Madame Adélaïde

Ah ! Oui. Je me souviens de ce dialogue de sourds...

J'ai bien ri hier soir grâce à vous, merci!

Vous l'avez souligné , chère Olivia, ce forum est vraiment un endroit de ressourcement pour tous. C'est un endroit où il fait bon vivre .

Pour en revenir à notre pétulante Adélaïde , la source de son animosité envers Marie-Antoinette se trouve résider justement dans la candidature de la future dauphine. Adélaïde soutenait , à l'instar de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe , la candidature d'une princesse saxonne comme future dauphine. Une future dauphine qu'elle aurait pu manipuler à sa guise, chose qu'elle ne pouvait pas faire avec une princesse autrichienne.

J'adore cet ours !


Surtout quand on le met à côté des explications de Chou sur les coordonnées géographiques.


Eh pourtant Marie-Antoinette est arrivée bien soumise devant ses nouvelles tantes avec ses petits quatorze ans en besoin de se retrouver avec des femmes mûres qui auraient pu la guider dans "ce pays-ci". On le voit bien dans sa lettre où elle raconte son quotidien à sa mère à ses débuts en France. Elle passe son temps chez ses tantes.
Mais elle a ouvert les yeux assez vite.
Et la pauvre Adélaïde s'est retrouvée reléguée comme une vieille chaussette.

Je me pose une question depuis que j'ai revu le film de la Révolution française. Se trouvaient-elles dans leur appartement au rez-de-chaussée à Versailles lors des journées d'octobre ? Ou bien étaient-elles à Bellevue ? Parce qu'au rez-de-chaussée, elles auraient pu risquer gros. Même s'il est flagrant que Marie-Antoinette était réellement le but à atteindre.
Les pauvres vieilles ont dû paniquer en entendant le raffut à l'aube et courir en robe de chambre jusque chez leur neveu le roi.

olivia a écrit:

Je me pose une question depuis que j'ai revu le film de la Révolution française. Se trouvaient-elles dans leur appartement au rez-de-chaussée à Versailles lors des journées d'octobre ? Ou bien étaient-elles à Bellevue ? Parce qu'au rez-de-chaussée, elles auraient pu risquer gros. Même s'il est flagrant que Marie-Antoinette était réellement le but à atteindre.
Les pauvres vieilles ont dû paniquer en entendant le raffut à l'aube et courir en robe de chambre jusque chez leur neveu le roi.

Mesdames étaient à Versailles cette nuit-là...Ce fut sous la voûte de leur appartement que les premiers gardes ont été massacrés. Leur logement donnant directement sur la terrasse au rez-de-chaussée, les émeutiers ont tiré dans leur fenêtres, faisant voler les vitres en éclats.
Madame Adélaïde s'est précipitée aussitôt chez sa sœur qu'elle trouva au saut du lit et elle a annoncé, comme au théâtre:
"Nous leur apprendrons à mourir!"
Cependant, comme le rappelle Olivia, c'était à la Reine que ces diables en voulaient, et déjà la horde s'éloignait à la recherche de victimes plus intéressantes que les "vieilles tantes".
Madame Adélaïde donne l'ordre de fermer les volets.Après quoi , elle décide de rejoindre le reste de la Famille Royale, traînant après elle Madame Victoire par quelques passage dérobé.

Bien à vous.

Je ne saurais vous répondre car je ne suis pas encore arrivée à ce point du livre.
Valentino parle qu'en 1767 , le sculpteur J.B. Lemoyne fit de Madame Adélaïde un buste en marbre . Valentino parle aussi de M. de Martange ( correspondant à Versailles du prince Xavier de Saxe ) qui a laissé un portrait moral d'Adélaïde :
" Madame Adélaïde a beaucoup de goût pour les affaires ; elle les aime, les saisit avec facilité , en désire le succès avec ardeur, mais il s'en faut bien qu'elle n'ait ni la constance dans les résolutions, ni la solidité de la marche dont la pauvre dauphine ( Marie-Josèphe de Saxe ) était susceptible. Distraite par tous les amusements du jour, elle s'occupe de tout avec la même vivacité ; et au moyen de petites complaisances que les ministres ont pour elle dans les choses purement de faveur....Ils réduisent à des actes de tendresse et de condescendance paternelles tout le crédit qu'elle a réellement auprès du roi et qui ne tiendrait qu'à elle d'étendre jusqu'à la confiance. Le travail et la réflexion la fatiguent ; et autant elle est susceptible d'activité dans une affaire prompte qui l'intéresse, autant je la juge incapable de méthode dans une affaire de longue haleine, où il faudrait gagner son terrain pied à pied."

Madame de Chimay a écrit:

Je ne saurais vous répondre car je ne suis pas encore arrivée à ce point du livre.
Valentino  parle qu'en 1767  , le sculpteur J.B. Lemoyne fit de Madame Adélaïde un buste en marbre .  Valentino parle aussi de M. de Martange  ( correspondant à Versailles du prince Xavier de Saxe ) qui a laissé un portrait moral d'Adélaïde :
" Madame Adélaïde a beaucoup de goût pour les affaires  ; elle les aime, les saisit avec facilité , en désire le succès avec ardeur, mais il s'en faut bien qu'elle n'ait ni la constance dans les résolutions, ni la solidité de la marche dont la pauvre dauphine ( Marie-Josèphe de Saxe ) était susceptible. Distraite par tous les amusements du jour, elle s'occupe de tout avec la même vivacité ; et au moyen de petites complaisances que les ministres ont pour elle dans les choses purement de faveur....Ils réduisent à des actes de tendresse et de condescendance paternelles tout le crédit qu'elle a réellement auprès du roi et qui ne tiendrait qu'à elle d'étendre jusqu'à la confiance. Le travail et  la réflexion la fatiguent ; et autant elle est susceptible d'activité dans une affaire prompte qui l'intéresse, autant je la juge incapable de méthode dans une affaire de longue haleine, où il faudrait gagner son terrain pied à pied."

Très intéressant témoignage. Je suis sûre qu'elle aurait pu être une très bonne reine, à l'instar de ses contemporaines Marie-Thérèse ou Catherine II. Elle me paraît de leur trempe, avec des faiblesses comme tout un chacun.

Valentino nous livre un autre témoignage, en l'occurence celui de la marquise de Donissan , fille de la duchesse de Civrac . Voici ce qu'elle écrivit dans ses Souvenirs : " Mesdames étaient en très grande faveur mais elle ne surent en profiter ni l'une ni l'autre...Madame Adélaïde était gouvernée par Mme de Narbonne ...Madame Victoire , céleste par son caractère et par les vertus les plus pures , habituée à une grande subordination , était gouvernée par Madame de Civrac...Pendant que ma mère et Mme de Narbonne ne s'occupaient que de leurs affaires personnelles , elles ne s'aperçurent pas qu'en attirant les princesses chez elles, elles les éloignaient du roi, qui sans cesse allait chez Mesdames ses filles et revenait chez lui, se plaignant de ce qu'il ne les trouvait jamais."

Citation :

Son comportement est vraiment digne d'une grande princesse.  

La source n'est pas citée mais la phrase ressemble beaucoup à celle de la Reine qui disait avoir "appris de (Sa) mère à ne pas craindre la mort et (qu'Elle) l'attendrai(t) avec fermeté"...
A-t-on voulu prêté à Madame Adélaïde une bravoure similaire en un tel moment?
Enfin...la théâtralité de sa phrase lui ressemble

Bien à vous.

Et justement face à l'absence de ses filles, Louis XV trouve refuge et consolation dans les bras d'une nouvelle favorite , Madame Du Barry.

Voici ce qu'écrit Valentino : " La première victime de l'avènement de Mme du Barry allait être Madame Adélaïde . depuis que la favorite était installée au deuxième étage des cabinets du roi, la fille de Louis XV ne pouvait plus demeurer dans l'appartement de la Cour de Marbre. au surplus, le roi se proposait d'agrandir ses cabinets en utilisant le logis de sa fille. Il fallut donc se soumettre à la volonté du maître et Adélaïde dut émigrer dans l'ancien appartement de la Pompadour, au rez de chaussée sur le parterre nord, contigu à celui où logeaient ses sœurs et qu'elle-même avait précédemment habité."

Voici un autre témoignage, en l'occurrence celui de Madame Campan sur Mesdames aux approches de la quarantaine :
" Madame Adélaïde surtout eut un désir immodéré d'apprendre ; elle s'exerça sur tous les instruments de musique, y compris le cor et la guimbarde....Elle avait eu un moment une figure charmante, mais jamais beauté n'a si promptement disparu que la sienne ...
Madame Victoire était belle et très gracieuse ; son accueil , son regard et son sourire étaient parfaitement d'accord avec la bonté de son âme...
Madame Sophie manifestait une grande timidité qu'on pouvait la voir tous les jours pendant des années sans l'entendre prononcer un seul mot...
Depuis plusieurs années , Madame Louise vivait très retirée , je lui faisais la lecture cinq heures par jour...
Madame Adélaïde avait plus d'esprit que Madame Victoire , mais elle manquait de cette douceur qui seule fait aimer les grands. Des manières brusques, une voix rude , une prononciation brève la rendait plus qu'imposante..."

La vie intime des quatre sœurs fut soudainement interrompue , au début de l'année 1770 , par un événement imprévu qui stupéfia la Cour".

Source : Valentino

Cet événement imprévu fut l'entrée de Madame Louise en religion.
Voici ce que dit Valentino à ce sujet :
" Depuis longtemps , Madame Louise était hantée par la vocation monastique. elle voulait sauver l'âme du roi qu'elle jugeait en péril et, par un sacrifice méritoire, assurer le salut d'un père bien-aimé. Et puis , la tutelle d'Adélaïde lui pesait, bien qu'elle aimât tendrement sa sœur aînée. Elle rêvait d'un couvent où ses aptitudes au commandement trouveraient leur emploi. L'introduction de La Du Barry à la Cour précipita sa décision.

Âme ardente et volontaire , rien ne pouvait plus empêcher Louise d'accomplir son vœu, sinon la volonté paternelle et royale. après de longues réflexions, Louis XV, malgré son chagrin , céda aux instances de sa fille ; et Madame Louise , sans en informer personne , entra au Carmel de Saint Denis le mercredi saint de l'an de grâce 1770. Cette entrée en religion d'une fille de France eut un retentissement profond dans tout le monde catholique.

Adélaïde écrivit aussi à la fugitive , en essayant de lui cacher son dépit :
"Tu peux te figurer ce qui s'est passé et ce qui se passe dans mon cœur. Ma douleur égale mon étonnement ; mais tu es heureuse, cela me suffit. Prie Dieu pour moi , mon cher cœur, tu connais mes besoins ; ils sont plus pressants aujourd'hui que jamais."

Louis XV avait besoin de beaucoup de tendresse et toute celle qu'auraient pu donner ses filles n'aurait pu suffire à ce qu'il avait besoin.

Je me demande même si quelque part, cela n'arrangeait pas madame Adélaïde que son père ne se remarie pas et prenne une maîtresse à la place. Même si sa morale réprouvait le concubinage et l'origine de la "créature", elle gardait néanmoins son rang de première dame du royaume depuis la mort de sa mère. Elle aurait sûrement très mal vécu l'arrivée d'une nouvelle reine et sûrement autrichienne de surcroît (l'archiduchesse Elisabeth). Déjà elle a peu apprécié Marie-Antoinette, mais qui n'était que dauphine et encore fillette.

Lors de ma maîtrise, étudiant entre autre le meuble commandé pour la chambre de la dauphine, je me suis aperçue que Louis XV avait commandé en parallèle un meuble pour la chambre de sa fille aînée. Probablement un moyen de faire passer plus facilement ce mariage qu'elle n'appréciait pas du tout.

Elle pensait avoir Marie-Antoinette sous sa coupe les premiers temps, se sachant en plus investie d'une mission protectrice par Marie-Thérèse, et l'a utilisé à ses fins pour l'affaire Du Barry. Mais très vite, la jeune Dauphine s'est libérée de ce carcan étouffant, ne rêvant d'en faire qu'à sa guise. Elle deviendra très vite l'antithèse de sa mère Marie Leszcinska et ce dut être pour Adélaïde très difficile à admettre. Avoir l'image d'une reine, dévote, qui tient sa cour parfaitement et suit l'étiquette comme il faut_ sa mère en plus_ et en voir une nouvelle complètement différente, qui éclate de jeunesse et de joie de vivre, s'affranchit de toute règle, je comprends qu'elle ait pu critiquer (si on se met de son point de vue).

Son portrait de Labille-Guiard exposé au Salon de 1787, près de celui de Marie-Antoinette et ses enfants montre bien qu'elle voulait se présenter garante d'une certaine tradition, opposée à cette reine frivole qui essaye désespérément de retrouver un tant soit peu de considération après l'Affaire du Collier. Il est évident pour madame Adélaïde que si Marie-Antoinette se serait tenue au rôle naturel des reines de France, la monarchie n'aurait pas connu cette impopularité des années précédant la Révolution.

Quand celle-ci éclate, la donne est différente et je suis sûre que madame Adélaïde a rangé ses griefs contre la reine par solidarité familiale et monarchique (les deux ne pouvant être distincts dans sa tête).
Il me semble qu'elle a même dit quand elle a appris sa mort : "Qu'elle a été grande dans son malheur!". Je n'ai pas la phrase exacte mais en tout cas ce qu'elle dit montre bien que là effectivement c'est indéniable désormais pour elle, Marie-Antoinette était bien digne du trône qu'elle occupait.

Je viens de lire votre dernier message madame de Chimay.
Je trouve très touchant cette lettre d'une sœur adressée à sa cadette. Je n'aurais pas cru qu'elles se tutoyaient!

olivia a écrit:

Il me semble qu'elle a même dit quand elle a appris sa mort : "Qu'elle a été grande dans son malheur!". Je n'ai pas la phrase exacte mais en tout cas ce qu'elle dit montre bien que là effectivement c'est indéniable désormais pour elle, Marie-Antoinette était bien digne du trône qu'elle occupait.

M'ouais, après lui avoir enfoncé la tête sous l'eau à plusieurs reprises, elle a beau jeu de lui trouver la noyade digne de grandeur...

J'espère qu'elle a eu des remords.

Le mal que Madame Adélaïde a fait à Marie-Antoinette doit être relativisé, tout de même

Je suis plutôt d'accord avec vous madame Sophie. Qu'elle ait mal accueilli la dauphine en la traitant d'Autrichienne et qu'elle l'ait critiqué au début du règne, oui c'est certain, mais elle n'a pas contribué plus que ça à son impopularité.

N'exagérons pas : Madame Adélaïde , sans la défendre , n'est responsable ni de la Révolution , ni de la mort de la reine .

Ce n'est pas ce que j'écris.

Tout à fait disons tout simplement que Madame Adélaïde était fort jalouse de Marie-Antoinette , en ce sens que la dauphine avait préséance sur elle. Un exemple que nous livre Valentino : " Le jeu que Madame Adélaïde tenait chaque jour, en présence du roi , dans son salon, depuis la mort de la reine, se tint désormais chez la dauphine, première dame du royaume, à défaut de reine ; ainsi le voulait l'étiquette . La fille aînée de Louis XV , malgré son espect des usages , ne put cacher sa déconvenue et refusa d'assister au jeu de Marie-Antoinette".

Il n'empêche que c'est Madame Adélaïde qui a lancé la première ce mot d'autrichienne en direction de Marie-Antoinette.

Et question noyade , on peut dire qu'elle et Victoire ont bien pris l'eau par la suite , au sens propre comme au figuré , et cela leur a coûté la vie .

Madame Sophie a écrit:

Et question noyade , on peut dire qu'elle et Victoire ont bien pris l'eau par la suite , au sens propre comme au figuré , et cela leur a coûté la vie .

C'est vrai que leur dernier et tragique périple pour échapper aux troupes françaises a été plus qu'une douche froide !
Pauvres vieilles...
Boooon, je ne les déteste pas va ! Elles aimaient les chinoiseries...

Oui, elles avaient des compensations

Pauvres vieilles!