Jacques-René Hébert

Bonne nuit à vous aussi!

Parlons un peu des origines familiales d'Hébert. son père est un maître orfèvre. Il a eu son fils sur le tard , à l'âge de 64 ans. Ce fils est issu d'un second mariage. Lors du premier mariage, le père d'Hébert avait épousé Hélène Provost , fille d'un petit maître de forges qui mourut sans lui donner d'enfants. Alors , il se remaria à 60 ans avec une jeune fille de 29 ans , une certaine Marguerite Benaiche de La Houdrie. Cette jeune femme possède quelques biens : un domaine dans le Maine, deux belles maisons en plein centre ville d'Alençon ( dont l'une abrite la boutique de l'orfèvre ) et une grande ferme voisine de la ville.
13 mois plus tard, en 1754 , c'est la naissance de leur premier enfant Jacqueline qui bientôt trépassa. La naissance d'un fils vient compenser ce grand chagrin, naissance en 1759 suivie d'une petite soeur appelée Mélanie, suivie deux ans plus tard par une autre naissance, celle de Marguerite.

Comme le dit Marina Grey: " Décidément la vie soutit au maître orfèvre : une femme de petite mais d'ancienne noblesse , 3 beaux enfants, des affaires prospères et la considération de ses concitoyens qui le nomment tour à tour , Lieutenant de la milice bourgeoise, échevin, trésorier de l'église St Léonard et prieur juge consul ( aujourd'hui, nous dirions président de la chambre de commerce ). Hélas, l'âge aidant , en 1766, Mme Hébert devient veuve. Les filles sont faciles à élever et donc priorité est donnée au garçon. Hébert est donc inscrit au collège. Ce n'était pas un bon élève ni un mauvais non plus. Les prêtres le qualifiaient volontiers d'aimable mais de paresseux. Toute la famille s'intéressait à lui et c'était le petit chéri, le petit chouchou des femmes de la famille. "

Encore un , élevé dans du coton et dans les jupes des femmes, comme La Fayette !

A Paris, il est dans la misère . Et il a du mal à trouver du travail puisqu'il ne sait rien faire de ses dix doigts. Il vit d'expédients. Desgenettes ( le futur médecin en chef de la campagne d'Egypte ) l'aide un peu mais c'est loin d'être suffisant. alors, il se décide à " taper sa mère". Celle-ci vent en 1784 sa ferme proche d'Alençon. Elle en retire 5000 livres. Le voici sauvé pour quelque temps, le temps de louer une chambre plus confortable et plus claire. Puis peu à peu, il dépense tout l'argent maternel. Heureusement que l'ami Desgenettes revient d'Angleterre et l'entraîne dans des auberges très bon marché.
Hébert commence à prendre de l'âge. Ainsi, le voici à 28 ans , sans position...

Hébert décide de se diriger vers le théâtre. Grâce à sa mise toujours soignée, il arrive à décrocher une place de garde-magasin . Quatre mois plus tard, il sera " contrôleur chargé de la location des loges". La vie commence un peu à lui sourire. Le voilà nanti d'un salaire annuel de 1800 livres, et assuré d'avoir un contact avec les grands seigneurs. Hélas, en 1787 , sa mère s'éteint. Hébert n'est avisé du décès qu'après l'enterrement. Il délègue ses pouvoirs à un voisin de ses sœurs. Il renonce aux deux maisons et retire pour tout héritage la somme de 500 livres.

Hébert rencontra deux femmes qui jouèrent un rôle important dans sa vie. L'une est la comtesse de Rochechouart et l'audre est Lady Atkins.

"Charlotte Atkins est la cadette des trois filles de Robert Walpole. Son rêve de toujours est d'être actrice, chose qu'elle réalise le 2 octobre 1777. Elle fit ses débuts dans l'un des tois théâtre londoniens. Toutes les pièces qu'elle joua connurent un grand succès. Puis elle jour , elle disparut du théâtre pour vivre sa vie de femme avec Sir Edward Atkins. Très vite , le couple se partage des deux côtés de la Manche. Elle fréquente les salons parisiens et se lie d'amitié avec la duchesse de Polignac mais elle ne parvient pas à être présentée à la reine.

Voyant les débuts de la révolution gronder, le couple part mais lady Atkins revient à Lille dès l'automne 1789, laissant son mari derrière elle, mari qui mourra 5 ans plus tard. A Lille, elle se lie intimement avec Louis de Frotté, le jeune chef insurrectionnaire normand. En 1791 , elle est aux Tuileries.
Désormais, la belle Charlotte n'a plus qu'un but en tête : sauver la reine de France et l'enfant roi. Elle y consacrera sa vie et sa fortune. Elle n'y parviendra pas car elle fait trop confiance en des agents secrets ,escrocs et charlatans. Elle financera les entreprises les plus folles. Elle y perdra tout son argent. Elle s'éteindra presque nonagénaire et mourra en 1836 à Paris. L'on se souviendra d'elle comme une femme crédule, naïve mais aux principes moraux d'une grande noblesse qu'elle mettra toute sa vie en pratique".
Source : le livre de Marina Grey

C'est extrêmement surprenant qu'Hébert ait été proche d'une si courageuse admiratrice de Marie-Antoinette!
Il y a quelque chose à creuser, il me semble.

Lady Atkins ?
Tiens...

Oui c'est très curieux.

Alors Hébert royaliste, ce n'est peut-être pas si incongru que cela...Qui sait ?

N'empêche, il peut se vanter d'avoir fait souffrir le plus la famille royale!
C'est lui qui a traité Marie-Antoinette d'incestueuse! Jamais je ne pourrai lui pardonner.

Vous oubliez chère olivia, que la Constituante "oubliait" un peu la Reine et que lors d'une soirée chez Robespierre cet infâme individu, réclama la Tête de la Reine. "Qu'on me la donne, sinon j'irai lui couper de mes mains" . C'est ainsi que le procès commença.....

Oh non, je ne l'ai pas oubliée! Et comme le dossier à charge était vide, faute de tomber sur sa correspondance avec l'Autriche, il a eu cette infâme idée de faire témoigner le petit Louis XVII.

Le père Duchesne royaliste?! Cela ne pouvait être qu'une attraction charnelle. Elle fut actrice, et lui il avait apparemment travaillé au théâtre....je ne sais pas. C'est facile d'écrire que Charlotte Aktkins ait joué un rôle important dans sa vie, sans autre explication. Quel rôle? C'est la première fois que j'en entends parler.

Je me fie sur le livre de Marina Grey. Nous en saurons plus sur Hébert au fur et à mesure que j'avancerais dans le livre...

Il faudrait vraiment creuser ce monde interlope de la Révolution. Financiers véreux, espions de tous bords, aventuriers, petits magouilleurs...

Oui, c'est en lisant la vie des révolutionnaires les uns à la suite des autres qu'on peut mieux s'en faire une idée...

Tout à fait. J'admire votre courage à lire la vie des ces véreux. Je vais à Toulouse ce soir et j'espère trouver une biographie de Danton!

Je crois que la meilleure est celle de Frédéric Bluche.

J'habite a côté de chez lui !

L'avez-vous rencontré ? Vous pourriez avoir des discussions passionnantes !

Pas sûr ! Et puis il est toujours statique un doigt pointé vers Notre Dame.

Ah mais je croyais Bluche!

Moi aussi !

"Elisabeth Françoise Armide Durey de Morsan s'était mariée fort jeune avec Louis Pierre Jules César de Rochechouart. Elle lui donna 3 fils et 1 fille. Le couple partageait son temps entre leur domaine de Montigny en Beauce, leur hôtel de la rue St Guillaume et la maison de Campagne qu'ils louent dans le village de Passy. La Duchesse de Polignac fut l'artisan de l'amitié qui, dès 1787 , devait lier Elisabeth à Marie-Antoinette.

Les premières vagues de l'émigration n'entraînèrent pas les Rochechouart . Lui se cloîtra à Montigny , elle à Passy où elle réunit d'étranges réunions : des royalistes fidèles y complotèrent, quelques écclésiastiques s'y rassemblaient et surtout beaucoup d'évêques réfractaires. Parmi les écclésiastiques reçus et traités avec grande déférence, citons l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont, le confesseur de Madame Elisabeth soeur du Roi.

Lorsque Louis XVI eut expiré, confessé et béni par l'abbé Edgeworth, Mme de Rochechouart se dit qu'il était temps , pour elle , d'agir plus efficacement. Voici ce que conte son fils : " Le coeur navré à l'idée de voir sa souveraine , expirer sur l'échafaud, elle résolut de tenter, à n'importe quel prix , de l'arracher à ces ignominies. Elle réunit ses efforts à ceux du baron de Batz ; je crois même qu'elle avança la somme des 10 000 Louis qui devaient être donnés pour prix d'une si précieuse liberté. Pour parcenir soit à corrompre les gardiens, soit à prévenir l'infortunée prisonnière, il fallait une activité extraordinaire, unie à une prudence toute particulière ; ma mère ne pensait qu'à une seule chose : la délivrance de la reine. Elle sejeta en aveugle dans cette affaire , sans en examiner le moins du monde les chances de succès, ni les périls (...)Le coup manqua."



Hébert arrêté et bientôt guillotiné , ses relations avec Mme de Rochechouart rendues publiques, la comtesse échappe par miracle à la prise de corps. Elle se cache, voyage, revient souvent en France sous le nom de Durey ou celui de Thibaut, conspire sans arrêt. En 1798 , elle est en Angleterre avec son fils, le futur général.
Les Anglais la soupçonnent d'être un agent double , recevant des subsides des royalistes comme des républicains-ce qui semble inexact-et l'accusent d'indélicatesses, ce qui hélas , est confirmé. Les archives du ministère des affaires étrangères ( fonds Bourbon ) conservent un dossier accablant.
Elisabeth est donc expulsée d'Angleterre. Après de nombreuses péripéties que la misère rendait plus dure à supporter , Madame de Rochechouart mourut aux abords de Kherson ( une ville située à l'embouchure du Dniepr ). Elle avait alors 48 ans et nous étions en 1805."
Source : le livre de Marina Grey