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:07

Citation :
Citation :
 « J’existe mon bien aimé et c’est pour vous adorer. Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles. Le ciel permettra que celle-ci vous arrive. Ne m’écrivez pas, ce serait nous exposer, et surtout ne revenez pas ici sous aucun prétexte. On sait que c’est vous qui nous  avez fait sortir d’ici ; tout serait perdu si vous paraissiez. Nous sommes gardés à vue jour et nuit ; cela m’est égal. Vous n’êtes pas ici. Soyez tranquille, il ne m’arrivera rien. L’Assemblée veut nous traiter avec douceur. Adieu le plus aimé des hommes. Calmez-vous si vous pouvez. Ménagez-vous pour moi. Je ne pourrais plus vous écrire mais rien au monde ne pourra m’empêcher de vous adorer jusqu’à la mort. » (lettre du 29 juin 1791 de la reine à Fersen, récemment re-déchiffrée à partir de l'original par les scientifiques de l'Université de Versailles et du CNRS).
Ah, décidément, j'adore cette lettre... Que j’ai été bien inquiète de vous, et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n’avoir point de nos nouvelles... Calmez-vous si vous pouvez...Qu'est-ce donc, sinon les mots inquiets d'une amie attentionnée ? Marie Antoinette vient d'échapper à la mort, et elle se ronge pour la santé de son ami ! Calmez-vous si vous pouvez... Elle le connaît si bien, elle connaît si bien sa fragilité, sa sensibilité, sa tendance à la neurasthénie. Je ne sais pas, vou... mais, moi, cette petite phrase me touche aux larmes...  Sad

On est à mille lieues de mots d'amour tremblotants, de rédactions furtives et de désirs secrets ! Marie Antoinette est vivante par miracle et elle n'a qu'une urgence : rassurer son ami et prendre soin de lui.

Nous n'avons pas la même vision.  Very Happy Pour moi, ce sont les mots d'une femme amoureuse ("j'existe mon bien aimé et c'est pour vous adorer"..."Adieu le plus aimé des hommes"). Je ne suis pas particulièrement romantique (bon allez si, un chouïa  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 244157 ) mais vraiment, ces mots ont une signification très forte. Vous remarquerez que la reine n'a jamais dit à son amie la plus proche, la duchesse de Polignac, qu'elle était la "plus aimée et la plus aimante des femmes". Mon intime conviction quant à la nature de la relation entre Marie-Antoinette et Fersen se base, en grande partie, sur l'utilisation de ces termes par la reine, dans un message codé, non signé par Louis XVI.
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:09

Citation :
Citation :
 « Adieu, mon bien aimé » (Girault de Coursac, « Louis XVI et Marie-Antoinette, Vie conjugale, vie politique, p. 712).
Merci d'insister sur cette expression, connue depuis longtemps sans avoir révolutionné la face du monde. Rappelons également que Mercy avait reçu comme d'hab son exemplaire de la lettre, sans que cela fasse le moindre ramdam non plus. Oui, Marie Antoinette appelle Fersen son bien-aimé... comme tant d'autres gens du XVIIIe s'appelaient entre eux, même des hommes. Cela signifiait-il qu'ils avaient du désir sexuel les uns pour les autres ? Forcément ? Ou plutôt qu'ils s'aimaient bien fort ?  Wink

Comment sait-on que Mercy a reçu copie de cette lettre ?
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:09

Citation :
  Selon A. Söderhjelm, « Fersen est très réservé de nature et dans son Journal où il note ses sentiments les plus intimes comme le moindre détail ou incident, malaises ou maladies de sa vie quotidienne, on a rarement l’impression qu’il se confie complètement. Et si, quelquefois, dans des moments tragiques, il se dévoile, il le fait par une phrase brève. » Fersen n’a donc pas tout dit de sa relation avec la reine dans son Journal. Eût-il dit beaucoup de choses, une partie cruciale de son Journal a aujourd’hui disparu : le Journal de Fersen pour la période 1776-mai 1791 a été détruit au lendemain de la fuite vers Montmédy. C’est-à-dire, la période cruciale qui va du début de sa relation avec la reine jusqu’au milieu de la révolution.

J'entre dans la deuxième partie de votre magnifique travail. C'est décidément un plaisir de vous lire...  Very Happy
Alors, si je vous suis bien, tout ce qu'il y avait de crucial n'est pas écrit ? Soit parce que Fersen était trop réservé pour le faire, soit parce que tout a disparu... C'est tout de même pas de bol, dites donc...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575

J'ai lu le livre de Madame Söderhjelm et celui de Monsieur Kunstler. J'en garde le souvenir d'un Fersen qui vibre pour les champs de bataille, ou pour la carrière diplomatique.

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:12

Citation :
Citation :
  « Adieu mon cœur est tout a vous » (fragment d’une lettre adressée par Marie-Antoinette à Fersen, v. planche X du livre d’Alma Söderhjelm : il s’agit bien de l’écriture de la reine).
Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Dsc02010
Oh... Cet extrait est un des plus touchants de la légende forgée par Fersen lui-même. Nous somme en 1795, le chevalier qui ne sert plus à rien est perdu, et voilà qu'il reçoit par Madame de Korff une lettre, ou un bout de lettre... dont, en tout cas, seul un fragment l'intéresse, celui qui lui permettra de renforcer sa mythologie personnelle. En effet, à qui était adressée la lettre dont cet adieu est extrait ? Nous ne le saurons jamais, puisque Fersen n'a voulu garder que ce morceau. C'est tout lui, ça... ne prendre de la réalité que ce qui entre dans son monde...  Wink

Ne faisons pas de procès d'intention à Fersen.  Wink Une chose est sûre : il est en possession d'un mot d'amour de la reine... coïncidence étrange, non? Wink
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:19

Citation :
Citation :
  Après le décès de Louis XVI, Marie-Antoinette demande à Jarjayes de remettre à Fersen un billet sur lequel elle a imprimé sa devise : « Tutto a te mi guida » (« Tout me conduit à toi »). La reine dit à Jarjayes : « … Mandez en l’envoyant que la personne à qui elle appartient sente que jamais elle n’a été plus vraie. » Pourquoi cette devise de la reine n’a-t-elle « jamais été plus vraie » ? On remarque qu’à ce moment-là, Marie-Antoinette est certes désespérée, mais également veuve et célibataire. Zweig voit dans ce geste, le « dernier cri de passion amoureuse d’une femme vouée à la mort ». Fersen ne reçut ce billet de Marie-Antoinette que le 21 janvier 1794. Il explique, dans son Journal, que le cachet de la reine, avec la devise « Tutto a te mi guida » s’inspire des armes de la famille de Fersen (cachet avec un pigeon volant).
Ah, ce truc est bien difficile à suivre... S'agit-il d'une bague ? d'une empreinte ? Il semble en tout cas que ce soit un cachet, avec des poissons volants et la devise de la famille Fersen. Corrigez-moi si je me trompe, parce que je patine dans cette affaire compliquée, mais c'est ce que, pour finir, j'ai compris.

Fersen parle seulement d'un "cachet" dans son Journal. Zweig a légèrement romancé en disant qu'il s'agissait d'une "bague".

Citation :
Bref, Marie Antoinette, veuve, en effet, renvoie à son chevalier servant la devise de sa famille, en insistant sur sa signification. Que fait-elle donc ? Sinon, le rappeler à elle, comme elle l'a déjà fait avec l'anneau "lâche qui les abandonne"... mais en plus urgent, sans doute encore, parce que les malades de la révolution ont déjà exacuté son mari, parce qu'elle craint pour sa propre vie et pour celle de son fils... puisque les forcenés n'ont pas reculé devant le côté sacré du roi.

Vous y voyez autre chose, vous ?  Shocked Vous n'imaginez tout de même pas que Marie Antoinette de Lorraine d'Autriche, la fille du roi Marie Thérèse, la descendante des Césars a songé un instant à épouser un comte suédois ?  Shocked

Les premiers mots de la reine à Fersen, veuve et célibataire depuis 3 mois sont : "Tout me conduit à toi" - "rien n'a jamais été plus vrai". Fersen aurait sans doute pu l'interpréter comme une proposition de mariage oui. Marie-Louise d'Autriche (Maria Ludovica Leopoldina Francisca Theresa Josepha Lucia de Habsbourg-Lorraine), archiduchesse d'Autriche, accessoirement princesse de Hongrie et de Bohême, veuve de Napoléon a bien épousé l'un des fils du marquis de Bombelles. Wink De même, Louis XIV s'est bien remarié avec Madame Scarron.
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:23

Citation :
 Nous n'avons pas la même vision.  Very Happy Pour moi, ce sont les mots d'une femme amoureuse ("j'existe mon bien aimé et c'est pour vous adorer"..."Adieu le plus aimé des hommes"). Je ne suis pas particulièrement romantique (bon allez si, un chouïa  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 244157 ) mais vraiment, ces mots ont une signification très forte. Vous remarquerez que la reine n'a jamais dit à son amie la plus proche, la duchesse de Polignac, qu'elle était la "plus aimée et la plus aimante des femmes". Mon intime conviction quant à la nature de la relation entre Marie-Antoinette et Fersen se base, en grande partie, sur l'utilisation de ces termes par la reine, dans un message codé, non signé par Louis XVI.
That's it ! Nous n'avons pas la même vision... Nous pouvons donc continuer à discuter pendant des jours et des nuits, nous ne tomberons jamais d'accord. Mais, puisque vous aimez cela visiblement autant que moi, je veux bien.  Very Happy

La reine n'a jamais écrit des mots pareils à personne, d'accord. Mais la reine n'a jamais monté un plan si enthousiasmant que Montmédy avec personne d'autre... et n'a connu un échec aussi cuisant avec personne d'autre non plus.

Je pense sincèrement que tous ces termes peuvent être pris littéralement. La reine adore Fersen. Elle se repose entièrement sur lui, il a prouvé sa loyauté, il est aussi le dernier qu'il lui reste. Il est le plus aimé des hommes pour elle. De tous ces chevaliers qui se dévouent pour elle, Fersen est son préféré, parce qu'il est aussi celui qui se démène le plus.

Votre intime conviction est un élément tout à fait respectable. Elle est juste différente de mon intime conviction. Pas sur l'intensité, puisque la reine écrit elle-même qu'elle adore Fersen. Mais sur la nature. Pour moi, la reine adore Fersen sans que ce sentiment implique ni désir sexuel ni jalousie. Appelez cela amitié, comme la reine le fait elle-même, ou amitié amoureuse, pour faire plaisir à Simone Bertière... pour reprendre une expression couramment employée par Marie Antoinette, cela est égal.  Very Happy

Par contre, le fait que les lettres soient codées et non signées par le roi n'est absolument pas significatif. C'était la reine qui se chargeait de presque toute la correspondance de Louis XVI, et il ne signait jamais.

Allez-vous me dire qu'elle était amoureuse de Catherine II parce que Loulou n'a pas signé sa lettre ?!  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 244157

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:25

Citation :
 Ne faisons pas de procès d'intention à Fersen.  Wink Une chose est sûre : il est en possession d'un mot d'amour de la reine... coïncidence étrange, non? Wink  

Non, c'est normal, puisque Madame de Korff le lui a remis.  Wink

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:29

Citation :
 Comment sait-on que Mercy a reçu copie de cette lettre ?

Nous en avons trouvé la copie du chiffre et le déchiffrement dans les papiers de Mercy. (GDC, op. cit., p. 711).

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:32

Citation :
 Fersen parle seulement d'un "cachet" dans son Journal. Zweig a légèrement romancé en disant qu'il s'agissait d'une "bague".

Certes, Zweig, très doué pour mettre les faits à sa sauce, n'aide pas à l'interprétation... N'empêche, si quelqu'un voit clair dans cette histoire d'empreinte, je suis preneuse.

Tout ce dont je suis sûre, c'est qu'il s'agissait de la devise de la famille Fersen.

Quant à la forme elle-même de l'objet... Une empreinte peut bien être une bague, non ? Une bague servait souvent de cachet.  Shocked

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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:34

pimprenelle a écrit:
... ce qui exonère fort opportunément Madame Bertière de la peine de trancher.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575 Elle n'a pas tort, remarquez, moi aussi, je trouve ces obessions poildecuttantes.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575  

En même temps, au moment où Simone Bertière a publié sa biographie en 2005, la fameuse lettre du 29 juin 1791 n'avait pas encore été re-déchiffrée. Simone Bertière serait peut-être plus catégorique aujourd'hui... ? A voir avec elle...

pimprenelle a écrit:
Pour Marie Antoinette, dans ses propres termes, Fersen est son ami, qu'elle adore. Voilà tout.  Very Happy

J'espère pour vous que vous avez vous aussi, des amis que vous adorez.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 580524

Of course.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575 Mais si vous êtes en couple, vous ne pouvez pas écrire à quelqu'un qu'il est "le plus aimé et le plus aimant des hommes". Surtout si vous êtes reine. Rappelez vous la fameuse phrase de César à propos de sa femme Pompeia Sulla : "Ma femme n'a même pas le droit d'être soupçonnée". La reine se doit d'être au-dessus de tout soupçon. En prenant le risque d'utiliser de tels mots, Marie-Antoinette sait donc très bien ce qu'elle fait : mais elle n'en a que faire, car elle l'aiiiime.  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575 Marie-Antoinette l'insoumise.
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:43

pimprenelle a écrit:
Vous me prenez par mon point faible, puisque j'adore voir de l'écriture de Marie Antoinette...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 646837

Mais, non... franchement, non... Il s'agit là, une fois de plus, de l'interprétation de Zweig, reposant elle-même sur les délires de Söderhjelm.

D'abord, les caviardages, y compris ceux que vous citez, n'appellent pas forcément une suite amoureuse.

... mais ils en appellent peut-être une aussi. C'est même probable, compte tenu du fait que la reine a placé ses mots d'amours en début et en fin de lettre dans sa fameuse missive du 29 juin 1791 (récemment redéchiffrée). Là, franchement, je trouve que Zweig a vu juste.

pimprenelle a écrit:
Ensuite, si les termes sont aussi hot que "mon bien aimé" et "je vous adore"...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 194575

Honni soit qui mal y pense ?  Wink A tout le moins, elle a dû dire des choses considérées comme très gênantes puisque l' "on" (Fersen semble-t-il) a jugé utile de raturer les passages en question....
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MessageSujet: Re: Fersen, un chevalier courtois ? 1   Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Icon_minitimeLun 12 Nov - 12:50

Citation :
  Les premiers mots de la reine à Fersen, veuve et célibataire depuis 3 mois sont : "Tout me conduit à toi" - "rien n'a jamais été plus vrai". Fersen aurait sans doute pu l'interpréter comme une proposition de mariage oui. Marie-Louise d'Autriche (Maria Ludovica Leopoldina Francisca Theresa Josepha Lucia de Habsbourg-Lorraine), archiduchesse d'Autriche, accessoirement princesse de Hongrie et de Bohême, veuve de Napoléon a bien épousé l'un des fils du marquis de Bombelles. Wink De même, Louis XIV s'est bien remarié avec Madame Scarron.

Voici une photo de cette lettre :

Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 Billet10

Comme vous pouvez le voir, c'est plus un billet qu'autre chose, écrit à la hâte et bourré de fautes de toutes sortes... des fautes même que Marie Antoinette ne commet jamais d'ordinaire (je panse pour je pense  Shocked ).

L'état d'esprit de la reine est catastrophique. Elle vient de nourrir avec Jarjayes un espoir inouï, elle a vraiment cru qu'elle et sa famille allaient pouvoir filer de cette tour pourrie. Vous imaginez leur excitation, leur enthousiasme ? Et puis, plus rien, tout retombe.  Shocked

Malheureusement, ce qui ne cesse pas, c'est le malheur, le danger. C'est même de plus en plus affreux. Vous pensez vraiment que la reine aux abois, que la mère en alarme songe un instant à se remarier ?! Elle a bien autre chose en tête que voiles blancs et cotillons !  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 79143

Chaque jour qui passe les rapproche de la mort, elle et ses enfants. Elle envoie un de ses chevaliers dévoués, Jarjayes, rappeler à l'aide le plus dévoué d'entre tous, Fersen. Parce que, bon sang, y'a urgence !  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 35958

Citation :
 En même temps, au moment où Simone Bertière a publié sa biographie en 2005, la fameuse lettre du 29 juin 1791 n'avait pas encore été re-déchiffrée. Simone Bertière serait peut-être plus catégorique aujourd'hui... ? A voir avec elle...

A vue de nez, je n'ai pas l'impression qu'elle modifierait son opinion, puisqu'elle dit dans sa bio qu'elle a cru, personnellement, déchiffrer un bien aimé, ou un truc dans le genre.

Un de ces passages aussi hot, vous voyez...  Fersen, un chevalier courtois ? 1 - Page 27 588717

_________________
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