Madame Adélaïde

Si vous avez tout à fait raison, Adélaïde était une très belle femme étant jeune  
D'ailleurs c'est ce que j'ai toujours pensé, mais par contre je ne pensais pas qu'elle avait pu en jouer  

Merci, chère princesse, et Madame Sophie ! Je ne suis pas surprise du tout que la princesse ait pu être une séductrice en son temps . Tous ses portraits attestent de sa beauté. Cette femme de tête savait utiliser tous ses atouts !!!

Absolument ! Et avec le temps,la reine s'effaçait de plus en plus et demandait à Madame Adélaïde à la remplacer , partout où sa présence n'est pas requise par l'étiquette , ce qui enchante notre princesse. Ainsi donc , parmi les femmes de sa famille, madame Adélaïde n'a pas de rivale. Victoire et Sophie approuvent toutes ses actions, Louise s'isole de même que la reine. Quant à la dauphine, elle s'occupe de ses enfants.
Forte de sa présence auprès du roi, elle parle en reine et sa personnalité s'impose à tous. Elle aimait vraiment se montrer en public.
Reste donc Madame de Pompadour. Là aussi, le temps a arrondi les angles. Et comme le dit Valentino : " Pour achever la conquête de la famille royale , la marquise fort peu dévote jusque là, s'était mise à pratiquer la religion et " à faire grand étalage de dévotion". Une telle piété, plus feinte que réelle ,, lui valut de réaliser sa dernière aspiration : après le brevet de duchesse obtenu en 1752 , elle fut déclarée dame du palais de la reine. Cette nouvelle dignité récompensait ses mérites de diplomate ; car les pourpalers de Babiole venaient d'aboutir et la Pompadour n'était pas étrangère à cette réussite , et ce d'autant plus que l'impératrice Marie-Thérèse ne lui avait pas ménagé ses lettres de courtoisie et ses cadeaux princiers."

Qu'est-ce que les pourparlers de Babiole ?

En fait , il s'agissait de préparer l'alliance entre la maison de France et celle d'Autriche. La marquise avait réuni autour d'elle , en son pavillon Babiole dans le parc de Bellevue tout un ensemble de personnes dont le comte de Stahremberg, envoyé de l'impératrice Marie-Thérèse et l'abbé de Bernis , jeune prêtre ambitieux protégé de la favorite. C'est ce qu'on a appelé les pourparlers de Babiole.

Je savais que Bernis et la marquise étaient les instigateurs du renversement d'alliances, mais j'ignorais ces pourparlers de Babiole .
Babiole ! Quel petit nom charmant, et quel gentil pseudo cela ferait !!!

Bainville: Heur et Malheur des Français:
Bon gré, mal gré, l’Autriche et la France se trouvaient rapprochées. Par le premier traité de Versailles, le mois même de notre rupture avec les Anglais, une alliance défensive était conclue entre Bourbons et Habsbourg. Un an plus tard, cette alliance se resserrait, Frédéric ayant envahi la Saxe Comme il avait envahi la Silésie et dévoilé l’ambition de la Prusse qui était de mettre sous sa dépendance tout le corps germanique.

Le « renversement des alliances » est un événement considérable dans notre histoire. Tout naturellement les austrophobes, les partisans aveugles de la tradition se récrièrent, et le pire fut que, bientôt, aux yeux du public, le résultat malheureux de la guerre parut leur donner raison. De l’alliance autrichienne date le divorce entre la monarchie et la nation, et sera encore, trente-cinq ans plus tard, le grief le plus puissant des révolutionnaires, celui qui leur donnera le moyen de renverser et de condamner Louis XVI.

La légende fut que la royauté n’avait renoncé à ses anciennes maximes, abandonné la lutte contre la maison d’Autriche que par une intrigue de cour. Frédéric fit de son mieux pour accréditer cette version et, comme il avait déjà une femme, Marie-Thérèse, pour adversaire (en attendant l’impératrice de Russie), il accusa Mme de Pompadour, « Cotillon II », d’avoir sacrifié les intérêts de la France au plaisir vaniteux d’être en correspondance avec la fille des Habsbourg. Il est vrai que Marie-Thérèse, son ministre Kaunitz et son ambassadeur Stahremberg, ne négligèrent rien pour flatter la favorite. Il est vrai aussi que la maison de Babiole où eurent lieu les pourparlers, la part qu’y prit, avec Mme de Pompadour, l’abbé de Bernis, homme de cour auteur de vers galants, donnent au renversement des alliances un air de frivolité. Ce fut pourtant une opération sérieuse et réfléchie. Par le premier traité de Versailles, le gouvernement français n’avait conclu qu’une alliance défensive. Elle fut étendue après l’accession et les succès de Frédéric, mais, par un second traité, nous prêtions notre concours militaire à l’Autriche contre la promesse d’étendre notre frontière dans la partie méridionale des Pays-Bas autrichiens, d’Ostende à Chimay, le reste devant former un État indépendant, esquisse de la future Belgique, qui serait attribué à l’infant de Parme, gendre de Louis XV. Connues de nos jours seulement,

Merci chère Madame Sophie pour votre exposé si complet et si intéressant sur ce sujet.

Valentino revient sur le caractère de Madame Adélaïde . Voici ce qu'il en dit : " Adélaïde agissait par accès et par excès . Sans caractère au fond, elle abandonnait vite la partie, quitte à la reprendre ensuite au moment le moins opportun. "Elle était Bourbon , dira plus tard dans ses mémoires, la comtesse de Boigne, c'est à dire qu'elle n'avait pas assez d'énergie pour résister aux volontés ou s'y associer pleinement".

Voici un lien sur le château de la Malgrange, château du grand père de Mesdames , près duquel elles allèrent prendre les eaux :


http://jarvillehier.free.fr/ -

Un lieu très prisé de ces dames

Madame de Chimay a écrit:

"Elle était Bourbon , dira plus tard dans ses mémoires, la comtesse de Boigne, c'est à dire qu'elle n'avait pas assez d'énergie pour résister aux volontés ou s'y associer pleinement".

... dur constat !

Dotée d'un caractère vif, Adélaïde sut s'imposer comme un véritable chef de famille auprès de ses sœurs. Seule la benjamine Madame Louise, qui entra au Carmel en 1770, échappait à son ascendant.

La voici par l'incontournable Nattier en 1750

Merci beaucoup pour cette rigueur

Elle avait de beaux yeux

Belle femme, elle a reçu les hommages de son cousin le prince de Conti ainsi que ceux du prince François-Xavier de Saxe. Mais elle était trop imbue de son rang et trop indépendante. Donc elle préféra rester célibataire.

C'est vrai!

De plus c'est l'une des rares qui n'a pas tant les traits de sa mère je trouve. Je dirais qu'elle ressemble plus à son père.

Où l'on voit que, quelque hautaine, orgueilleuse, sèche et autoritaire qu'elle paraisse, Madame Adélaïde n'avait pas un cœur complètement insensible :

Février 1786, le jeune comte de Laval vient de mourir .
Il avait été lié à un jeune-homme à l'école militaire, d'une famille honnête, mais si pauvre qu'il n'avait pas de quoi vivre . Il avait engagé ses parents à solliciter pour lui une pension de mille livres de Madame Adélaïde, et ne pouvant pas l'obtenir, il avait pris le parti de le tromper, de la lui faire faire sur ses épargnes, en lui disant qu'elle avait été accordée . Son ami l'avait cru et jouissait depuis longtemps de cette grâce avec sécurité . Quand le petit Laval s'est vu à l'extrémité et obligé de dévoiler un secret qu'il aurait voulu ensevelir, il a fait venir l'évêque de Metz, son oncle; le lui a découvert en le priant instamment de continuer de même envers son ami, jusqu'à ce qu'il plaise à Madame Adélaïde d'accorder cette grâce . Il le lui a promis, et il n'a pas été plus tôt mort que l'histoire s'est sue, et que Madame Adélaïde a promis d'accorder la pension .

( Mme de Sabran à M. de Boufflers )

Hé hé pas insensible

C'est à vous, ces beaux yeux là ?

Le coup de bec doit faire mal

Madame Adélaïde avait donc une sensibilité? Incroyable

Si fait !

Remarque bien qu' en l'occurrence, la générosité n'avait pas été tellement spontanée !
Madame Adélaïde se serait, comme qui dirait, sentie obligée !

Je l'imagine très bien avoir du coeur. Malgré son côté revêche, elle a été à bonne école en terme de charité avec sa mère.
La future madame de Boigne témoigne que la cour de Bellevue était assez bon enfant.

Un peu comme la future duchesse d'Angoulême : très froide, dure, cassante, mais faisant le bien autour d'elle.

C'était une attitude très répandue chez les dames de haut rang .

A cause de leur éducation peut-être

Oui pas le choix. Leur éducation de dame chrétienne les obligeait à être charitable.
Je ne sais pas si Marie-Antoinette s'y est pliée (on ne peut pas dire qu'elle a tenu son rôle de bonne reine catholique ), mais Marie Leszcinska et ses filles, comme les reines d'avant étaient tenues à laver les pieds de femmes pauvres lors de la semaine sainte, le roi pareil pour les hommes, en souvenir de Jésus pour ses apôtres le soir de la Cène.

Mais au-delà de ça, il me semble qu'Adélaïde avait été une rigolote dans sa jeunesse. C'est pour ça que malgré tout je l'aime bien. Elle a surtout été très jalouse de perdre son rang de première dame du royaume à l'arrivée de Marie-Antoinette. Juste après la Du Barry, ça faisait beaucoup. Et comment n'aurait-elle pas pu la comparer à sa mère si "parfaite" à ses yeux et de voir une gamine autrichienne prendre sa place ?
J'ai connu des vieilles tantes célibataires dont j'étais la branche rapportée. Même si elles m'appréciaient, il me fallait toujours redoublé d'efforts. Jamais je n'aurais été assez digne de leur si parfait neveu, fils de leur encore plus parfait frère. Exactement pareil.

Et puis je crois qu'elle a dû vraiment souffrir dans sa vieillesse, exilée avec sa sœur à Rome, abandonnant leur pays dans une situation terrible, leur famille de même, pour ensuite apprendre des nouvelles plus abominables les unes que les autres. Leur vie n'avait plus aucun sens (déjà qu'elles ne servaient pas à grand chose ). Les années 1790 ont vraiment dû être totalement incompréhensibles pour elles. Je les plains de tout cœur. Pauvres vieilles!

Non pour ma part je ne les plains pas car il y avait quand même bien pire comme situation à cette époque que fille de France, même célibataire
Et on ne peut pas dire qu'elles aient mis une réelle volonté à changer leur situation...

Marie-Antoinette avait elle aussi une âme charitable, c'est d'ailleurs elle puis ensuite Elisabeth qui a inculqué ça à sa fille Bon après oui elle ne donnait en proportion pas énormément, mais elle y pensait quand même quand il le fallait.